Transcription

La Harpe, Frédéric-César de, Mémoires. Quatrième période, 1800-1801 (Cahier D), Plessis-Piquet, [Lausanne], 1804-[1837]

<94> Cahier D

IVe Période

A) Séjour à Lausanne jusques à
l'époque de mon arrestation
(Janvier-Juillet 1800)

J'avois renoncé bien sincêrement
à la carrière politique, pour ne m'oc=
cuper que de la Littérature et des Arts.
Les 1 mot biffure attaques réïtérées qu'on se
permit contre 3-4 caractères biffure l'administration
dont j'avois fait partie, et
qu'on s'attachoit à calomnier,
me forcèrent d'y rentrer pour la def=
fendre, cequi m'étoit d'autant
plus facile qu'ayant fait fin de la ligne biffure
2 lignes biffure
1 mot biffure tenu journellement note
des délibérations consignées dans
le Protocolle du Directoire, depuis
le 1er Janvier 1799 jusques au 7 Janvier
1800, les faits m'étoient encore pré=
sens. aussi Après quelques essais plusieurs tentatives
les assaillans furent enfin obligés de discon=
tinuer se taire. 

La générosité comandoit de me
laisser tranquille; mais Finsler et
Glayre  homes irascibles vouloient se venger.
Ce dernier qui savoit que je devois
me rendre à Paris, avoit conçu l'i=
gnoble projet de m'y prévenir,
par des calomnies destinées à m'y
m'y préparer au mauvais accueil.

3-4 caractères biffure La Diplomatie qu'il dirigeoit,
début de la ligne biffure come membre de
la Comission Exécutive, lui en faci=
lita les moyens. Une Dépêche du
Par une Dépêche du 29e Mars 1800
adressée à Mr Jenner qui 1 mot biffure avoit été ajoint
au Ministre helvétique Zeltner pour les négo=
ciations du Traité de comerce, on
le chargeoit secrètement de calom=
nier les intentions du C. Législatif représentans de la nation,
et, quoique je fusse bien étranger
à leurs à ses oeuvres, on y faisoit mention
de moi en ces termes . "La Comission
<95> Exécutive n'est point dans le Systê=
me des destitutions, mais le Décrêt
du 7e Janvier ayant signalé
LaHarpe come Conspirateur, et
celui ci choisissant Lausanne pour
le lieu de sa retraite, il eut été
absurde de laisser ses Affidés en
place."

Aussitôt Dès que la Publicité m'eut
fait connoitre, cette dépêche, 3-4 caractères biffure j'adressai
calomnieuse, j'adressai 3-4 caractères biffure à la Comission Exécutive une
réclamation respectueuse, mais
énergique, pour me plaindre à
Elle même de ses oeuvres. son oeuvre. Il falloit
faire droit à cette réclamation. La
Comission Exécutive ne pouvoit
disconvenir de son erreur; mais
la tournure embarassée de la
réponse jésuïtique fin de la ligne biffure
1 ligne biffure
coupable.
au lieu de la reconnoitre loya=
lement, elle usa d'une réponse
jésuïtique qui lui fut suggérée par
Glayre qui étoit le vrai coupable.
  1 mot biffure Ce dernier
devoit avoir sa part de la leçon;
elle 2-3 mots biffure lui fut donée par une lettre par=
ticulière qui lui présentoit le
miroir de la vérité. Sa réponse
se ressentit de l'embarras qu'il
éprouvoit. Mon intention avoit
été de publier notre correspondan=
ce, mais en l'accompagnant de
quelques notes explicatives; mais
c'étoit le moment où il arrivoit
à Lausanne, pour complimenter
au nom de la Comission Exécutive,
le 1er Consul Bonaparte, qui alloit
franchir le St Bernard: une telle
publication pouvoit avilir mon
pays aux yeux de l'étranger par cette considération; je
fis grace aux coupables

rendre publique la déloyauté
de l'home chargé de cette mission
importante, pouvoit 2-3 mots biffure
2-3 mots biffure en le rendant suspect aux yeux
de l'Etranger, nuire aux in=
térêts de mon pays; cette con=
sidération l'emporta; je fis
grace aux coupables
.
<96> A peu près, dans le même tems
je fus obligé de rompre une lance
avec Mr Kühn qui, au lieu de
dans la S répondre le 21 Janvier 1800 dans la Séance du Gd aux allégations de mon
Mémoire justificatif, dans la
séance du Gd Conseil, le 21e Janvier,
s'étoit permis de publier dans
le Schweizer-Republikaner, une
Diatribe très virulente contre le
Directoire et plus particulièrement contre moi. Telle
fut l'occasion de mon 2d Mémoi=
re  du 9e Avril 1800. 

D'autres provocations amenèrent
la publication des Lettres de Julius
Alpinus
et de Julia Alpinula,
qui irritèrent beaucoup le Préfet
du Léman.

B) Arrivée et séjour de Bona=
parte à Lausanne.
 

Les Courses de plusieurs officiers
supérieurs du Génie et de l'artil=
lerie, dans le Vallais, où ils
alloient visiter les défilés qui
conduisent en Italie, avoient ré=
pandu le bruit, que les François
craignoient prenoient des mesu=
res précautions contre la possi=
bilité d'une diversion de la part
de l'armée autrichienne d'Italie.

La belle route du Simplon n'éxis=
toit pas encore, mais l'ancienne
route et celle du Gd St Bernard pouvoient au moins fournir
un passage à des corps détachés,
qui 2-3 caractères biffure par des marches forcées,
se seroient emparé des dépôts d'ar=
tillerie, dans du Vallais et du can=
ton du Léman. fin de la ligne biffure
1 ligne biffure
début de la ligne biffure L'atten=
tion des Généraux autrichiens
s'étoit toutefois portée vers un point
opposé; ils bloquoient Gênes, et
méditoient l'invasion de la Pro=
vence, ne soupçonnant pas que
l'armée de reserve françoise 1 mot biffure 1-2 mots biffure
1 ligne biffure
qui faisoit mine de marcher pour
s'opposer à cette invasion, alloit
brusquement envahir le nord de
l'Italie, fin de la ligne biffure en franchissant
le Col du Gd St Bernard. 1-2 mots biffure
Les préparatifs de cette importan=
te diversion étant achevés, dans
le plus grand secret, l'armée fse
forte de 60,000 homes franchit
en 2 jours
atteignit en 4 jours,
depuis la frontière françoise, le
1 mot biffure 1 mot biffure de ce col célèbre révers méri=
dional de ce col célèbre, et se
trouva en Italie, avec tout son
attirail, tandisque l'ennemi la
<97> croyoit encore en Bourgogne.
L'home qui avoit organisé
tout cela, arrivoit en même
tems à Lausanne, où il passa
la revue de ses bras Braves.

La proximité de cet home
extraordinaire (Voyez page 117)

NB. A cet endroit doit
se rapporter l'article
des pages 117 et 118 qui
comence par les mots "La
proximité de cet home
extraordinaire
" 

La Comission Exécutive, inquiète
de l'opinion qu'il pouvoit avoir
conçue de l'esprit qui l'animoit après
que résolut de lui envoyer un de
ses membres, pour le complimen
=
ter, offrir ses services dont il
s'étoit deja passé, et donner des expli
=
cations propres à le persuader
que les ennemis de la France
expulsés le 7e Janvier, avoient
été remplacés par ses vrais amis.
Come des mesures avoient été
prises par le Préfet et ses Créa
=
tures, pour éloig empêcher 3-4 caractères biffure
éloigner du 1er Consul, quiconque
aurroit pu lui faire connoitre
les faits, l'Envoyé de la Comis
=
sion Exécutive put dire, 3-4 caractères biffure
1-2 mots biffure sans crainte d'être
contredit, tout ce qui convenoit
à ses maitres: cet Envoyé étoit
l'Ex-Directeur Glayre, 1-2 mots biffure qui
fut accueilli avec les égards con
=
venables, et dut 1 mot biffure trans=
mettre à ses Collègues les avis
un peu sévères qu'il reçut pour
eux.

Ni mon ancien Collègue Secre=
tan, ni moi, ni aucun Em=
ployé du Gouvernement déchu,
ne s'étoit présenté n'avoit es
=
sayé de parvenir au 1er Con=
sul; néenmoins la Comission
Exécutive fit répandre le bruit
début de la ligne biffure qu'ayant sol
=
licité une audience, celle ci
nous avoit été refusée; d'où
l'on devoit conclure que son
Crédit étant désormais bien
établi, elle pouvoit aller hardi
=
ment en avant, dans toutes ses
entreprises. Nous eumes
2-3 mots biffure recours à la Publi
=
cité, pour réclamer contre ce
mensonge, et attendimes 3-4 caractères biffure
1-2 mots biffure tranquillement, les
fruits qui devoient produire
tant de bassesse; et qui ne tar
=
dèrent pas longtems à paraitre.

