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Mémoires. Troisième période, 1798-1800 (Cahier C), Plessis-Piquet, [Lausanne], 1804-[1837]
<40> Cahier C
3e Période
Les négociations rélatives à notre al=
liance se prolongèrent poursuivirent,
à cette époque, d'assez mauvaise grace.
Le Gouvernement françois vouloit
Une alliance offensive et deffensive, par=
cequ'elle avoit jusqu'alors été imposée
à toutes les républiques subordonnées.
Mieux au fait de notre position, il eut
compris, que, dans ces premiers tems,
éxiger l'offensive, c'étoit fournir des
armes aux ennemis comuns, ôter
au Gouvernement helvétique encore
mal affermi, les moyens 1 mot biffure d'être
utile à la France. Reubell l'eut pro=
bablement ramené le Directoire fs, s'il
n'eut pas été aigri, tout à la fois
par la conduite imprudente des
autorités helvétiques, et par la ma=
ladie.
Le Directoire fs ayant desiré con=
férer avec moi, à ce sujet, je dus
prolonger mon séjour à Paris, mais
les résultats de la conférence furent
nuls, et je me convainquis seule=
ment, que la guerre allant recomen=
cer avec plus de fureur, nous serions
forcés de subir la loy. J'eus même
une conversation très vive avec le
Directeur Treilhard, qui, dans le but
de m'intimider, avoit laissé échaper
des menaces indirectes, que je ne
laissai pas passer sans réponse.
En arrivant à Arau, je me trou=
vois dans une situation toute nou=
velle. Depuis 16 ans j'avois quitté
la Suisse, ainsi j'y connoissois peu
d'individus, et j'allois débuter sur'
un sol glissant, au milieu d'em=
barras sans nombre. Nos Minis=
tres, enfin, m'étoient étrangers inconus, et
je m'apperçus bientôt, qu'à l'excep=
tion du citoyen Stapfer ministre
de l'Instruction publique, ils redou=
toient le nouvel arrivé, qui n'ayant
pas coopéré à leur nomination,
n'avoit pu contracter l'engagement
de leur abandonner le Gouvernail
La maniére de travailler du Di=
rectoire ne me prévint pas en sa
faveur. On s'y occupoit, non
des grandes questions administratives,
mais de détails minutieux, on vivoit
au jour le jour, sans avoir sondé et
reconnu la situation dans laquelle
on se trouvoit, et par conséquent sans
avoir pu convenir des bases de la
marche administrative, qui devoit
lui être adaptée.
Qu'at-on fait jusqu'ici demandois-je rélativement
<41> à l'admninistration générale, réla=
tivement à la Justice, et aux Finances,
et surtout rélativement au Militaire?
Qu'at-on fait, jusqu'à présent, de=
mandais-je, rélativement à l'adminis=
tration générale, aux Finances, à la
Justice et surtout au Militaire? Là
dessus on me renvoyoit aux Messages
adressés aux Conseils Législatifs, qui,
occupés principalement de destructions,
et de balivernes, et se croyant bone=
ment reposer sur une base de
granit, tandis qu'ils repôsoient sur
la mince croûte d'un crater volca=
nique, créoient une Comission
après l'autre, ajournoient tout,
hormis les questions destructions,
et les questions d'appointemens et
de costumes.
Le Corps législatif (Sénat et Gd Conseil)
renfermoit une grande majorité
d'homes voulant le Bien, mais
dont très peu avoient des connois=
sances positives pratiques, et bien moins en=
core la connoissance des homes et
des affaires. La Politique europé=
enne étoit en un mot pour un home d'Etat,
un vrai Grimoire, pour ces nouveaux homes
d'Etat.
La briêveté du tems, jointe à d'au=
tres considérations ne me permet
pas faciles à comprendre, ne me per=
mettent pas 1 mot biffure d'examiner en détail
l'administration intérieure du
Directoire. Je me bornerai à par=
ler de quelques unes des 2 mots biffure grandes
mesures qu'on lui a le plus repro=
chées, et qui m'ont fait le plus d'ene=
mis.
A) Affaires dues Waldstetten
Les troubles du Canton dues Waldstet=
ten fixèrent à mon arrivée à Arau
ma 1ère attention, et prèsque mal=
gré mes collègues Glayre et Legrand
qui, persévérant à croire à la
4 caractères biffure prolongation de la paix, en dé=
pit des prognostics contraires, et
du Rapport que j'avois fait au
Directoire, en arrivant de Paris, ne
pouvoient croire que ces troubles
tinssent au plan de renouveller
les Hostilités.
Quoiqu'il en soit, après avoir
éxaminé avec soin la correspon=
dance qui avoit eu lieu, et avoir
consacré 2 nuits à en faire un
extrait raisonné, je fus en état
de proposer, en ma qualité de Pré=
sident du Directoire, des mesu=
res propres à faire cesser ce scan=
dale.
Les renseignemens que j'avois
obtenu, dans l'intervalle, par des
moyens extraordinaires, ne me
permettoient plus de douter d'un
<42> plan arrêté entre l'Autriche
et l'Angleterre, pour créer une
Vendée, au sein des hautes Alpes, et
ce fut la lecture de la Correspon=
dance du Préfet dues Waldstetten,
Vonmatt, avec le Directoire, qui
m'inspira pour ce Fonctionaire, 2 caractères biffure
la haute estime que je lui ai con=
servée.
Les Emigrés françois, les Emigrés
helvétiques et les ci-devant Gouvernans
leurs complices, étoient les instrumens
obligés du complot. L'Angleterre
faisoit les fonds, qui, de chez son
Agent Wickham stationné à
Augsbourg, passoient entre les
mains de l'Ex-Constituant d'André
et du Colonel Crawford, placés, le
premier, à Uberlingue, et le 2d, à
Würzach.
Il s'agissoit de faire insurger
toutes les hautes Alpes, de soute=
nir les insurgés, dabord sous main,
puis ouvertement, dès qu'ils aur=
roient pu appeler les Autrichiens,
à leur secours.
Par cette machination, dont
l'inconcevable incurie du Direc=
toire, avoit jusqu'alors favori=
sé le succès, les Coalisés acquer=
roient, sans coup férir, le point
d'appui indispensable pour l'é=
xécution de leur plan de cam=
pagne favori, sçavoir, l'inva=
sion du territoire françois, pour depuis
le du sein du territoire helvétique, 1 mot biffure côté foi=
ble de sa frontière. Cette portion
de leur plan, étant une fois éxé=
cutée, les hostilités, eussent re=
comencé dès l'automne 1798, ou
au moins de très bonne heure,
en 1799, avec de grands avantages.
Il n'y avoit pas un instant à
perdre; et quoique Glayre et
Legrand persistassent dans leur
incrédulité, ils 3 caractères biffure leur opposi=
tion ne put prévaloir contre l'a=
doption des mesures que j'avois
proposées.
Les députés dues Waldstetten
au Corps Legislatifs, qui avoient
jusqu'alors gardé le silence, quoi=
que le serment prêté par eux, les
obligeât, de faire connoitre au
Directoire, les faits, furent enfin
forcés de prendre la parole, et
s'en acquitèrent de manière, à ne
plus laisser de doute raisonnable,
malgré leurs efforts pour diminuer
et attenuer, ce qu'ils ne pouvoient nier.
<43> En conséquence de Le Gouvernement françois
Le Dir
fut en conséquence mis au courrant
de ce qui se tramoit, et on l'invita
à donner au Comandant en chef de
son armée, des instructions pour nous
aider, à Dans l'intervalle et dans
l'intervalle on intercepta si complet=
tement les comunications des Insur=
gés avec leurs voisins, qu'ils furent
réduits à faire des démarches, moins
pour rentrer sincérement dans le
devoir, que pour obtenir par des
négociations fallacieuses, et par les
intri intrigues de leurs complices,
le tems de bien préparer tous leurs
moyens de résistance.
Deux fois leurs Députés essayérent
de nous tromper avec une perfidie
qu'on ne devoit pas soupçonner, et
je faillis être leur la dupe de ces
fameux Démocrates, pour n'avoir
pas ôsé les soupçonner de mauvai=
se foi. Ils comptoient probable=
ment encore sur 1 mot biffure la niaise
crédulité des membres du Directoire,
car le Landaman Würsch membre
du Gd Conseil, ne craignit pas d'ac=
compagner ces représentans de
la rébellion, à l'audience d que
je leur accordai come Président.
3 mots biffure Ne devant pas pardonner une telle=
insolence, je la dénonçai au Direc
toire Une telle insolence ne devant
pas être pardonnée, je
le Directoire la dénonça
et obtinst qu'un Message
la feroit connoitre au Grand Corps
Legislatif, dont le devoir étoit d'en
faire poursuivre la punition les auteurs; Mal=
heureusement cette assemblée,
avoit peu le sentiment de sa di=
gnité,. et les passions Egarée par
ceux qui travailloient dans son
sein, à empêcher le nouvel ordre
de choses, de s'établir, ell elle pas=
sa à l'ordre du jour, et lae dé
Message du Directoire, devint l'un
des principaux griefs du parti de l'oppo=
sition contre moi. qui l'avois provoqué.
Dans l'intervalle, toutes les me=
sures à prendre avoient été convenues avec
les François. Le plan de nos ene=
mis comuns se développant tou=
jours plus, je réussis, enfin à
faire prendre par le Directoire,
les arrêtés le dénouement qu'il s'é=
toit efforcé de prévenir, qui ame=
nérent le dénouement, que des
proclamations indulgentes n'avoient
pu prévenir.
J'ai rédigé et signé le plus
grand nombre de ces arrêtés et de
ces proclamations, entr'autres celui
l'Arrêté du 24e Aout qui fixoit
aux Insurgés, pour un terme fatal
<44> pour se soumettre. On m'en a fait
un crime, et si c'étoit à recomencer,
j'aurois encore moins de patience.
Un gouvernement sans énergie, qui
permet qu'on le bafoue, est à mes
yeux aussi méprisable et que coupable.
Les insurgés du Waldstetten eurent
plus de 15 jours pour se décider à
la soumission. Aulieu d'en profiter,
leurs Emissaires allèrent chercher des
complices de toutes parts, et le jour
où ils furent si rudement et si méri=
toirement châtiés, les montagnes qui
bordent le lac, étoient couvertes de ces prolétai=
res fanatisés, attendant l'issue de
la bataille, pour répéter en Suisse,
ce que les Vendéens avoient fait ja=
dis en France.
Le Général françois aurroit assuré
sa victoire, sans répandre beaucoup
de sang, s'il eut suivi nos conseils.
Cette faute faillit lui être fatale, et
fut la cause de la vengeance terri=
ble qui fut éxercée le 9e Septembre
1798. Mais la lueur de l'incendie
allumé ce jour là sur les monts de
Stanz, que la moitié des habitans
de l'Helvétie put appercevoir, effraya
aumoins les complices de l'insurrec=
tion, et préserva la patrie des
horreurs qu'on lui préparoit.
Si les troupes françoises furent seules
employées à cette expédition, c'est
qu'elles avoient été requises, en vertu
de l'alliance récement conclue; et,
si nos les troupes helvétiques ne le fu=
rent pas, c'est que nous repugnions
à mettre aux prises, des Concitoyens.
Le Directoire 18e Septembre suivant
le Directoire rendit compte de ces
évênemens, au Corps Législatif par
un Message qui fit une profonde
sensation impression, et dont la Malveillance
elle même fut forcée de respecter
la véracité, quoiqu'il y eut alors au milieu de la
licence de la Presse. (Voyez le N° 43
du Bulletin helvétique de 7bre 1798).
Quoique signé par Celui qui pré=
sidoit alors le Directoire, ce Mes=
sage avoit été rédigé par moi seul;
et combiné avec les mesures éner=
giques prises par le Directoire, dont
on me fit honeur, il accrut en=
core le nombre de mes ennemis.
Au surplus, après ces évênemens
déplorables, le Directoire s'empres=
sa de venir au secours, de ceux qui
avoient souffert, et secondé par
le Zêle éclairé du Ministre de l'Inté=
rieur,
<45> Rengger, du Préfet Vonmatt, de
Troutman Sous-préfet de Küssnacht,
du Curé Bousinguer, et du phi=
lantrope par excellence, Pestalozzi,
que la et grace aux mesures et
aux Dons charitables qui se succè=
dèrent, la playe començoit à se
cicatriser lorsque la guerre re=
comença. Les Orphelins, ainsi
que vous le savez, furent réunis
à Stanz, dans un ancien monas=
tère, où fut fait le 1er essai,
de la mèthode de Pestalozzi, qui
fut dès ce moment justifiée.
Ce rétablissement inopiné de
l'autorité du Directoire helvé=
tique, dans les hautes Alpes, dè=
concerta les Coalisés, et me valut
de la part des folliculaires à
leurs gages, force injures que
je méprisai.
C'est encore à cette époque que
je dois rapporter le complot
formé à Würzach, pour me
faire assassiner, complot au=
quel je ne donnai, dans le
tems aucune attention, et sur
lequel, peu de semaines avant
le 7e Janvier 1800, j'acquis des
renseignemens, qui me forcèrent
à croire qu'il avoit réellement
éxisté.
B) Occupation des Grisons
par l'armée autrichienne
J'aurois encore plus mérité la hai=
ne des enemis de mon pays, si
j'avois réussi à obtenir du Direc=
toire et des Conseils helvétiques,
qu'on profitât de l'offre des patrio=
tes grisons, pour faire d'occuper
brusquement par eux militairement le défilé im=
portant du Lucien-Steig. Cette
mesure n'aurroit point hâté la
reprise des hostilités, étant éxécu=
tée sur le territoire grison, par
les indigênes, aux ordres d'une
autorité grisonne. Vainement
je pèrorai mes collègues pour les
engager à le permettre. Glayre
l'emporta; mais pour ne pas
me refuser tout, ilOn convint de
<46> de transmettre la proposition par un Courier
extraordinaire, au Directeur Général fran=
çois, qui n'ôsant prendre une déci=
sion, renvoya la balle à ses Supé=
rieurs se prononcer, renvoya la déci=
sion à prendre à ses supérieurs, dont
la réponse tardiva n'arriva que
lorsqu'il n'étoit plus tems. En effet,
les Coalisés deja avertis par ce qui ve=
noit de se passer dans les Waldstetten,
décidèrent leurs nombreux partisans
dans les Grisons, à appeler à leur
secours, les Autrichiens, et dès
et ne perdant pas leur tems, en vai=
nes correspondances, décidérent les
nombreux partisans qu'ils avoient dans
les Grisons, à appeler les Autrichiens
dont un Corps occupoit la province
du Vorarlberg. Dès le lendemain
le Lucien-Steig étoit occupé par les et peu de jours après
Autrichiens,
le territoire entier des Ligues grises
étoit dans la possession des Autri=
chiens, qui purent y concentrer,
à leur aise des forces considérables.
Cette grande faute, politique et
militaire tout à la fois, trop peu
connue jusqu'ici, entraina peutêtre
les revers de la campagne de
1799, car il fallut perdre 2 mois
et 10'000 homes pour en chasser l'en=
nemi, retards et pertes qui empêchè=
rent la jonction des armées de Mass
aux ordres de Massena et de Jourdan,
et causérent les désastres qu'éprouva
ce dernier.
