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        Mémoires. Suite de la cinquième période, 1801-1802 (Cahier K), Lausanne, 1837
	
	
		
Cahier K.
	Continuation des Mémoires
	de F. C. delaHarpe
	depuis le mois de Juillet 1800
	jusques à l'année
Suite de la Ve Période
	2d Sejour à St Petersbourg
	d'Aout 1801. au 7. May 1802
	et retour à Paris en Juillet 1802
	Lettres et Mémoires de ma Correspondance
	insérés ou indiqués dans
	ce Cahier
Fragment d'une Lettre du 24 Avril. 1802.
	Considérations sur la conduite de S. A. I. le gd D.
	Constantin.
	Fragment de la même lettre. sur l'Aristocratie prétoriene
	des régimens de la garde
	Lettre du 29e Avril 1802. Observations rélatives à
	la Réponse à faire au Doklad du Sénat
	Fragmens d'une lettre du 4e Juin 1802 de Königsberg.
	Observations et Itinéraire
	Fragmens d'une lettre de Leipzig du 23. Juin 1802.
	Suite de l'Itinéraire.
	Observations sur l'administration prussiene
	Fragmens d'une lettre de Francfort du 27. Juin 1802.
	Suite de l'Itinéraire.
	Observations sur 1 mot biffure quelques contrées de l'Allemagne,
	derniers Voeux et conseils avant de rentrer
	en France.
fin de la Période Ve des Mémoires
	<230> Avant de m'éloigner de l'Empereur, je
	desirai soulager mon coeur, en lui offrant
	of présentant une dernière fois, mes obser=
	vations sur 1 mot biffure la conduite de son frère
	le Gd Duc Constantin, qui entourré de
	Complaisans vicieux qu'il protegeoit ou=
	vertement, s'attiroit deja courroit le risque de s'attirer l'animadversion
	publique. Plusieurs fois il en avoit été ques=
	tion, dans nos entretiens, des moyens de le
	soustraire à ce dangereux entourrage, auquel
	il tenoit par la générosité de son coeur, qui
	ne lui laissoit voir dans les individus qui le
	composoient, que des homes poursuivis par
	une malveillance injuste et jalouse. 1 mot biffure
	1 mot biffure L'attachement que je professois
	pour cet ancien élève, qu'on m'avoit 1/2 mot biffure
	1/2 mot biffure enlevé au moment où il avoit le
	plus besoin de conti d'être fortement occu=
	pé et surveillé, me décida à revenir à
	la charge, et à transmettre le 24 Avril à l'Empereur
	1 mot biffure les considérations suivantes.
	Il m'en coute de presser V. M. I. de faire
	paroitre et sentir d'avantage l'Empereur
	à Mgr vôtre frère: l'attachement qui me
	lie à tous deux, me dicte ce conseil. 
	Vous ne devez, Sire être influencé par
	personne. A la raison, aux principes et à
	l'austère vérité appartient exclusivement
	cette prérogative; et cependant on répête
	à tort ou à raison (ce que je ne déciderai
	pas), que vôtre frère vous entraine quel=
	quefois plus loin que vous ne voudriez.
	On voit avec peine qu'il jouïsse d'une con=
	fiance 1 mot biffure dont il n'use pas toujours avec
	sagesse et retenue.
	Je connois les motifs de votre condescendance;
	ils sont louables. Vous voudriez le ramener
	par la bonté, mais avec la conoissance que
	j'ai de son caractêre, cette condescendance
	est insuffisante, si elle n'est pas tempé=
	rée par un peu de sévérité, et pour le
	Bien de ce jeune home, il faut lui ap=
	prendre qu'elle peut avoir un terme.
	C'est un service à lui rendre, Sire, que
	de lui apprendre qu'il est soumis aux
	loix et à un Supérieur, come tout le
	reste; qu'il ne lui appartient pas de
	protéger ceux qui insultent à la décence,
	et au bon ordre, et qu'il peut être puni
	lui même pour avoir usurpé ce droit
	de protection.
	Des homes sans moralité et capables
	de tout l'entrainent de faux pas en
	faux pas, et l'opinion publique, dont il
	dit, se moquer, se prononce de jour en
	<231> jour, d'une manière effrayante contre
	lui. 
	Vous seul, Sire, pouvez y mettre un
	terme, et sauver ce jeune home. Je
	dirai plus, vous le devez, à votre peuple,
	aux bonnes moeurs, à votre auguste
	famille qui doit servir de modèle, et
	à Vousmême qui êtes appelé à éxercer
	la sublime fonction de Réformateur
	en Russie.
	Voici, selon moi, coment on pourroit
	s'y prendre.
	a) mander Mgr auprès de vous, en lui
	fixant l'heure à laquelle il doit venir
	b) l'accueillir avec amitié, mais avec
	un maintien sérieux, lui représenter
	avec douceur ses erreurs et ses torts 1 mot biffure, avec douceur,
	et en lui faisant entrevoir néenmoins
	que votre patience fraternelle étant
	fatiguée, vous serez réduit à regrêt,
	à faire votre devoir, come Empereur.
	S'il s'échauffe, et cela arrivera
	sans doute, l'écouter avec calme, en
	l'éxhortant doucement à se modérer.
	S'il passoit de nouveau les bornes, lui
	comander de sang froid, le silence; et
	s'il n'en tenoit pas compte, le congédier
	séchement, mais sans humeur, et ne
	l'admettre en votre présence, qu'après
	vous en avoir demandé la permission,
	et surtout après avoir reconnu ses
	torts. Tenez ferme sur ce point, je
	vous en conjure., Sire! et imposez si=
	lence à quiconque ôseroit intercéder,
	ou se mêler de vos affaires domesti=
	ques.
	Il faut que ce jeune home se doute
	de ce qu'en langage de cour, on appèle
	une disgrace. Croyez, Sire, qu'on la
	lui fera sentir; car ne ménageant per=
	sonne, il ne sera pas ménagé lui
	même.
	c) S'il boude, ne pas s'en inquiéter.
	En continuant à le tenir à une dis=
	tance convenable, toujours sans humeur
	apparente: en ne lui adressant la
	parole en public, que lorsque ses fonc=
	tions l'appèleront à vous parler
	come à son Souverain: en coupant
	court s'il entamoit un autre entre=
	tien, et mettant de côté toute fami=
	liarité, il ne tardera pas à s'apper=
	cevoir, qu'il est tems de revenïr sur
	ses pas.. Dans ce cas Sire, adressez
	lui, en peu de mots, une éxhortation
	<232> amicale, en peu de mots, rendez lui vos
	bonnes graces, mais pas tout à la fois, et
	qu'il remarque ces gradations; il a de
	l'esprit; il les approuvera.
	d) Je ne puis croire que Mgr persiste
	à bouder longtems, surtout si V. M. I.
	demeure calme et inébranlable.