C) Lettre du 18e May
suivie de mon enlèvement

Bien que la violation flagran=
te de la Charte constitutionelle
le 7e Janvier 1800, me dispensât d'ob=
server l'article, qui rendoit pen=
dant 6 mois, les membres du
Directoire, responsables, j'étois dé=
cidé, à moins de violences ultérieures,
à 1 mot biffure à prolonger mon sé=
jour <98> en Helvétie jusques au 6e Juillet,
jour auquel expiroit ma res=
ponsabilité, 1 mot biffure si cette Charte eut
été encore obligatoire.

Ce n'est point ce qui convenoit
à mes ennemis. Sans leur faire
tort, je puis leur attribuer le
projet d'avoir voulu, à force
de mauvais procédés, me réduire
à quiter le pays avant cette épo=
que, ce qui eut fourni une am=
ple matiére aux criailleries.
Ce jour tant désiré étant très rappro=
ché, j'avois emballé et remis mes effets
qui étoient confiés à la Douane
lausannoise, pour les expédier
à Paris, et j'allois me rendre
à Rolle, pour y passer avec
ma bonne mère, les derniers jours
de mon séjour dans ma patrie,
lorsque mon fidèle ami et ancien
Collègue Secretan vint me
proposer une dernière promenade
dans la forêt romantique de
Sauvablin. Le tems étoit super=
be; ma feme et moi l'accompa=
gnames.

Après avoir passé employé Pendant 3 heures
à nous nous promenerâmes, à récolter cueillîmes
des fleurs et des bayes de myrtile,
et à passer en revue le nous nous entretîmes du Passé, et
à nous entretenir de jetâmes des regards sur l'Avenir,. Jje proposai à mon
ami de nous amener son épouse,
et afin de passer encore 1-2 mots biffure une soirée
autour de la table à thé, avec
nous et notre comun ami
Bergier (de Joutens.). Je ne
m'attendois guêres à ce que me
préparoit une heure après la destinée. une heure
après.
En arrivant chez moi
j'y trouve Mr delaHarpe (de
Paudex), qui étoit chargé de
me remettre la lettre du 18e
May. Mon 1er mouvement
fut celui de l'indignation. que Mrs
Secretan et Bergier la parta=
rent; ce n'étoit pas à nous
qui connoissions l'écriture et
les homes qu'on pouvoit en
1 mot biffure.
gèrent avec moi;
car ce n'étoit pas à nous qui
conoissions l'écriture de l'écrivain,
qui pouvions avoir des doutes..

Je témoignai à Mr delaHarpe
que j'eusse préféré n'avoir
pas reçu fin de la ligne biffure
1/2 mot biffure la lettre en question; mais
une fois dépôsée en mes mains
elle ne pouvoit être anéantie.
En qualité de simple citoyen
il ne m'appartenoit pas de
prononcer sur fin de la ligne biffure
le mérite d'un Ecrit, dont le
Contenu indiquoit des trâmes
ourdies par un agent de la
Coalition, dans le but d'opérer
<99> en arrière de l'armée françoi=
se, alors en Italie qui étoit alors
en Italie, aux prises avec le
Général Mélas, une insurrec=
tion pareille à celle qu' avoi
que le Provéditeur vénitien
Battaglia avoit jadis opérée
sur le territoire vénitien lors
de la 1ère expédition de Bonapar=
te contre l'Autriche, et dont
le résultat fut la chute de
la république de Venise. Come
ancien membre du seul Pouvoir consti=
tutionel, je pouvois encore
moins garder le silence. En
effet, quoique mes fonctions j'eusse cessé d'être
eûssent cessé par la force majeure en fonction, il ne m'étoit point
permis de me considérer, come
en ayant été 3 caractères biffure dépouillé légi=
timement; car si le Peuple
recouvroit un jour les droits
dont il avoit été en possession
avant le 7e Janvier, il pour=
rvoit me demander un compte
sévère de ma conduite, et me
rendre responsable pour avoir
abandonné Ses intérêts, au
jour de sa détresse.

Ma décision fut donc bien=
tôt prise; mais, quelle parti marche
prendre? 4-5 mots biffure marche à suivre
dans le mode d'éxé=
cution?
Adresser la Lettre
du 18e May, à la Comission
Exécutive
, étoit impraticable;
3 membres de cette Comission,
Finsler, Glayre et Savary
s'y trouvoient només: La
remettre au Préfet Polier,
créature de Glayre, étoit en=
core plus hazardeux. Je ne
pouvois pas recourir à l'Accu=
sateur public, sans donner
lieu à des longueurs,. car et Il
n'y avoit pas un instant à
perdre, pour prévenir l'ex=
plosion préparée; alors on igno=
roit encore que la querelle
grande question venoit d'être décidée sur le
champ de bataille de Marengo.
Il ne restoit donc d'autre par=
ti à prendre, qu'une Transmis=
sion de imédiate de la lettre
du 18e May, au Corps Légis=
latif; et c'est ce qui fut ré=
solu; mais falloit-il en=
voyer 3-4 caractères biffure l'original de la cette
lettre? Mes amis et moi, pen=
sames qu'il falloit dépôser cet
original dans les Archives
du Tribunal de Canton , en
faire une Copie vidimée, et
adresser celle ci 1 mot biffure au Corps
Legislatif, par un courrier
<100> extraordinaire. On a blâmé
cette décision qui pourtant étoit
la seule raisonable. Quelques per=
sonnes ont pensé, qu'au lieu
d'adresser le document du 18 May
aux autorités helvétiques, il 3-4 caractères biffure
eut été plus convenable de l'en=
voyer au 1er Consul. Des intri=
gans aurroient pu y trouver
leur compte, mais un 2-3 caractères biffure home
d'honeur ne pouvoit oublier
que c'étoit aux seules autorités
de son pays qu'il appartenoit
de prononcer.

D La nuit qui étoit arrivée, du=
rant ces délibérations, ne permet=
tant pas de faire le dépôt, 1 mot biffure le meme
2-3 mots biffure soir, celui ci ne put
s'effectuer que le lendemain. La
Copie vidimée fut adressée au
Président du Gd Conseil, et pour
être bien assuré que 1-2 mots biffure l'Envoi
lui parviendroit, j'en chargeai
mon ami, le Dr Souter, membre
distingué de cette assemblée, de
lui remettre, en lui faisant
part du Contenu.

Ne pouvant douter que le Corps
Législatif éclairé sur la conduite
de la Comission Exécutive, saisi=
roit cette occasion, pour la rem=
placer par un Gouvernement
constitutionel, Secretan et moi
qui étions bien décidés à pas n'y
pas reprendre place, joignimes à la
lettre destinée pour Souter, nos
2 résignations, en priant ce
membre du Gd Conseil de les pré=
senter, s'il étoit question de nous
rappeler.

Malheureusement, mon Envoi
parvint à son adresse, le Diman=
che, jour constament férié par
les Représentans de la nation, par
des parties de Campagne: tout fut
donc ajourné jusqu'au lendemain,
et grace, au comérage helvétique,
l'affaire s'étant fut ébruitée, 1-2 mots biffure
et les coupables eurent le tems de
prendre leurs mesures. L'impor=
tance d'agir promtement fut
même si peu comprise, que 16
membres du Gd Conseil m'adres=
sèrent une invitation de leur
faire parvenir l'original du
document, que j'avois anoncé n'ê=
tre plus en mon pouvoir; et
début de la ligne biffure grace
2 mots biffure à cette inconcevable niai=
serie, ma Dépêche ne fut pré=
sentée au Gd Conseil, que 4
jours après son arrivée.

Rien n'étoit assurément plus ab=
surde, que de donner à des coupa=
bles pris en flagrant délit, le
tems, de revenir de leur surpri=
se, de préparer leurs réponses,
de détruire les pièces de conviction.
Des débats violens s'ensuivirent,
<101> Il s'ensuivit des débats orageux
2-3 mots biffure 2-3 mots biffure sur lesquels l'Envoyé françois
Reinhard, fut accusé d'avoir for=
tement influé. On s'arrêta en=
suite à l'idée de tourner le tout
en ridicule: on prétendit que le
Contenu de la lettre du 18 May,
étoit absurde, que j'avois été la
dupe d'une grossière mystifica=
tion, le tout pour faire éva=
nouir l'importance de cette lettre.
En attendant, un Courrier fut
expédié la nuit même, à l'Envoyé
helvétique à Paris, afin de préve=
nir les 1 mot biffure complices, 
et le Gl françois Montchoisy
ordonna l'ouverture des portes
de Berne, pour le laisser passer,
en même tems, qu'il n'empêcha
refusoit le passage au Courrier
du Gd Conseil chargé de 1/2 mot biffure
1/2 mot biffure
de porter à Lausanne l'or=
dre de 2-3 caractères biffure remettre l'original de la
lettre 1-2 mots biffure qui s'y trouvoit dépôsée, et que
2 membres du Tribunal du Canton
durent apporter à Berne.

