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Lettre au Père Girard, Fribourg, 22 juillet 1803
fribourg le 22 Juillet 1803.
Monsieur!
Vous avés raison de montrer un peu d'humeur dans votre
dernière ; Je ne suis, cependant, pas autant coupable
que vous pourriés le croire; j'attendois toujours de
pouvoir vous marquer quelque chose de précis sur
les moyens qu'on prendroit pour assurer un curé
à Berne, et comme je n'apprenois rien sur cet
objet important je me suis tûs. Je ne l'ai cependant
pas perdue de vue, L'intérret que vous y mettés m'y
en a fait prendre un tour particulier; Jai saisi avec
empressement p une occasion qui s'est présentée
pour avoir un sujet prêt, qui put en quelque
chose vous remplacer ; C'est un prêtre d'un
diocese de Lorraine, qui se trouve aujourd'hui par
une suitte des nouveaux arrangemens sans gout
pour exercer le ministêre en france et par consé=
quent sans place. Il possede parfaitement les deux
Langues et L'usage du monde; Il etoit avant la
révolution stift prédiger , et curé dans une ville
mixtes ou il s'etoit concilié L'estime des protestants
<1v> et L'amour des Catholiques. Cependant pour ne rien hasarder
dans un choix de cette importance nous sommes a attendre
Les attestations qu'il doit envoyer de ses superieurs. C'est
Madame la Baronne Chollet qui tient la corespon=
dance, personne avec elle n'en sçait encore rien
que vous et moy, je vous le dis donc en confiance
et secret vous priant de me dire ce que vous pensés
de cette decouverte. Il a été L'instituteur de Mdme
la Baronne, qui ne peut assés le louer, mais ce ne
sera qu'après la reception de ces témoignages
qu'on en fera l'ouverture à Mgr. Tout ceci vient
de se passer novissime.
Quant aux moyens de subsistance pour le curé
de Berne, Mgr de Caprara s'en occupe, il engage
fortement L'abbé des hermites et ses collègues
de fournir a son entretient, et sans doute qu'une
recommandation de ce poid aura son êffet. Vous
pouvés remarquér dans toute cette affaire combien
La providence semble seconder vos bons desseins
puisque tout s'arrange pour vous donner un
bon successeur, et sa subsistance selon vos vues.
<2r> Ne soyés point inquiet sur la lettre dont vous parlés elle n'est
point tombée en mains étrangères ; ne le soyés pas non plus
de ce qu'on vous peut dire des discours de Monseigneur
s'il a fit quelque chose je pense que ce n'est qu'en vous
englobant en général dans L'affaire qu'il a avec vos Pères ;
car pour a moy il ne m'a jamais rien dit contre
vous, ni apris qu'il ait dit contre vous quelque
chose en personne.
J'ai L'honneur d'etre bien respectueusement
Monsieur!
Votre tres humble et obst servitr
Jos: Gottofrey Sre
à Monsieur
Monsieur Girard Aumonier
de L'embassadeur d'Espagne
et ministre du culte catholique
à Berne