	Mais, si de faux amis l'engageoient à
	persévérer dans ses torts, ou à les aggra=
	ver; alors, ce seroit bien le cas de le
	considérer come devant être sous tutêle,
	et de confier momentanément à d'autres,
	l'éxercice actuël de ses fonctions.
	Il seroit triste d'être réduit à prendre
	de pareilles mesures qui trouveroient
	pourtant leur justification dans la néces=
	sité; et je pense trop bien de Mgr pour
	croire qu'il voulût s'expôser à une sem=
	blable correction.
	Peutêtre qu'un voyage lui eût fait
	adopter d'autres habitudes. Aujourdui
	il ne paroit pas s'en soucier. L'y con=
	traindre seroit injuste et ne produiroit
	aucun fruit.
	Le ramener par un mélange de sévé=
	rité et de douceur est tout ce qui reste
	à faire.. Tandisque cela est encore
	possible il ne faut rien épargner pour
	réussir, avant que les méchans qui se
	disent ses amis, abusent de sa jeunesse et
	de son inexpérience, pour lui faire comet=
	tre des fautes graves, que l'Empereur doit
	prévenir, puisqu'il n'auroit pas le droit
	de les pardonner.
	Le tempérament du malade vous est connu
	Sire. Vous seul devez être son médecin; mais
	il faut de la fermeté et de la persévérance.
	Mon intention est de lui demander un
	entretien particulier, et s'il est disposé à
	m'écouter je lui parlerai avec tout
	l'intérêt qu'il m'inspire.
	Je profitai de l'occasion pour rappeler
	ajouter rappeler à l'Empereur certains
	voeux que j'avois exprimé dans nos entre=
	tiens et que je tenois à n'être pas oubliés
	<233> Je rappèle à V. M. I. les bustes de
	Trajan, Nerva, M. Aurèle, Scipion etc.
	qui sont à Paris, et dont il seroit facile
	d'obtenir de bonnes copies pour votre
	Cabinet
	Quel
	A différentes reprises la question avoit
	été agitée dans nos entretiens particuliers,
	sur la convenance d'entretenir de
	confier la protection du Gouvernement
	à un Corps d'armée privilêgié, ou d'y
	appeler à tour les régimens de la
	grande armée. Cette Elle Cette question étoit demeu=
	rée indécise; il me parut à propos de
	la remettre sur le tapis, en rappelant
	à l'Empereur mes précédens argumens.
	Il me semble, Sire, lui disoi
	Il me semble Sire, (lui disois je, à la
	même date) que votre trône seroit bien
	mieux gardé par des régimens de campa=
	gne qui, tous les 2 ans, seroient relevés
	par d'autres, et chercheroient par leur
	bonne conduite, à mériter vos éloges.
	Alors, vous connoitriez votre armée,
	et vous seriez connu et aimé d'elle.
	La distinction offensante établie en=
	tre les Gardes et les régimens de campa=
	gne, cesseroit, et ces derniers se récrute=
	roient de sujets bien nés et bien élevés
	ainsi qu'en Prusse, en Autriche et ailleurs.
	Enfin, Sire, l'un des plus actifs foyers
	des troubles et des révolutions en Russie,
	seroit éteint, s'il n'y avoit plus de
	régimens de gardes proprement dits,
	et la Capitale seroit purgée d'une
	foule de jeunes militaires, dont la
	légêreté, l'inconséquence et la corruption
	font très souvent des instrumens au profit
	d'homes astucieux et pervers. Des éxem=
	ples récens justifient ce que je dis.
	Une opération pareille, si elle étoit
	une fois résolue, ne pourroit s'éxécuter,
	qu'autant que V. M. I. en garderoit
	le Secret pour elle seule, jusqu'au der=
	nier moment; car tout ce qui est
	grand en Russie, tient à la conserva=
	tion de cette Aristocratie prétorienne.
	Des camps d'éxercices formés anuelle=
	ment autour de St Pétersbourg, ou
	ailleurs, fourniroient des moyens assu=
	rés pour l'éxécution, dès que tout aur=
	roit été préparé d'avance, par vous
	seul, et l'un de ces préparatifs seroit
	la réduction 1 mot biffure successive des Sous-=
	officiers sans fonctions réelles. 
	<234> C'étoit le moment de rappeler à l'Empe=
	reur quelques voeux, émis dans nos entre=
	tiens, et auxquels j'attachois quelque importance.
	Je rappèle à V. M. I. lui disois-je dans
	cette lettre, les bustes de Trajan, Nerva, M.
	Aurèle, Scipion etc. qui sont à Paris et
	dont il seroit facile d'obtenir de bonnes co=
	pies pour son Cabinet.
	Ces images, Sire vous diront bien des
	choses. Plutarque, Polybe, Tacite, Thu=
	cidyde et Gibbon pourront de tems, inter=
	rompre vos occupations, en vous donant
	de nouvelles forces, pour les reprendre.
	On retrempe son ame, en conversant avec
	les grands homes, et rien n'inspire plus
	de courage, que lorsqu'on les voit aux
	prises avec les obstacles et les périls. Vous
	devez beaucoup à ces personages: conver=
	sez Sire, dans le silence de vôtre Cabinet,
	avec ce qui nous reste d'eux.
	Je rappèle, à V. M. I. qu'elle doit à son
	peuple, un bon portrait. 
	Le présent le plus cher à mon coeur,
	seroit un jour, celui de son portrait
	peint à 3-4 caractères biffurel'huile, mais ressemblant.
	Il ne sera pas un meuble d'ornement
	dans la demeure de celui que vous honorates
	publiquement du nom de votre ami, de
	celui à qui vous accordates tous les droits
	d'une amitié égale; il ne sera pas un sim=
	ple tableau pour celà il en coûte tant
	de s'éloigner de vous.
	L'approche de mon départ
	Peu de jours après Mrs de Novossiltzof
	et le prince Adam Czartoryski se réuni=
	rent chez moi, pour conférer sur la
	grande mesure de la formation des
	Ministêres, de qui les occupoit beaucoup,
	et un peu après, le Comte Kotschoubey
	nous réunit chez lui, pour discuter une
	dernière fois, les bases de ce grand travail
	et celles de la réponse à faire au Sénat.
