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Lettre à Edward Gibbon, Bussigny, [octobre] [1785]
En offrant mes honneurs empressés à Mr Gibbon, je lui fais
demander, s’il à reçu hier Dimanche un petit paquet de ma part,
et si Mr d’Eyverdun est de retour, - il m’abandonne bien longtemps
ce cher Editeur, et j’ai cependant le plus grand besoin de lui
parler, on me confirme que les feuilles de Caroline courent les
rues. – sont entre les mains de tout le monde. – j’ai ecrit à
LaCombe pour arrêter cela.- qui me fait je l’avoue une peine
extrême, - on commence à dire aussi à qui veut l’entendre,
que je ne l’ai point faite, cette pauvre Caroline, que c’est une
traduction livre de l’allemand, etc. etc… je sais d’où ce bruit vient,
et comme il y à quelque chose de vrai, que le fond de l’histoire
est en effet tiré d’un journal allemand, que la chanoinesse
et d’Eyverdun lisoient et me racontèrent, je voudrois qu’il en
dit un mot dans un petit avis d’Editeur, - alors il n’y auroit
<1v> plus rien à dire, les accusateurs se taisent, lorsqu’on s’accuse
soi même, - je vous prie en grace Monsieur, de lui conseiller
de le faire, - vous voudres bien aussi me pardonner tout
l’ennui que je vous donne, voila à quoi on s’expose quand
on protège l’ouvrage d’une Femme, - j’ai bien prévu que je
vous tourmenterois, mais vous l’aves voulu. soyes donc indulgent
et croyes surtout à la reconnoissance et à la considération
distinguée de
votre tres humble et t. o.
Is. de Cr. P.
Bussigny
on pourroit aussi ajouter au Titre, imité de l’allemand,
j’avoue que j’aime la vérité, l’exacte vérité, - d’Eyverdun
disoit que ce seroit comme si on reprochoit aux Fabriquans des
<2r> tapisseries des Gobelins, qu’ils n’ont pas fait le canevas sur lequel
ils ont travaillé. Sa comparaison est brillante, mais elle n’est pas
juste, et je trouve que je dois avouer de bonne foi ou j’ai
pris mon Canevas.
A Mr Gibbon
Hotel d’Eyverdun
Lausanne