La brusque occupation du Lucien-=
Steig interrompit aumoins pour quel=
que tems les rêves de paix, auxquels
la majorité du Directoire et des Conseils
aimoit à s'abandonner. Aussitôt
après en avoir reçu l'avis, je convoquai
mes collègues, et sans permettre des
divagations, je proposai 2 mesures
à prendre de suite; la 1ère, d'ordoner
au Ministre des Finances que j'avois
mandé, de préparer pour le lendemain
un Message d'urgence, afin d'obtenir
du Corps législatif, les fonds néces=
saires pour 1 mot biffure pour pourvoir à la
deffense de l'Etat: la 2de, d'ordonner
aux piquets de la milice, partout où
ils elle étoitent organisée, de se tenir prêts
à marcher au 1er signal.
Ces 2 propositions furent adoptées,
mais avec des modifications, qui de=
voient atténuer l'effet qu'elles devoient
<47> produireaient. Ainsi, au lieu de deman=
der au Corps législatif de mettre
à notre disposition, des 3 caractères biffure Domai=
nes nationaux, jusques à la valeur
de 8 à 10 millions , en attendant
que le Budget des Finances eut
été décrêté, on se borna à lui pro=
poser une Imposition du 2 p 1000,
ce qui entraina des longueurs fâ=
cheuses, fit beaucoup de mécontens,
et ne put être éxécuté qu'imparfai=
tement.
Quant aux piquets de la milice,
tout ce qui touchoit au militaire,
étoit de l'Hébreu pour le Directoire.
Il fallut pour mettre chacun d'ac=
cord, appeler à Lucerne, les Ins=
pecteurs généraux, qui, seulement
après 6 semaines accouchèrent
d'une nouvelle organisation mi=
litaire toute nouvelle. Le Corps
Législatif, mit, à son tour, à peu
près autant de tems à l'éxaminer
et à la modifier, avant de la con=
vertir en Loi, et malgré tous
nos efforts pour activer le travail,
cett l'organisation nouvelle, n'avoit
pu être encore introduitte dans le
plus grand nombre des cantons,
lorsque les hostilités recomencèrent
avec l'année 1799, première et principale cause
de l'insubordination qui éclata
parmi les milices, et de la hon=
teuse dissolution de notre armée
en May et Juin 1799, lors que
l'armée de Masséna fut contrain=
te d'opérer un mouvement rétro=
grade.
C) Alliance offensive et
deffensive avec la France
A peu près à l'époque des évê=
nemens arrivés sur la fin de l'anée
1798, le Directoire helvétique
avoit été mis à une rude épreuve,
par les menaces adressées, à ses
2 Représentans (Zeltner et Yener)
à Paris, si l'on se refusoit plus
longtems à adopter la clause of=
fensive, dans le Traité d'alliance.
Nos séances devinrent très ani=
mées. Enfin, après de longs et
chaleureux débats, il fut convenu
qu'on cèderoit se soumettroit à la grande loi de
la nécessité.
<48> Des considérations puissantes lui
en faisoient un devoir. 1° Il impor=
toit, à tout prix d'être reconnu
par une puis grande Puissance, car
une telle reconoissance, entrainoit
celle des Etats dépendans de la
France, ou liés avec elle, et sans
elle, notre situation demeuroit
précaire. 2° Les puissances neutres
faisant la sourde oreille, il falloit
bien se jetter dans les bras de la
seule puissance qui se soucioit de
nous. s'interessoit à notre sort. 3° Cette obligation devenoit
d'autant plus pressante, que nous
étions traités hostilement par les
Coalisés. 4° Enfin, nous acquerrions
nonseulement l'éxistence politique,
mais, de plus, le droit incontestable
d'éxiger de la France, que cette
Existence fut reconnue, à la
paix générale, par ses amis et
ses ennemis.
Le Corps législatif approuva
l'oeuvre du Directoire, de mau=
vaise grace, ou plutôt avec hu=
meur. Ayant signé le Traité
come Président, la malveillance
et la mauvaise foi, l'imputérent
à ce qu'on appeloit ma Gallo-=
manie, quoiqu'il fut bien conu
que j'avois cédé, le dernier de tous,
et renoncé par amour pour la
paix, au droit dont je voulois user de faire insérer
ma protestation, dans le Protocole,.
dont je voulois faire usage. Mais,
La décision une fois prise, il n'é=
toit pas dans mon caractêre, de
tergiverser, et il est très vrai,
que j'ai tenu fortement à ce que
cette alliance, dont plusieurs arti=
cles me déplaisoient, fut ponctu=
ellement éxécutée.
<49> Ce fut encore moi qui fus chargé
de rédiger la Proclamation qui
1 mot biffure dans l'annonçoit au peuple,
quoiqu'elle ait été signée par le
Directeur Ochs (Bulletin officiel
d'Octobre 1798. N° 6.) Enfin j'eus
encore l'honeur de porter la parole
au nom du peuple entier de l'Helvé=
tie, lorsque l'Envoyé du roi d'Espa=
gne, et celui de la république fran=
çoise, furent reçus en Audience
publique, et les 2 discours que je
prononçai dans ces deux circonstances,
attesteront toujours qu'il est une
véritable dignité qui a son siège
imuable dans le coeur de l'home de
bien. (Bulletin officiel de Novem=
bre 1798. Nos 15 et 19e)
D) Les 18000 auxiliaires
La demande qui nous fut faitte
2 mois après de 18000 auxiliai=
res combla la mesure de nos
embarras.
Assurément nous ne pouvions
éviter de prendre part à la que=
relle éxistante alors; nos ci-de=
vant Gouvernans et les Politiques
du Corps Législatif pouvoient seuls
penser différement.
Le Directoire qui 2 fois avoit
chargé le Trésorier schafhousois,
Mr de Stokar Prèsident de la
Chambre administrative du can=
ton de Schafhouse, de se rendre
à Rastadt, et auprès des Régences
autrichienes de la Souabe, ne
pouvoit plus douter, que les
Coalisés, 1 mot biffure ne fussent décidés
à agir hostilement contre nous;
mais un ange descendu du ciel,
n'eut pas réussi à le faire com=
prendre à nos têtes obstinées.
"Notre révolution, alloient-ils
répétant en choeur, n'ayant cau=
sé aucun tort aux Coalisés, puis=
que nous somes les maitres de
faire chez nous, ce qui nous con=
vient, ils ne sont point nos
ennemis. Si nous n'assistons
pas les François ils nous laisseront
en paix; c'est à eux ci seuls qu'ils
en veulent."
Les émissaires des Coalisés,
secondés par la caste de nos ci-de=
vant Gouvernans, et par tous ceux
qui, dans les Conseils se désignoient
exclusivement, come les modérés,
les savans et les Politiques par
excellence, propagèrent à l'envi,
<50> cette doctrine, par des vues
différentes, et le peuple crédule
qui n'entendoit étranger rien à la Politique extérieure
finit par y croire, après qu'on
lui eut répété, que l'ambition
seule du Directoire, et sa dépen=
dance de la France, étoient laes
causes de ses souffrances.
Le tort du gouvernement françois
dans cette circonstance ne fut pasoint
seulement d'avoir éxigé de nous, la levée de
18'000 auxiliaires, il en eut d'autres
qui plus graves. C'étoit une 1 mot biffure
faute, en nous impôsant l'Offensive, de
ne pas insister éxiger de nous 1 mot biffure, la levée imédiate
la notre part
d'un corps de 12000 homes de troupes
réglées. Une 2de faute fut de faire
tant de bruit de la Levée des 18'000
auxiliaires, lorsque l'opinion
égarée 1 mot biffurepoint, ainsi qu'il a
été dit, ne voyoit dans cette me=
sure, qu'une 1 mot biffure provocation
à la guerre, que l'Offensive de=
voit avoir pour résultat. Ce
fut une 3e faute, de ne pas adhérer
à la proposition que nous faisions
de lever, pour notre propre compte,
non pas seulement ces 18000 homes
mais 24'000 homes, 2 mots biffure
à condition que des subsides nous
seroient fournis, et que publique=
ment, il ne seroit question, que
d'une simple Deffensive. Cette
dernière levée, eut été éxécutée
fu sans grande difficulté, parcequ'il y
avoit partout unité accord des volontés
pour deffendre notre Sol, et que
nos soldats eussent été satisfaits
de combattre sous les banières hel=
vétiques. Enfin le grand tort
du Directoire françois fut de
n'avoir pas éxécuté les clauses du
Traité, après sa conclusion.
Il avoit promis des Fonds, des
effets d'habillement et d'équipe=
ment, et des armes, et toutes ces
choses objets manquèrent à la fois, grace
à la friponerie de ses agens, tan=
dis qu'il éxigeoit de nous la ponc=
tualité la plus rigoureuse, et en=
tr'autres la formation instantanée
des Cadres simultanée des Cadres
des 1 mot biffure 6 demi brigades, pour les
6 demi brigades, opération ab=
surde, quoique d dont le résultat
fut dona beaucoup de mauvais choix,
<52> qu'il fallut réformer plus tard, par
Opération fâcheuse, en ce que les
mauvais choix, 1 mot biffure dus à que dona la précipi=
tation, durent être réformés bientôt
après, 2 mots biffure d'officiers et remplacés par des officiers plus
int capables, dont nos bataillons de
milices furent privés, dans le au moment
où ils en aurroient eu le plus grand
besoin. En vain le Directoire helvé=
tique essaya d'éclairer à cet égard,
celui de France; il ne put l'empor=
ter sur sa confiance déplorable
dans les perfides courtisans qui le
cernoient.
Ce qu'on lui avoit prédit, se vérifia
enfin. Des insurrections éclatèrent
sur tous les points, à la suite du mé=
contentement, et des intrigues aux=
quelles celui ci faisoit beau jeu. qui en tirèrent habilement parti.
Il fallut renoncer à un recrutement
pour lequel la nation manifestoit
une aversion tellement prononcée, que jamais
les 6 bataillons d'Auxiliaires ne
purent dépasser 45000 homes.
Ce fut pendant la durée des négo=
ciations qui précédèrent cette cette fatale
convention des rélative aux Auxiliaires, que le Di=
recteur Ochs ayant comis l'insigne
indiscrétion de comuniquer à un Mi=
nis l'Envoyé de France (de Perrochel)
les avertissemens qu'un Helvétien
bien intentionné (Haller chargé des avoit trans=
intérêts de la République 1 mot biffure Lui
avoit transmis de Paris
mis de Paris au Directoire, fut censuré
en Séance secrette, par ses Collégues.
Come je présidois le Directoire,
et fis le rapport, les Cliens d'Ochs
et du Gouvernemens françois auquel
on en fit part, en conservérent beau=
coup de rancune, et leur malveillan=
ce se dirigea surtout contre moi,
et je fus en conséquence placé sur
la liste des homes dont on devoit
se défier. Le Protocolle secret
scellé du Grand Sceau, signé par
les Directeurs présens (Oberlin,
Glayre et La Harpe) fut restitué
transmis par moi à aux aux Homes qui s'étoient em=
paré du Pouvoir, au 7e Janvier
1800 .
<53> E) Pouvoirs extraordinaires
adressés accordés au Directoire
L'administration de la justice étoit
dans l'état le plus triste. Les loix et
les Coutumes attestoient, à la fois,
la barbarie du moyen age, et une
honteuse ignorance. Tout étoit à
réformer dans cette branche du
Service public, et il n'y avoit pas
un moment à perdre, pour s'en
occuper sérieusement.
Le Directoire qui connoissoit l'é=
tendue du mal, par sa correspon=
dance officielle avec les fonctionai=
res cantonaux, et par les deman=
des de directions qui lui arrivoient
de toutes parts, avertissoit en vain
le Corps législatif par des Messa=
ges, (Voyez entrautres dans le dont l'un des plus
Bulletin officiel son Message
bien remarquable du 4e Octobre
1798, que je
remarquables, celui du 4e Octobre
1798, fut proposé et redigé par
moi, en parlait le Directeur LaHarpe faisoit sentir avec
énergie l'urgence de s'occuper
des réformes 1 mot biffure judiciaires.
(Bulletin officiel de cette èpoque)
Des Comissions étoient nomées
de suite, dans le C. Legislatif, pour
êxaminer le leur Contenu, de 1 mot biffure et pré=
parer la discussion, mais chaque
membre de ces Comissions, travail=
lant isolément, et vouloiant faire pré=
dominer ses idées particulières, il en résultoit
des jalousies, des brouilleries, et
des lenteurs désespèrantes. Si
les Fonctionaires cantonaux recou
recourroient de nouveau au Direc=
toire, et cela étoit fréquent, celui ci
étoit dans la nécessité de prononcer
provisoirement; car le Service
public devoit être fait, et ne com=
portoit pas d'ultérieurs ajourne=
mens. Alors, on l'accusoit d'ar=
bitraire, et d'enfreindre la Consti=
tution, sans penser qu'étant char=
gé d'administrer il fallait bien accusa=
qu'il s'en 2 lignes biffure,
tion d'autant plus injuste, qu'il
étoit seul chargé d'administrer, et qu'à
moins de dénoncer à la nation,
la paresse, ou l'impéritie des
Conseils legislatifs, ce qui eut été
impardonnable, la nation devoit
s'en prendre à lui, 2 mots biffure sans se
penser douter qu'il étoit inocent.
Avec de tels élémens il étoit
impossible de marcher; Après
l'avoir reconnu, j'eus le courage
<54> de proposer à mes Collègues come
un 1 mot biffure provisoire indispensa=
ble dans ces conjonctures, de de=
mander des Pouvoirs plus éten=
dus, ceux que la Constitution
nous accordoit, ne suffisant plus
tant que le Corps Legislatif, n'aur=
roit pas terminé la réorgani=
sation judiciaire, dont il 2 caractères biffure qui
lui avoit été demandée. Ma
proposition n'étoit qu'un Corol=
laire de la célèbre formule
romaine, Videant Consules ne
quid Respublica etc. etc., et de ce
qui se pratique en Angleterre
par le Bill de suspension de
l'Habeas corpus. Une Dictature
temporaire, en un mot, me
paroissoit être une nécessité; mais,
ami prononcé sincêre de la liberté, je
voulois que le Décrêt Législatif
qui l'accorderoit ces pouvoirs
extraordinaires, les définit
avec soin, en fin marquât
bien 1 mot biffure les limites, et annonçât la
pénalité qu'encourroit le Direc=
toire, s'il outre passoit ses
nouveaux pouvoirs, et les pro=
longeoit d'une minute au delà
du terme fixé.
Le Message que je rédigeai dans
ce sens, subit quelques modifi=
cations, et fut ensuite transmis au
Corps Législatif qui en témoigna
beaucoup d'humeur, en recon=
noissant toute fois l'insuffi=
sance de nos moyens admi=
nistratifs. Les membres qui
le dirigeoient, l'engagèrent à la
vérité, d'accorder une partie de
nos demandes, mais ils ajoutè=
rent des clauses qui devoient
diminuer beaucoup l'effet des
Concessions apparentes: On eut
dit qu'ils nous tendoient un
piège. Nous réussimes pourtant
à l'éviter, 3 mots biffure mais, l'on
n'oublia pas que l'idée premiè=
re de ce Message de la mesure
proposée par le Message, étoit
venue de moi, et désormais il fut
reçu que les mesures énergiques
qu'on se plaisoit à appeler révo=
lutionaires, procédoient de moi
seul, et qu'il falloit surveiller
l'ambitieux qui les suggéroit.