	Une tendance à peu favorable aux
	vues que cette assemblée avoit avoit émises
	dans sa Representation (Doklad), s'é=
	tant manifestée, et pouvant, in= avoir une influ=
	fluer d'une manière
	ence fâcheuse, si cette réponse 1 mot biffure
	n'étoit pas une ne paroissoit pas
	en même tems que l'Oukase destiné
	à la création des Ministêres, je pro=
	fitai des derniers jours qui précédè=
	rent mon départ, pour soumettre à
	l'Empereur quelques 1 mot biffure mes dernières observations
	suivantes dans une lettre du 29e Avril 1802.
	<235> le 29e Avril 1802 à l'Empereur
	les observations qu'on va lire.
Ière observation
	Il faut nécessairement répondre par une
	mesure, à l'invitation adressée au Sénat
	par l'Oukase du mois de Juin 1801. 
	La représentation (Doklad) de celui ci
	ne peut sans doute en demeurer là, elle
	me paroit seulement être incomplette.
	Le Sénat aurroit du présenter avec
	un Résumé de ce qu'il avoit fait pendant
	un nombre d'années déterminé, pendant
	p. ex. pendant depuis 20 ans. Il aurroit
	du rendre compte de la manière dont il
	expédie les affaires, et joindre l'énuméra=
	tion de celles qui sont à terminer, en
	marquant les dates des jours auxquels
	elles lui sont parvenues.
	Ce compte seul eut mis en état de
	juger, si, constitué come il l'est, et vou=
	droit l'être par son Doklad, il peut
	remplir le but de son institution.
	Rien ne calmeroit plus surement ceux
	de ses membres qui aspirent à des pou=
	voirs plus étendus, qu'un travail de
	cette espêce, dont les résultats seroient
	que les affaires sont traitées lentement
	et sans systême, et qu'un grand nombre
	demeurent arriérées.
	Vous demandez qu'on étende vos attri=
	butions, diroit-on au Sénat, les docu=
	mens en mains, et vous n'avez pas même
	pu terminer les affaires comprises dans
	vos attributions d'aujourdui; est-il
	séant de vous charger d'occupations
	nouvelles, lorsque vous n'avez pu
	suffire aux anciennes?
	Demandez au Sénat des renseigne=
	mens sur les objets ci-dessus me paroit
	donc indispensable. L'avis pourroit en
	être suggéré dans le Conseil, ou bien
	l'Empereur en feroit directement la
	demande.
2e Observation
	Il ne peut être question de jouër au
	plus fin avec le Sénat, qui n'est pas une
	puissance. Il faut agir franchement
	avec lui.
	La mesure à prendre par l'Empe=
	reur, doit porter un grand caractêre,
	qui anonce bien celui que doit avoir
	son rêgne.
	Son intention a été d'accorder au
	Sénat, tout ce qu'il falloit pour coo=
	pérer au Bien général; elle n'a pu
	être de s'occuper exclusivement de
	cette assemblée.
	Examiner avec soin la marche
	de l'Administration générale de son
	<236> Empire: suivre attentivement les mou=
	vemens de ses rouages divers, a du être
	l'occupation principale de l'Empereur.
	Il lui falloit des faits; il s'est donné le
	tems de les recueillir; et il en est résulté
	pour lui cette grande vérité; 1 mot biffure, que
	loin de devoir s'occuper d'une mesure
	partielle, il étoit urgent de simplifier
	l'administration, d'en classifier mieux
	les travaux, et d'accroitre son action,
	en la centralisant, en élaguant ce qui
	la retardoit, en y introduisant un ordre
	et une marche sysêmatique qui n'é=
	xistoient pas auparavant.
	Les travaux de l'Empereur n'ont donc
	plus pour premier but, le Sénat seul
	Sénat, mais bien l'administration
	entière de l'Empire; ce qui est d'une
	toute autre importance, et porte néces=
	sairement le cachet de la grandeur.
3e Observation
	S'occuper exclusivement de la fixation
	des attributions du Sénat, entraineroit
	dailleurs, des inconvéniens.
	En effet. a) Ces attributions doivent correspon=
	dre à celles qu'on assignera à chaque Dépar=
	tement, lors de la classification des
	branches diverses de l'administration
	générales, et ne peuvent par conséquent
	pas être considérées isolément, sans porter
	atteinte à cette correspondance.
	b) Si l'Oukase destiné à fixer ces at=
	tributions, les réduit prèsque à rien,
	dans la réalité, on dira que le Sénat a
	été joué.
	Peutêtre que plusieurs de ses meneurs
	ont mérité de l'être par leur présomp=
	tion; mais l'Empereur doit persé=
	vérer dans ses égards pour le corps
	entier du Sénat. Il doit honorer en
	lui, l'émanation la plus marquante
	de l'Autorité Impériale, améliorer son
	organisation, et procéder envers lui avec
	une noble loyauté, qui atteste la pureté
	de ses intentions.
	Cette assemblée tenant son éxistence
	entière de l'Empereur seroit-il digne
	de lui de tergiverser avec elle?
	c) Si l'Oukase gardoit le silence sur
	certains pouvoirs que le Sénat s'attribue
	et qu'il éxerce (p. ex. les oukazes qu'il
	expédie directement dans les provinces), il
	paroitroit les lui avoir confirmé tacite=
	ment; et come l'éxercice de ces mêmes
	<237> pouvoirs, est précisément l'un des abus
	aux quels on veut remédier par l'établis=
	sement des Départemens ministériels, il
	s'ensuivroit ces 2 alternatives,: où, qu'il
	faudroit le dépouiller imédiatement après
	d'une partie de ces attributi pouvoirs, ce
	qui exciteroit des clameurs bien fondées,
	ou, qu'ïl faudroit ajourner encore, pendant
	plusieurs années, la réorganisation des
	Départemens ci-dessus, dont l'urgence est
	si bien reconue..
	Cette dernière alternative acquiert
	même, un si grand poids, à mes yeux,
	qu'il m'est impossible de croire que cette
	réorganisation puisse être entreprise de
	longtems, si l'on s'occupe s'occupe préli=
	minairement du seul Sénat. 
4e Observation
	Faire entrer dans l'oukase qu'on desti=
	ne à mieux organiser l'administra=
	tion entière, tout ce qui concerne le
	Sénat, fournira, aucontraire, les moyens
	de déterminer d'une manière certaine
	ses attributions, de les faires quadrer avec
	celles des nouveaux départemens ministé=
	riels, et de prévenir ces conflits de
	compétence, qu'entraineroit une Organi=
	sation décousue, composée de pièces rap=
	portées.
	Le Sénat occuperoit exerceroit occuperoit dans la Hiérar=
	chie, des pouvoirs subordonnés à l'auto=
	rité Impériale, la place la plus émi=
	nente; et le soin avec lequel ses fonctions
	aurroient été clairement précisées, prouve=
	roit que l'intention sérieuse de l'Empe=
	reur est qu'il les éxerce dans toute
	leur intégrité.