Il semble que le Comission
Exécutive, dont 3 membres se
trouvoient inculpés, n'aurroit pas
du, dans ce premier moment, être
chargée des mesures d'éxécution.
Le simple Bonsens comandoit
ce respect pour les bienséances,
lors même que les principes n'en
aurroient pas impôsé le devoir;
malheureusement, depuis longtems,
les bienséances et les principes, n'é=
toient plus respectés. A force d'in=
trigues, de promesses et de menaces, les Faiseurs
du 7e Janvier, parvinrent à sé=
duire, ou intimider les membres
du Corps Législatif, et la Comis=
sion Exécutive se vit chargée seule
de l'absurde mission de rechercher
si elle étoit inocente, ou coupable.

On avoit dabord décrêté que le
citoyen Mousson seroit mis sous
surveillance, et que le Scellé seroit
appôsé sur les papiers; mais
cette mesure n'avoit pour but,
que d'en couvrir une autre médi=
tée contre moi, et à laquelle
l'impéritie du Corps Legislatif
1 mot biffure le fit coopérér.

Mes adversaires savoient que
durant mon administration, j'a=
vois recueilli beaucoup de Notes,
et que je possédois des Extraits du Pro=
tocolle du Directoire: ils savoient
que, parmi mes papiers se trou=
voient beaucoup de mémoires,
de projets et de motions sans date,
1 mot biffure tous, d'un Contenu 2-3 caractères biffure très
opposé à leur Système: ils savoient
<102> enfin, que j'avois correspondu
avec plusieurs homes influens.
etc. etc.

Tous ces matériaux pouvoient
être dispôsés, de manière à faire
présumer des projets d'attaque
contre l'usurpation éxistante,
et l'on n'eût pas manqué d'en
publier dans les Gazettes de parti,
des fragmens détachés, dans
le but de former une opinion publi=
que contre moi. Ma démar=
che actuelle auprès du C. Legis=
latif, eut été présentée alors,
come le Signal convenu pour
amener le renversement du
Gouvernement du 7 Janvier, et
et resçuciter le Directoire.

Heureusement, tandis que mes
ennemis haranguoient le Gd
Conseil pour en obtenir la
saisie de mes papiers, un avis
me parvint par un Courrier ex=
traordinaire. Je prévis à l'ins=
tant le résultat, et me rendis
à Rolle, où tous les miens se trou=
voient réunis, et secondé par
l'intelligence et le zèle de mon
ange gardien, je réussis à faire
un triage de mes papiers, qui
pouvoit braver la malveillance. 
Je retournai de suite à Lausane
emportant avec moi, les papiers
1 mot biffure indifférens, parmis lesquels
se trouvoient 2 paquets cachetés
depuis longtems, renfermant
ma correspondance avec les
Gds Ducs mes anciens Elêves. Ma
prévision ne fut point trompée.
A 2. heures de la nuit suivante,
le Sous-préfet de Rolle, vint
sur l'ordre du Préfét du C. Léman
(Solier) faire une visite domi=
ciliaire dans la maison de
ma mère, 1-2 mots biffure que sa qualité
de parente au degré légal, aurroit
du préserver de 1-2 mots biffure cette
violation de la loi. Le Souspré=
fet éxécuta ses ordres, en galant
home, et après avoir accueilli
les déclarations de ma feme, qui
montra dans cette circonstance,
sa présence d'esprit et son coura=
ge accoutumés, il appôsa les
Scellés sur plusieurs caisses de
papiers et de Livres: ces Scellés
n'ont été levés que depuis le 15e
Avril 1803.

A peine de retour à Lausanne,
le Lieutenant du Préfet (Mr
Clavel de Brenles) vint me com=
muniquer le Décrêt qui me
plaçoit sous surveillance, et
ordonnoit l'apposition du Scellé
sur mes papiers, fin de la ligne biffure
et s'acquitta de cette Comission
<103> avec une urbanité et une
noblesse qui n'honoroient pas
autant moins son coeur, que son esprit,
et dont j'ai gardé le souvenir. Il
n'en fut pas de même du Préfet,
qui violant le Décret, se fit
apporter mes papiers, pour en
faire l'inspection, et s'empâra du
brouillon de la résignation secrette
que j'avois insérée dans ma
lettre au Dr Souter 1-2 mots biffure et
l'envoya à la Comission Exé=
cutive, qui la transmit au
C. Legislatif, où elle subit tous
début de la ligne biffure les comentaires de
la malveillance. Enfin, au=
lieu d'être 1 mot biffure placé sous sur=
veillance, fin de la ligne biffure
3-4 caractères biffure la Comission Exécutive
et son Ministre de la Justice
(Meyer de Schauensee), inter
=
prétant le Décret, au gré de
leurs passions, ordonnèrent de
1-2 mots biffure m'intimer les Arrêts,
et le Préfet s'empressa d'éxé
=
cuter cette mesure arbitraire.

Enfin, ma correspondance
avec mes Elêves ne fut pas même
respectée. Ces lâches ennemis
la mirent en circulation. En
vain je réclamai sa restitution.
J'adressai une 4-5 caractères biffure lettre très
polie à Mr Schmidt, alors mem=
bre de la Comission Exécutive, es=
pérant que ce Monsieur qui n'a=
voit eu qu'à se louer de moi,
répondroit à ma confiance; mais
il n'en fit rien; je conoissois mal nos petits hom=
mes d'Etat helvétiques; que j'ap=
pris depuis à les mieux apprécier.
C Je ne reçus aucune réponse;
L'Avênement seul d'Alexandre Ier
a pu décider Messeigneurs à une
restitution.

Le Decret rendu portoit que
je serois placé sous surveillance;
mais en vertu de la gracieuse
interprêtation de la Comission
Exécutive et de son ministre de
la Justice (Meyer de Schauensée),
le Prefet reçut l'ordre de m'in=
timer les arrêts, qu'il s'empressa
de faire éxécuter.

Mes réclamations à ces divers
égards furent inutiles. Je m'adres=
sai alors au Corps Législatif, qui
annulla ces mesures illégales,
mais la Comission Exécutive, trou=
va le moyen de contredire dé=
jouer l'éxécution. Tout réussis=
soit si bien aux Meneurs, qu'ils
fi obtinrent que le Secrétaire Gl Mousson et moi
serions traduits, au criminel par=
devant le Tribunal de Canton
de Berne; et telle étoit leur
impatience de me soustraire à la
protection légale du Tribunal
de Ca
<104> de Canton du Léman , que sans
donner le tems au Tribunal de Berne,
de procéder légalement, et d'obtenir
mon extradition légale, ils me firent
enlever de Lausanne, à l'insçû de ces
2 Tribunaux, le 2e Juillet 1800, pour
être transfêré à Berne, où d'autres ini=
quités m'attendoient. 

Cette violation outrageante des loix
m'autorisoit assurément, à ne pas
m'y soumettre, mais la fuite étant
impossible, il fallut se résigner, ce
que je fis avec le calme d'une conscience
1 mot biffure, et avec la dignité convenable qui convenoient
à la station que j'avois occupée.

Il étoit 4 heures après midy: une
foulle imense remplissoit la rue
de Bourg, et la haute société lausanoi=
se, dont la basse vanité avoit sou=
vent provoqué mon mépris, occu=
poit toutes les croisées des la maisons
situées en face de celle, dont on alloit m'extraire, pour re=
paitre ses yeux d'un spectacle aussi
agréable pour elle. Le plus pro=
fond silence s'établit, à l'instant
où je parus en captif, entourré de
mes amis Secretan et Bergier. Après
les avoir serré dans mes bras, en leur
recomandant ma feme et ma mère,
j'adressai à haute et intelligible
voix, des remerciemens au 1 mot biffure Lieu=
tenant du Préfet, pour ses nobles
procédés à mon égard, et montai
en Carosse. Deux officiers s'y placè=
rent avec moi, 2 Sous-officiers mon=
tèrent derrière le Carosse, et 4 Chas=
seurs à cheval furent chargés de
nous escorter.

<105> D) Ma fuite

Les 2 officiers, mes compagnons de
voyage se comportèrent en gens
d'honeur. L'un deux, le Lieute=
nant des Chasseurs à cheval, Weber,
m'étoit fort connu, il m'exprima
tout son regret de devoir remplir
une telle mission, et m'offrit obli=
geament de remettre 1 mot biffure à ma
feme et à mes amis, tout ce ce dont je
pourrois le charger; je l'en remer=
ciai, sans toutefois accepter. On
a cru que j'avois gâgné cet offi=
cier, ou mon escorte; c'est une
erreur; je crois seulement, qu'ils
m'ont surveillé moins sévèrement
que d'autres. à leur place

C'étoit jour de foire à Moudon.
Les paysans se rassemblèrent de=
vant l'auberge, tandis qu'on
2 mots biffure s'occupoit à re=
layer, et, au moment où j'allois
remonter en Voiture, les cris
Vive LaHarpe rententirent de tou=
tes parts. Il ne tenoit qu'à moi
de profiter de leur bonne volonté;
pour m'esquiver; c'eut été les compromettre: Je
m'arrêtai en leur disant: Citoyens!
point de rumeur: Vivent la Répu
=
blique et les loix.