A l'approche de l'époque où
les hostilités recomencèrent, le
Directoire redemanda encore
les mêmes Pouvoirs, et, come
<55> le danger devenoit menaçant
le Corps Legislatif les lui acco accorda, toujours néenmoins
conceda encore
sous les mêmes conditions restrictives.
Pour cette la 1ère fois le Directoire en fit
usage, à la satisfaction de tous au gré des vrais amis de la patrie e
lestn
rompit rompant les fils des nouvelles trâmes
de nos incorrigibles anciens Gou=
vernans avec les Coalisés. Les
Meneurs en chef de ces 1 mot biffure brouillons
Gouvernans, à Bréda, à Zurich, à
Berne , à Soleure, à Fribourg, et
dans les cantons démocratiques,
furent arrêtés, et conduits come otages sous bone
come otâges, sous bonne garde, a Bale, et dans le Canton
du Léman, pour y être surveillés;
et ce qui prouve que la mesure
étoit avoit été prise à propos, c'est que ces mêmes
homes se sont glorifiés depuis,
d'avoir bien joué leur rôle à cette
époque, en s'efforçant de renver=
ser le Gouvernement helvétique.
Le seul reproche à faire a cette
mesure seroit peut être, d'avoir été
incomplette. Le Directoire ren=
dit depuis, 4 caractères biffure avec trop de faci=
lité, à plusieurs de ces prévenus Otages
une la liberté dont ils abusèrent
encore. Les Bernois, constament les véritables
Chefs de file, obtinre parvinrent
même, par une suite d'intrigues
dont il fut le jouet la dupe, à faire revo=
quer ces arrestations, par une
mesure générale, au moment de
sa la retraite forcée du Gouvernement du Gouvernement helvétique à Berne; et leurs
de Lucerne
émissaires s'en prévalurent avec
une perfide adresse, pour per=
suader à la nation, que cette
générosité de sa part étoit le produit de la
frayeur que lui inspiroient les
progrès de l'armée ennemie. Ils
la dépeignirent présentèrent réussirent même à la faire envisager enfin
aux François, come le résultat
de d'intelligences cach secrettes avec
leurs ennemis, et ce furent ces
4 caractères biffure dénonciations calomnieuses, qui,
à l'approche de l'armée autri=
chienne décidèrent le Général
françois à faire évacuer sur Hu=
ningue et sur New-Brisach, ceux
de ces Otages qui se trouvoient à
Bale. Transportés ensuite dans
l'Intérieur de la France, ils y furent
retenus, par des motifs de dèfiance,
malgré les réclamations réïtérées
du Directoire Helvétique, ce qui
n'empêcha pas la mauvaise foy de 1 mot biffure
<56> de s'efforcer l'accuser, dans la suite, d'
le rendre responsable de avoir participé à cette
violation du droit des gens.
Un autre reproche lui qui me fut fait
adressé dans le tems, avec aussi peu de
fondement, et après mon 1/2 mot biffure
1/2 mot biffure arrestation arbitraire, en
1800, ce fut d'avoir fait 1 mot biffure
enfermer dans les cachots d'Ar=
bourg casemattes d'Arbourg,
les nombreux individus arrétés
come prévenus de participation
à l'assassinat nocturne de 2
compagnies françoise, comis à
Schwyz le 28e Avril 1799. (Bulle=
tin helvétique N° 10. Séance
du Gd Conseil du 7e Juillet) Voici
le fait. Les Comissaires envoyés
sur les lieux par le Gouvernement, pour faire
chercher les 2 mots biffure faitsune Enquête, avoient
fait arrêter et conduire les Prév
ceux qui étoient soupconnés de
cette participation délit, à Rapper=
scwyll, pour y être interrogés
et jugés. Dans l'intervalle, les
ennemis s'étaient avancés si
rapidement, que les Genéraux
françois, craignant que ces pri=
soniers ne fussent délivrés, les
firent conduire dans la forteresse
d'Arbourg, sans en prévenir, ni
le Directoire, ni ses Subordonés,
dont les rapports ne purent lui
parvenir, que quelques jours après.
néenmoins Le Directoire n'avoit
pourtant pas attendu, ceux-ci ces rapports officiels, pour
agir; car ayant appris par moi
ces détails affligeans que le cit.
Panchaud membre du Grand
Conseil étoit venu en hâte
me rapporter comuniquer, il chargea ce
Citoyen de se rendre en hâte
imédiatement sur les lieux, accompagné d'un
2d membre membre du Gd Conseil
(Billeter), avec pouvoir de
remêdier au mal, de rechercher s'enquérir de ceux qui s'étoient
faire reconnoitre
rendu coupables de la cette coupable négligence,
et de relâcher tous ceux des
Prévenus qui ne se trouvoient
pas trop gravement inculpés.
Je veux bien croire que ceux qui
2 mots biffure voulurent
me rendre responsable de ce mal=
heur, ignoroient les faits; mais
enfin, lorsque des homes publics
se presentent come rendent accusateurs,
<57> ils devroient aumoins s'assurer de
la vérité des faits, pour ne et s'abstenir
de la calomnie.
F) Persécution du Clergé, attaques
dirigées contre la réligion
C'est une triste vérité, que partout
le Clergé s'efforça d'identifier ses in=
térêts avec ceux de la Réligion.
D'accord avec les principes, la Consti=
tution avoit promulgué la liberté
des cultes; pouvions nous, étant char=
gés de l'èxècution des loix, modifier
celle ci? Certes, ils éxistoient bien
réellement dans la nation, les élémens
de la Tolérance, puisque, à Lucerne,
centre du Catholicisme, l'ancienne
Eglise des Jésuïtes servit indistinctement
pour les 2 cultes, puisque jamais il
ne s'éleva de rixe, et qu'il ne fut nécessaire
de placer des sentinelles aux portes,
pour maintenir l'ordre.
L'Arrêté en vertu duquel les Chambres
administratives étoient autorisées à
choisir les ministres du culte, parmi les
3 Candidats présentés par les parois=
siens, causa dabord quelques inquiétu=
des, surtout dans le canton du Sentis
où les Sectateurs des cultes catholique
et protestant vivoient depuis longtems
en rivaux peu bienveillans, parce que
les Chambres administratives étoient
composées d'individus des 2 cultes, croyances,
mais les explications qui eurent lieu,
tranquillisèrent complettement les
catholiques.
Le clergé protestant manifesta
plus d'obstination et de résistance.
Il se retrancha derriéres ses Consis=
toires, ses Classes et ses Synodes, et
disputa le terrain avec une cette aigreur
toute parti tranchante qui le distin=
gue. L'ancien Testament fournit
à ces Mrs beaucoup de textes, pour
évacuer leur bile en du haut de la
chaire: nous fumes traités come
jadis les rois d'Israël l'avoient été
par les prophètes. Enfin, lorsque le
Directoire fut renversé, le Clergé
protestant se donna le plaisir de
danser autour de son bucher, et pour
combler la mesure du ridicule, 3 caractères biffure
la période de son administration
fut comparée, par ces Zèlateurs, à
l'Ere des martyrs.
Le clergé catholique privé provi=
soirement,
<58> de la majeure partie de son
revenu, par les décrêts du Corps
législatif, prenoit son mal
en patience, et les Hefliguer
de Hochdorf, les Stalder de
l'Entlibüch, les Thaddée Mül=
ler de Lucerne etc. etc. ne 1 mot biffure
se montrèrent pas moins dé=
voués à la noble cause de la
liberté et des lumières, tandisque le Clergé
protestant qui avoit fait des
pertes bien moins sensibles, se
plaisoit à nous rendre res=
ponsables de ses privations,
come s'il eut dépendu de
nous, de les faire cesser: Ce
qu'il ne pouvoit surtout nous
pardonner, c'étoit la Surveil=
lance éxercée par les Cham=
bres administratives. Il
accueillit avec la même défa=
veur, l'Institution si mé=
ritoire des Conseils d'éducation,
les réformes rélatives à l'ins=
truction publique, et en parti=
culier, l'Institution si méritoire
des Conseils d'Education, ouvrage
oeuvre méritoire du citoyen Stapfer, alors Ministre
de l'Instruction publique, au=
quel nous avions eu le bon
sens esprit d'apposer notre cachet
avec l'empressement chaleu=
reux qui caractérisa cons=
tament les mesures tendantes
à répandre les lumières par=
mi le peuple.
Il m'est impossible de ne
pas citer ici, un fragment
du Message du 4e Octobre
mentioné plus haut. "La
Liberté ne peut compter, ni
sur l'ignorance, ni sur le fana=
tisme; c'est aux lumières seules
qu'il appartient de la deffendre;
ce sont elles qui ont amené la
révolution; c'est à elles à la
consolider, et la république
helvétique, doit desirer, sur=
tout de faire pénétrer celles ci
jusques dans les vallées les plus
reculées, afin de miner, à par l'empire suprême
l'aide de
de la raison et de la vérité,
les préjugés qui gardent le
trône du fanatisme et de la
sottise. Vous seconderez,
Citoyens Représentans, cette
entreprise par vos décrêts,
et vous mettrez à la disposi=
tion du Directoire Exécutif,
les moyens d'éxécuter une
entreprise qui assurera
<59> les destinées de la république hel=
vétique, en la faisant aimer."
(Bulletin helvétique officiel 3 caractères biffure
d'Octobre 1798, n° 50)
Il étoit instant de s'occuper de
la réorganisation de l'Instruction
primaire, car des grands territoires les populations 2 mots biffure
étoient privés d'écoles pour les à cette époque les
populations des campagnes, dans
plusieurs cantons étoient pri privées d'écoles:
l'ignorance avec les vices qui l'ac=
compagnent, en avoit pris posses=
sion. et y dominoient.
C'est donc avec un juste sentiment
de fierté, que les membres du Direc=
toire peuvent en appeler au
Message dont je viens de parler.
Cette réorganisation étoit loin
sans doute d'être complette, et le
Citoyen le sentant aussi Stapfer le reconoissoit lui même, mais,
dans ces premiers tems, elle étoit
tout ce qu'il falloit à notre nation;
et lorsque les passions haineuses
seront assoupies, justice entière
sera rendue, au Ministre qui
en fut l'Auteur, et aux à ces Gouver=
nans qui en l'approuvant, at=
testèrent que leur Volonté bien
prononcée, étoit de répandre dou=
cement l'instruction parmi le
peuple, afin de le rendre digne de la liberté.
Nous n'aspirions point à créer,
ni un Institut, des ni de brillantes Académies, ni des
Lycées tels qu'on en avoit créé en France.
Lycées. Les établissemens éxistans destinés
aux Classes supérieures de la Societé
déja éxistans, suffisoient pour
le moment; ceux qui manquoient qui faisoient faute,
étoient ldes Ecoles pour les Classes in=
férieures, où elles pussent ap=
prendre bien et facilement à lire, à écrire, à chiffrer
ainsi que les premiers principes de
la morale chrétienne. Briller
n'étoit point notre but; nous vou=
lions tout bonnement rendre la
grande masse nationale plus éclai=
rée, afin de la rendre meilleure
et plus estimable, afin d'ôter aux
orgueilleux, le droit de la mépriser,
et de l'asservir. Cette maxime qui
fut jamais étoit celle du Directoire,
ne fut jamais oubliée par lui. J'y suis
demeuré fidéle, à toutes les èpoques
de ma vie, et ce que je n'ai pu 1 mot biffure
faire réussir pour mon pays, ne sera,
je l'espêre, pas perdu ailleurs pour d'autres homes.
1 mot biffure
Le Clergé protestant, je reprens
ma narration
<60> Après cette digression, je reprens
le fil de ma narration.
Le Clergé protestant qui avoit
jusqu'alors 3 caractères biffure eu la Surveillance
exclusive de l'Instruction publi=
que, voyant s'échaper de les un monopole qu'il regrettoit,
mains le
se plaignit avec hauteur, quoi=
que tous ceux de ses membres
dont le mérite étoit incontestable,
eussent été placés, et murmura
de ce qu'on lui refusoit come
privilége exclusif, ce qu'on ac=
cordoit au mérite 1 mot biffure indivi=
duel de ses membres. Enfin il
regrettoit les Consistoires, cette es=
pêce d'equivalent du Purgatoire,
qui assuroit sa prééminence,
le faisoit respecter, mais sur=
tout le faisoit craindre.
G) Imputation de vouloir
guerroyer
Convaincu qu'il étoit instant
de resserrer les liens d'union, par
des démarches qui eussent un
grand caractère, j'avois eu
l'idée de faire comémorer
l'aniversaire du Serment prê=
té le 17e Novembre 1307, sur
le Grütli, par une députation
des premiers fonctionaires de
la république, qui renouvelle=
roient la prestation de ce
serment, sur les lieux, tandis
qu'elle seroit répétée, au même
instant, dans toutes les comunes
de l'Helvétie. Dans ce but,
je proposai au Directoire, le
projet d'un Message à adres=
ser au Corps législatif, mais
sans pouvoir le faire adopter.
La démarche On opposa les
inconvéniens qui en résulteroient,
et qui étoient bien illusoires,
tandis qu'une cérémonie, dont
la solemnité eut propre à électriséer forte=
ment les coeurs, eut rendu, dans
ces conjonctures, un éminent
service.
La lenteur 2 mots biffure du Corps Législa=
tif dès qu'il ne s'agissait pas
de destructions,
La déplorable lenteur du Corps
Legislatif à s'occuper des mesu=
res propres à qui devoient organiser le
service public, continuoit à
comprometre l'éxistence de
la République, et cependant
il n'étoit plus douteux, que
nous aurrions la guerre, qu'elle
se feroit sur notre territoire,
et à nos dépens. Dans cet état
<61> de choses, un seul parti restoit
à prendre, Déclarer la guerre à
l'Autriche et la faire vivement.
Plusieurs fois, j'avois sondé l'opinion
des homes 4 caractères biffure éclairés et patriotes.
Sans être toutefois bien assuré de leur assenti=
ment, je comptai assez sur leurs lu=
mières pour croire qu'en brusquant
la mesure, elle seroit adoptée, ce qui
ètoit devenoit douteux au contraire, si l'on don=
noit à la couardise, à l'intrigue et
à la Diplomatie, le tems de travailler
contre l'adoption.
Ayant donc préparé le projet de Mes=
sage, j'obtins de mes collègues leur
adhésion. Le Corps Législatif fut
invité imédiatement à tenir une Sèance
d'urgence, dont et le secret fut assez bien
gardé sur la question mesure proposée, mais le
mauvais génie de l'Helvétie l'emporta
dans cette journée.
Au lieu de décréter franchement
la mesure, le Corps Législatif,
après s'être livré à des débats in=
convenans, dans lesquels le Directoire
fut traité sans ménagemens, décrê=
ta de lui demander des explications
plus précises sur les motifs de son
Message. On me chargea de la Je fus chargé de les doner
rédaction de ce par un 2d Message qui est
imprimé textuellement dans la 3e
lettre de Julia alpinula (Lausanne. 1800
chez Hignou et Ce), mais la Diplomatie
et les adversaires du Directoire, dans
le Corps Legislatif, n'en réussirent
pas moins à faire écarter la mesure
par un ordre du jour.
