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« Sur la poésie suisse / Sur les avantages et les ressources de l'âge avancé », in Journal littéraire, Lausanne, 19 août 1780, p. 23v-24
<23v> 1780.
Assemblée du 19e Aoust, presidée par Mr Verdeil
Secrtre Saussure de Morges
QuestionSi les Suisses n’ont pas une poésie Nationale et en quoi
elle doit differer de celle des peuples voisins.
Mr BridelMr Bridel l’a traittée dans un memoire où il etablit
d’abord que la question doit sentendre de la nation suisse
en general et non pas du petit Coin de pays que nous ha=
bitons, et que ceux qui l’ont resserrée en nous l’appliquant
ne l’ont pas saisie dans le sens où elle a été proposée.
Il etablit ensuite que toute Poesie nationale p.
meriter ce nom doit avoir des Carractères qui lui soient
propres. Il veut que le Poëte sattache à décrire
le physique du pays, qu’il se penetre des beautés qui
lui sont particuliéres et qui le distinguent de tous les
autres qu’il saisisse les traits les plus frappans, ceux
en un mot qui lui donnent une physionomie, (si j’ose
me servir de cette expression). Il demanda ensuite
que la Posie nationale fut au moral une peinture
animéë des mœurs du paysses habitans. Il fit mieux
encore que de doner le precepte, il y joignit l’exemple
et lût à la Societé un morceau de poësie qui d’une voix
unanime fut apellé Essai de poésie nationale.
J’oubliois de dire que Mr Bridel nous exprime ses regrets
de ne pouvoir pas nous doner une notice des auteurs de la Suisse Alle=
mande qui se sont essaïés dans ce genre et que Mr D'Yver=
dun qui les connoit et qui les entend s’y est engagé.
Mr VernedeÀ la question quels sont les avantages et les res=
sources de l’age avancé, Mr Vernède a repondu par
un songe dont il a fourni l’extrait.
Sans vouloir dissimuler les incoveniens de cet age
où le deperissement de toutes les facultés, et des
pertes plus sensibles encore vienent nous affliger, il
exposa avec beaucoup de force les ressources qui lui
restent. C’est le tems où l’homme exemt des passions
<24> qui ont agité sa jeunesse, et des soins inquiets de l’age
mur peut se livrer dans une douce retraite à la
contemplation de la nature et des plus sublimes objets.
C’est alors que dans une paix profonde il voit se
former des orages qui ne parvienent point jusqu’à lui;
s’il tient encore au monde ce n’est que par le bien qu’il
peut lui faire; il lui offre tous les fruits d’une longue
experience qui ont mûri pour lui. Le Vieillard
jouit encore du passé, le temoignage d’une conscience
pûre et d’une vie sans reproche l’accompagneront partout.
Enfin dans l’avenir où il se transporte souvent par
la pensée il voit un rivage ami, un port assuré après
une longue navigation.