	Ainsi a) il continueroit à être la
	Cour suprême de Cassation et d'Appel,
	tant au civil qu'au criminel.
	b) Il continueroit à être la haute Cour
	de Justice pour les fonctionaires supé=
	rieurs, dont le gouvernement voudroit
	faire éxaminer judiciairement la
	conduite.
	c) La faculté de demander aux Dé=
	partemens ministériels,, des renseigne=
	mens et des explications, pour les trans=
	mettre à l'Empereur avec ses propres
	remarques, lui donneroit sur l'ad=
	ministration générale toute la me=
	sure d'influence qu'on peut lui concéder.  
	<238> d) La nécessité où se trouveroient
	tous les Départemens, de lui présenter
	anuellement leurs comptes pour être
	soumis à sa critique avant de les faire
	passer sous les yeux du Monarque seul
	administrateur suprême, aumoins pour
	longtems encore, rendroient enfin cette
	assemblée infiniment respectable. 
	Assurément le Sénat ainsi réorganisé,
	n'aurroit point à se plaindre.
	Revêtu des fonctions les plus augustes, il
	en conoitroit toute l'étendue, et ne se perdroit
	plus, come aujourdui, dans le vague de celles
	qu'on lui attribue, et dont on prétend
	qu'il ne s'acquitte pas trop bien. 
	D'après ces considérations, il me paroit
	incontestable, que tous les articles rélatifs
	à l'organisation du Sénat, doivent entrer
	come Elémens dans l'oukase destiné à
	réorganiser l'administration générale de
	l'Empire.
	Il sera aisé de faire précéder cet oukase
	d'un Considérant basé sur des faits et de
	grands résultats bien connus et de prou=
	ver à tous, sans jactance et tout simple=
	ment a du adopter une pareille mesure
	pour opérer le Bien.
	Mais come il s'agit ici d'une opération
	majeure, l'Empereur doit s'armer de
	courage et de fermeté, et user de sa
	Prérogative, sans recourir à des ter=
	mes moyens, qui n'aurroient l'appro=
	bation de personne, et feroient dailleurs beau=
	coup de mal.
St Petersbourg le 29e Avril 1802.
	L'Empereur accueillit ces observations avec
	sa bienvaillance accoutumée, et les mesures
	qui furent prises après mon départ et qui
	comprirent la réponse ci faite au Sénat,
	m'apprirent, qu'elles n'avoient pas été présen=
	tées en vain.
	Ces observations furent les derniers objets qui
	m'occupèrent. Les derniers jours J'employai
	le reste de mon séjour, à visiter ce que je
	n'avois pas eu le tems de voir, à prendre congé
	des parens, des amis et des connoissances que je ne devois
	plus revoir, avec lesquels que mes occupations
	ne m'avoient pas permis de fréquenter aussi
	souvent que je l'aurois desiré, toutes mes jour=
	nées ayant été consacrées à celui pour lequel
	<239> j'avois entrepris le voyage. Il étoit tems
	cependant que je m'éloignasse. La confian=
	ce que l'Empereur me témoignoit, avoit
	réveillé l'envie, et quoique j'eusse refusé les
	distinctions honorables persisté à refuser
	les témoignages les distinctions honorables
	qui me furent offertes, elle auroit certai=
	nement poursuivi l'étranger auquel le
	Chef de l'Etat avoit accordé une confian=
	ce aussi marqué. Je sentis tout le pre=
	mier que cette confiance pouvoit nuire
	aux grandes réformes dont on alloit s'oc=
	cuper, et dont que la malveillance s'at=
	tacheroit à les faire mal accueillir,
	come étant les résultats de l'influence
	éxercée par un cet étranger. J'eus de la
	peine à persuader l'Empereur, mais en=
	fin il consentit à mon éloignement,
	et le 6 May à 10 heures du soir
	cet excellent prince vint me serrer dans
	ses bras. Ce moment fut pénible, et
	l'auroit été bien davantage, si j'avois
	pu prévoir les dures épreuves par lesquel=
	les il devoit passer, avant notre
	réunion à Langres, en Janvier 1814.
	Je promis de lui transmettre les
	observations que j'aurois faittes dans
	dans mon le voyage que j'allois entre=
	prendre, et tins parole. 1 mot biffure Une
	lettre du 4e Juin datée de Königsberg
	contient l'appèle su lui fait part
	d'observations sur le mauvais état
	de la partie de grande route qui la plus voisine
	de la capitale, sur les véxations que
	les voyageurs éprouvoient en traver=
	sant les provinces allemandes de
	l'Empire et les causes du rançonement auquel
	ils doivent se soumettre pour être éx=
	pédiés. Je lui comunique les retards
	qu'éprouve fâcheux qu'éprouvoit l'or=
	ganisation définitive de la nouvelle
	Université de Dorpat, qu'on attribuoit
	à la lenteur d'expédition des mesu=
	res destinées qui nécessaires pour
	quelle pûisset entrer en activité. En
	traversant la Courlande, je recueillis je recueillis les plaintes élevées
	quelques renseignemens sur les plain
	1 mot biffure
	au sujet de la distribution des Arendes
	féodales, faitte par le Gouvernement,
	au préjudice des indigènes privilèges
	garantis aux indigènes, 1 mot biffure et pus
	me convaincre, à Liebau, de la réussit=
	te des procédés employés par le Capi=
	taine du Génie Holst, pour fixer les
	sables mouvans, qui menaçoient de
	<240> de fermer les abords et le port de cette ville,
	procédés 2 mots biffure qu'on sembloit vouloir contester à leur auteur.
	L'Empereur devant bientôt traver=
	ser ces contrées pour se rendre à Me
	aller conférer avec le roi de Prusse, à
	Mémel, il me parut utile de lui comuni=
	quer ces observations, pour qu'il put
	les s'assurer si elles étoient fondées, et avi=
	ser aux moyens de faire le nécessaire.
	Je fus obligé de m'arrêter à Königs=
	berg, pour attendre que les équipages
	du roi de Prusse eussent passé. Arri Des
	lettres que j'y trouvai m'apprirent les
	désordres qui avoient eu lieu, en Suisse
	dans le but de s'affranchir des redevan=
	ces féodales, et qui avoient fourni aux
	François l'occasion d'intervenir, et. J'appris
	aussi par elles que tout se préparoit
	en France pour la proclamation future
	d'un Empereur des Gaules, dont l'ambition
	ne prenant son un vol plus hardi, depuis la
	Consulte de Lyon me laissoit peu d'espoir
	dans la l dans la l'1 mot biffure lettre que don que la
	lettre dont j'étois porteur pût être bien
	accueillie.