Cette lâcheté insigne 1 mot biffure détruisant
mes illusions 1 mot biffure d'une résistance énergique
1 ligne biffure
je regardai dès lors la République,
come perdue, en cas d'é4 caractères biffure; et
Cette insigne lâcheté détruisant 1 mot biffure
illusions et jusqu'à la fin de la ligne biffure tout à la fois mes illusions
digne
et mes espérances, m'indigna
profondément. Regardant dès lors
la République come perdue, si le
succès courronnoit les succès de l'en=
nemi, je fus tenté de demander
ma démission; les dangers le desir
seul de partager aumoins les dangers
de la patrie m'arrêta.
si le danger n'eut pas été patent,
j'aurois donné ma démission.
<62> En attendant chacun me jetta la
pierre, come si j'avois voulu, de
gayeté de coeur, faire verser le
sang de mes concitoyens, tandisque
les Coalisés me regardant come leur
plus dangereux ennemi en Suisse,
redoublèrent d'efforts pour me discréditer et m'entra=
ver. Je fus enfin considéré par
Le Directoire françois lui-même ne vit désormais plus en moi 1 mot biffure qu'un home
lui même ne vit désormais plus en moi, qu'un home
dont il falloit se défier, puisqu'il
avoit ôsé proposer de son chef,
une mesure aussi importante, sans
l'avoir consulté et sans sans avoir obtenu son aveu.
Cette disgrace n'eut aucune in=
fluence sur ma conduite. Lorsque
dans la suite, on voulut me faire
un crime pour avoir proposé ces
mesures qu'on qualifioit de révolu=
tionaires, je les avouai hautement,
et certes je n'ai point eu à me ré=
pentir de mon audace, puisqu'il
est reconnu aujourd'hui, que cette
Déclaration de guerre, étoit la seule
mesure qu'il y eut à prendre dans
les conjonctures. En voici les motifs.
1° Elle nous forçoit à organiser
promptement et ènergiquement,
toutes les branches du Service pu=
blic. Nous avions besoin de ce coup
d'éperon; il falloit creuser un
fossé profond, en arrière de cette
armée de novices.
2° La formation d'une armée natio=
nale, faisant la guerre sous ses ban=
nières, et pour son compte, aurroit
créé un véritable esprit national,
en rendant comuns, les dangers,
les avantages et les revers. C'étoit
dailleurs une occasion précieuse
de pour bien connoitre les secréts
du nouveau systême militaire,
et former une pépinière d'officiers
et de Généraux capables.
43° Nous conservions le droit d'avoir
des parlementaires, et de traiter négocier
avec les ennemis, ce qui nous per=
mettoit de profiter de profiter
des circonstances futurs contingens, pour assurer et
améliorer notre position.
4° Nous pouvions occuper pour notre
compte, les territoires ennemis,
y lever des contributions etc. etc.
5° Nous paroissions au futur Congrès,
non plus seulement come partie souffrante
et payante, et dépendante mais come partie prin=
cipale, y ayant ses représentans,
sans avoir beoin de la tutêle
d'autrui.
<63> 6° Nous 1 mot biffure avions l'occasion de développer une énergie
digne de notre anciene renomée nation, qui devoit
intêresser l'Europe à son sort en nôtre faveur,
et nous procurer de la considéra=
tion, même de la part des François,
qui aurroient ètè très contens de
voir en nous d'utiles alliés sur la
foi desquels ils pourront pussent se repôser.
7° Devant enfin faire la guerre def=
fensivement, il n'y avoit pas de
doute, que les chances devenoient
moins onéreuses, en la faisant d'une
manière offensive.
Persuadé que cette mesure étoit
pour nous, la planche de salut, j'en
réïterai la proposition, au Directoire aussitôt
après l' son arrivée du Directoire à
après son arrivée à Berne; mais jusqu'à la fin de la ligne biffure sans succès. Cette persé=
vérance de ma part 1 ligne biffure
Cette persévérance de ma part
ne servit qu'à confirmer toujours plus la
réputation d'incorrigible, dont
je fus gratifié.
H) Insurrections à la veille
de la reprise des hostilités, et
durant celles ci.
J'ai dit que les projets de l'enne=
mi devoient être bien connus, du
Directoire helvétique et du Directoire
françois. Grace aux rapports éxacts
véridiques de nos émissaires, nous connumes à
tems, nonseulement le nombre et
l'espêce des forces autrichienes, mais
de plus, les plans de l'ennemi, ceux des
émigrés, ceux des agens anglois Wickham
et Crawford, et les menées des Emi=
grés helvétiques, les plus dangereuses
de toutes.
Les François Gouvernement françois
auquel nous 1 mot biffure fimes part de
ces renseignemens, les parcoururentt
à ce qu'il paroit, lègèrement, sans
quoi ils eurentt fait d'autres pré=
paratifs, pour recomencer la guer=
re.
Quant à nous, nous n'avions pas
d'excuses pour demeurer incrédu=
les; mais que pouvoient, dans le
Directoire, et dans les 2 Conseils,
quelques homes énergiques, que les
Neutralisateurs, les amis et 1 mot biffure cliens
des anciens Gouvernans, et les créa=
tures de l'ennemi, alloient accu=
sant d'éxagérations révolutionaires?
Ceci me rappèle une altercation
assez vive, entre le Directeur Legrand et moi,
au sujet des enrôlemens que faits
<64> dans les cantons d'Argovie et de
Soleure, par les émigrés suisses,
enrôlemens que ce Directeur taxoit
d'imaginaires. Aulieu de pren=
dre à l'instant des mesures, pour
les faire cesser, le Directoire exigea
chargea le Député soleurois Cartier
d'aller sur les lieux voir ce qui en étoit. Les
rapports arrivérent bientôt: Tout
étoit tranquille, et alloit au mieux.
Eh! bien, dit Legrand en riant, où
sont ces menées révolutionaires; ces
enrolemens menaçans?? Les rap=
ports de Cartier n'avoient point
opéré sur moi, de la même manière,
mais ils avoient produit leur effet
sur mes autres collêgues. Le résul=
tat fut que nulles mesures ne
furent prises, qu'on persista à demeurer dans
une complette sécurité 2 mots biffure
1 mot biffure jusqu'au moment, où arriva la
nouvelle inopinée du départ de
600 jeunes gens dans une seule
nuit, pour aller joindre les levées
faitte dans le organisées dans le Frïktal par les
Contre révolutionaires suisses, au ser=
vice de l'Autriche et de
l'Angleterre.
La vue du danger fit taire mo=
mentanément les Neutralisateurs,
mais le mal qu'ils avoient fait, par
leurs lenteurs de comande, leur
constante opposition etc. etc. ne pouvoit
plus être réparé, aussi vite qu'il
eut été nécessaire.
Legrand rappelé a Bâle par
des intérêts domestiques avoit rési=
gné peu de tems avant la dé2 caractères biffure
la brusque émigration des jeunes
soleurois et argoviens,. et Il dut avoir
d'amers regrêts de son obstina=
tion crédule; car il étoit sincêrement
attaché à sa patrie.
La goutte, 2 mots biffure ou plutôt, la
peur, avoit fait fuir le Directeur,
Glayre, jusqu'à Romainmotier,
à 40 lieues de Lucerne; Ainsi, quoi=
que Bay ait été été l'opposition
eut remplacé le 1er par Bay dans
le but de surveiller la majorité
du Directoire (Ochs, Oberlin et LaHarpe)
1 ligne biffure
en faveur par cette opposition, le
Directoire pouvoit encore dévelop=
per quelque énergie. 1 mot biffure
2 mots biffure étoit 1 mot biffure, aux
Sous le prétexte d'une attaque
de goutte, la peur avoit fait
fuir le Directeur Glayre, jusqu'à
Romainmotier, à 40 lieues de
Lucerne. L'opposition qui le
remplaça par Bay, avoit
eu pour but de surveiller les
3 autres Directeurs (Ochs, Oberlin
et LaHarpe), et de contenir
l'énergie que cette majorité
aurroit pu développer. pour montrer
Il étoit tems, en effet, de
montrer de l'énergie, car jamais
Gouvernement ne fut expôsé aux
crises qui furent notre lot, de=
puis le comencement de Mars,
jusques en Juin 1799.
Tandisque le Corps Legislatif
toujours persévérant à ne pas
<65> s'occuper sérieusement des loix
organiques, sans lesquelles la Consti=
tution nouvelle ne pouvoit bien
marcher, les insurrections écla=
toient successivement sur plu=
sieurs points, conformément
aux au plan des ennemis.
Les moyens du Directoire étoient
bornés, mais, ainsi que dans
l'ordre physique, la Vitesse com=
pense l'éxiguïté de la Masse,
l'énergie infatigable de cette
1ère autorité, suppléa heureu=
sement à la foiblesse des ressour=
ces. Il fit plus. Quoiqu'il
fut informé que ses démarches
étoient sur étoient surveillées
avec le plus grand soin, par ceux
que la crainte peur rendoit muets,
il ôsa prendre sur lui, de sauver
la République, malgré les répré=
sentans de la nation. Je vous
en citerai bientôt un éxemple
qui n'est point connu.
Par son activité infatigable,
les insurrections furent comprimées
dans les cantons de Soleure, d'Ar=
govie, de Baden, de Lucerne,
d'Oberland, de Berne, de Zurich,
du Sentis etc. et malgré les évê=
nemens du 27e 28 et 29e Avril 1799,
elles le furent dans les districts de
Schwyz et de Stanz. Elles eussent
été étouffées aussi heureusement
dans les pays d'Ury, dans les can=
tons italiens, et dans le Vallais,
si les Généraux françois, souvent
trop insoucians, n'eussent pas mis
du un retard de 19 jours, à la
jonction des forces qui étoient
necessaires pour occuper tout à la fois le Val=
lais, par le St Gothard et par
Saint Maurice. Les Insurgés
avertis à tems, levèrent l'étendart
et 1 mot biffure appelèrent des auxiliaires étran=
gers (autrichiens); mais, si le Directoire n'a=
voit pu prévenir cet évênement,
il réussit au moins à en neutrali=
ser les suites.
L'arrivée des Autrichiens sur
nos frontières, en 1799, avant que
notre réorganisation militaire
fut terminée, avant que le Service
<65 [bis]> s'occuper sérieusement des loix=
organiques, sans lesquelles la
Constitution ne pouvoit s'affer
mir, les insurrections se multi=
plioient, conformément à ce=
qui avoit été concerté avec les
enemis.
Les moyens du Directoire étoient
bornés, mais ainsi qu'en Physi
que l'exiguïté des Masses est=
compensée par la Vitesse, l'éner
gie infatigable de cette 1ère
autorité supplée à la foiblesse
et à l'insuffisance des ressources.
Instruit que
put être préparé pour la levée des 20000
la levée et l'entretien des 20000
Miliciens que le Corps Législa=
tif avoit enfin accordée aux
importunités du Directoire, Cette devoit nécessairement
1 mot biffure
accroitre nos embarras.
Les bataillons de quelques can=
tons (de Zurich entr'autres) se
portèrent aux frontières, d'eux
mêmes, et sans nous en préve=
nir, tant ils étoient zêlés 1 mot biffure dévoués et
pleins de zêle. Le Service n'étant pas fait, il
est aisé de comprendre les 1 mot biffure abus
qu'entraina abus auxquels donna lieu cette levée en masse,
qu'il n'eut cependant pas été
sans péril, d'interdire de 1 mot biffure d'arrêter ou seulement
2-3 mots biffure de modérer; car le
Directoire étoit accusé, tout à la
fois et par les mêmes homes, de
ne pas faire marcher assez de
troupes, et d'en n'en faire marcher,
plus qu'il ne pouvoit en tenir
sur pied. Ce qui est très vrai,
c'est qu'il étoit désolé de ne pou=
voir suspendre arrêter ce
torrent, et ce fut pour dans l'es=
poir de l'essayer qu'il envoya
à l'armée le Comissaire Kühn
muni de pleinpouvoirs illimi=
tés.
L'armée helvétique avoit à
sa tête, dans ce moment le Géné=
ral Keller, soleurois distingué
par sa brillante conduite devant
Ostende, brave officier, mais
trop bouillant, trop peu maitre
de lui même, pour conduire une
troupe composée come étoit la
notre, et Weber officier
<66> d'un rare mérite, plein d'une bravou=
re calme, et habile surtout à conduire
des troupes de nouvelles levée, et l'home
le plus capable de comander des mili=
ces helvétiques.
Il y avoit encore quelque espoir
de régulariser cette levée, et l'on s'en
s'en occupoit avec ardeur, d'accord avec
le Général Masséna, lorsque les pro=
grès de l'Archiduc Charles vinrent
tout à coup, interrompre les travaux
comencés. Nos troupes montrèrent
<66 [bis]> développèrent la plus grande bra=
voure, à Frauenfeld et à Winter=
thour; mais la retraite fut l'écueil
de leur gloire, ainsi que cela arrive
toujours avec les milices de nouvelle
levée.
Des 25'000 homes, les auxiliaires non
compris, il ne resta sous les drapeaux
que la brave Légion helvétique, corps
digne de figurer parmi les Vétérans,
quelques débris des bataillons de Zurich,
du Sentis, de la campagne bernoise,
et surtout les bataillons du C. du Léman,
presque entiers. Tout le reste, rega=
gna en désordre, ses foyers, déja oc=
cupés par l'ennemi; très peu allè=
rent joindre les corps émigrés suisses
qui étoient dans l'armée autrichiene.
L'épouvante fut telle que, si dans
les 48 premiéres heures l'Archiduc
eut foncé sur nous, avec plus de
vigueur, c'en étoit fait de notre notre dissolution étoit
révolution,
inévitable, ainsi que les Emigrés suis=
ses l'avoient anoncé.
Il est probable toutefois, que ce
Prince aussi sage qu'habile, comen=
ça à se défier un peu des promes=
ses brillantes de ceux ci, en éprou=
vant dabord 2 mots biffure une résistance
imprévue, et ne voyant arriver
que quelques déserteurs égrenés, au=
lieu de ces nombreuses recrues qui
devoient accourir sous les drapeaux
de l'Emigration.
Quoiqu'il en soit, le Directoire, qui
eut été sacrifié, le 1er, paya d'au=
dace. Il répondit avec mépris
et hauteurs, aux Proclamations de
ses ennemis, il promit protection
à ceux qui demeuroient fidêles,
il réorganisa en hâte l'armée, il
subvint non seulement aux besoins
de la sienne, mais à ceux de l'ar=
mée francoise qu'on laissoit man=
quer de tout, et ses troupes se
distinguèrent, à Dettingue, dans
l'éxpédition du Général Lecourbe,
sur le St Gothard, à Zurich et
au pont de Nettstall contre les
Russes.
J'ai dit plus haut, que le Direc=
toire n'aurroit pas hésité de
s'exposer personellement, à des pé=
rils certains pour sauver la Ré=
publique. L'Ennemi s'avançoit
et il s'agissoit de retarder, sinon
d'empêcher la jonction de ses différens
corps, qui aurroit nécessité la re=
traite de l'armée françoise. Dans
la nuit du 19 au 20 May 1799,
je vois inopinément arriver chez
moi, le Général divisionaire Chérin,
Chef de l'Etat major françois, et le l'Adjudant général De Giovanni
Ge
porteurs d'une lettre de Masséna
<67> pour faciliter la réunion des diffé=
rens qui pour faciliter la réunion
des différens corps de son armée
et couvrir leurs mou=
vemens, demandoit au
Directoire, la mise instanta=
née sur pied, des bataillons
d'Elite de 9 cantons voisins.
