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Lettre à Frédéric de Sacconay, Le Bignon, 05 mai 1748
du buignon ce 5e may 1748
entre troix mille et troix mille quatre on aura a
paris les trois chevaux de lespèce taille, paÿs et
figure que votre amy les desire mon cher saconay
le poil ny fait rien et n'augmentera pas le prix, la
meilleure saison est may et juin; je me suis adressé
pour avoir un plus sûr dètail et pouvoir mème me
confier pour lexècution si vous le jugiès a propos, a
Mr de st george mon intime amy, habile et homme
de cheval s'il en fut; vous scavès dailleurs mieux que
moy que personne ne peut se rèpondre de n'ètre pas
trompé en ces sortes de commissions qui ne sont jamais
agréables que pour un courtier, mais la peine qu'on
prend pour obliger un galand homme porte son payement
avec soy; je vous demande pardon mon cher amy
d'avoir un peu tardé a vous rèpondre sur cet article
outre qu'il a fallu attendre rèponce moy mème, j'ay
d'ailleurs èté pris de la fievre par dessus un Rhume né=
gligé et nègligible en soy puisqu'il est venu dans le
temps ou ma prèsence est la plus nècessaire a mes
<1v> prèz; sans Respect toutefois de la nécessité, ce ma=
uvais assortiment me sautant au collet vouloit me
faire une maladie, mais graces a dieu j'ay chassé très
promptement la fièvre, par une diette exacte de 56
heures et je m'en trouve au mieux. a propos de mes prèz
j'attends touts les jours icy un suisse vacher qui a eu
son congé des gardes suisses, et a qui je donne 150 lb par
an et une bouteille de vin par jour nous verrons.
j'avois une autre question a rèpondre; on ne dit rien
sur cela comme sur toute autre chose, il paroit pour=
tant, qu'on regarde les secours subsidiaires comme des
playes que seduit lennemy qui n'aboutissent qu'a
faire sonner la gazette, comme les Russes &c cest tout
ce que j'ay pu receuillir, car peu de gens scavent ce
qu'on pense, moins encore se donnent la peine de penser
adieu mon cher amy je vous embrasse de tout mon
coeur, et offre mes Respects a Madame.