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Lettre au Père Girard, Fribourg, 11 mars 1800
Tres Reverend!
je ne crois pas, que le chapelain Gachêt fasse bien du
cas de la place de chanoine de Gruÿêre, ni même, qu’il
ÿ eut aspiré s’il n’avoit été sollicité. Une preuve en est,
qu’il a vu toutes les places vacantes succêssivément sans
s’être jamais présenté, de plus elles ont étés données
a des Etrangérs comme a Dom Camélique , sans que la paroisse,
ni la famille gachet l’aÿe en aucune facon reclamé et
a cette occasion ce n’est qu’aprês quatorze mois, qu’il ÿ pense,
lorsque la Nomination m’est dévolue, et que d’aprês l’arretté
du 22. janvier , elle ne peut m’être otée. voici la fin de
la chose, le Doÿen voÿant que chassot ÿ pensoit, et
qu’il pourroit ÿ être nommé, craignant d’être effacé et
eclÿpsé par ce digne Prêtre, qui aux ÿeux de tout le
<1v> clergé, et de toute la parroisse de Vuisternens est
un des plus brillans sujet de mon Diocese, il a intrigué,
et remué ciel et terre pour faire agir les gachets, qui
a leur tout ont mandié l’appui de la Regie, et de
la parroisse. Quelle petitesse.
Quoiqu’il en soit l’Estimable chassot, et moi avons
pensé tout comme vous, il ÿ a plus de dix jours, qu’il
a renoncé a sa nomination, et moi de mon coté je
suis porté a nommér gachet pour mettre fin a toute
cette odieuse trame; toutefois aprês qu’il se sera presenté
a moi, car je ne le connois pas du tout, et certainement
c’est bien le moins que je puisse éxigér.
je désirerois infiniment, qu’on ménageasse un peu plus mon
Diocese. je suis le seul Evêque dans ce moment en Suisse.
tout le monde a les ÿeux ouvêrts sur moi, et si je me tais,
la cnfiance me quittera, aussi si nous sommes tranquils
mes lettres deviendront plus frêquentes, ne vous en lassez
<2r> pas, il est bien agréable pour moi, que vous soÿer sur
les lieux, et que je puisse vous consultér.
La lettre, que j’ai recu dernierement du Ministre
des Sciences étoit trop flatteuse pour ne me pas causer
la plus grande satisfaction.
Mille chose au Commissaire Savarÿ , et vous
mon cher Girard recevez les embrassements d’un homme,
homme, qui vous estime autant qu’il vous considêre!
Fribourg ce 11. mars
1800
Jean Baptiste Evêque
de Lausanne
Au Citoÿen
Citoÿen Girard ministre
du culte catholique
a Berne