	Que les égaremens, me disois je dans cetteécrivois-je à l'Empereur,, dans
	lettre disois
	lesquels vient de tomber, un homes qui
	avoit des titres fondés au nom de grand
	ne vous détournent point de la route
	que vous vous êtes tracée. Jamais
	entreprise ne fut plus méritoire que
	la votre. La place qui vous attend
	dans l'histoire n'a été occupée jadis,
	que par Trajan et par les Antonins.
	Les siècles modernes n'ont produit aucun
	home de votre rang, auquel il fut
	permis de la partager; la Destinée et
	l'heureuse étoile de la Russie vous y
	appèlent et vous avez pris l'engagement
	sacré de la mérïter.
	Ah! soyez l'Empereur du peuple, le pro=
	tecteur des lumières, le deffenseur des
	vrais principes; et que le Génie du bien
	vous préserve de penser ou d'agir jamais
	come croyant que le peuple n'est bon
	qu'à faire des souliers. 
	Deux homes attiroient jusqu'à présent,
	l'attention des homes à idées libérales
	qui mettoient leur espoir en eux. Vous
	êtes demeuré seul, Sire; ne leur
	enlevez pas leur dernière ressource.
	Puissent votre courage et vos forces
	toujours à l'unisson, vous permettre
	d'achever votre Ouvrage.
	Le trajet par les Etats prussiens me
	fournit des sujets de comparaisons dont
	que je m'empressai de faire mention
	<241> Le Mon trajet par les Etats prussiens
	me fournit des Données intéressan=
	tes et des Sujets de comparaison
	que je m'empressai de faire entrer
	dans une lettre que j'adressai le 23
	Juin, à l'Empereur, depuis Leip=
	zig.
	J'avois espéré de voir à Königsberg
	le célèbre professeur Kant, ce 1/2 mot biffure
	1-2 mots biffure Patriarche révère une nouvelle secte de
	philosophes qui ont a éxercé une grande
	influence sur la marche des Gouver=
	nemens, et sur 1 mot biffure les homes chargés
	de gouverner. Je tenois beaucoup à pas=
	ser quelques momens dans la société
	de cet home de Génie, que ses principes
	hardis et sa conduite invariable haute pro=
	bité, n'honoroient pas moins que ses
	ouvrages; mais il étoit tombé, à cette
	époque, dans un tel état de foiblesse,
	que ses 1 mot biffure amis me déconseillèrent
	d'insister, afin de ne point emporter
	la triste réminiscence du Génie, dans
	sa décadence.
	J'eus à Königsberg l'occasion de
	faire la connoissance de plusieurs
	homes distingués, parmi les profes=
	seurs, les administrateurs et les
	comercans. Le passage du roi, me
	procura l'honeur de m'entretenir
	avec Mr de Behm 1er Conseiller du Cabi=
	net de S. M., depuis Chancelier, et l'un
	des homes d'Etat influens à cette époque.
	Notre entretien fut court et roula prin=
	cipalement sur les affaires de ma patrie,.
	qui me parurent qui paroissoient embarrasser un peu la
	La Politique prussienne, qui nous avoit dédai=
	gné en 1798 et 1799, lorsque nous nous
	pouvions encore quelque chose comen=
	çoit alors à se douter quelle avoit
	comis une faute, en nous 2-3 caractères biffure délais=
	sant, et craignoit sérieusement, que
	fatigués par nos souffrances, le moment
	n'arrivat bientôt où notre nation seroit tentée
	de se reposer enfin dans les bras du
	Géant son voisin qui seul paroissoit encore
	s'intéresser à elle. Mr de Behm ne put
	s'empêcher de reconnoitre qu'on s'étoit
	montré trop indifférent, et j'étois en
	train de le confirmer dans cette opi=
	nion, lorsquil 1 mot biffure fut averti que
	le Roi mandoit auprès de sa personne.
	Il me demanda alors, si je ne 1 mot biffure me
	proposois pas d'être présenté 1-2 mots biffure
	à S. M.. mais, simple voyageur, je
	n'avois aucun titre pour aspirer à cet
	honeur, et partis le lendemain.
	<242> 1 mot biffure Le Service des Postes étoit très mal fait à
	cette époque et sa lenteur excitoit les plain=
	tes de tous les voyageurs
	Le service des postes se faisoit, en Prusse,
	à cette époque avec une lenteur, qui lais=
	soit au voyageur le tems de maudire
	les mauvaises routes, les sables, les po grossiers
	maitres de postes, et les phlegmatiques pos=
	tillons. "C'est une misérable politique
	(disois-je à l'Empereur,), que celle d'entraver
	et d'écorcher les étrangers, dont la bourse
	et la fréquence contribuent, tant à activer
	la circulation. Nulle part, je crois, ils ne
	sont rançonnés avec plus de rusticité; on
	diroit qu'après avoir payé leur argent, ils
	doivent beaucoup de reconoissance à Mrs
	les maitres de poste, de ce qu'ils veulent bien
	les expédier."
	Arrive-t-on en Prusse? Il n'y a
	Une autre calamité poursuivoit le pau= 1-2 mots biffure
	encore alors le pauvre voyageur à son entrée sur le
	territoire prussien. "Il n'y a pas de bico=
	que, où l'on ne subisse aumoins 2 inter=
	rogatoires fastidieux et ridicules, finis=
	sant souvent par la demande d'un Trink=
	geld". Mais il éxistoit des compensa=
	tions à ces erreurs administratives, et je
	m'empressai d'en énumérer quelques unes
	dans ma lettre du 223e Juin.
	Le comerce de Königsberg, y disois je, est très
	actif, et fondé en partie sur l'exportation
	des produits de la Lithuanie russe qu'il
	vous importeroit, Sire, de procurer exclu=
	sivement à vos sujets, en faisant éxé=
	cuter le canal projetté pour la jonction
	du Niémen avec l'Aa.
	On construit à Königsberg beaucoup de
	vaisseaux marchands. L'un des princi=
	paux entrepreneurs, Mr Philippe Abegg
	étant de ma conoissance, j'ai eu la
	facilité de bien voir.
	Le comerce jouït dans cette ville ainsi
	qu'à Memel, Danzig, Elbing, et en géné=
	ral, dans toutes les places de comerce des
	Etats prussiens, de beaucoup de considéra=
	tion, et je ne conseillerois pàs à un
	Général ou à un Gouverneur de province,
	d'en agir avec les négocians, d'une manière
	aussi cavalière que seroit celle d'un
	Capitan-Izpravnik  à l'égard d'un
	de vos marchands.
