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Lettre au Père Girard, Fribourg, 26 décembre 1800
Tres Reverend
Le Citoyen Frossard m'aÿant par une missive
prié de faire déposér chez vous son discours sur
les Dixmes, et censes, je vous l'envoÿe, afin qu'il puisse
le trouvér dans le voÿage, qu'il se propose de faire
a Berne aprês le bon An vieux stile.
Il est probable, que je ne recevrez aucune reponse
a mon mémoire, il est cependant de la derniére
importance, que je fasse connoitre a mes superieurs, et
aux personnes Religieuses de mon Diocese, que je ne suis
pas resté dans une absolue inaction au milieu des
meaux, qui nous menacent. la Défaveur complette de
la Réligion Catholique auprês des authorités m'aflige,
et m'allarme. Défigurée, calomniée tous les jours dans
les papiers publics, si ses ministres, ou le Peuple
<1v> même témoigne ses inquiêtudes, au lieu de consolation,
il n'eprouve qu'un dedain revoltant, ou un silence des
plus injustes. Je veus, que le Redacteur de mes
réclamations se soit laissé emportér trop loing dans
son zêle, n'ÿ avoit-il rien de juste, rien qu'on puisse
accordér, la modêration, avec laquelle elles ont étés
soumises aux authorités, les soins, que j'ai pris pour
cachér ma démarche au Public, qui auroit pû en
prendre une occasion de manifestér son mécontentement,
tout cela ne devoit-il m'attirér, qu'un mépris caractérisé
de la part des Authorités. Que deviendrons nous, si
celui, qui seul peut nous aidér, ne prend pas lui même
sa cause en main etc. etc. je n'en scais rien. ce que
je scais, c'est que j'aurais toujours ma confiance en vous,
et que rien ne peut égalér le tendre devouement avec
lequel je suis
Fribourg ce 26. Xbre
1800
† jean Baptiste Evêque
de Lausanne