Transcription

Clavel de Brenles [-Chavannes], Etiennette, Lettre à Jacques Abram Daniel Clavel de Brenles, Lausanne, 05 juillet 1768

Votre derniere lettre m'a fait verser des larmes mon
tres cher ami, je suis attendrie a la fois par
le plaisir inexprimable que me donne votre
façon de penser et la bonne tournure des afaires
et par les cruelles inquietudes ou vous m'avés mis
sur votre santé et sur les suites de cet excès,
j'en attends une suivante avec la plus vive impatience,
donnés moi des nouvelles de vos yeux et ne les
exposés jamais plus je vous en conjure a une
pareille epreuve, mon Mari, mon precieux Mari
vous me devenés tous les jours plus cher et
plus respectablejusqu'à la fin de la ligne biffure
une ligne biffure.
Comme je trouve votre absence bien longue et que
je ne voudroits pas oublier tout a fait votre phisiono=
mie, je me suis enfin hasardée a ecrire une lettre
a Mr Lavater  pour lui demander votre portrait et
afin que vous ne soiés pas inquiet sur la tour=
nure je vous en envoie la copie, avec la reponse
de Md Necker , vous me renvoierés celle ci par le
premier courier, et me rendrés compte de l'autre
a votre retour. Grand Dieu n'allés pas demander
pour juges des N. la C. d A. R. la soeur et le
frere ont obtenu deux sentences qui devroient couvrir
a jamais de honte ceux qui les ont rendues;
celle contre la ville ne fait pas moins dresser les
cheveux de la tete que celle contre Chab. Vous
ne la connoissés pas puis que vous en parlés de
<1v> sang froid, la demande de Chand. ne portoit je crois que sur
une petite phrase il etoit convenu de la necessité
d'un dedomagement. Mais aujourdhui la pauvre
Fauc. est condamnée sans etre entendue et pour
la dedomager de ce qu'on l'a mise hors d'état de
gagner sa vie et celle de son frPere on lui fait encore
suporter des frais,
voila deux echecs afreux donnés l'un a la proprieté la plus legitime l'autre a la sureté publique
il faut croire pour etre moins afligé
que votre Morich qui a fait ces belles choses a
su profiter d'une epoque ou l'on n'a pas le tems
d'examiner les petites afaires des particuliers.

Mr Seigneux  a perdu la feuille allemande il l'a envoiée a Monsieur Thorman et vous verrés
par la traduction qu'il n'y a pas grand mal vous
trouverés qu'il n'y a pas beaucoup de bon sens dans la
1re methode indiquée pour recueillir le coton c'est de
l'abandonner a la merci des vents d'attendre que les
capsules soient ouvertes et de les ramasser par terre
ce qu'ils voudront bien nous en laisser. Ce qu'il y a
d'agreable dans cette matiere, qui surement peut devenir
utile, c'est qu'elle ne demande pas le moindre soin que la
peine de la cueillir, j'ai vu par la petite experience
que j'en ai faite qu'une certaine quantité d'epis rassem=
blés dans un endroit jettent d'eux memes leur coton
des le lendemain qui les couvre entierement, vous
le ramassés alors par dessus a poignées dans toute
sa beauté et sa pureté, celui du Prince  est chargé
de petites graines, je ne sai pas comment on la
separe, le notre n'en a point du tout, nous avons sans
doute trouvé le male et celui la est la femelle, il ne doit
pas avoir besoin non plus de peigner ou de carder
puis qu'etant excessivement court il ne peut pas
s'enmeler. la petite capsule s'ouvre par la pointe deux moitiés elles
s'ecartent tout a fait l'une de l'autre et se replient sur elles memes.

<2r> Les Corcelles vont a Bussigni on dit qu'ils iront
apres chès Gillairon Madame qui fut ici avant
hier me dit qu'elle n'avoit point de nouvelles de
Mr Menier qu'il etoit peut etre en route mais
qu'elle vouloit lui ecrire. Peu s'en faut que je ne
regrette sur la lettre ci jointe Mr de Br. on dit
qu'il vient au mois d'Aoust. Vous savés comme est
Tissot  je ne le vois point il a reçu a la fois
deux tabatieres l'une du Pr. de Meckl. avéc sont
portrait et les attributs gravés des arts et des sciences,
elle est d'une pesanteur deraisonable, l'autre est de
Md Martin avec son portrait aussi, par malheur
il ne prens pas de tabac. Je ne vous parle de
vos afaires que quand il y a quelque chose
de nouveau. Les Enfans embrassent le cher Papa
ils sont fort bien, ils sont allés voir aujourdhui
exercer les Etudians sur Montbenon. Vous ne
m'acheterés pas s.v.p du guingan j'ai des robes
qui me servent de deshabillé je m'en passerai
pour cet été. Vous m'avés apris que le Roi se
remarioit avant que je susse qu'il etoit veuf. Md
Meissonnier est morte. Je regrette beaucoup
Md du Rosey qui est près de sa fin. Je suis
a vos ordres mon cher ami pour le voyage 
et j'aurai un grand plaisir de vous voir mais
a moins que vous ne mangiés a la Bern.
je crois que vous ne risqués rien avant trois mois

J'envoie a Mr Lavater la traduction de Md Bl. Les la Grange,
Obousiers sont reçus encore au nombre de 6 bourgeois.
Je viens de voir la sentence le dedomagement y est supposé paié
mais les frais retomberont ou sur la pauvre Faucon. ou sur la ville
qui est encore plus innocente que Mr de Ch. de cette pierre.

Adieu tres cher Ami

Laus. 5 Juillet 1768

<2v> Les Marsens vont pr quelque tems a Ropras Md d'Arufens a
fait un paiement a Md de Lisi Mr de M. prend cette somme
et paie ses autres dette avec cela


Enveloppe

A Monsieur
Monsieur de Brenles
chés Mr le Professeur Wuillelmi 
Berne


Note

  Public

Transcription réalisée dans le cadre de l'étude de B. Lovis, "La réception de Lavater à Lausanne à travers la correspondance d'Etiennette et Samuel Clavel de Brenles", xviii.ch, n° 11, 2020, p. 86-105.

Etendue
intégrale
Citer comme
Clavel de Brenles [-Chavannes], Etiennette, Lettre à Jacques Abram Daniel Clavel de Brenles, Lausanne, 05 juillet 1768, cote ACV PP 1055/6. Selon la transcription établie par Béatrice Lovis pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/1160/, version du 11.11.2020.
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