	Relevez, Sire, cette classe d'homes utiles,
	soutenez la, protêgez la, honorez la,
	rapprochez là de votre persone. Ayez
	le courage d'appeler auprès de vous, les
	individus les plus marquans,, consultez
	les; créez, en un mot, le Tiers-Etat; c'est
	le seul qui vous procurera Crédit, force
	et ressources; enfin il formera le Contre=
	poids qui vous manque.
	<243> Il éxiste, dans les Etats prussiens, une
	masse imense de lumières, et une liberté
	de parler et d'écrire, prèsque illimitée. On
	parle de tout et tout haut, sans excepter
	le monarque, mais toujours avec ces ména=
	gemens et ces égards qui rendent la criti=
	que supportable et utile, jamais avec
	la légêreté impertinente du François à la=
	quelle le Russe se laisseroit aller si vo=
	lontiers.
	On trouve en Prusse, à qui parler sur tou=
	tes sortes de matières. Il éxiste une pépi=
	nière d'homes préparés pour toutes les
	branches de l'administration, et destinés
	à en faire l'occupation de toute leur
	vie; ainsi, il y a peu de novices,
	peu de bavards, et peu d'importans dans
	les bureaux.
	Les rois de Prusse ont eu le bon esprit,
	malgré leur lezine héréditaire, de
	faire voyager, dans leurs Etats, des sujets
	distingués, auxquels tous les Dycastêres
	sont forcés de découvrir les secrets de leur
	organisation, occupations etc. etc.
	J'ai eu l'honeur, Sire, de vous proposer
	d'en faire autant, j'y reviens avec plus
	de confiance dans ce moment, puisque
	ce sont les instrumens qui vous man=
	quent, et qu'il n'y a pas de tems à per=
	dre, si vous voulez avoir pour vous
	seconder, de bons instrumens nationaux.
	J'eus le plaisir de me retrouver à
	Königsberg dans un cercle infiniment
	intéressant d'homes distingués par leur
	mérite, que j'avois connu, lors de mon
	premier passage. Avec quelle impa=
	tience ils m'ont questionné sur le
	Trajan de la Russie! Ah! si vous
	aviez entendu les voeux qui partoient
	de leurs coeurs, vous en aurriez touché;
	car votre desir est d'appartenir, par vos
	oeuvres, à la Societé des amis du
	genre humain et des lumières, societé
	invisible mais puissante et indestructi=
	ble, dont les membres dispersés sur
	tous les points du globe, sont partout
	réunis pour deffendre les droits de la
	pauvre humanité, contre ses détracteurs
	enemis, qui n'échaperont pas au Juge=
	ment de la postérité, de quelque mas=
	que qu'ils se couvrent."
	"Les 14 milles qu'on parcourt depuis
	Elbing à Danzig représentent la
	Hollande; on ne sçait ce qu'on doit le
	plus admirer. La richesse du sol,
	la beauté de la culture, le grand
	nombre et la propreté des habitans,
	la bonne tenue des bestiaux, tous ces
	<244> objets frappent à la fois le voyageur
	et lui font faire des comparaisons qui
	ne sont pas à l'avantage de plusieurs
	autres territoires.
	Ce furent les 1ers colons appelés par
	les Chevaliers qui assainirent et culti=
	vèrent cette riche terre. Leurs descendans
	jouïssent aujourdui de leurs travaux;
	c'est ainsi qu'il en sera un jour de la
	Russie.
	En Les environs de Danzig etc. anoncent une riche capitale.
	Les ennemis des villes municipales et de la
	liberté devroient bien nous expliquer
	pourquoi ces villes ont fleuri, tandis=
	que l'Espagne, le Portugal et la Polo=
	gne ont décliné.
	Les administrations municipales ont
	eu constament les résultats les plus satis=
	faisans. Pourquoi Königsberg, Elbing,
	Danzig, Stettin, Leipzig etc. etc., prospê=
	rent-elles ? C'est qu'encore aujourdui
	ces Villes sont gouvernées par de Magis=
	tratures jouïssant de pouvoirs très éten=
	dus, et de toutes les attributions hono=
	rifiques propres à leur assurer la
	considération."
	"Ces magistratures doivent sans doute
	être tenues en respect; car elles aussi sont
	ambitieuses et envahissantes, ainsi que nous
	l'avons éprouvé en Suisse; mais elles excel=
	lent à trouver et mettre en pratique, ce
	qui convient au peuple, et l'on s'apper=
	coit bientôt qu'elles se sont occupées, non=
	seulement à lui faire du bien, mais
	encore à lui procurer des jouïssances.
	C'est ainsi que les environs de ces villes,
	et de plusieurs autres, sont partout déco=
	rés de promenades, de jardins publics, de
	guinguettes où le peuple de toutes con=
	ditions, trouve sans grands fraix, des
	facilités pour s'amuser, les jours de fêtes.
	Voilà, Sire, ce qui éxistoit à Riga,
	à Revel etc. etc., lorsque ces villes avoient
	encore des magistratures considérées; et
	pourquoi les at-on dégradées?
	Sire, j'ôse vous en conjurer; rendez-leur
	leur ancien lustre, distinguez les; faites
	de même pour vos capitales, pour
	les grandes villes comunes de vos provinces, et
	vous ne tarderez pas à vous apperce=
	voir qu'elles ont fait mieux que vos
	officiers. Vous n'êtes pas jaloux de
	leurs attributions: pourvû que le Bien
	<245> s'opêre, que vous importe, qu'il soit
	fait par ces magistrats municipaux,
	ou par des magistrats impériaux?
	L'essentiel est que le peuple soit
	bien gouverné, par gens qui le
	connoissent, qui soyent intéressés
	à son bonheur, et qui veuillent aussi
	lui procurer des jouïssances honnêtes;
	or, il ne peut obtenir tout cela que
	de magistratures municipales ayant
	des pouvoirs étendus, considérées, et
	soustraites aux effets de la mauvaise
	humeur de vos officiers imédiats qui
	ne doivent plus se permettre, désor=
	mais, de les bafouer impunément."
	"Il ne manque au gouvernement
	prussien que d'adopter des vues
	plus étendues proportionnés à la
	puissance de cette monarchie, et de
	ne plus tondre d'aussi près, ses Sujets,
	pour accumuler un trésor qui
	les appauvrit, gêne leurs jouïssan=
	ces et les empêche d'entreprendre.
