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« Sur le but de la Société », in Journal littéraire, Lausanne, 19 janvier 1782, p. 84-85
Seance du 19e Janv. 1782
Presens Mr Verdeil Preside Cons. Besson, Vernède, Levade,
Gillies, Secretan, De Saussure Juge.
Question. Ne seroit t il pas necessaire que la Societé
se proposat un But dans ses recherches, & se fit
un plan suivi de questions.
Cette question a produit deux Memoires, un de Mr
Vernède, l’autre de Mr Levade.
Mr Vernède comence par observer que notre Societé est bienplustot une Societé de personnes qui aiment les Lettres, que
plus
de gens de Lettres, & que le but de son institution a été bien
plus une recreation utile, que qu' & non une occupation serieuse.
Cette societe n’est cependant point destituée de tout But veritable=
ment utile, puisqu’elle se propose la recherche du vrai dans
tous les sujets soumis à ses recherches. Elle s’est occupee deja
de plusieurs points interessants de Philosophie, de litterature
d’histoire & de Morale.
Mais ne seroit t’il pas necessaire, se demande Mr Vernede, de se
faire unun 1 mot biffure plan suivi de questions?
<84v> Monsieur Vernede pense que cela ne seroit ni possible
ni meme avantageux. En effet pour il faudroit pour
cela que chaque question fut necessairement discutée traitée
discutée et approfondie, on n’en pourroit negliger aucune
sans rompre la chaine qui les lie, et l'experience & preuve mais dans notre société
assemblée, où regne la plus entiere liberté, où personne n'écrit il arriveroit
frequemment que des questions l’on en omettroit quelques
unes. Les assemblées pourroient peut etre aussi etre
moins agreables, 3 mots biffurenos seançes presenteroient moins cette
verité piquante si necessaire dans une Societé composée de
personnes dont les genres sont absolument differents.
Nos Livres renferment une Liste nombreuse de questions, elles
paroissent suffisantes à Mr Vernede pour faire le sujet de
nos entretiens et nos dissertations. Il finit par proposer un
plan propre à en augmenter le nombre & desplein qui a ete
en grande partie agrée par la Societé.
Apres le memoire judicieux et bien vu de Mr Vernede, la
Societé a entendu le meme sentiment avec le plus grand plaisir
le meme sentiment présentéappuié par Monsr Levade de la maniere
la plus agreable.
Il nous a tous invites, dans ce charmant badinage, à ne point
meconnoitre nos forces, à ne point oublier le Quid valeant
humeri, quid ferre recusent? Il nous fait observer que
le plan qu’on nous propose peut à peine convenir à des genies du 1er ordre;
Qu’il a meme été l’ecueil des Académies les plus celebres;
Il nous a montre dans l’avenir le fauteuil Academicien
& la vertu soporifique; Il nous a conjurez de continuer
comme nous avons comencé de piller sans scrupules les
vivants & les morts, d’ecrire ou de ne point ecrire, de
traduire, ressasser, compiler, raisoner sur tous les sujets
qui nous paroitront agreables ou utiles, et il a fini
donner le par nous assurer dans un enthousiasme
vraiment honorable pour nous que tout alloit au
mieux dans la meilleure des societes possibles.
Au reste cet ingenieux & agreable badinage que l’autheur
n’a point voulu communiquer, perdroit trop par un plus
long extrait, & on ne peut mieux la finir qu’en priant Mr
Levade de vouloir bien la consigner dans notre Journal.
<85> Mr Bugnon pense comme Mr Vernede et Levade que les
Societes qui n’ont qu’un but unique deviennent fades &
monotones.
Mr Secretan en convenant de ce principe croit que l’on pourroit
conserver l’agrement de la variete sans cependant renoncer à
l’avantage d’avoir un plan suivi; Il voudroit pour cela que
chaque membre de la societe se choisit un genre, qu’il se decidat
pour les verites qu’il voudroit traitter & approfondir, & que
d’apres ce plus choix il proposat presentat une série de questions qui
conduisissent au but qu’il se seroit proposé.
Monsieur Constant en approuvant la methode que nous avons
suivie jusques à present, a par trouvé que chacun devroit s’efforcer
de semerjetter un peu d’érudition dans les memoires etcome dans les discours.
Donner de tems à autres des extraits un jugement raisonné
de quelque ouvrage interessant, & d reunir ainsi la variete
l’agrement & l’instruction.
Mr Verdeil a s’est joint à Mr Secretan pour prier leschaque membre
de cette societe de former une suite de questions sur quelque
sujet, sur q qui lui fut soit agreable, & que chaque President eut
le droit de choisir parmi les questions agrées celle qui lui
feroit le plus de plaisir; Il croit qu'unque cette methode conserveroit
la variete, & favoriseroit l'instruction, & conduiroit plus
surement à la decouverte des Verités utiles.
Cette opinion ayant paru etre celle de tous les membres la plus generale on
est convenu que tous les membres de la Societé seroient invités
à presenter aux dans la quinzaine un certain nombre de questions dans une
feuille sans signature, et la societé se decidera 2 mots biffure
par oui ou par non sur leur refus ou leur acceptation.