3 lignes biffure
mise sur pied des bataillons d'Elite de 8 ou
9 Cantons les plus voisins. Cette
Levée Le service de ces bataillons ne
devant pas durer plus de 10 jours,
le Général françois leur promettoit de
leur fournir les vivres nécessaires: pour c'étoit
cette pour c'étoit, en un mot:
en un mot, 40000 homes de plus à en=
tretenir.
Le tems manquoit, pour demander
l'autorisation du Corps Législatif
sans laquelle le Directoire devoit en=
courroit une périlleuse responsabili=
té, et cependant il ôsa s'en charger.
Entrainé par les considérations puis=
santes, qu'on lui présenta, il adopta
cette grande consentit à la deman=
de Masséna, regrêtant qu'il ne
l'eut pas fait connoitre quelques
jours plutôt, car alors elle aurroit
pu prévenir l'invasion du territoi=
re helvétique. En moins d'une
heure les ordres pour cette importan=
te levée, furent tous expédiés, et ils
3-4 caractères biffure leur éxécution n'eut pas été
douteuse. Heureusement celle ci fut
prévenue, par l'arrivée d'un Courier
de Masséna, anonçant que les me=
sures prises par lui, la rendoient
désormais surperflue. Que de cla=
meurs se fûssent élevées dans la suite
contre l'audace du Directoire, s'il en
eut transpiré quelque chose!
Vous me demanderez, coment le Direc=
toire manquant partout d'instrumens
<68> suffisans capables, pouvoit suf=
fire à tout? La Nécessité,
lui suggéra le mode suivant, dont il
ne s'écarta jamais.
Ses séances pour les affaires courran=
tes, qui ne souffroient aucune inter=
ruption, començoient à 8 heures et
fini ne finissoient guêres avant 4
heures, et souvent, il y en avoit d'ex=
traordinaires. Le Président avoit
en outre ses audiences particulières,
que rien ne pouvoit suspendre. C'é=
toit un métier de Galérien, que
j'ai du faire à 3 reprises, pendant
près de 5 mois.
La présence des dangers, nous força
de monter la ga tour à tour, la garde, dans
nos maisons, pour recevoir les dépê=
ches nocturnes,. et Pour répondre
à ce que des conjonctures imprévues
pouvoient éxiger sans retard, il fallut autoriser
le Directeur en faction, à prendre
incontinent, au nom du Directoire, les
mesures qui ne comportoient aucun
délai, à la charge d'en faire le lende=
main matin, leur son rapport à leurs
ses Collègues. Plus d'une fois, à Lucerne,
j'ai du, la lanterne à la main,
aller heurter à la porte du Ministre
de l'Intérieur, qui demeuroit audes=
sous de moi, et courir réveiller le
Ministre de la guerre, pour faire
éxécuter promtement ce qui étoit
urgent. Assurément, il n'y avoit
là rien de brillant, et celà figureroit fort
mal fin de la ligne biffure partout où l'on met
2-3 mots biffurede
l'importance plus d'importance à l'ob=
servation du Decorum, qu'aux choses
mêmes; mais lorsqu'il s'agit des vrais
intérêts de son pays, on n'est pas arrêté
par de puériles scrupules: il y a tou=
jours de la dignité, lorsqu'on remplit
avec zèle, de grands devoirs, lorsqu'on
fait ce qui convient, en tems opportun.
Ceux qui nous ont tant décrié de=
puis, ont été moins justes que nos
ennemis du dehors, qui ne pouvoient
nous refuser leur estime, lors même
qu'ils travailloient à nous perdre.
par tous leurs moyens. Enfin
<69> pendant les 45 mois de mes 3 Présidences
je n'ai pas donné 2 heures par
nuit au someil. Lorsque la fatigue
me faisoit succomber, j'appuyois
ma tête sur ma main reposant sur
une table, et prèsque toujours une
seule heure d'un pareil someil suffi=
soit à réparer mes forces. Si seu=
lement tant de zèle et de dévoue=
ment avoient pu être utiles à ma
patrie, je ne regrêtterois point mes
peines. Certes il faut aimer son
pays avec passion, pour trouver des
jouïssances à de telles privations!
J) Premiers propos tenus sur
rélativement à l'ajournement des
Conseils. Fuite de Lucerne.
Le Directoire comit aussi, à son
tour des fautes.
Voyant que le Corps Legislatif per=
sistoit, dans par son incurie, à l'en=
traver, il aurroit du insister sur
son ajournement pendant 63 mois,
conformément à un l'article 1 mot biffure
64e de la Constitution, et à ce qui ne
et demander qu'en s'ajournant, des Pouvoirs suffisans
fussent accordés, au Directoire, pour
sauver la République si elle étoit
menacée dans l'intervalle. La Cette motion
fut faitte par moi, au Directoire
mais ajournée momentanément,
La motion d'adresser dans ce but
un Message au C. Legislatif, fut faitte
par moi au Directoire, mais ajournée
et come elle fut ébruitée
on en conserva de la rancune.
Une autre faute non moins grave,
fut d'avoir consenti à quitter Lucer=
ne.
Les Bernois n'avoient cessé de 3 caractères biffure
d'intriguer dans ce but; ils avoient de
bonnes raisons pour agir ainsi, et ont
fait bien des dupes.
Pendant 15 jours je parvins à faire
ajourner la mesure, en dépit de Bay,
d'Ochs, et de l'Envoyé de France, Perro=
chel, qui avant sa retraite à Bale,
étoit venu nous comuniquer une lettre
dans laquelle on lui parloit des dangers
qu'il courroit à Lucerne, depuis les évê=
nemens de Rastadt,. et dans lLe but
étoit de répandre la terreur, Les d'une telle
législateurs helvétiques
lettre, étoit de répandre l'effroi. Déja
les Législateurs helvétiques ne dormoient
plus tranquilles, depuis l'occupation
d'Altdorf par les Autrichiens, surtout
depuis que le bruit du Canon se faisoit
journellement entendre, et que les de
blessés nombreux blessés arrivoient sans
cesse. Enfin le Général Massena 1 mot biffure
ayant annoncé qu'il ne pouvoit garan=
tir la sureté de Lucerne, le Corps légis=
latif prit la fuite, et nous entraina
après lui. Il 1-2 mots biffure que Je
demeurai étranger à cette fuite
honteuse; et, s'il étoit permis à un
home d'honneur, d'abandonner les inté=
rêts de son pays au jour de sa détresse j'aurois été excusable
de donner alors ma démission, car
<70> depuis ce moment, notre situation
me parut désespérée: on nous avoit fait
peur, et le foible n'a jamais peur im=
punément. (Bulletin helvétique de
Janvier. 1800. N° 20. Supplément.) Je
n'ai été que trop bon prophête.
Il paroit que la frayeur, 1-2 mots biffure
accompagnée d'autres argumens avoient tourné les têtes de
nos homes d'Etat.
Ce fut à cette époque qu'on ôsa parler
sérieusement de capituler avec nos
ennemis, et que ce que j'appellai dans
le tems, la faction austro-olygarchique
des Capituleurs, leva hardiment lae tête.
masque. Elle m'avoit fait sonder par une lettre
du 22e May 2 mots biffure que m'adressa un Préfet
1 ligne biffure
le Bourgmaitre Tscharner de Coire
1 ligne biffure
l'un de nos préfets, le Bourg=
maitre Tscharner de Coire,
home de mérite, et ne me
pardonna pas d'avoir déjoué ses
projets en les dévoilant (Mon 2d Mé=
moire en réponse au Comissaire Kühn
renferme des fragmens de cette lettre.)
K) Condescendance du Directoire
après son arrivée à Berne
Réfugié à 25 lieues, en arrière de
la ligne des combattans, le Corps
Législatif, cessa d'avoir peur, et
recomença bientôt à nous chercher
querelle.
Ce fut encore une faute, d'avoir
cédé trop facilement; mais nous étions
si malheureux que le support et l'u=
nion nous paroissoient plus que
jamais indispensables.
Il fut proposé, dès le lendemain de
notre arrivée à Berne, de passer à
l'ordre du jour sur les mesures que
je sollicitois pour réprimer la dé=
sertion et rétablir la discipline mili=
taire. Ces mesures étoient sévêres,
cruelles peutêtre, mais elles étoient
dignes de nos ayeux, qui banirent jadis
un petit nombre de braves, pour avoir
survécu à la destruction de leurs ca=
marades, succombant glorieusement
en 1444, près l'Hopital St Jaques:
elles convenoient surtout à une
République, qui lancée au milieu
de périls 1 mot biffure extrêmes, ne pouvoit les
conjurer que par des moyens 1/2 mot biffure éminement énergiques. Ouï, Monsieur, c'est moi qui
1/2 mot biffure
proposai solemnellement de décla=
rer que la Suisse entière étoit un
vaste camp, que chaque habitant
étoit appelé, come soldat, à deffen=
dre. C'est moi qui proposai les
mesures en vertu desquelles, les Comu=
nes soigneroient les proprietés et
les familles de nos Soldats marchant
à la deffense de la patrie: C'est moi
qui demandai que la République
se chargeât des enfans des morts, ou
des blesses. C'est moi qui demandai
que les déserteurs 1 mot biffure arrêtés
après l'expiration du terme fatal,
fussent décimés, selon l'usage des an=
ciens Suisses et des Romains, et que les
Survivans placés à l'avantgarde,
y rachetassent leur déshoneur. Ouï,
j'ai voulu tout cela, et lorsqu'un
<71> membre du Directoire égaré par
l'aspect d l'apparition des péril,
s'oublia au point d'avouer, que nous la terreur, et
étions sans ressources
nous croyant sans ressources, ôsa propo=
ser de ne plus faire marcher de
troupes, j'interrompis ce blas=
phême, et empéchai mes autres
Collêgues de se souiller par des
mesures pusillanimes.
Le besoin de fonds se faisoit for=
tement sentir; il falloit y pour=
voir, et l'on eut la mauvaise foy
de nous répondre à nos demandes, qu'avant
de demander de nouveaux Fonds, il
falloit faire rentrer les Impositions
éxistantes, come si notre excuse
n'avoit pas été dans l'occupation
du 1/3 tiers de notre territoire par
l'ennemi, par dans l'impossibilité d'en
tirer de l'argent, et dans l'accrois=
sement subit et imprévu de toutes nos dépen=
ses.
Les bataillons de l'Elite demeurés
fidêles à leurs drapeaux, et placés
sur la ligne, étoient de 3 Cantons
seulement, et le principal fardeau
portoit sur ceux du Léman.
L'Equité vouloit qu'on les rempla=
çât à leur tour, conformément
à la promesse solemnelle qui leur
avoit été faitte, et le Directoire
qui ne pouvoit y manquer, 1 mot biffure
crut pouvoir assurer le Général
françois, que ces bataillons seroient
remplacés par d'autres. Dans
ce but, il demanda au Corps Légis=
latif une levée de 10 bataillons
de ligne, qui pouvoit être réalisée
en peu peu de semaines; mais, chose
inconcevable, si elle n'eut pas été
le résultat d'un du plan de neutra=
lisation déja cité, on attendit 6
semaines avant de répondre et même
alors, au lieu de 10 1 mot biffure bataillons jugés
nécessaires, on n'en accorda que
6, et pour contrarier encore plus
le Directoire, on lui imposa la
condition de ne les lever que suc=
cessivement. Par ce moyen
les meneurs réussirent à le brouil=
ler avec le Général françois au=
quel il ne put envoyer, à l'épo=
que convenue, le nombre de trou=
pes promises, en remplacement
pour remplacer, celles qu'on avoit
retirées de la ligne, et auquel le
soin de l'honeur national
ne permettoit pas de révêler
les causes d'un tel mécompte.
L) Projets de fructidorisation
Ces projets m'ont encore été attri=
bués.
Durant l'hyver de 1798 à 1799
des conciliabules secrets avoient
lieu entre quelques Législateurs,
Ministres et Meneurs qui se plaignoient
d'être trop peu consultés, et de
<72> rencontrer en moi, un home trop
peu maniable, ayant 1 mot biffure la tendance
révolutionaire, et voulant la
guerre etc. etc.
J'ignore encore ce qui avoit
pu aliêner à ce point, des homes
des homes auxquels je témoi=
gnai constament beaucoup
d'estime, lors même que nous
étions d'avis différens. Je n'étais,
fus ne fus et ne serai jamais
la créature de personne, et les
Secrets de l'Etat, ne furent ja=
mais révélés tou toujours sacrés
pour moi, ne furent jamais révé=
lés à l'amitié la plus intime.
Quoiqu'il en soit, dans ces Conci=
liabules il fut question, non
pas seulement de purger le
Directoire, mais surtout de
renverser la Constitution établie,
ce que come les évênemens subséquens
n'ont que trop justifié prouvé.
Instruit de ces menées, j'en
fis part à un membre du Di=
rectoire françois (Merlin)
et lui demandai, si, le cas
arrivant, nous pourrions comp=
ter sur leur appui, conformé=
ment au Traité d'alliance. Je
l'invitai même, à faire transmettre
à l'Envoyé françois en Suisse,
des instructions à cet égard, un
bouleversement de Constitution,
devant nécessairement ouvrir
l'Helvétie aux Coalisés. La
réponse fut conforme aux
engagemens pris par le Gouver=
nement françois. Perrochel
et Massena furent prévenus,
et m'en instruisirent; mais
l'impression produitte, par la
comunauté des périls, ayant
dans l'intervalle, dérangé les
p momentanément les projets
des ennemis du Directoire, celui
ci ne fut point dans le cas de requérir l'as=
sistance françoise, et lorsque
sur la fin de l'année 1799, ces
derniers reprirent leurs projets,
ce fut d'accord avec le ce même Gouverne=
ment françois, qui désiroit
à cette époque, qu'un Gouverne=
ment provisoire, remplaçât
le Gouvernement constitutionel
dont la Garantie, étoit une
charge devenue pour lui, une
char obligation trop onéreuse.
En attendant on fit circuler
des bruits tendans à répandre
les suspicions, et la défiance.
Le Directeur Ochs, qui avoit
<73> des Cliens, des créatures et des fla=
teurs, fut indiscret, soit avec,
soit ou sans intention; et les agens
françois, contrariés peut être de
ce que nous ne voulions plus
de leur appui, qui aurroit né=
cessairement accru notre dépen=
dance, ne furent pas fâchés de
s'en venger aux dépens de celui
auquel ils attribuoient ce change=
ment: ils m'eussent d'ailleurs volontiers
1 mot biffure sacrifié, mes enemis personels,
pourvû qu'à mon tour, j'eusse
consenti à faire leurs volontés.
M) Sortie d'Ochs du Directoire
Ce Directeur qui, plus que tous
ses Collègues avoit sur la Suisse,
des conoissances précieuses, et
auquel on ne pouvoit contester
le mérite d'avoir voulu la révo=
lution, quoiqu'il fut Grand Tri=
bun de Bâle, s'étoit malheureu=
sement attiré l'inimitié, des
amis de l'indépendance nationa=
le, par la profession publique qu'il faisoit
d'un fort dévouement illimité pour
la France, par ses liaisons intimes
avec le Directeur Reubell beau=
frère de Rapinat, et surtout,
pour avoir consenti, à l'instiga=
tion de ce dernier, à remplacer
dans le Directoire, les Directeurs
Bay et Pfyffer, qui en avoient
été scandaleusement expulsés.