	Puisse votre bon génie, vous pré=
	server, Sire, de la manie thésauri=
	sante! Ne faites contribuer vos
	Sujets qu'autant qu'il le faut, pour
	satisfaire aux besoins de l'Etat; vous
	trouverez le surplus dans leurs bour=
	ses, dès que vous aurrez fondé le Crédit
	public sur les bases de l'Economie, de
	la réforme des loix, de la sureté des
	proprietés et des personnes, et sur=
	tout, lorsqu'on aurra la certitude
	que l'Etat remplit exactement les
	engagemens qu'il contracte.
	En traversant la Poméranie, je fus
	forcé de stationner longtems, parce=
	que de nombreuses voitures char=
	gées de ballots de marchandises
	précieuses expédiées de Hambourg,
	Leipzig, Stettin etc. et venant
	d'Angleterre, avoient enlev employé
	tous les chevaux. C'étoit une Cara=
	vane destinée à faire entrer ces marchandises en de contrebande, en
	fraude en Russie
	Russie, par les bureaux de la Pologne.
	4-5 mots biffures
	Mon séjour à Berlin fut de cour=
	te durée. J'eus l'occasion d'y être
	présenté au Prince Louis de Prusse
	<246> fils ainé du Prince Ferdinand, homeet de converser assez longtems
	distingué 
	avec lui, pour rendre justice aux ma=
	nières pleines de grace et d'urbanité qui
	le distinguoient, mais il me resta quel=
	que défiance sur le Libéralisme qu'il
	affectoit 1 mot biffure professoit, et qu'un home
	de son rang ne devoit laisser paroitre qu'a=
	vec réserve, devant un voyageur étran=
	ger. Cet aimable prince fut tué, peu d'an=
	nées après à Saalfeld peu de jours avant la en combattant avec bravoureà Salfeld, peu de jours
	pour la deffense de la monarchie prus=
	sienne, que Napoléon étoit sur le point
	de dissoudre. 
	avant les funestes journées de Jena et
	d'Auerstelt qui risquèr ébranlèrent jus=
	ques dans ses fondemens la monarchie
	prussienne.
	J'eus la bonne fortune d'assister à Ber=
	lin à une représentation du célèbre
	drame de Schiller, Jeanne d'Arc, qui
	mettoit alors en jeu, toutes les passions,
	et devoit faire une profonde impres=
	sion sur celle d'un Helvétien, fortement
	convaincu, que sa malheureuse pa=
	trie si l'oriflame étoit Helvétique étant arboré sur
	le Somet des Alpes, l'Epée de Dunois
	étoit saisie, par un home digne Pa=
	triote digne de la manier.
	Ce Drame est l'une des 1 mot biffure plus belles
	compositions de Schiller, et jouée
	par des Acteurs comprenant bien leurs
	rôles, 3-4 mots biffure qui la plus pro=
	pre à éxalter le patriotisme et le
	dévouement, dans les momens de crise,
	où il s'agit d'être ou de ne pas être.
	"Si vous aviez le tems de lire quelque
	ouvrage de littérature, (disois-je a
	propos de l'au Schiller à mon correspondant)
	mon Correspondant à propos
	de l'auteur de ce drame)
	je vous conseillerois la lecture du Don Carlos
	de Schiller, en particulier celles des
	Scènes entre Philippe IId, D. Carlos, le
	Duc d'Albe et le Marquis de Posa, et
	surtout celle qui a lieu entre Posa et
	Philippe 2d qui sont de vrais Chefs d'oeuvres."
	Avant de quiter la Prusse, il me restoit
	encore quelque 2-3 mots biffure à expri=
	mer mon opinion, sur le reproche qu'on
	s'y permettoit, sur ce que les Ministres
	rêgnoient.
	Il ne m'appartient pas de prononcer
	"(mandois je à l'Empereur)" sans doute
	on a quelque peine à retenir les minis=
	tres dans la route qui leur a été tracée,
	et dont ils tendent perpétuellement à
	s'écarter; néenmoins on peut y
	parvenir, par une surveillance sévêre,
	en voyant par ses propres yeux, en
	<247> rendant faisant promte et bonne justice
	de tous ceux qui s'émancipent, de propos
	délibéré. Puisse votre bon génie, vous
	préserver, Sire, du malheur de subir
	le joug ministêriel! N'eûssiez vous
	autour de vous, que des Sully et des Colbert
	je vous dirai toujours: Ecoutez vos mi=
	nistres, questionnez les, mais tenez les
	en respect; ordonnez seul, prononcez
	seul, sans qu'ils puissent prévoir votre
	décision, sans qu'ils s'émancipent jus=
	qu'à l'influencer, sans qu'ils con=
	noissent votre secret.
	Je sçais que vous n'avez pas la dange=
	reuse foiblesse de redouter l'influence,
	et je vous en félicite, puisque le vrai
	moyen de déprendre d'individus ineptes
	ou malveillans est, de prendre le con=
	tre pied de ce que conseillent les gens
	capables.
	Lorsque vos ministres verront que
	la raison seule est vôtre guide: lors=
	qu'ils seront assurés d'être constament
	pesés dans ses balances, alors ils contrac=
	teront l'habitude de remplir fidèle=
	ment leurs fonctions; mais, je vous
	le répète, Sire: Que jamais votre
	vigilance ne se repôse! Si j'avois
	l'honeur d'être votre ministre, je
	vous éxhorterois à m'appliquer
	la rêgle, en premier.
	Mes lettres de Leipzig du 23. Juin et
	de Francfort du 27e Juin rendent comp=
	te, de ce que j'avois pu observer dans
	ces 2 villes, à Dresde, à Weimar, en
	traversant la Saxe et l'Allemagne
	jusqu'à Francfort.
	En parcourant à Dresde la belle Galerie de
	travaux tableaux et la riche collection
	du Grüngewölb, la facilité avec laquel=
	le on y étoit admis, 1-2 mot biffure con=
	trastoit trop avec les entraves 1/2 mot biffure
	1/2 mot biffure que rencontroient à Petersbourg, 1-2 mots biffure ceux qui desiroient
	visiter les Galeries de l'Hermitage et
	les collections scientifiques, pour ne
	pas m'engager à rappeler à l'Empereur les con=
	sidérations que j'avois eu l'honeur
	de lui présenter à cet égard dans une lettre du
	24e Avril 1802. fin de la ligne biffure
	faire cesser ces 1 mot biffure
	1 mot biffure J'étois porteur de 2 lettres
	pour Weimar, l'une pour Göthe qui
	étoit absent, l'autre pour l'illustre
	Wieland, que je connoissois d'ancien=
	ne
	<248> et avec lequel j'eus le grand plaisir
	de converser pendant quelques heures
	avec une franchise qui aisance bien différen=
	te de la gêne qui m'avoit jadis déplu
	en 1 mot biffure frappé et déplu en conversant avec le célèbre
	Göthe. Tous les Sujets qui, à cette épo=
	que occupoient les vrais amis des lumiè=
	res furent touchés dans ce long entre=
	tien, et ce fut pour moi, une douce
	jouïssance d'entendre 1 mot biffure ce que les
	gens de bien pensoient et espéroient
	de la Philantropie du jeune Marc Au=
	rêle de la Russie.