L'obscurité de la nuit nous
surprit à mi-chemin de Payerne.
Mes compagnons de voyage fati=
gués, s'endormirent, et alors seu=
lement, des je songeai aux moyens de m'enfuir,
tandisqu'on relayeroit de nuit.

Payerne étoit l'une de ces stations.
Les chevaux de relai tardant à
arriver, nous descendimes à l'au=
berge de l'Ours, où depuis 3
semaines j'avois logé à 3 plusieurs repri=
ses, et dont l'intérieur m'étoit
bien très connu.

Tandisque les Officiers étoient
sortis pour donner leurs ordres,
quelques 1 mot biffure curieux entrèrent,
et dans le nombre, un Individu
auquel j'avois rendu service. Je
le sondai sur les moyens d'arri=
ver de gagner promtement à Estavayer
sur les bords du lac de Neuchatel;
à l'instant il se montra disposé
à m'indiquer le chemin, et sortit.
prit les devants. Il s'agissoit de sortir de l'auberge. Un fac=
tionaire étoit placé devant l'entrée
du Sallon, fin de la ligne biffure et faisoit 3-4 mots biffure
étoit 2 mots biffure mais j'avois remar=
qué, qu'il faisoit se promenoit dans
le Corridor. Profitant de l'instant
où il avoit tourné le dos, je sortis,
et enfilant un escalier, qui abou=
tissoit à une ruelle détournée,
je joignis mon conducteur, avec
lequel je sortis par la porte d'Es=
tavayer, sans avoir rencontré
personne.

Par un singulier hazard, 3 Se=
maines auparavant, j'avois en
promenant reconnu cette même
route.
<106> Arrivés à l'extrémité du faubourg, là
où comence une plaine dénuée d'ar=
bres, 1-2 mots biffure un grand bruit se
fit entendre. Mon conducteur effrayé
se hâta de me donner à la hâte, ses di=
rections, et nous primes congé. J'étois
malade depuis quelques jours, et à
jeun; ainsi mal préparé pour courir
les aventures. J'avois en poche 10 Louis,
mais j'étois sans passeport, et sans autres
armes qu'un couteau: je ne perdis pour=
tant pas courage. Ramassant Recueillant mes
forces, et profitant d'un demi Clair de
lune, je traversai la plaine en courrant,
pour arriver à un pays fourré qui
pouvoit m'offrir un abri. L'intervalle
qui m'en séparoit, étoit à moitié fran=
chi, lorsque je rencontrai un char,
dont le conducteur, à m couché et à moi=
tié endormi, me salua par les mots
Bonsoir citoyen. Il étoit naturel de
penser, qu'à son arrivée en ville, il
seroit questionné et que par lui, on se=
roit sur mes traces. 30 Chasseurs étoient
stationnés à Payerne; ainsi je serois
chaudement poursuivi. Combien
j'aurois été rassuré, si j'avois scu que
les portes de Payerne avoient été fer=
mées gardées imédiatement après mon
évasion!

Un bruit sourd de la marche de chevaux, que j'enten=
dis, après avoir franchi la plaine, me
faisant croire que j'étois poursuivi, je
me tapis dans un Champ d'avoine, dont
je fus chassé par le froid fin de la ligne biffure que me firent éprou=
ver les
épis encore chargés de gouttes d'eau de
pluye. Trois fois de suite, la répétition
du même bruit m'obligea à répéter
la même manoeuvre. Enfin j'arrive
à un paturage enfoncé entre 2 hayes,
où les chevaux du voisinage étoient
renfermés la nuit pour 1 mot biffure paitre
en sécurité (ce qu'on appelle en langage
vaudois un Chantre). Cette découverte
me rappela la fable du Lièvre et des
grenouilles.

Je descendis dans ce paturage que bordoient des arbres pensant
y être mieux abrité, mais le sol en étoit
marécageux, je l'un de mes souliers s'y
enfonça si profondement, qu'il me fallut
du tems pour le retrouver. Une autre
mésavanture m'attendoit. En franchis=
sant une haye, mes chausses de Soye
noire reçurent une déchirure, qui heu=
reusement 1 mot biffure la nuit seule rendoit inap=
perçue. Enfin j'arrive à Estavayer
dont les portes étoient ouvertes, mais
tout dormoit dans cette Cité, et les
vents et Neptune
. 

2 mots biffure Sans la crainte d'être pour=
suivi depuis Payerne, j'aurois essayé
de louer un bateau pour traverser le
lac; 1-2 mots biffure 1-2 mots biffure teinte argentée et les mon=
tagnes de Neuchatel que 1-2 mots biffure le Clair de
de lune me permettoient de distinguer,
me causoient de vives, mais désagréa
=
bles émotions. Il falloit prendre
un parti. Je me décidai à suivre les

que sa teinte argentée rendue
plus frappante par le sombre
rideau des montagnes
de Neuchatel, fin de la ligne biffure
début de la ligne biffure
dessinées par
2-3 caractères biffure le clair de lune, me fai=
soit appercevoir, come le seul
obstacle à franchir. Cet
aspect me causa une émotion

pénible. Il falloit toutefois prendre vite un parti;
<107> je résolus de suivre les rives du lac, par des sentiers inconus,
dans l'espoir d'atteindre Yverdun avant
le jour, et de gagner ensuite le pays de Neuchatel. 
Si je ne le pouvois pas, mon
projet étoit de me retirer dans les bois
pendant le jour, avec quelques provisions
que j'achèterois dans le 1er Cabaret de
Village, après quoi, me remettant en
route à 1 mot biffure de pendant la nuit, je gagnerois
j'arriverois à Rolle, ou je me munirois d'argent et
trouverois le Passeport que je m'étois
procuré depuis longtems.

Ma bonne étoile en décida autre=
ment. Come il m'importoit d'éviter
la grande route, qui conduit par de
Payerne, par Estavayé à Yverdun, je
suivis des Sentiers qui m'amenèrent
à l'entrée d'une grande forêt, où 3
chemins battus également battus s'of=
frirent à ma vue. Je les tentai tous
les 3 et ne réussis qu'au dernier.

Le crépuscule du matin annonçoit
une journée superbe, le tems l'air étoit cal=
me: l'alouette et la grive saluoient
l'aurore par intervalles: exténué,
je m'arrêtai pour écouter, et fus tenté
momentanément de me repôser dans
une Grotte sous des rochers formant une
jolie grotte. De noires réfléxions m'en
chassèrent.

A peine je m'étois de nouveau en=
foncé dans la forêt, que j'y rencon=
trai 3 bucherons, assez étonnés de
ma rencontre présence. Je débutai en leur
demandant le plus court chemin pour
aller à Yvonens. A leur tour, ils
desirérent savoir qui j'étois: je répon=
dis: Eclésiastique, ce que mon costume
noir rendoit croyable. Suivant ces bon=
nes gens, j'étois encore à une forte
lieue d'Yvonens, et à 3 d'Yverdun.
Les forces m'abandonoient; je comen=
çai à craindre d'être réduit à passer
la journée dans les bois. Come j'étois
machinalement occupé de cet avenir,
un pauvre hérisson sort du bois, et
arrive jusqu'à mes pieds: Voilà me
dis-je, de quoi ne pas succomber
d'inanition pendant la journée: il
s'en fallut réellement bien peu que
je ne succombasse à la tentation
de faire ma proye de ce pauvre ani=
mal; il en fut quitte pour la peur.
Le jour començoit à poindre. Du
somet des collines escarpées qui bor=
dent le lac, je parcourrus des yeux
sa surface et ses rives, pour tâcher
d'appercevoir un bateau. Enfin
j'apperçois un point brun: c'en est un
m'écriai-je, et abandonnant de suite
le chemin battu, je prens une direction
en droite ligne, je descens par les
couloirs, au risque de me rompre le
col, et j'arrive à la grande route, que
je traverse bien vite, pour gagner le
bord du lac, où je m'assieds protégé par
une haye, à 20 minutes d'Yvonand.
<108> Dans l'intervalle, le bateau s'étoit rap=
proché: je fais un signe; il arrive à la
portée de la voix, et je propose de me
recevoir à son bord, pour être transporté
sur la rive opposée. On refuse dabord,
puis on consent, mais avant de faire la
traversée, on doit se rendre à Yvonens.