Ochs avoit, enfin contracté la
funeste habitude de faire part
de nos affaires intérieures, à une
foulle de personnes qui en tiroient
parti contre nous. Les choses en
étoient venues au point de nous
forcer à faire bande à part. Il
falloit mettre un terme au
scandale; nous invitames Ochs
à résigner, ce qu'il fit de suite,
sans bruit, et sans que nul en
eût conoissance: il se sentoit grave=
ment coupable.
Le Corps Législatif convoqué
le lendemain, de très bonne heure
avoit accepté la résignation, et
tout étoit terminé, lorsque Perroch
Perrochel en fut instruit. Aussi=
tôt il se présenta au Directoire,
pour demander les raisons motifs de
ce qui étoit arrivé. Le calme avec
lequel il fut écouté, et le laconisme
de mes réponses, come Président,
lui firent bien vite comprendre,
que sa démarche n'étoit pas
trop justifiable. Il s'en apper=
çut, et se retira; mais, il est
hors de doute, que dans son
Rapport à ses Supérieurs, je figurai come le
<74> Chef entreprenant d'un parti
oppôsé au Gouvernement fran=
çois.
N) Projets rélatifs à la
réforme de la Constitution
L'étrange conduite du Corps Légis=
latif, à l'égard du Directoire,
auquel il refusoit obstinément,
les moyens de gouverner, et
1 ligne biffure la paresse de ces Représentans
2-3 mots biffure de la nation pour
la paresse, l'impéritie 1-2 mots biffure
malveillance,
de la nation, 1 mot biffure l'impéri=
tie de la majorité, et leur
malveillance habituelle, devoient déconsidé=
rer le Gouvernement helvétique
auprès de celui de France, et
encourager les ennemis de la
République une et indivisible, dans
leurs tentatives pour la déstruction
de destruction .
Ce fut aussi, ce qui arriva. Ces der=
1/2 mot biffureniers perdirent toute retenue,
protêgés ouvertement come ils l'é=
toient par les Neutraliseurs, Ca=
pituleurs, Modérés , et quoique
les vues de ces adversaires diffé=
rassent beaucoup, tous firent
cause comune contre nous, qui
nous montramesions décidés à main=
tenir à tout prix la Constitution éxistante.
<75> Come les loix organiques qui
étoient indispensables pour faire
marcher cette Constitution, n'é=
xistoient encore que partiellement,
le Service public eut été constam=
ment interrompu, si nous n'a=
vions pas pris sur nous de sup=
pléer à ces lacunes; et tout aussi=
tôt, les homes ci-dessus, en ren=
doient le Directoire responsable,
tandis qu'eux seuls étoient les
vrais coupables.
Falloit-il récriminer? Nous
pensâmes, que ce seroit une faute
grave, et nous eumes raison;
mais, le desir de 1 mot biffure la con=
corde, ne devoit pourtant pas
être porté au point de tolérer les
atteintes directes portées par ces
homes à la constitution, tolérance
qui les accoutuma à la violer
sans scrupule, jusqu'à ce qu'après
l'avoir 1 mot biffure détruite, ils furent
entrainés avec elle.
Cet excès d'indulgence de notre
part, n'en mérite point de la part
de ceux qui nous jugeront avec
calme et impartialité: Nous
étions avions la mission expresse
de faire éxécuter la Constitution et
les loix, ainsi que de les deffendre,
envers et contre tous. Je passe
donc condamnation sur ce point.
Je suis même plus repréhensible
que d'autres, puisque c'est moi, qui
le premier, proposai des Conféren=
ces, pour aviser aux moyens de
corriger d'un comun accord, la
Constitution, en nous aidant de l'éx=
périence qu'on avoit acquise .
La 1ère Conférence eut lieu, chez moi:
Plus de 20 membres influens du
Corps Législatif, s'y rencontrè=
rent, et l'on discuta fort longue=
ment sans convenir de rien.
Dans le but de prévenir les diva=
gations, on indiqua une 2de Con=
férence, destinée à pour fixer le mode
du travail, et les membres furent
invités à rédiger présenter leurs vues
par écrit.
Cette 2de conférence se tint chez
Mr Carrard membre du Grand Conseil,
mais 7 persones seulement y assistè=
rent, et elle fut la dernière.
<76> Conformément à ce qui avoit
été convenu, mon Collègue Secre=
tan et moi, remimes avec con=
fiance, quelques notes, dont nous
n'entendimes plus parler depuis.
Peutêtre même qu'on en fit usage
pour nous nuire dans l'esprit
des homes simples et crédules; car
tous les deux, nous nous étions pro=
noncés pour un Pouvoir Exécutif
très fort.
Le seul résultat de cette tenta=
tive, fut de montrer à nos ad=
versaires le parti qu'ils pour=
roient tirer désormais de con=
férences 1 mot biffure pareilles, pour
mieux combiner leurs attaques.
Celles ci devinrent dès lors beau=
coup plus fréquentes, et décé=
lèrent le Systême qu'ils déve=
loppèrent plus tard, et que favo=
risoit surtout la mesure qu'ils
dictèrent au Corps Législatif,
pour arriver à la Réforme de
la Constitution.
Selon eux, cette Réforme devoit
comencer par le Directoire, au=
quel devoit être substitué, un
Pouvoir Exécutif plus nombreux,
composé des principaux me=
neurs, et de leurs Cliens, un Direc=
teur de chaque Canton. dont chaque Canton devoit fournir
un membre.
Le Directoire eut encore le grand
tort de ne pas arrêter ces tenta=
tives, ainsi qu'il en avoit le
droit; il se borna, pour le mo=
ment à déclarer bien clairement qu'on ne
parviendroit 1 mot biffure impunément à le pas
impunément à le remplacer
ment à faire connoitre claire=
ment, qu'on fin de la ligne biffure ne parviendroit pas
début de la ligne biffure n'essayant pas
avec impunité de le remplacer
par un Pouvoir inconstitutionel,
ce qui rallentit un peu, le
zèle des Faiseurs, mais accrut
en échange leur mauvaise hu=
meur.
Pour faire diversion, on le soma
d'une manière péremtoirement, de
présenter ses Comptes, en lui an=
nonçant, que le jour où ils se=
roient produits, seroit le dernier
de son éxistence,: parce que on sa=
voit qu'il lui étoit impossible
de satisfaire sur le champ, à cette
somation, et qu l'on espéroit se
faire du retard, une arme con=
tre lui.
Le patricien Zuricois Finsler
1 mot biffure Ministre des Finances, qu'on
avoit chargé de préparer ce tra=
vail lorsqu'il étoit encore en
Ministre place, s'en étoit mollement
occupé, et nul autre n'avoit
pu encore le faire 3 caractères biffures à sa place.
Lorsqu'enfin, j'eus obtenu sonson éloignement,
renvoi qu'on l'éloigna il 3 caractères biffure
sa mauvaise humeur ne fut plus
dissimulée,: pPartout où il
le put, il entrava 1 mot biffure le tra=
vail, et malheureusement il
pouvoit beaucoup, parce que
tout ce qui tenoit à la partie
financière de l'Administration,
<77> avoit été exclusivement entre ses
mains, dès le comencement, et qu'on
ne pouvoit l'en retirer aussitôt
vite qu'il l'eût fallu. Doué d'une grande
capacité, Finsler étoit ne vouloit
pas la nouvelle Constitution. IlEn secret il étoit l'ame des
étoit, Quoique e
complots dirigés contre le Directoi=
re, mais il se gardoit bien de révêler
à tous ses associés, le fonds de sa
pensée: qu'on juge, combien il
devenoit pénible pour nous, d'être
forcés, 3-4 mots biffure d'employer cet home,
qui, devenu nécessaire, nous trahis=
soit et dont la besogne ne pouvoit
être faitte par d'autres .
O) Traité de Comerce
Nous fumes encore trahis d'un ma=
nière bien plus fâcheuse, par des
Suisses, dans la négociation du Trai=
té de comerce avec la France.
<78> A force de sacrifices et de pro=
messes, le Directoire étoit enfin
parvenu à signer avec elle un Traité
de Comerce, aussi avantageux
et honorable, que les conjonctures
le permettoient, et dont le résultat
devoit être de lui rallier tous
les homes bien pensans, et en par=
ticulier, l'Helvétie orientale,
dont l'importante industrie manu=
facturière, alors écrasée, alloit
prospérer de nouveau.
Ce Traité ayant été ratifié par
les autorités suprêmes de l'Helvétie, et
par le Directoire françois, il ne
restoit plus à obtenir que leur la
ratification du Corps Legislatif
françois. L'un des Conseils l'accor=
da sans hésiter, mais et tout porte
à croire que le Conseils des 500, en
eut fait autant, si l'on n'eut pas
comis en Suisse, l'imprudence
de le publier avec une telle affectation, dans
les Gazettes, avec une affectation
qui sécondée par la malveillance des partisans de l'ancien régime
et des ennemis du Directoire, parvint
à persuader aux manufacturiers
françois 3-4 mots biffure que leur Gouver=
nement françois avoit donné
dans un piège tendu par les Anglois
et les Suisses coalisés contre l'Indus=
trie de la France. Cette Tactique
réussit. Une rumeur violente s'éleva dans
le Conseil des 500, et fit jeter
et le Traité fut rejetté. La nation
helvétique fut ainsi privée du 1er Traité
de Comerce qu'elle eut été dans le
cas de conclure jusqualors, Traité
qui eut servi de base pour d'autres,.
mais Les ennemis du Directoire
helvétique et de notre Révolution
en triomphèrent; ils avoient réussi
à la priver de l'appui, que la
reconnoissance de la Suisse ma=
nufacturière, leuri eut procuré,
et ils ne nous verrons le parti
qu'ils en tirèrent.
P) Emprunts forcés
C'est au milieu de ces tristes
1-2 mots biffure contre tems, qu'1/2 mot biffure que le Général
moitié de la ligne biffure Emprunts
forcés que
Masséna énorgueilli par la
victoire de Zurich, et se rappelant
qu'on ne lui avoit pas envoyé à
tems les bataillons promis, im=
posa à plusieurs grandes comu=
nes, la Contribution des Emprunts
forcés, come si ces comunes 1 mot biffure eussent fait
partie d'un pays conquis.
Sans doute, les besoins de l'ar=
mée françoise étoient extrêmes,
<79> et nul ne les conoissoit mieux que
nous, qui y avions pourvu depuis
la reprise des hostilités, et dont l'assis=
tance avoit procuré au Général
françois, les moyens de conserver sa posi=
tion, pendant tout l'Eté, ce qu'il n'aur=
roit pu sans notre généreux dévouement
au milieu de la défection générale, aban=
donné par le D, come il l'étoit, par
le nouveau Directoire jacobin, dont
l'impéritie préparoit alors la chute
prochaine de la République francoise.
L'Helvétie devoit bien aussi de la re=
connoissance à l'armée françoise, et
il n'est pas douteux que, si Massena eut
exposé au Gouvernement helvétique la
pénurie d'argent qu'il éprouvoit, ce
Gouvernement 1 mot biffure l'aurroit assis=
té aurroit fait des efforts pour l'assis=
ter. Mais, procéder come ce Général
le fit, étoit sans excuse, et le Directoire
françois, ainsi que son affreux Minis=
tre de la guerre, Dubois-Crancé, se
conduisirent, dans cette conjonctures,
en Barbares impolitiques et féroces.
avec une brutalité féroce
indigne de véritables hom=
mes d'Etat.
Le Directoire helvétique ne pouvoit
hésiter. Les mesures énergiques qu'il
prit, et celles qu'ils proposa au Corps Le=
gislatif, prouvèrent qu'il étoit digne de
la confiance de la nation, et lui mé=
ritèrent valurent et le témoignage 1 mot biffure public
d'avoir bien mérité de la patrie, dont
il fut honoré par un Décret, 2 mois
seulement avant le 7. Janvier.
En même tems qu'il adressoit au Di=
rectoire françois une lettre fière
énergique et pleine de dignité
qui ne lui fut pas pardonnée, il pre=
noit des mesures, afin que les fautes
du général françois, ne retombassent
pas sur son armée, ou sur l'Helvétie
elle même. Il entrevit tout de suite
que les comuns ennemis, tireroient par=
ti de cette altercation. Les invita=
tions qu'oni lui adressa parvinrent de
plusieurs côtés, et les sourdes menaces
qui retentissoient contre les François,
lui prouvèrent qu'on s'attendoit à
une insurrection, qu'on vouloit la
desiroit, et vouloit l'y faire particip=
per; il sçut éviter le piège.
Quel eut été, en effet le résultat
d'un pareil mouvement, 3 caractères biffure dont
la loy du talion justifioit sans doute
peutêtre la légitimité? L'armée françoise
aurroit succombé sans doute pour le moment mais les d'autres armées françoises, accou=
ennemis seroient revenus sur leurs pas,
et
rant pour venger leurs frères, l'Helvé=
tie, n'aurroit bientôt offert qu'un
monceau de ruines.
Dans cette crise, le Directoire sçut se
placer, come il convenoit, pour def=
fendre la nation. Quoique seul en
butte à la vengeance des François, mauvaise humeur du Gouverne=
ment des François il s'occupa dabord de leur salut; et tout en parois=
sant vouloir se mettre à la tête du
mouvement prémédité contr'eux, il
parvint à le 1 mot biffure prévenir.
Sa conduite dans ces momens difficiles,
<80> n'ayant jamais été bien connue,
n'a pu être aussi être appréciée, et la
nation ne lui a tenu aucun compte
de s'être exposé pour lui épargner les
calamités qui aurroient fondu sur
elle.
La mauvaise humeur du Directoi=
re jacobin de France se manifesta bientôt d'u=
ne manière digne de lui. Perrochel
qui avoit ôsé l'éclairer, fut rappelé,
et très maltraité. Massena reçut des
instructions pour expulser du Directoi=
re helvétique, les homes que ses Mai=
tres appeloient les ennemis des 2 ré=
publiques. Come les mesures énergiques
avoient été surtout proposées et soute=
nues par moi, c'étoit de moi surtout
qu'il falloit se débarrasser, à tout prix,
et depuis mon retour en France, j'ai
appris, que je devois être enlevé, pour et
1 mot biffure transporté en France par les ordres du philosophe
Sieyes, du G. Moulins, de Gohier, de
Roger Ducos et de Barras.
Le bruit de cette fructidorisation prochaine du Dre helv
prochaine du Directoire helvétique,
(c'étoit le nom donné alors à ces coups
d'Etat), ayant été répandu, sans doute
pour sonder l'opinion, Massena espéra
nous effrayer, en faisant marcher
sur Berne 5000 homes, et tracer sur
les hauteurs dominantes, un camp
pour l'ameublement duquel, il de=
manda, et on lui fournit tout ce
qu'il fallait demandoit.
Sans changer de conduite, le Direc=
toire lui accorda tout.; mais il avoit
si bien pris ses mesures, pour empêcher
les ambitieux et les traitres de se
laisser employer par l'Etranger, que
peu de jours après, Massena jugea
plus prudent de rappeler ses troupes.
