Transcription

Sacconay, Frédéric de, Brouillon de lettre à Victor de Riqueti, marquis de Mirabeau, Bursinel, 07 juillet 1784

Bursinel ce 7e juillet 1784

Je connoissais tous vos raports avec la malheureuse
victime du crime atroce qui s'est passé à Aix mon cher
maitre et ces raports ont encor ajoutés au sentiment que
cette atrocité a exité chez moi, quand je vous ay
ecrivi à ce sujet je cherchois pour Madame votre niece
un secour dont elle a surement grand besoin tous les
parants, tous les amis lui ont ecris, elle m'a montré une
lettre de Madame de Pailli où son ame est peinte au naturel
mais elle n'en a point reçu de ce cher oncle, auquel elle a 
été recomandée particulierement par les personne les plus
respectables pour lui; et je vous envoïe avec ma frenchise
helvetique que jay trouvé que ce netait pas le moment
où vous puissiez vous servir souvenir qu'elle a eu des
Tigs qui vous ont deplus, et quelle a une petite tête et que
les apuis quelle a reçüs du sort sont mols et nuls;
Il n'est pas question en ce moment de courir apres la jeunesse
ni de craindre dogmenter son afliction par des condoleances
<1v> je connais peut etre votre coeur, mieux que vous ne le 
connaissez vous meme le moinieu Provençal qui soit au monde
vous voudriez soulager cette chere Rosalie, et perssonne
nest plus à meme de le faire qu'un oncle cheri a tant de
titre qui dans ce moment critique se met audessus de toutes
les raisons qui ont interompu les secours quil doit à une
parente aimable, et qui a le merite de soutenir ses maux
et tous ce qui peut y avoir de dur dans sa position avec
fermeté, qui satire la consideration de tous ce quil y a de
mieux dans un paÿs rempli d'honettes gens; mon cher
maitre, vous lui donnerez une marque d'amitié et doubli
de tous ce qui peut vous avoir refroidi sur son comte
dans une circonstance où je puis dire tou ce qui l'entoure
ne neglige rien de ce qui peut la soulager; je me flate
mon cher Mirabeau en vous parlent ainsi occuper une
place dans votre coeur qui mi authorise; je crois vous
en avoir dit assez sur ce chapitre et je passe à un autre
vous mavez donné me dite vous une comission pour Geneve
et je ne vous ay pas repondu, rapellez la moi je vous en prie

<2r> et je vous repondrai car il faut quelle maye echapé je ne
me la rapelle point

je connais la maniere de lire des lettres, je les trouve fort
heureux, mais les ignorans comme moi en sont à cent lieu
jaimerais autant cracher ce que je menge au moment quil est
dans ma bouche que de lire comme ces messieurs au moral
comme au phisique il faut que je maches et que je digere
pour me substanter

je ne vois que des meprises sur la definition de la liberté hors
dans nötre doctrine oeconomiste qui ma bien fait saisir son
vray sens et de ces meprises. Combien de maux n'en sont pas
les suittes vous avez repondu à vös grand polonais ce que
je dis souvent à Berne

vous êtes charmant daimer le Wattenville je vous garenti
que s'il avait lhonneur d'être encor mieux connus de vous
vous laimeriez mieux encore enfin cest un vray du saillent
je deteste votre isle de Corse qui me lenlevera le mois de
mars prochain il est vray que son semestre comencera au
mois de juin. Mais il faudra necessairement quil y aille
passer ces 4 mois il ont tiré au sort un semestre qui est

<2v> tombé sur lui cette année ce qui ma fort arrengé car sa
femme doit accoucher au mois de 7bre et nous aurons une
promotion des 200 où je feray ce que je pouray pour
quil y aye part

on a tant ecris pour et contre la liberté de la presse que la
police ne scait plus où elle en est n'en deplaise à mes les savans
les instruction quils nous donnent nest plus, des quelles sont chez
les libraire, qu'une speculation mercantille, gagne qui peut
pour nous autre quitte à nous repaitre de la bonne pature
et à laisser la mauvaise, celle que nous avons reçüe des
oeconomistes a fait plus de sensation que vous ne pensez et
si elle a eu le malheur de revolter lorgeuil de ceux qui
trouvoient leur comte à nous retenir dans les tenebres, elle
a mis à son aise ceux qui cherchent la lumiere de bone joy
vous me direz encor quelle a pretté à des convertïs, point du
tout, elle a ajouté la demonstration aux verités dont la 
nature avois mis le germe dans nös coeur; vous ne mavez
pas degné dire un mot du roy de Suede ne loubliez pas dans
votre premiere lettre je vous dispence de me parler du
mayutisme et des ballons, vous avez milles assurences
de devouement de mes anfants

Etendue
intégrale
Citer comme
Sacconay, Frédéric de, Brouillon de lettre à Victor de Riqueti, marquis de Mirabeau, Bursinel, 07 juillet 1784, None. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/1429/, version du 08.01.2025.
Remarque: nous vous recommandons pour l'impression d'utiliser le navigateur Safari.