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Lettre à Jean Alphonse Turrettini, Groningue, 28 juin 1727
A Groningue ce 28 Juin 1727.
Je vous écrivis, Monsieur, il y a quelques semaines, sous souvert de
Mr de Lewe, & je ne doute pas qu’il vous aît remis ma Lettre.
Ce qui m’oblige à vous écrire encore aujourd’hui, c’est une commission
dont on m’a chargé, & qui, comme vous le verrez d’abord, est d’assez grande
importance, pour que je ne tarde à m’en aquitter. Voici ce que c’est
Nôtre Jeune Prince de Frise, Stathouder de trois Provinces, a commencé d’étudier
dans l’Université de Franeker, d’où il doit aller à Utrecht, ou peut-être à Leyde.
On souhaitteroit de lui donner un Précepteur, qui entendît le Droit, pour
lui en faire des repétitions: mais en même tems on voudroit une personne, qui,
sous ce titre de Précepteur, pût être une espéce de Sous-Gouverneur,
par conséquent d’une Sagesse & d’une politesse convenable à cet Emploi.
On a cru que peut-être se trouveroit-il, dans vos quartiers, quelcun
qui eût ces qualitez, & j’ai promis de vous en écrire; persuadé qu’il
n’y a personne qui puisse mieux connoître & deterrer une pers homme tel
qu’on le demande. Aiyez donc la bonté, Monsieur, de m’apprendre le plus
tôt qui vous pourrez, s’il y a quelque chose à esperer là-dessus. Je
souhaitte que vos incommoditez n’y soient pas un obstacle, & je ne cesse de
faire des vœux pour vôtre santé & vôtre conservation.
Mr d’Aduard me charge de vous faire ses complimens. Je n’ai point de
nouveauté literaire à vous apprendre, depuis ma derniére lettre. Vous aurez
sû la mort du Roi d’Angleterre, que nous apprimes ici il y a deux
jours. La promptitude de la maladie ne lui a pas permis d’aller
mourir à Hanover: il a été arrêté à Osnabrug. Il est bon, que
les Préliminaires de la Paix aient été signez avant sa mort.
Ma femme vous saluë; elle & moi saluons Madame
Turretin. Je suis, Monsieur, avec mes sentimens ordinaires,
Vôtre très-humble & très-=
obéïssant serviteur
Barbeyrac
A Monsieur
Monsieur Turretin (Jean Alphonse)
Professeur en Theologie & en
Histoire Ecclésiast.
A Genéve