Un nouvel agent françois, Pichon
venoit d'arriver, dans ces entrefaittes.
Une négociation fut entamée, pour
la forme, avec lui et le Général fran=
çois au sujet des Emprunts forcés,
que le Directoire jacobin assuroit
vouloir rembourser. Pichon essaya
dabord d'obtenir du Directoire hel=
vétique le Rapport de ceux de ses
énergiques Arrêtés, qui avoient irrité
<81> dont la publicité avoit irrité son Gou=
vernement. Cette proposition ayant
été écartée, il fut alors question des
changemens dont notre Constitution
et le Traité d'alliance étoient suscep=
tibles. On vouloit disoit-il rendre celui
ci moins onéreux pour nous, et l'on
en faisoit la plus sévère critique. En=
fin on consentiroit volontiers à tou=
tes les modifications à apporter à
notre Charte constitutionelle; mais
pour obtenir ces résultats, il il falloit
un Grand 1 mot biffure le rétablissement
créer d'un Gouvernement provisoire, afin
que le Conseil Législatif fut purgé
des membres ineptes, ou malveillans
qui avoient entravé le Gouvernement
constitution établi.
Q) Manoeuvres préparées pour
établir le Provisoire
La doctrine de Pichon fut proposée, à
diverses reprises, à mes Collègues Secre=
tan et Oberlin, et finalement à moi.
Il eut été, en effet, beaucoup plus fa=
cile d'opérer la Métamorphose desi=
rée par Pichon, par à l'aide de la majorité du
Directoire, et à cet égard, nous pouvon=
vons dire avec certitude, que nous avtenions
dans nos mains, le sort de nos adversai=
res, mais jusqu'à la fin de la ligne biffure
impossible dont on nous eut fait bon marché; mais les conséquences d'un pareil
Coup d'Etat, étoient trop évidentes, pour
s'y prêter. Pichon rebuté par nous,
s'adressa alors à nos 2 autres Collègues
et à nos adversaires du Conseil Légis=
latif, qu'il trouva plus disposés à l'écouter
et à le croire.
Ces derniers que le Decret rendu à no=
tre honneur à propos des Emprunts for=
cés, avoit jusqu'à la fin de la ligne biffure
1/2 mot biffure réduit momentanément au Silen=
ce, ceux qui avoient espéré qu'en succom=
bant à la t s'étoient bercés de l'espoir
que nous succomberions à la tentation
de rompre avec le Gouvernement françois,
ce qui les eut débarrasserroité de nous. Notre
conduite, tout à la fois, énergique et mé=
surée, détruisit leurs espèrances 1 mot biffure
détruisant leurs espérances, les avoit
de nouveau réveillé leur mécontente=
ment, et ils se trouvoient merveilleuse=
ment préparés pour accueillir les offres de Pichon.
Voici l'une des manoeuvres employées
pour atteindre le but.
Lorsque l'Helvétie orientale fut oc=
cupée par les Coalisés, des Gouvernemens
provisoires avoient été établis par
eux, et come le personnel de ces Gou=
vernemens étoit consistoit exclusive=
ment en homes de l'ancien régime,
leur administration se ressentit de leur
nature vindicative, 4 caractères biffure partout, où
le généreux Archiduc Charles Gl en. chef
des Coalisés, et le respectable Avoyer
Steiguer, n'y mettoient mirent pas obstacle.
Après l'évacuation du territoire
helvétique, qu'entraina la victoire de
Zurich, quelques uns de ces Gouvernans
s'enfuirent; le plus grand nombre de=
meura
<82> comptant sur la protection de
nos ennemis. Le
Le Directoire ayant ordonné l'ar=
restation de ceux de Zurich, sur
le vû d'une Proclamation émise
par eux, pour lever des troupes
contre la Rèpublique, document
qui étoit entre ses mains, ordonna
au Tribunal compétent de procéder
contr'eux. Le Tribunal s'étant décla=
ré incompétent par des motifs qui
honoroient sa délicatesse, le
Directoire aurroit 1 mot biffure été autorisé
peutêtre à en désigner un autre,
mais fidéle aux principes rigou=
reux, il lui parut que la poursui=
te étant intentée en son nom,
le Tribunal devoit être à l'abri
de toute influence quelconque de
sa part. Il En conséquence,de2 caractères biffure
la question fut déférée par lui au
C. Legislatif. Qui croiroit cepen=
dant qu'une conduite aussi impar=
tiale pût ou dût lui attirer
le déluge d'injures grossiéres qu'on
vomit contre lui, que les Gazettes
propagèrent avec profusion, et
que le fanatique Lavater et ses pa=
reils répétèrent du haut des chai=
res? L'oubli des convenances
alla si loin, qu'on ôsa faire publi
dans les Conseils, l'éloge de ces Gouver=
nans provisoires qui avoient appel=
lé aux armes les ennemis de la
liberté du peuple.
Ce fut alors que reconoissant l'im=
possibilité de gouverner avec de
tels élémens, je vis qu'il étoit in=
dispensable 1° d'avoir l'assuran=
ce bien positive du Gouvernement
françois, jusqu'à la fin de la ligne biffure
qu'il garantiroit la Constitution
éxistante, conformément au Traité
d'alliance. 2° de faire éxécuter
l'article de la Charte constitution=
nelle qui ordonnoit au Corps
Legislatif siégeant abusivement
depuis 20 mois, de 2 mots biffure
1 ligne biffure
s'ajourner après une session de
9 mois. 3°, de composer une
Comission des homes les plus ca=
pables, qui seroit chargée, 1 mot biffure
pendant les 3 mois d'ajournement
du C. Legislatif, de préparer,
<83> les travaux jugés indispensables
lors de sa rentrée, pour réformer
et organiser mieux, ce qui en
avoit besoin.
Plusieurs de nos adversaires les plus
prononcés, se trouvoient sur nos lis=
tes de présentation, parce que leurs
conoissances et leurs moyens l'em=
portoient, à nos yeux, sur le
déplaisir que nous causoit dailleurs
leur opposition passionée.
C'est dans cet esprit que je rédigeai
les documens consignés depuis dans
le Rapport présenté le 7e Janvier
au Conseil Corps Législatif, par
la Comission des Dix. L'un de ces
documens avoit toutefois été supprimé
par elle: c'étoit le projet d'une pro=
clamation à adresser au peuple,
pour inviter les bons citoyens, à
transmettre leurs renseignemens
et leurs réclamations, document qui
attestoit la pureté de nos intentions.
Mes 2 collègues Secretan et Oberlin,
auxquels je les comuniquai, furent
complettement de mon avis. Si je ne
moitié de la ligne biffure Dolder et 2 caractères biffure
Savary 1 mot biffure n'en furent point pré=
venus avant la séance, c'est qu'ils
avoient perdu notre confiance, 1 mot biffure
depuis que nos délibérations étoient 1 mot biffure
révélées, aussitôt apres nos séances,
étoient deux 2 mots biffure objets par leur cou=
pables indiscrétions. Il fut donc
convenu de préparer tout pour le
moment ou le Directoire seroit réu=
ni, afin de se mettre à l'abri et d'être à l'abri de l'indis=
crétion et de se mettre à l'abri des indiscrétions de notre Bureaucratie.
Ce fut le respectable Secretan qui
proposa d'inviter le Secretaire géné=
ral Mousson, à se rendre chez moi,
où lui même se trouvoit alors. Il
fut introduit dans mon Cabinet,
tandisque Secretan et quelques amis
soupoient dans une Chambre atte=
nante; ensorte que grace à ce
hazard, il n'eut à faire qu'à moi
seul.
J'ai toujours regardé ce jeune home
come un Séïde, entrainé à son insçû
par des homes bien moins capables,
mais beaucoup alors plus rusés que lui
à cette époque. Glayre dont les
formes étoient celle d'un home vieilli
à la Cou dans les roueries de la cour
du dernier roi de Pologne Stanislas,
éxerca 5 caractères biffure particulierement sur lui une
influence facheuse, jusqu'à la fin de la ligne biffure
la reconoissance sur l'esprit de Mous=
son qui lui étoit attaché par
la reconoissance: Cet Ex-Directeur
que la peur avoit jadis chassé du
Directoire, qui regrettoit de n'ê=
tre plus rien, depuis que les grands
dangers avoient cessé, et qui ne
pouvoit pardonner à ses anciens
Collègues, d'avoir déjoué les intri=
gues qu'il étoit avoit liées à
Paris, lorsque1 mot biffure où nous
<84> nous avions du l'envoyer come
3 caractères biffure Plénipotentiaire extraordinai=
re pour satisfaire les Politiques
Politiques neutralisateurs: Glayre dis-=
je, avoit malheureusement 1 mot biffure
réussi à jusqu'à la fin de la ligne biffure
1 ligne biffure faire de ce jeune home intéres=
1 mot biffure
sant un instrument dévoué au
parti qui nous étoit contraire. La
correspondance qui eut lieu, à la
suite de notre ma conférence, avec notre
Secretaire général, a été fidèlement
rendue publique. Mon respectable
ami Secretan étoit encore chez moi,
lorsque le 1er Billet de Mousson
me parvint; sa surprise égala la
mienne; ni l'un, ni l'autre cependant
ne soupçonnoit encore de la perfidie.
Le lendemain, de bonne heure, je
me rendis chez Dolder alors Président
du Directoire, pour lui comuniquer
les documens mentionnés, et nous 1 mot biffure
allames ensemble au Directoire.
La discussion ayant eu lieu sur
ces documens, la Minorité (Dolder
et Savary) exprima le desir d'un
ajournement, sous le prétexte, de
tenter de nouveaux moyens de
s'entendre. Mes 2 Collègues ayant
adhéré à cet avis, qu'ils croyoient
dicté par des intentions sincéres,
l'ajournement fut voté, malgré moi,
je l'avoue, parce que je croyois peu
aux espérances de conciliation qu'on
sur lesquelles on insistoit; peu de jours
après, mes doutes furent justifiés.
En effet, loin de chercher à se rap=
procher, nos adversaires, mirent à
<84> profit l'ajournement pour hâter
dans le plus grand secret, leurs
préparatifs, et leurs Gazettes, ainsi
que leurs Emissaires, répandirent
le bruit d'une conspiration tramée
contre le Corps Législatif, dont je
devois être l'auteur, dans le but
de m'emparer du Pouvoir.
Tandis que le Préfet du canton du
Léman (Polier), répandoit pieu=
sement ces calomnies dans les cam=
pagnes, par des Circulaires jésuï=
tiques, que le Nouvelliste vaudois
imprimoit impunément, l'Evêque
de Fribourg nous insultoit dans
ses mandemens, Lavater et ses
accolytes protestans prêchoient
contre les Achab du Directoire.
Il étoit tems encore de mettre un
terme à ce scandale. Forcé malheu=
reusement de m'abstenir pendant
10 jours, des Séances du Directoire,
par une violente irruption de
bile, fruit du chagrin que me
cau causoit la pitoyable conduite
de tant de 4 mots biffure de tant
d'homes de fonctionaires publics, et
l'impuissance où je me trouvois
d'y remédier, 1 mot biffure les 2 autres
membres de la majorité majorité
au lieu de s'occuper de cet objet avec
urgence, se laissèrent endormir par
de belles promesses, et par des mesu=
res dilatoires qui donnèrent à ceux aux adversaires, le tems
3 mots biffure
d'achever leurs préparatifs.
La création inconstitutionelle d'une
Comission de 10 membres tirés
des 2 Conseils, et sa composition
d'homes tous opposés au Directoire,
en fut la suite. On nous la comu=
niqua come un acheminement à
la conciliation, le jour même où
le Directeur Secretan, qui avoit
obtenu un congé de 5 jours, venoit
de partir pour Lausanne. Je ne
fus point dupe; mais il falloit dis=
simuler jusqu'au retour de mon
Collègue, dont l'ame pure et le
coeur généreux répugnèrent jusques
au dernier moment, à croire aux
noirceux et aux machinations
dirigées contre nous. La seule
mesure, vigoureuse prise pendant
son absence, le fut contre les Ré=
dacteurs du Nouvelliste vaudois
et répandit l'allarme au Quartier
général des Conspirateurs.
Ils s'étoient assurés de l'appui de
Pichon. Mécontent de la majorité
du Directoire, qui persistoit à ne
point vouloir dégager le Gouverne=
ment françois, de l'obligation de
remplir les conditions clauses du Traité d'al=
liance qui lui paroissoient, alors
onéreuses , et qui rejettoit
<86> avec obstination le Provisoire
destiné placé 1 mot biffure secret projetté pour proposé astucieusement
le délier, Pichon avoit fait son
métier diplomatique, et fait entrer
dans ses vues,
pour le délier de ses engage=
mens, Pichon avoit fait
son métier de Diplomate, en
entrainant dans son parti, Ceux qui jusqu'alors
s'étoient montré les plus constans
ennemis de la France.
Changer la Charte constitutionelle
étoit le rêve familier de ces homes,
qui, prèsques tous, avoient en poche
leur projet favori. Sans èxaminer
ces conceptions diverses, il fut pro=
mis à leurs auteurs, qu'on ne s'op=
poseroit point à leur présentation;
on garantit la plus entière d'in=
dépendance d'éxécution, et le 15e
Janvier 1800 fut désigné le grand jour
fixé, pour mettre sous les yeux
du Corps Législatif, les nouvelles
grandes bases constitutionelles, des=
tinées à éterniser nos destinées,
ainsi que la gloire de nos modernes
Salons.
Le Directoire étoit incomode à tous
par sona opiniatreté résistance obstinée: sa Majorité
surtout, dont on me faisoit, j'ignô=
re pourquoi, le Régulateur, n'étoit
surtout point en bonne odeur auprès du
Directoire françois; son l'exclusion
de cette première autorité, fut donc admise sans difficulté.
J'étois, en particulier, un Archi-ré=
volutionaire avec lequel des Hom=
mes d'Etat amis de la Neutrali=
té, de la modération et des bons
principes, ne pouvoient plus aller
de concert. J'étois un ambitieux,
car je n'avois pas voulu résigner,
lorsque mes Collègues l'avoient pro=
posé, et les aspirans au Gouver=
nement provisoire, se trouvoient
par là privés de la faculté de déployer
leurs talens supérieurs sur ce théa=
tre. Enfin, j'étois un ennemi ca=
ché de la France, puisque je résistois
8 caractères biffureement à la bonne volonté
manifestée par son Gouvernement,
en faveur de notre indépendance, et je
travaillois en outre à préparer
la formation d'une armée contr'elle.
Ceci mérite d'être développé.
Les bataillons dont le Corps Légis=
latif nous avoit accordé la levée,
successive, avec tant de mauvaise
grace, ne pouvant être mis sur
pied que lentement, et étant
dailleurs insuffisans, je proposai
<87> j'avois proposé au Directoire, d'appeler chaque
mois 400 Sous-Officiers de l'Elite
pour les faire éxercer par l'Inspec=
teur général Weber, ce qui fut
éxécuté et eut les plus heureux résul=
tats. L'intérêt que je prenois à
la formation de ces Sous-officiers
étoit très vif: je connoissois l'im=
portance de cette formation, pour
les milices, et desirois sincêrement
que nos Bataillons d'Elite, pussent
faire un service utile, si, come tout
l'anonçoit, la guerre se rallumoit
au Printems.