Demeuré en possession du bateau pendant l'ab=
sence de ses maitres, je m'empare dabord
des rames, prêt à en faire usage, s'il si
quelque individu suspect s'en approchoit;
mais tout s'arrange selon mes voeux, et
nous débarquons heureusement au bourg
neuchatelois de Vaumarcus.

Ce fut un moment délicieux, celui où
je touchai un sol que je croyois être neutre. Je savois, à
la vérité, que le Gouvernement de Neucha=
tel me livreroit, si la réquisition lui
en étoit faitte de la part de la Comission
Exécutive, mais cette réquisition ne
pouvant lui parvenir tout de suite qu'après quelques
jours
, j'avois le tems nécessaire, pour
me mettre hors d'atteinte. Après C'étoit
heureusement jour de courier, j'en pro=
fitai pour adresser quelques lignes
à ma feme, dont l'image ne se présen=
toit à moi, que pour me mettre au
désespoir: je pris ensuite me fis ensuite
servir à dejeuner, et pendant que je
prenois quelque repos sur un grabat,
une main officieuse répara le domage
que la déchirure avoit apportée à mon
accoutrement.

Un Guide me conduisit jusques audessus
du village de Provence, où je rentrois
de nouveau sur le territoire helvétique.
Je me hâtai d'en sortir Là, mon guide
me quitta, après m'avoir indiqué la
route: je pressai le pas, pour rentrer
sur le territoire neuchatelois, au somet
de la montagne. Un paturage désert
formant un beau plateau la couronnoit;
je m'arrêtai pour reprendre haleine,
et me retournant aussitôt pour contem=
pler mon pays, dont le ravissant ta=
bleau s'offroit à moi, dans toute sa
magnificence, je m'attendris profondé=
ment. De cruels souvenirs se précipi=
tèrent sur mon coeur avec une telle
véhémence, que mes genoux faiblirent fléchirent,
fléchissant je tombai sans conoissance, 1-2 mots biffure
début de la ligne biffure
et ne fus tiré de
cet état, que par 1-2 mots biffure l'heureux le souvenir
de la lettre touchante que m'avoit adres=
sée en 1797, mon disciple chéri, le
Gd Duc aujourdui Alexandre Ier, qui souvenir
souvenir qui, dans ce fatal moment, vint heureuse=
ment à mon secours. Les sentimens
libéraux que cet excellent prince mani=
festoit avec tant d'énergie et de sagesse, et
<109> que j'avois cultivé avec soin, me
rendirent le courage et les forces,
avec la conviction consolatrice d'a=
voir aussi servi le genre humain. Je ne
prévoyois guêre, que le moment
alloit bientôt arriver, où il réalise=
roit mes espérances, et qu'il me
seroit donnée de voir l'aurore du
rêgne de ce Marc Aurêle de notre
âge.

Revenu à moi, je pris congé de
mon pays, et descendant la 1 mot biffure
côte opposée, les hautes cimes de
ses montagnes disparurent bientôt
à mes regards. Un tableau riant
leur succéda. J'étois arrivé à un
Chalet, où, de la meilleure grace;
on m'avoit m'offrit du laitage. Je
m'assis sur l'herbe à quelques pas
et bientôt j'y fus entourré de tout
le troupeau, dont chaque individu
vint me flairer, c'est à dire, saluer
à son tour. J'entrois alors, dans
le Val Travers; mais ne voulant
pas m'arrêter, dans le beau bourg
de Motiers, où je pouvois être re=
connu, je continuai à m'avancer
jusques aux Verrières, village neu=
chatelois limitrophe de la France,
Là, mes inquiétudes revinrent: j'é=
tois dépourvû de passeport. Heu=
reusement je me rappelai que
les Emigrés françois rentroient
dans leur patrie, par cette route,
sans qu'il fut possible de l'empê=
cher: je résolus de mettre à pro=
fit, ces renseignemens; mais à qui
m'ouvrir à cet égard? Lorsqu'en re=
venant de Russie, en
1795 Mrs de Berne, alors tout
puissans, avoient ordonné de m'ar=
rêter si je traversois leur territoi=
re, j'avois du tourner la Suisse,
et j'étois arrivé descendu aux Ver=
rières, dans une auberge de fort bone apparence tenue
par des vieilles femes qui procu=
roient aux Emigrés rentrans, les
moyens d'éviter les bureaux fran=
çois. Je retrouvai m'arrêtai dans cette auberge
toujours tenue par les mêmes per=
sonnes. Mon costume éclésiasti=
que, et mon extérieur maladif
me valurent probablement, le
bon accueil que je reçus, et que
je n'oublierai jamais. Ayant
témoigné le désir de passer la fron=
tière le même soir, un paysan
du voisinage fut mandé pour
me conduire, mais come il étoit
déjà nuit, le moment du départ
fut fixé à 6 heures du soir le len
au lendemain à 6. heures du soir,
afin de passer devant le bureau,
<110> de Pontarlier, aussitôt après sa cloture, mo=
ment dont les 1 mot biffure Employés pro=
fitoient pour s'absenter.

Je mis à profit cet ajournement
pour écrire plusieurs lettres,
et pour adresser, en particulier
au Corps Législatif, une Protes=
tation formelle, contre les vio=
lences éxercées à mon égard. 
Ces occupations et le besoin de
repos me servirent d'excuse
pour décliner la visite d'un Eclé=
siastique émigré, qui étoit em=
pressé de causer avec un Confrè=
re.

Mon costume pouvant attirer
l'attention, je le troquai contre
l'habit de Dimanche d'un gar=
çon charpentier, et préparai
tout pour pouvoir partir à
l'instant fixé. Je devois me
croire au bout de mes aventures;
mais il en fut autrement.

Je venois de me mettre à table
et començois à causer avec l'Eclé=
siastique Émigré, lorsque je
vois entrer inopinément le Colonel
Rolland de Romainmotier, parent et créature de Glayre ve
=
nant anoncer l'arrivée d'une
famille, qui alloit aux eaux
de la Brévine qui demandoit à
diner. Je présumai de suite
que la famille annoncée étoit celle
de mon ennemi personel Glay
=
re qui devoit se rendre aux eaux
de la Brévine, 1-2 mots biffure. Ce mem
=
bre de la Comission Exécutive mon enemi personel
s'étoit étoit parti de Romainmotier aussitôt après
avoir reçu l'avis de mon enlêvement
afin de paroitre n'y avoir point
coopéré.

le Colonel Rolland de Romainmotier,
parent et créature dévouée de
mon ennemi personel Glayre, entre
dans l'appartement, pour anoncer
l'arrivée de la famille de ce mem=
bre de la Comission Exécutive, qui
venoit se rendanit aux eaux de la
Brevine, et devoit diner aux Verrières.
Mr Rolland parent éloigné de ma
mère, ancien ami et camarade
de service de mon père

Cette brusque apparition de
Mr Rolland étoit dans ma position 2 mots biffure ne pou=
voit m'être que fort désagréabe.
dans ma position fin de la ligne biffure quoiqu'il
Quoiqu'il m'eut l'obligation d'avoir pu
revoir ses foyers, à l'aide d'un
Permis que je lui avois procuré,
étant membre du Directoire, 2 caractères biffure
2 lignes biffure

et qu'il fut en outre parent de ma mère, et
ancien ami et camarade de Service
<111> de feu mon père, son dévoue=
ment fanatique pour les Ber=
nois, son aversion prononcée
pour
pour la Révolution opérée
dans son pays, étoient trop pronon=
cées pour ne pas voir en lui, un
home prêt à servir mes ennemis.
Heureusement il ne me reconnut
pas, et sortit. J'en profitai pour
me retirer à l'instant, et l'Emigré
qui avoit remarqué ma surprise,
m'ayant obligeament offert son
appartement, à peine j'y étois
entré, que Glayre et sa famille 2 caractères biffure pri=
rent possession de celui que j'avois occupé, ne se doutant guê=
res d'être si près de moi.

Cet évênement qui n'eut pour
moi d'autre inconvénient, que
d'interrompre mon Diné, et de
me forcer à demeurer en 2 mots biffure caché
caché pendant quelques heures, m'eut
donné des inquiétudes bien vives,
si j'avois sçu alors, ce que j'appris
depuis,: sçavoir que la Gendarme=
rie neuchateloise encouragée
par la promesse d'une forte récom=
pense, n'étoit plus qu'à 2 lieues
des Verrières, lorsque je partis.
L'Eclésiastique émigré, dont je
ne puis assez louer l'urbanité, me
donna tous les renseignemens qui
devoient assurer mon trajet: en
le quitant, je crus devoir lui 1 mot biffure
1 mot biffure
dire le nom de celui auquel
il avoit accordé l'hospitalité. Mes
bonnes hôtesses prirent également
congé de moi, avec un vif intérêt
et soignèrent fidêlement mes lettres
qui parvinrent toutes à leurs adres=
ses; j'ai regrêté vivement de
n'avoir pu les aller remercier.

