Transcription

de paris ce 11^e 9^bre 1748

je reçois Mon cher saconay votre lettre du 29^e du mois
passé dans un paÿs ou ne venant faire qu'une course et pour
affaires je suis excédé et accablé tant deu renouvellement
du tracas que du coup doeil de friponnerie et de mensonge de
ce paÿs cy dont je perds doucement l'habitude dans la retrai=
te; je renvoye consèquemment la rèponce de toutes les lettres
que je reçois a après mon retour a la campagne qui sera très
prochain, mais je n'ay pas voulu difèrer mon cher amy de
vous donner une bonne nouvelle, a scavoir que si votre gouver=
nement permet que gens qui ne sont pas de la religion reçue
acquièrent dans ses ètats sauf a ne pas habiter sur le territoire
il y a grande aparence que ce sera moy qui seray le voisin
de mon cher saconay; j'attends donc cher amy d'ètre instruit
de cette circonstance, et de scavoir au surplus, quelle est la loy
du paÿs pour les dispositions testamentaires, si la division des
biens y est nècessitèe ou si l'on peut les maintenir, voila les deux
points escentiels a scavoir et suposé que la rèponce fut bonne
<1v> sur ces deux points je compteray sur mon amy pour les
autres dètails et facilitès; cest une chose qui provoque le trans=
port que d'imaginer que nous pourrions nous rejoindre, vous
trouveriès dans mon coeur et dans mon ame de tout autres
germes de vertus que par le passé et mème un peu de pratique
et beaucoup de sentiment, adieu mes Respects a vos dames je
tembrasse de tout mon coeur.