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Lettre à Frédéric de Sacconay, Bordeaux, 14 mars 1749
de bordeaux ce 14e mars 1749
je suis faché mon cher amy que Melle votre soeur n'ait
pas profité de ce que je vous avois mandé, ce nest pas un
remède car ce nest que de leau, mais dèsque l'on consulte
les médecins sur les spècifiques, ils trouvent toujours quelque
chose pour en détourner, jymaginois véritablement que
çetoit Melle isabelle que cela regardoit, et il me sembloit
avoir vu en elle touts les simptomes de ce mal, mauvaise
humeur contre moy; tournement des yeux, et changement
de coiffe, abondance de bysance, mauvais symptomes et
qu'elle y prenne garde. pardon si je badine sur cet article
mais la façon dont vous mitigès la description de la maladie
de Melle votre soeur, me fait penser qu'elle nest pas si mal
que javois cru dabord
Me de courteil passoit pour une des plus jolies femmes
de paris ainsy je ne m'etonne pas que vous la trouviès
telle a pari Solleurre, nen devenès pas amoureux et serves
vous de vos talents pour luy plaire et par la vous faire
connoitre de son mary, particuliérement, cet homme
dans ces circonstances pourroit vous servir, si vous aves
<1v> dessein dentrer dans l'etat
tu pense bien que quand je serois a paris, je ne te
manderois pas, quand mème je scaurois la façon de penser
de notre cour, ce que je pourrois en avoir appris, de pareilles
lettres adrèsseès a un paÿs avec lequel on traite ne feroit pas
bien mes affaires
mais a propos toy qui nes pas jaloux ne songe tu pas
a tencornailler, pense qu'un homme raisonnable qui na
pas la faiblesse que jay sur cela doit le faire plutost que plus
tard, quand ce ne seroit que pour avoir le temps delever
ses enfants
tu peux dire a mr de chabot que ses prèdictions au sujet
de mon apollon se vèrifient touts les jours, il verra
un jour cela mais je laisse dèja bien en arrière plusieurs
qui passent pour fameux adieu mon cher fréderic assure
de mes respects tout ce qui t'appartient et aime moy