A 8 heures du soir, tous les postes
disposés entre les Verrières et Pon=
tarlier avoient été heureusement
tournés, grace à l'habileté de mon
guide. Je profitai de la nuit
pour gagner Salins, en char à
banc. De cette ville à Dôle, je
fus forcé de faire la roûte à pied
par une chaleur étouffante. affreuse pour
éviter Après m'être égaré, à la
tombée de la nuit, dans la grande
forêt de Dôle Chaux près Dôle, pour
avoir voulu prendre la traverse,
j'arrive enfin dans cette ville exté=
nué de fatigue, et fin de la ligne biffure
2 caractères biffure
grace à ma pitoyable tour=
nure, 1-2 mots biffure je parcours les rues jusques à la der=
nière maison, qui étoit une auberge, sans pouvoir être
1 mot biffure logé. fin de la ligne biffure
début de la ligne biffure Une négresse étoit de=
vant la porte de la dernière au=
berge de celle ci: au moment où j'allois
entrer, elle me demande avec
<112> hauteur, ce que je voulois: Un
logement pour la nuit, et à sou=
per, répondis-je: On ne peut
vous recevoir
, fut sa réponse
accompagnée d'un ton de mé=
pris pareil à celui que prenent
sans doute les Colons des Antilles,
s'adressant à leurs noirs. Il fal=
loit se résigner. La négresse étant
rentrée, je questionai une Ser=
vante, qui, moyennant une pièce
de 20 Sous, et la promesse d'un bon
pourboire, m'introduisit, dans
une chambre à 4 lits, à la condi=
tion qu'elle demeureroit de la laisser ouver=
te pour recevoir les Courriers de
l'Armée de Réserve qui station
dont le Quartier-général étoit
à Dijon. La même protection me
procura un fort bon souper,. et
Ne 2-3 mots biffure Ne Pouvant
1-2 mots biffure changer de linge, il fallut
bien faire moi même, la Lessive
de celui que je portois, et qui se
ressentoit de mes courses à pied,
je le suspendis ensuite aux Croi=
sées, à l'éxemple de ce que j'avois
vu à Potsdam, et come il faisoit
très chaud, je l'opération 1 mot biffure
1-2 mots biffure
réussit: au lever du Soleil,
j'étois en linge propre.

J'arrivai enfin à Dijon, où
toutes les auberges étoient occu=
pées par les officiers de l'armée
de réserve. Peu s'en fallut que
je ne fusse obligé de bivouaquer
dans la rue, et je fus heureux de
trouver, dans l'auberge du Cha=
peau rouge, un taudis dédai=
gné, que son emplacement audes=
sus des Cuisines en activité con=
tinuelle, rendoit prèsque inhabi=
table. Le lendemain je me
présentai chez le Général en
chef Brune, qui m'accueillit,
come si j'avois encore éte en
fonctions. Il avoit pour aide
de Camp le Capitaine Louis Sigis=
mond de la Harpe fils du général
de ce nom, mort au champ d'hon=
neur, en 1797., qu'il chargea
des 1-2 mots biffure préparatifs de mon
départ. Lui même m'ouvrit sa
bourse avec la plus grande obli=
geance, me remit un Passeport,
et 2 lettres, adressées, l'une au
Général Murat (depuis roi de
Naples) et l'autre au 1er Consul.
Tout étant prêt, je partis de
pris congé de ce galant home
le coeur plein de reconnoissance.
Il dut paroitre bien étrange
aux nombreux officiers supéri=
eurs, réunis dans les apparte=
mens du Général en chef, de
le voir témoigner tant d'égards
à un home aussi mal vêtu que je l'étois.

<113> Trente Six heures après ces
scènes de comédie, j'arrivai
à Paris, où mon évasion n'é=
toit connue que de la veille,
Un ami, Mr Coos Van Berchem,
vint me prendre, dans l'hotel
obscur où je venois de descendre
sous un nom suppôsé, pour
me conduire dans sa maison,
où je fus bientôt visité par d'an=
ciennes conoissances fin de la ligne biffure
1 ligne biffure

d'ancienes des connoissances qui me vouloient
du Bien, et parmi lesquelles se
trouvoient Mrs Gauthier de l'Ain 
et Poultier, tous deux mem=
bres du Conseil des anciens. 
Prévenu par eux, le Général
Murat dont je n'avois pas l'hon=
neur d'être connu, me fit invi=
ter à me rendre à la Malmai=
son, où je serois présenté au
1er Consul.

La réception qui me fut faitte
par celui ci, dans la grande
allée de son parc, fut polie, mais
1 mot biffure froide, et nullement en=
courageante, et je m'apperçus
bientôt que Bonaparte étoit
fortement prévenu contre moi.
Il y aurroit eu plus de géné=
rosité, et de véritable dignité,
à ne pas le faire sentir, à un
Infortuné, qui, venoit 1 mot biffure
plein de confiance, venoit noble=
ment se mettre en son pouvoir,
et se placer dans le foyer de
ses Dieux domestiques. J'eus
avec lui, un Entretien très animé en tête à tête de près
de 2 heures, qui ne fut interrom=
pu, que par l'arrivée du 2nd
Consul Cambacerés, qu'à mon
début de la ligne biffure grand étonement,
le 1er Consul il me présenta. J'ai lieu de
croire que ma franchise, mes
réponses pleines de dignité et
d'énergie, lui avoient fait soup=
çonner qu'on pouvoit lui en
avoir imposé. Durant cette
longue conversation, nous fu=
mes rarement d'accord, et
malgré le désavantage de ma
position, et ma dépendance de
fait
, je soutins ma thêse, en
home qui avoit le droit d'a=
voir son opinion, quoique
la dure nécessité le forçat à
la revêtir des formes, que la
prudence recomande au Foi=
ble sous l'oppression. 

Je priai le 1er Consul d'user de son
influence, pour faire cesser les per=
sécutions qui avoient comencé
contre mes amis; sans vouloir
s'y engager, il m'en laissa l'es=
poir. Il me promit protection
en France, à condition de ne
<114> point me mêler des affaires de
mon pays; il avoit le droit de
l'éxiger; j'ai tenu parole. A
mon tour j'insistai pour que
les Papiers publics, qui avoient
comencé à me provoquer (le
Publiciste entr'autres), s'en 4-5 caractères biffure
abstinssent, et depuis lors, en
effet, elles ils gardèrent le silence.

Voilà, Monsieur, plus qu'il
n'en faut, pour vous convaincre
que ceux qui, en Suisse, ont
entretenu le Public de cette
Audience, ont plus consulté leurs
passions que la Vérité.

Le mépris a fait justice de ceux
qui s'étoient permis de me
prêter la bassesse de leurs sen=
timens, en triomphant des
prétendues avanies qu'aurroit
endurées, un ancien 1er Magis=
trat de leur patrie, come si ces
avanies n'eussent pas été aus=
si injurieuses pour le 1er Consul
que pour l'Helvétie même. 

Retiré dans ma campagne
du Plessis-piquet, à 2 lieues
de Paris, j'ai continué à y
vivre sans éprouver de véxa=
tions. Les occupations cham=
pêtres qui avoient eu toujours
de l'attrait pour moi, sont de=
venues dès lors, mes occupations
favorites: j'ai trouvé qu'il
valoit mieux avoir affaire
aux plantes qu'aux homes.

En 1801 je fis un voyage en
Russie, et ne fus de retour qu'en
Juillet 1802. Il étoit naturel
que je desirasse voir sur le
trône, celui en qui repôsoient
mes dernières espérances.

Ceux qui ne me connoissoient pas,
crurent que j'allois mettre à
contribution, son amitié et sa
confiance, jouïr, en un mot,
le rôle d'un Seigneur; ces gens
là se sont encore trompés. Je
<115> tâchai constament, d'agir
partout, convenablement, à
ce que ma station m'impôsoit.
Après avoir vécu 12 ans, à
la Cour, en républicain, j'y
ai reparu come tel, sans scan=
daliser personne: si j'ai pa=
ru, en costume de Directeur,
c'est que chacun, doit porter ce=
lui de sa place. Je ne reconus
jamais, come légitimes, des
autorités éphémêres, se renver=
sant les unes les autres, et tou=
tes également usurpatrices.
J'ai agi conformément, à ce
que les Représentans du peu=
ple helvétique m'avoient
imposé le 28 Juin 1798, lors=
qu'eux mêmes se conformoient
à la Constitution établie. Pour=
quoi avoient-ils voulu d'un
home, auquel ils supposoient
un caractère ferme, et des prin=
cipes indépendans? Je n'avois
pas brigué leur suffrage.