	1-2 mots biffure La description des démons=
	trations cordiales des habitans de Riga, lors du
	passage de l'Empereur par 1-2 mots biffure Riga leur ville,
	que je lus en passant à Erfurt
	ne me permit pas de garder le silence, dans
	l'Itiniéraire de mon voyage que je lui destinois.
	J'aime
	ces bonnes gens, lui disois je, pour les hon=
	neurs qu'ils ont voulu vous témoigner,
	en même tems que je me représente vôtre
	répugnance à voir votre carosse trai=
	né par des homes. Vous reconnoitrez
	tout cela en travaillant sérieusement
	à faire leur bonheur, et je vous connois
	assez, pour savoir que le titre d'Empereur
	citoyen, est le seul auquel vous aspirez.
	Je ne crains donc pas que l'encens vous
	fasse oublier jamais, que vous êtes un
	home ayant aussi ses foiblesses et de
	grands devoirs à remplir. Vivez dans la
	postérité, encore plus que dans le tems pré=
	sent.
	Je trouvai à Gotha 2 connoissances,
	Mr Bridel mon compatriote, jadis Pré=
	cepteur du Duc, connu come botanïste par un ouvra
	des découvertes faites dans l'Empire des
	mousses et come Littérateur par des
	poësies estimées, et Mr Ludwig, dont
	j'avois entretenu quelque fois à l'Empe=
	que ses connoissances théoriques et pra=
	tiques en Economie politique, et en 1/2 mot biffure
	1 ligne biffure
	1-2 mots biffure matière de douanes, m'avoient engagé
	à recomander au Comte Nicolas Roumän=
	tzof membre du Ministêre, come un home
	qui pouvoit être utile à la Russie. Char=
	gé de le mettre en rélation avec ce Minis=
	tre, je m'acquitai de cette comission avec
	tout l'intérêt 2 mots biffure que m'inspiroit cet home de méri=
	te. j'ignoreoi toujours les résultats
	En par rentrant dans les défilés de la
	Thuringe, on le chateau de la Wartbourg
	me rappèla les avantures de Luther, le coura=
	geux dévouement et les malheurs de son
	grand protecteur l'Electeur Jean Frédéric, les suites de la fatale
	bataille de Mühlberg, le despotisme de
	Charles quint, et la brusque interruption
	des réformes réligieuses. La Thuringe
	<249> offre prèsque sur les 1 mot biffure toutes les
	somités des monts qui la traver=
	sent, des débris de ces vieux chateaux qui
	servoient d'azyle, à ces nobles voleurs
	que Henri l'oiseleur et Rodolphe de
	Habsbourg, s'attachèrent à faire dis=
	paroitre peu à peu, et dont les avantures
	romanesques, ont fourni le sujet de
	ces antiques traditions (Sagen), don
	que les faiseurs de romans et de pièces
	de théatre ont exploitées, et dont Mü=
	seus de Gotha a tiré ses inimitables
	Volksmärchen der Deutschen.
	En approchant de Francfort, on je remarquai qu'on
	s'occupoit beaucoup du Décret futur de
	la Diète, qui devoit consacrer les
	indemnisations, à répartir entre les
	puissances qui avoient fait supporté
	les dépenses de la dernière coalition,.
	et Les Victimes comencoient à trembler
	pour leur éxistence imédiate, et les
	villes impériales pour pour leur
	indépendance. Les dernières démar=
	ches du 1er Consul lui avoient aliéné
	les partisans que en Allemagne, les
	partisans qu'il y conservoit encore
	lors avant que son ambition enva=
	hissante eut comencé à se dévelop=
	per.
	Si j'avois donc à traiter
	avec cet home, concluois-je 1 mot biffure concluois-je
	1 mot biffure et si j'étois puissant, je
	serois aussi bref, aussi précis, aussi
	précis que lui , et tout en me
	tenant prêt à agir, je me tiendrois
	sur la réserve, à son égard, en lui
	faisant cependant entrevoir qu'il pour=
	oit dépendre de lui de la faire cesser.
	Demeurer en mesure d'agir à tout
	instant, voilà ce qui convient à la
	Russie. Elle ne doit faire d'autres
	avances que celles qui manifestent
	des intentions pacifiques, telles
	que le Fort peut les faire sans se
	compromettre.
	Je ne scais que par les gazettes,
	ce qui se passe dans mon pays. Il
	paroit qu'on vient d'y faire accep=
	ter une Constitution destinée à
	y perpétuer les sujets divisions, et
	à hâter l'incorporation future de
	l'Helvétie.
	En attendant, je réclame les
	bons offices de V. M. I. pour mon
	infortunée patrie, dès que vous ne
	risquerez pas d'être compromis en
	parlant pour elle.
	C'est ainsi ainsi que je terminois le
	27 Juin, ma lettre de Francfort,
	<250> le coeur content d'avoir revu
	mon disciple chéri, toujours égale=
	ment pénétré de la vérité des prin=
	cipes, qu dont il avoi s'etoit montré pro=
	fondément convaincu, depuis sa tendre
	jeunesse, et bien décidé, à en faire
	l'application, en fondant le bonheur
	donnant à la Russie, des institutions
	qui libérales qui fondées sur les lu=
	mières et la Justice, qui pussent as=
	surer à son aux peuples qui l'habitent
	la prospérité résultante d'une civi=
	lisation protectrice des la propriétés
	et et des personnes, contre l'arbitraires.
	Je lui avois consacré tout mon tems
	et je l'avois quité, en lui promettant
	de m'occuper de tout ce qui pourroit
	contribuer à l'assister du fonds de
	ma retraite. Ma tache étoit finie,
	mais une nouvelle, plus difficile peut
	être, étoit à recomencer,: elle sous
	un Gouvernement ombrageux à la tête
	duquel étoit placé se trouvoit un home de
	génie, ennemi caché des idées libérales,
	et 1 mot biffure à élever aspirant au pouvoir
	absolu, et entourré de Rénégats décidés
	par égoïsme, à tout ôser pour le lui procurer.
	La marche que je suivis, sera déve=
	loppée dans la VIe Période, et com=
	prendra toutes les années écoulées de=
	puis Juillet 1802. jusques au mois de
	Janvier 1814.
	Fevrier 1838 Fin de la Période Ve.
	 






