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Lettre à Frédéric de Sacconay, Marseille, 06 mars 1744
de marseille ce 6e mars 1744
je tatonne en maprochant de toy mon cher saconay; ou je t'ay
perdu dans le goufre des plaisirs en ce cas je te retrouveray
bientost, ou peut étre quelque contretemps, comme tout ce que l'on
souhaite en est toujours semé, te met dans l'inquiètude et peut ètre
au desespoir, mais j'ay peine a croire celuy la, parce que l'on cherche
ses amis dans le malheur quoy qu'il en soit je t'aurois attendu si je
n'avois une commission a te donner. si tu habitois la france, tu
scaurois que les seules inquiètudes d'un mènage bien assorty sont
les domestiques quand a moy tout est bon, et car je les sers quand
ils ne me veulent pas servir; mais il ne faut pas que ma femme
soit de moitiè de ma philosophie, les provinces èpuisèes d'hommes
n'ont que des gueux dont la feineantise me fait mourir, a paris
l'on se sauve davantage sur le grand nombre mais cest toujours
a recommencer; je ne demande de ce peuple que l'on apèle laquais
que silence et permanence, et j'ay toujours eu en idée d'avoir
des allemans pour cela, maide moy je t'en prie a en avoir
deux, dont un jaspinat le françois, si tu pouvois me procurer
deux eiyduques je scay que cest une race chère, mais pourvu qu'ils
<1v> fussent bons je ny plaindrois pas l'argent, ou si tu ne me
le conseille pas, fais moy chercher du moins deux bons gros allemans
forts de matière et me les envoye... il ny a point de mais... qui
tienne tu me rendras un grand service adieu mon cher amy, mes
respects et baisemains a qui de droit