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Lettre à Jean-Baptiste d'Odet, Berne, 06 mai 1800
Monseigneur
Le Conseil écclésiastique de Berne, qui ne perd pas un instant
de vue les intérets de la religion et de l'Eglise en général, me charge
de Vous faire passer ce petit ouvrage . Il desire, que les p Préposés catholiques
unissent leurs éfforts aux siens, et il espère que travaillant tous de concert
nous réussirons mieux à confondre et paralyser le Philosophisme du jour, qui
tend a détruire en même tems la religion, les moeurs et tout ordre social.
Je désire, Monseigneur, que Vous écriviez quelques lignes au Doyen
Ith , comme chef du Conseil écclesiastique de Berne. Mes souhaits s'éten=
dent même plus loin, je voudrais, que Vous vous mettiez en correspondance
avec lui sur les intérets communs des deux églises. Par là Vous correspon=
drez avec toute l'église protestante de la Suisse; parceque dans ce moment
ou l'union est si nécessaire, tous les conseils écclesiastiques de notre pays
s'addressent au Doyen de Berne, comme etant l'homme le plus marquant
et le plus propre à régler les affaires communes.
Si Vous aviez resté à Wihler , il Vous aurait fait une visite, car
il desirait depuis longtems se concerter avec Votre Grandeur sur des
objets, qui sont d'une égale importance et pour les au uns et pour
<1v> les autres. Vous entamerez une correspondance avec lui en accusant
la réception du petit ouvrage que je Vous envoye, et la réponse que
Vous recevrez, Vous fournira les sujets, qui la rempliront dans la suite.
Je ne doute pas, que le conseil écclesiastique de Berne ne Vous fasse
parvenir, tout ce qu'il a fait imprimer depuis quelque tems, Vous verrez
par là quel est l'esprit qui l'anime, la marche qu'il a prise, et les
avantages que nous pourrions espérer en agissant de concert avec lui.
Je suis aussi chargé de faire passer des exemplaires du present ouvrage
aux différens commissaires épiscopaux de la Suisse catholique, et
je serais bien rejouis si cette démarche pouvait préparer cette union
d'efforts, qui est depuis longtems le voeu le plus ardent de mon ame.
Ne craignez pas Monseigneur, que ce rapprochement si utile
et même si nécessaire dans les circonstances pénibles, ou nous nous
trouvons, puisse en rien compromettre la place éminente, que Vous
occupé. Il est évident que les deux églises ont des intérets communs,
et que ces intérets seront mieux défendus, s'ils se défendent en
commun. Qui sait d'ailleurs si cette réunion partielle ne prépa=
rera pas insensiblement une réunion plus parfaite, que nous devons
tous désirer?
Je finirai Monseigneur en Vous disant que le Conseil écclesiastique
m'a fait dernièrement l'honneur de m'inviter à un repas de corps,
on m'a témoigné tous les égards, et la première santé que l'on
<2r> a porté, a été la mienne. Après le diner on a fait une promenade et
la ville de Berne a été temoin de la bonne harmonie, qui regne entre
les Ministres des deux cultes.
Agréez Monseigneur l'hommage de mon respect et de ma soumission
G. Girard Clier
Berne le 5 may 1800