Tant que l'Helvétie formera
un Etat distinct, je n'ôse plus
dire indépendant après ce
qui est arrivé, je demeurerai
enchainé à ses destinées. J'aime
trop ma patrie, pour recher=
cher ailleurs, des places qui,
fûssent-elles très élevées, ne
conviendront jamais à quicon=
que fut honoré de la premiè=
re magistrature, dans son
pays. Qu'on appelle celà une
fierté ridicule; cela les opi=
nions sont libres; quant à moi
je ne puis ni penser, ni agir
autrement.

Mes rélations avec la Russie
ou plutôt avec son Souverain
actuël, sont étrangères à cet
écrit. Après la disparution
des Intêressés, le Public ju pro=
noncera, les documens en mains,
s'il en vaut la peine  .

A mon retour de Russie, j'ai
repris mes travaux agricoles,
come s'ils n'eussent pas été in=
terrompus; je m'en occupois,
même depuis St Petersbourg.
Devenu prèsque étranger à
la Politique de la Suisse, je
ne m'attendois point à être
choisi par les assemblées élec=
torales de Zurich, de Berne
de Zoug, et des campagnes zu=
ricoises et bernoises, pour les
représenter à la Consulte
<116> de Paris.

J'ignore, si les lettres qui anon=
çoient les motifs de mon refus, ont
été publiées fidèlement en Suisse;
je serois tenté d'en douter, car
elles furent altérées dans les feuilles
publiques françoises, au point de
m'obliger à exiger leur publica=
tion éxacte, dont je me serois
volontiers passé dans ces conjonc=
tures. 

Ne pouvant reconoissant point encores, à cette époque, re=
connoitre les Diètes électorales
come de  véritables dépositaires de la
volonté nationale, je ne pouvois
contracter des engagemens incom=
patibles avec ceux que la nation
m'avoit imposé, aux jours de son
indépendance. Il faut être consé=
quent. Celui qui présidoit
constitutionellement le Directoire,
en ce le 7e Janvier 1800, jour où l'Usurpation vint
interrompre l'exercice de ses fonctions, n'avoit
pas le droit d'accepter des places
offertes par des autorités inconsti=
tutionelles, sans encourir les chan=
ces d'une sérieuse responsabilité.
Enfin le principe unitaire étant
préliminairement écarté, il ne
m'étoit pas possible de coopérer
au rétablissement d'un Fédéralisme
éxagéré, auquel je reprochois, de prépa=
rer la destruction de notre na=
tionalité indépendante, 1-2 caractères biffure et de
faciliter un jour l'invasion de
notre territoire, qui deviendroit
le théatre des guerres à venir.

Dès ce moment j'ai abandonné
les affaires publiques. La cultu=
re de mes arbres, absorbe prèsque
tout mon tems. Je manie bien
plus la bêche et la serpe, que les
livres et la plume: j'3-4 caractères biffure j'éprouve
même de la répugnance à prendre
celle ci, et si vous n'aviez pas reçu
ma promesse de terminer, ce que
j'ai entrepris, pour vous satisfaire,
j'y aurrois renoncé. Vivant au
milieu d'arbres et d'arbustes appar=
tenant à toutes les parties du
monde, je deviens toujours plus
cosmopolite.

Si j'avois eu plus de tems, je vous
aurois épargné beaucoup de détails
inutiles: nos affaires politiques
m'inspirent un dégoût presque in=
surmontable: voilà mon excuse
pour n'avoir pas fait mieux.

Vous me trouverez prêt à vous
donner les explications que vous
jugerez indispensables, pourvû
que le Silence ne me soit pas
<117> comandé par la maxime
Le tems présent est l'arche du
Seigneur
; car je desire enfin
passer en paix, le peu d'années
actives sur lesquelles je puis
encore compter, après tant de
vicissitudes. J'ai pu errer dans
mes jugemens, mais vous pouvez
compter sur la vérité des faits.

Recevez mes cordiales salutations.

F. C. delaHarpe

Plessis piquet

le 15. Floréal

an XII.

 

Voyez page 96. B) arrivée et
Séjour de Bonaparte à Lausane

2-3 mots biffure

NB NB... l'Article B) Arrivée
et séjour de Bonaparte à
Lausanne
doit être reporté
à la page 96.
Voyez page 96.

La présence de La proximité de cet home extraor=
dinaire inquiéta beaucoup la
Comission Exécutive. On eut
dit qu'elle craignoit la révéla=
tion de quelques unes de ses
manoeuvres. Glayre fut envoyé
pour complimenter, sonder,
cajoler etc.; et sous prétexte d'é=
loigner les indiscrets ou les im=
portuns le Préfet Polier fit
garder les avenues, et obtint que
nul ne seroit admis sans son
aveu.

La Comission Exécutive et ses
Cliens craignoient surtout que
Secretan et moi, ne cherchas=
sions à la desservir auprès du
1er Consul. Elle ne concevoit pas
que nous fûssions trop jaloux de
l'honeur de notre ingrate patrie,
pour mendier, sur le sol helvétique,
une audience, auprès d'un Magis=
trat étranger; Elle ne tarda pas
à être rassurée. Alors ses folli=
culaires imprimèrent, qu'à plu=
sieurs reprises nous avions solli=
cité une audience, qu'on nous
avoit constament refusée, et ce
mensonge a été répété depuis dans
les Gazettes étrangères, surtout dans
celles d'Allemagne. Quoique
nous ayons réclamé, et que le
N° 25 du Bulletin helvétique du
mois de May 1800, contiene
notre réclamation, je crois devoir
la transcrire. "Il a plu", ce sont
ses termes, "à certains gazetiers hel=
vétiques d'imprimer, et il est aisé
de deviner les motifs de leurs
instigateurs, que les Directeurs
Secretan et LaHarpe, et le citoyen
Bergier Lieutenant du Préfet
du Léman, s'étant présentés chez
Bonaparte pendant son séjour
à Lausanne, il aurroit refusé
<118> de les recevoir: veuillez, je vous
prie insérer dans votre feuille, que
ce récit ne renferme pas un mot
de vrai." Lausanne le 27 May 1800.

Le 1er Consul manifesta, au=
surplus autant de satisfaction
de l'empressement des citoyens
à recevoir son armée, qu'il en
témoigna peu pour les mesures
ordonnées par la Comission Exécu=
tive, qui étoient, en effet, très
mesquines. Il compara même les
procédés de la Comission Exve, avec
ceux du Directoire, d'une manière
peu flatteuse pour elle, et qui
me valut d'être encore plus surveil=
lé qu'auparavant.

 

1 mot biffure Enumération de ce que j'a=
vois publié jusqu'alors, jointe
à mon Mémoire. 

1) Lettres de Philantropus insé=
rées dans le London-Chronicle
de Février en Juillet 1790. Il y
en a 7. Elles repôsent sur la
fiction d'un changement dans la
forme du Gouvernement de Berne,
début de la ligne biffure qu'accom=
pagnent les bases de la Constitution
nouvelle

2) Lettres de Helvetus insérées dans
la même feuille, de 7bre en 8bre 1790.
Elles sont au nombre de 4. Elles
contiennent la réfutation de la
Lettre d'un Citoyen de Berne insérée
dans la même feuille. 2° l'énuméra=
tion des principaux griefs des Su=
jets, contre les gouvernemens oly=
garchiques de la Suisse, et en parti=
culier contre celui de Berne.

3) Notice sur le Général division=
naire Amédée LaHarpe
insérée
dans la Décade de l'an IV et ré=
imprimée à Genève, en 1796.

4) Essai sur la Constitution du Pays
de Vaud, par le Colonel Fréderic
César LaHarpe
. 2. Vol. 8°. Paris
chez Batillot frères. an Ve (1796).
C'est un ouvrage polémique, mais
en retranchant ce qui tient aux
individualités de l'époque, il pré=
sente un 1 mot biffure tableau fidèle
de notre oppression par les anciens
gouvernans.

L'Avoyer de Mullinen, publia un
Pamphlet destiné à contester la
partie de l'ouvrage qui cite les
anciennes Chartes, garantes des
droits du peuple vaudois. Cette
partie étoit la plus foible. Nos
Archives étant à Berne sous la
garde des Patriciens gouvernans,
j'avois été trop heureux de re=
courir à Ruchat et à Quizard
<119> jadis fonctionnaires dévoués de Mrs
de Berne, et à l'Historien J.
de Muller.

Il eut été facile de répondre
à Mr de Mullinen, si la ques=
tion n'eut pas été décidée.

Quant à la partie de l'ouvra=
ge qui developpe les abus
souslesquels nous gémissions, et
qui étoit la principale, nul n'a
entrepris de la refuter.

Observations rélatives à la
proscription du Général divi
=
sionaire Amédée LaHarpe
par Mrs les Patriciens de Berne,
en 1791., accompagnées de
pièces justificatives
. in 4° de
65 pages. Paris. chez Battilliot
frères. an V. (1796). Ce fut
le 1er acte d'hostilité.

