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Lettre à Pierre d'Appenthel [fragment], [Soleure], 1789
[...] J'arrivai à Soleure bien tard. Il faisait nuit sombre que j'errais encore dans les forêts! Effrayant était cette nuit de la nature, plus effrayante encore celle de mon coeur. Mes pieds n'étaient qu'une plaie. Chaque pas me causait une vive douleur [...] Ah! pourquoi quitter repos et bonheur dans les bras d'un ami et de ses parents! Mon départ te plonge dans le deuil; mais n'y suis-je pas aussi? J'ai toujours ton image devant moi, et quand je me mets au piano, je sens bien que tu n'es pas là; je n'y puis rester longtemps. [...]
Si tu m'aimais vraiment, tu modérerais ta douleur, car je souffre avec toi. Ai-je le coeur si léger que tu doutes de ma fidélité? Le moment viendra où je reviendrai pour ne plus repartir. [...]
Pense à Dieu, dont l'oeil nous suit d'en haut et règle tout, jusqu'aux plus petites choses, pour notre bien. [...]