J'ai beaucoup oublié, j'oublie et
je pardonne encore, tous les jours,
mais je ne puis contenir mon in=
dignation, en pensant qu'un pre=
mier magistrat helvétique, ait
été dénoncé, par des Suisses, à un Gou=
vernement étranger, pour avoir
voulu mettre sa nation, en état
de deffendre, 3 mots biffure sans assistance étrangère,
sa liberté et son indépendance;
certes si c'est là un délit, il y a de
l'honeur à s'avouer coupable.
Enfin la proposition d'un Gouver=
nement provisoire plaisoit, tout
à la fois, à beaucoup d'excellens ci=
toyens amis de la paix, mais sim=
ples et peu prévoyans, qui voyoient regardoient
dans cette mesure, come un moyen doux
et assuré, d'opérer facilement des
réformes, et aux ambitieux qui,
soit, parce qu'ils n'avoient pas atteint l'age
normal, soit pour d'autres causes
n'avoient pu arriver au Directoi=
re, sous la Constitution établie, mais
1 mot biffure comptoient sur le Provi=
soire qui la remplaceroit.
Les conditions du marché ayant
été ainsi conclues, il ne fut plus
question que de fixer le moment de l'éxécu=
tion.
Le 6e Janvier 1800, plusieurs in=
cidens me confirmèrent dans l'idée
qu'il se trâmoit quelque entreprise
prochaine. Mes 2 Collègues, et
entr'autres, Secretan revenu mala=
de de Lausanne, ne auxquels j'en
fis part, en leur proposant quelques
mesures de précaution, jusqu'à la fin de la ligne biffure furent d'un autre
moitié de la ligne biffure
avis. Ennuyés, et excédés, ils de leur
métier, ils croyoient, que, calomniés
come nous l'étions, il nous importoit
de conserver une attitude passive
et confiante qui pourroit rallier
les gens de bien, si nos adversaires
se permettoient quelques violences;
ils présumoient trop de nos conci=
toyens.
Ainsi fut amené le 7e Janvier 1800,
sans qu'aucun des 2 caractères biffure fameux patriotes
si vantés ôsât nous révéler les complots dont
<88> ils avoient connoissance. Eux aus=
si nous adressoient des reproches;
nous n'étions pas patriotes assez
chauds, et ne leur nous ne les entretenions pas
suffisament des affaires publiques;
ils aurroient fait volontiers de
nous, des Comères babillardes. Ce
reproche me fut particuliérement
adressé.
R) Le 7e Janvier 1800
Il seroit superflu, Monsieur, de
vous donner sur cette journée,
des détails que vous conoissez déja:
en voici quelques uns que vous
ignorez peut être.
La Séance du 7e Janvier fut très
courte.
Le Président (Dolder), après 2
ou 3 affaires insignifiantes, nous
montra son Portefeuille vuide,
et nous invita d'écouter la lectu=
re d'un projet de Message, dans
lequel, après avoit fait un tableau
assez triste de notre situation,
il tomboit sans ménagement sur
le Directoire dans la bouche du=
quel, il mettoit les aveux les plus
deshonorans, finissant par une
résignation fondée sur ce que
ses membres n'avoient plus la
confiance publique.
J'eus peine à contenir mon
indignation. Oberlin refuta
victorieusement les allégations
de ce projet. Suivant sa coutume
Savary jetta les yeux autour
de lui, balbutia quelques mots
inintelligibles, et finit par dire
Ouï. Secretan qui gémissoit de=
puis longtems d'être à la galêre,
déclara être prêt depuis longtems
à résigner, mais nullement pour
d'après les motifs du mess projet
de message; il n'y mettoit que 2
conditions, la reddition préalable
des Comptes, et l'assurance que les
droits du peuple seroient demeu=
reroient intacts: la rédaction
qu'il qu'il en avoit faitte, dans
ce sens fut lue, mais non adoptée.
J'attaquai, à mon tour, sans ména=
gement, la forme et le fonds de
la proposition du Président, que
je 2 caractères biffure réfutai article par article.
Passant de là au mode de la
démarche proposée, je la signalai
come un piège tendu à notre
bonne foi. Une altercation assez
vive en fut la suite, et faillit
tout dévoiler. J'interpellai le
Président, pour savoir si la Com=
mission des Dix, avoit fait
quelques démarches auprès de lui,
en lui témoignant ma surpri=
se, de la conduite de cette Com=
mission. Il répondit formelle=
ment n'avoir vu aucun de ses
membres!! La discussion se
termina, par l'injo une injonc=
tion faitte l'injonction faitte
au Président d'inviter la Com=
mission
<89> à se rendre chez lui, pour y con=
férer avec le Directoire, sur les moyens
de mettre un terme à la 1 mot biffure
mésintelligence. Ce desir dominant
empêcha la majorité du Directoire de
s'appercevoir qu'elle étoit jouée par des
fourbes. On se sépara de la sorte, sans
rancune apparente, en se serrant la main.
Une heure après le Directoire étoit dé=
noncé par Mr Kühn son Comissaire,
qu'un sentim qu'un sentiment d'honeur
aurroit du retenir, puisqu'il étoit encore
responsable pour la mission de confiance dont il avoit
été chargé,. Des troupes étoient de plus disposées
partout, et les habitans de la campagne
informés par les Agens du complot, que
3 Directeurs avoient voulu trahir la
patrie, arrivoient en foule pour assis=
ter au spectacle.
Dès que la nouvelle m'en parvint, j'ap=
pelai mes 2 Collêgues. Secretan qu'une
cruelle indisposition retenoit au lit,
retrouva à l'instant tout son courage.
D'après mon avis, il adressa au Pré=
sident, l'invitation de conv au nom de au nom
de la majorité constitutionelle, l'invi=
tation de convoquer extraordinaire=
ment le Directoire, et en attendant
le résultat, nous allames tous les 3
revêtus de notre Costume prendre pos=
session du Palais du Ddirectoirerial.
Persuadé qu'on ne nous y laisseroit pas
tranquilles, je ceignis le sabre et
me fis apporter des pistolets. Au
moment où nous partions, 2 rep mem=
bres du Conseil Législatif, le Dr Sou=
ter et le Sénateur De la Fléchère, ac=
coururent pour nous instruire de
ce qui se passoit, et furent les seules mem=
bres qui remplirent leur devoir envers
nous.
La nouvelle de 4 mots biffure l'occupation du palais
Palais directorial remplit de crainte
nos adversai
directorial, par la majorité consti=
tutionelle du Directoire, remplit de
crainte nos adversaires, qui n'avoient
pas prévu, qu'ayant été surpris, nous
nous ôserions nous deffendre. La
garde du Palais prit les armes, selon
la consigne ordinaire; nous lui don=
names nos ordres, auxquels elle obéït
sans difficulté. L'intérieur du Palais
étoit abandonné; les armoires mêmes
des archives étoient ouvertes, et l'Ar=
chiviste (Vinet) essaya, dans le 1er
moment de se cacher:. on eut pu croire
Après nous être fait apporter la
Charte constitutionelle, et la loy du
13. Aout 1798 sur les attributions du
Directoire, nous nous constituames
par un Arrêté, Pouvoir Exécutif
constitutionel, et come le Direc=
teur Savary Vice-Président, nous
avoit annoncé qu'il se rendoit à
toute la ligne biffure
chez le Président, où s'étoient réunis
les Ministres, pour faire 2 mots biffure je fus
installé à sa place, Président ad
intérim du Directoire, et occupai le
fauteuil.
Le Comandant helvétique, Clavel
<90> qui avoit été mandé, fut admis,
et reçut nos ordres, qu'il promit qu'il pro=
d'éxécuter, mais ayant p
mit d'éxécuter,. qQuoique sa pâ=
leur, en recevant ses instructions,
fut un un signe équivoque, qui inspi=
roit peu de confiance, il falloit
bien en courir la chance, nul
autre, dans ce 1er moment, ne pou=
vant être mis à sa place. Trois Dans
heures après 2 mots biffure il reparut
pour nous faire part de sa 3 caractères biffure;
3 caractères biffure il avoit jusqu'à la fin de la ligne biffure
moitié de la ligne biffure nous le congédiames
avec le mépris qu'il méritoit.
l'intervalle plusieurs mesures
avoient été arrêtées, pour le mo=
ment où la querelle aurroit été
décidée. Notre fermeté començoit
à opérer. Plusieurs Employés s'é=
toient glissés inapperçus, dans
leurs bureaux et étoient à leur
poste.; et si nous avions eu alors
quelques homes capable de trans=
mettre nos ordres, la victoire
étoit à nous, tant les Conjurés
étoient peu préparés à quelque
résistance de notre part. Elle
étoit même encore entre nos mains,
malgré les négociations surve entamées
entre nos adversaires et les agens
diplomatiques et militaires fran=
çois, lorsque le Comandant
Clavel, vint après 3 heures d'attentes,
nous rendre compte de sa trahi=
son; il avoit bassement pacti=
sé avec les conspirateurs, aux=
quels il avoit en leur donnant le
temps de 3 caractères biffure révenir de leur effroi,
et nous laissant dans l'ignorance
de ce qui se passoit: nous le congé=
diames avec le mé calme du
mépris, qu'il méritoit.
Le Président de la minorité
(Dolder) qui avoit, au mépris
de la Constitution et de la Loy, avoit
eu l'imprudence de réunir chez
lui une assemblée opposée, à
cette la réunion du Directoire
constitutionel, venoit de nous
fournir, la plus belle occasion
de sortir d'embarras; il y avoit
acte de rébellion patent; il falloit
s'en prévaloir. Je proposai, en
conséquence à mes 2 Collègues,
de haranguer notre garde, et
de marcher à sa tête, pour
dissoudre cette minorité rebel=
le et arrêter ses membres.
Le succès étoit infaillible; mes
2 Collègues s'y refusèrent, dé=
goûtés du lâche abandon dans
lequel nous laissoient les hom=
prétendus patriotes, pour qui
nous avions déja beaucoup trop
souffert, et ne voulant, pour
faire aucun appel à la force,
pour une cause 2 mots biffure si
bassement trahie., ou pour la
conservation d'un pouvoir qui
<91> leur étoit à charge depuis longtems.
Ces motifs étoient louables assuré=
ment, mais notre mission éxigeoit
peut être ce dernier sacrifice; au=
jourdui j maintenant que les évê=
nemens ont prononcé, jusqu'à la fin de la ligne biffure
faut il on peut se féliciter de ne l'avoir
pas fait.
La comunication qui nous parvint
dans ce moment du Décrêt que le Corps
Législatif venoit de rendre contre
nous, ajoutoit à ces considérations,
quoique nous ne fussions pas de recon=
noître come légale, une obligés
de reconnoitre come constitution=
nellement légitime, un Décret qui
ne l'étoit pas. Nous cédames
donc à la force brutale; mais avant
de lever la Séance, nous rédigeames,
au nom du peuple, au nom duquel
nous avions èxercé nos pouvoirs,
une Protestation motivée, qui
fut dépôsée depuis en lieu sur,
pour y demeurer jusques à des
tems plus prospêres.
Ce dernier acte de notre Pouvoir une fois
terminé; après avoir siégé, au
milieu de nos ennemis pendant
5 heures, protégés seulement
par notre courage, que soutenoit
une conscience pure; après avoir
par notre la force morale de
notre énergie et de notre bon droit,
fait trembler ces ennemis qui
s'étoient entourrés de bayonettes,
nous levames la séance, à
7 heures du soir, et nous retira=
mes paisiblement chez nous,
où, dès le lendemain, on nous
transmit officiellement le Décret
inique qui devoit destiné à nous déshono=
rer.
Les Conspirateurs étoient encore
tellement étonnés, qu'ils forcé=
rent, par leurs menaces, Oberlin
à quiter Berne, tant ils crai=
gnoient encore la possibilité
d'une réunion constitutionelle
des 3 Directeurs.
Je le suivis, quelques jours
plus tard, pour me soustraire
aux avanies que la méchanté
et la couardise, me préparoient,
et allai me fixer à Lausanne
où mon Collégue Secretan et moi
fumes placés sous la surveillan=
ce des autorités locales.
Dès le lendemain de notre
destitution, nous avions deman=
dé la comunication des charges
dirigées contre nous, et la faculté
<92> de pouvoir répondre.
Chose 1 mot biffure étrange, mais qui caracté=
rise bien les grandes assemblées:
ceux qui venoient de nous con=
damner sans nous avoir enten=
dus, nous permirent de refu=
ter les motifs de leur Juge=
ment.
Secretan et moi présentâmes
le 14e Janvier suivant nos Mé=
moires justificatifs. Oberlin
s'en dispensa: il trouvoit inutile
de se justifier auprès d'homes
aussi scandaleusement injustes,
et n'avoit pas tort.
Le même jour, un Argovien mem=
bre du Gd Conseil (Herzog d'Ef=
fingue), demanda contre nous
le Décret d'accusation.
Au lieu de le sifler pour son pro=
pre honeur, le Corps Législa=
tif, fixa au 21e Janvier sui=
vant la discussion; et come si
tout avoit du être absurde
dans cette affaire, le Conseil Légis=
latif passa à l'ordre du jour
sur la motion de l'accusateur,
après nous avoir déja condam=
né.
Il paroit que depuis la Séan=
ce du 15e Janvier, plusieurs
membres du Corps Législatif avoien
avoient comencé à entrevoir l'abyme
dans vers lequel on les avoit entrainé.
Ce fut dans l'intervalle, que
le citoyen Mousson toujours
poussé par mes ennemis, s'oublia
au point de m'envoyer un Cartel.
à 2 mots biffure il étoit le Dénoncia=
teur =1-2 mots biffure puis Il avoit été
mon Dénonciateur, et avoit coo
péré, come Secretaire général, à Ayant été mon dénon=
me faire mettre sous surveillance
de manière
ciateur, il avoit, come Secretai=
re général contribué à me faire
mettre sous surveillance, de man=
nière ensorte que si j'eusse si
j'eusse accepté sa proposition,
ses complices alors maitres de ma
personne, n'aurroient pas man=
qué de sévir contre moi. Enfin
pour combler la mesure de tout
ce qu'on se permettoit alors, ce
Cartel d'un Secretaire général fut
du nouveau gouvernement,
inséré, à sa réquisition, dans
les feuilles publiques, sans doute
afin d'offrir que nul ne pût igno=
rer, que depuis le renversement
de la Charte constitutionelle,
au 7e Janvier, le Secretaire
général du nouveau Gouver=
nement avoit le droit d'afficher
son mépris pour les loix et les convenantes.
Ainsi que vous pouvez le croire,
les papiers publics indigènes et étran=
gers, ne nous ménagérent pas.
<93> Suivant l'usage, on nous rega=
la de ruades; nous étions prépa=
rés.
Les reproches de tyrannie, d'am=
bition effrénée et sanguinaire,
d'irréligion etc. etc. nous furent
largement prodigués: on ne
nous reprocha épargna en Suis=
se que le reproche de corruption:
nos ennemis les plus acharnés, eus=
sent rougi de se le permettre, et
certes cette distinction étoit rare
dans un siècle de vénalité; mais
hors de la Suisse, on fut moins
réservé.