Enumération des principaux
Griefs du peuple vaudois, à la
charge des Olygarchies de Berne
et de Fribourg, recueillies par le
Colonel LaHarpe
, Paris, chez
Batilliot frères. an VI (1797).
Pamphlet de 46 pages, extrait de
l'Essay.

De la neutralité des Gouvernans
de la Suisse, depuis 1789
.
Paris. chez les mêmes. an VI. (1797)

8. des intérêts de la République
françoise, considérés rélative
=
ment aux Olygarchies helvétiques
et à l'établissement d'une républi
=
que indépendante dans la Suisse
françoise par le Col. F. C. LaHarpe
.
an VI. (1797) - brochure.

9. Instructions pour l'assemblée
représentative de la République
lémanique
. An VI. (Janvier 1798)
Imprimerie de l'Ami des loix.
Pamphlet de 6 pages, qui donna
le mot d'ordre.

10. Plusieurs lettres, Messages,
Proclamations, Rapports im=
primés dans les papiers publics.
Voici quelques unes de ces pièces
les plus remarquables.

a) Lettre au Directeur Merlin
Présidt du Dre fs 18e Messidor. an VI.

b) Lettre au Corps législatif
helvétique. Paris. 21 Messidor. an VI.
c) (Bulletin officiel du Léman
n° 68. Juillet 1798.)

c) Rapport au Corps Législatif
helvétique, sur l'insurrection
du Waldstetten. 18e Sept. 1798.
(Bulletin offl du Directoire. Sept.
1798. n° 43.)

d) Message du 4e Octobre 1798, adressée au C. L. H 3 caractères écriture pour
hâter la confection des loix organiques,
prendre une résolution définitive
<120> sur les droits féodaux, sur les Muni=
cipalités, les Juges de paix, les di=
vers Codes, les Bourgeoisies, et l'Ins=
truction publique. (Bulletin offl
du Directoire
. 8bre 1798. n° 50.)

e) Proclamation du Directoire
rélativement au Traité d'alliance
du 28. 7bre 1798. (Bulletin offl du
Directoire.
n° 67.)

f) Discours prononcés lors de la
présentation des Envoyés de France
et d'Espagne, le 15 et le 18. Nov. 1798.
(Bulletin offl n° 15)

g) Message du C. Legislatif du 16e
Février 1799, faisant le tableau
de la situation politique de la
république. (Bulletin officiel
Fev. 1799. n° 44.)

h) Message au même du 23e Juin
1799, sur l'état déplorable des
Finances et du Militaire.
Exhortation pressante, à ne point
se décourager, et à s'assurer des
moyens de mettre sur pied une
force respectable. (Bulletin offl
de Juillet 1799. Nos 1 et 2.)

11) Trois lettres sur l'état des partis
en Helvétie
,
insérées dans le Bulle=
tin officiel d'Aout 1799 (n° 29.
30. 31.)

12) Mémoire justificatif présenté
au C. Legf helv. par le Cit. LaHarpe
membre du Directoire. accom=
pagné de notes explicatives.
(Supplément au N° 20. du
Bulletin helvétique. 23e Janvier
1800.)

13) Second Mémoire de F.C. LaHarpe
membre du ci-devant Directoire
helvétique, en réponse au Cit.
Kühn, Comissaire du Directoire,
encore responsable, membre de la
Comission des Dix, et son organe
dans la Séance du Gd Conseil
du 7e Janvier 1800. Lausanne.
Avril 1800.

14) Divers articles insérés dans le
Bulletin helvétique de Lausane,
depuis Janvier à Juillet 1800.
a) 2. Lettres adressées le 11e et 14e
Mars, aux Editeurs du Bulletin
helvétique
, pour refuter un
Rapport sur les Finances,
qui inculpoit le Directoire, et faire
connoitre notre véritable posi=
tion (.Nos 13 et 18)

b) 2. Lettres en réponse à la Régie
de Berne
. (Avril. Nos 47. 50.)

c) Lettre adressée le 28e Avril
à la Comission Exécutive. (May
n° 5.)

d) Lettre du 6e May à la même. (May
n° 14)

e) Lettre adressée au Rédacteur
du Bulletin helvétique le 27 May
renfermant 4 documens destinés à ré=
futer Finsler et Consors. (Juin n° 30.
supplément.)

<121> f) 2 Lettres au même rédacteur
du 11e et 12e Juin, destinées; l'une
à réfuter le Schweizer-Repübli=
kaner, et l'autre, à faire conoi=
tre les vrais motifs du renvoi de
Finsler.

15) Lettres de Julius Alpinus Ci=
toyen d'Aventicum, aux Helvétiens,
sur l'ajournement du C. Legisla
=
tif helvétique, et sur la situa=
tion de nos affaires. Lausanne.
1800 chez Hignou et Ce.

16) Lettres de Julia Alpinula pré=
tresse de la Déesse aventine. fille
de J. Alpinus, aux Helvétiens
.
La 1ere sur notre situation présente
et sur les moyens de l'améliorer.
La 2de adressée au Cit. Hignou
son Imprimeur sur la liberté de
la Presse.
La 3e adressée aux Helvétiens
sur la déclaration de guerre à
l'Autriche.

17) Plainte portée le 1er Juillet
1800, au C. Legislatif helv. par
F. C. LaHarpe membre du
ci-devant Directoire helvétique
rélativement à son arrestation
et à divers actes arbitraires.

Juillet 1800. Lausanne chez Hignou
Imprimeur.

18. Protestation adressée au C. Legf
helvétique, des Verrières de
Neuchatel. Juillet 1800 (Bulle=
tin helvétique de Juillet. n° 10.)

19. Réponse aux citoyens formant
l'Assemblée électorale du C. de
Zurich. du 5e Mars 1802.
(Publiciste du 27e Frimaire. an XI.)

20. Observations d'un Cit. du C. de Vaud
sur la loy du 20 May 1824 con=
cernant une nouvelle secte reli=
gieuse.

21. Motions d'ordre présentées au Gd
Conseil du C. de Vaud le 21 May
1825 et le 6e May 1826. par F. C. delaHarpe

22. de l'Institution du Jury dans le
C. de Vaud (Extrait du Nouvelliste
vaudois
de 1827.)

23. Observations d'un cit. du C. de
Vaud, sur quelques unes des Institu=
tions de son pays, en Février 1828.

24. Réponse de Pertinax Cit. du C. de
Vaud au T. H Mr l'ancien Landaman
Muret. 1830.

25. Quelques observations sur la
Revision de la Constitution vaudoise
de 1814 par F. C. delaHarpe. 1831

<122> 26. Observations d'un Cit. du C. de
Vaud sur les 25 batz promis par
Séance à ses futurs Législateurs, et
sur l'avenir que promet la résurrec=
tion d'une majorité compacte. 1831.

27. Observations sur l'ouvrage inti=
tulé, Précis historique de la Révo=
lution du C. de Vaud, publié à Lau=
sanne par souscription, en 1831, par
F. C. delaHarpe. 1832. 1. Vol. 8°.

28. Notes sur l'invasion de la Suisse
en réponse à un ouvrage de Me de Stael
Considérations sur les principaux Evénemens de la
1-2 mots biffure

de Madame de Stael
intitulé. Considérations
sur les principaux Evêne
=
mens de la révolution.

29) De la Publicité des discussions de la
Diète, et Public helvétique.
avec les observations d'un home libre
membre de ce Public. 1819.

30. Lettres de Mrs le Professeur de Haller et
Comissaire Wyss de Berne, à Mr Würsch
Landaman de Nid Walden écrites de 1814
à 1815. Observations gles de l'Editeur
(F. C. delaHarpe) sur ces 4 lettres. 1818.

31. Notice nécrologique d'Albert Rengger
Cit. des c. d'Argovie et d lacune présentée à la
Société helv. d'utilité publique, au mois
d'Aout 1836
. Laus. 1836.

32. Souvenirs de l'Hist. de la Suisse
présentés sous la forme de dialogues
.
Lausanne 1837.

33. Supplément à la Biographie
de Mr Nicolas Fréderic de Mülinen
Avoyer du Canton de Berne, insé
=
rée dans le IXe Volume du Geschicht-
forscher par Frederic César delaHarpe
cit. suisse des Cantons de Vaud et du
Tessin
. Lausanne Imprimerie des
frères Blanchard. 1837. daté des
Bains de Schinznach.

Note

  Public

Cette transcription a été établie dans le cadre du projet La Harpe et la Russie (1783-1795).

Etendue
intégrale
Citer comme
La Harpe, Frédéric-César de, Mémoires. Quatrième période, 1800-1801 (Cahier D), Plessis-Piquet, [Lausanne], 1804-[1837], cote BCUL IS 1918 Ba 4. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/1087/, version du 05.05.2017.
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