Transcription

Société littéraire de Lausanne, « Changements aux règlements de la Société / Sur la morale des princes », in Journal littéraire, Lausanne, 17 février 1782, p. 92v-93v

<92v> Assemblée du 17e Fev.

Mr Gillies President, Bugnion Sec.

Le Resumé des deux precédentes Assemblées
ayant été lû, parce que celui du 3e
n’avoit pas pû l’être dans la suivante.
Il fût resolu, après lecture faitte du court
trop court Abrégé que Mr De Servant
avoit donné de son Mémoire, sur la
Reformation de la Societé, & que le Secretaire
avoit bien fait de ne pas l’inscrire encor
dans ce Livre, parce qu’il n’est pas suffisant
pour nous donner une idée claire des
Changemens que Mr D. S. nous a proposé
& comme on desireroit cependant beaucoup
d’en tirer parti, si elles peuvent s’adapter
à notre Constitution. Il fût résolu en
2e I. que Mr De Servant seroit encor
prié de la part de la Societé de
vouloir bien nous prêter son discours entier
pour nous mettre mieux à même de nous
determiner sur cette reforme.

Mr Constant se chargea obligeamment
de cette Commission & de ne rien négliger
pour y reüssir. + La Question de la
prochaine Assemblée sera : Quels sont les
avantages de la Ville de Lausanne par rapport
aux Manufactures & au Commerce, & quelles

<93> Question du jourLa Question du jour fût ensuitte proposée
La Morale est elle la même pour les
Princes, que pour les Particuliers, & en
quoi peut elle différer
? Elle ne
produisît aucun Memoire, & fut trouvée
en general peu intéréssante pour Nous.

Mr Constant prétendît, que les Princes
& les Etats sont tous, les uns à l’egard
des autres, dans l’etat de Nature et
par là même n’être tenu à d’autre
Morale que celle de la Force et
du Degré de leur Puissance.

Les autres Membres trouvèrent que c’etoit
vraiment la Morale des Princes par
le fait; Mais que le Droit naturel
en etablissoit cependant une toutte
différente, & la même que celle qui est
admise par les Particuliers; Ce qui fût
illustré par l’exemple d’un homme qui a
100 Ecus de rente, qui ne nie point ce principe
pour lui même; Celui qui en a 1000 en dit
autant. Un 3e de 100000 de même. Les
Cent mille Ecus ne font encor aucune objection.
Où sera la Barrière distinctive pour les Millions?
Mais malheureusement on ne reformera pas
ces Messieurs là. Quest. p.+ La Question de la prochaine As.
sont les causes qui s’opposent à leur Prosperité?

<93v> Mr Verdeil croit qu’il est cependant
de l’interêt des Princes d’avoir une autre
Morale que celle de la force, & c’est
une idée que Mably a présenté
avec beaucoup de force dans les
Entretiens de Phocion; Deux
Puissances redoutables en Europe, l’une
qui se repose depuis lontems sur
ses Lauriers, & l’autre qui combat
aujourd’hui pour les conserver, seront
peut être la preuve aux Gene pour
les Genérations futures, de la necessité
d’une Morale honnête pour les
Princes, parce que l’influence de celle
là dure toujours du plus ou moins, au
lieu que celle de la force, finit à
l’instant même que cette Puissance
cesse d’être redoutable.

Mr De Montolieu a ajouté une citation
de Montesquieu, «Il est bien difficile
que ceux qui commandent se permettent
tout d’être injustes & que ceux qui
obeïssent consentent à n’être que dupes.»

Etendue
intégrale
Citer comme
Société littéraire de Lausanne, « Changements aux règlements de la Société / Sur la morale des princes », in Journal littéraire, Lausanne, 17 février 1782, p. 92v-93v, cote BCUL, Fonds Constant II/35/2. Selon la transcription établie par Damiano Bardelli pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/1352/, version du 20.02.2024.
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