,
« Assemblée XXVI. De l'usage des sociétés particulières », in Extrait des conférences de la Société de Monsieur le comte de la Lippe, Lausanne, 18 mai 1743, vol. 1, p. 294-313
- Société du comte de la Lippe (Auteur)
- Seigneux de Correvon, Gabriel (1695 - 1775) (Collaborateur)
Le comte de la Lippe ouvre la séance par le rappel des points importants de l'assemblée précédente. Il y a été question de réunions de sociétés (savantes, d'amusement, de prélassement et d'hommes), l'opinion générale avait été qu'il faut pratiquer toute société, en particulier les jeunes personnes, avec beaucoup d'attention et si possible la présence d'un supérieur qui puisse garantir au mieux l'intégrité morale. Pratiquer le "commerce" de sociabilité est cependant un objectif que le "Créateur" a assigné aux hommes.
Seigneux de Correvon, qui présente cette fois-ci un exposé plus approfondi sur les "sociétés particulières" (cercles littéraires, salons, académies, etc.), rappelle à nouveau que la vertu "est le premier caractère essentiel et indispensable à toute société". Ainsi, il ne faut pas confondre recherche de la sociabilité avec recherche du plaisir. Par exemple, se réunir pour jouer aux cartes et parler au hasard n'est pas une bonne manière de profiter de la compagnie des autres, puisque l'on perd son temps à ne rien apprendre, voire pire, à prendre de mauvaises habitudes. Malgré, une grande attention portée à la morale, comme Polier de Bottens dans l'assemblée précédente, Seigneux de Correvon, oriente cependant ses réflexions vers une perspective davantage libérale en rappelant que les académies et les sociétés de discussion en général sont les levains du progrès et qu'au sein de ces associations une "sage" liberté permet d'adopter une multitude de sujets et un point de vue plus sincère. En ce sens, Seigneux de Correvon critique fortement la recherche de la solitude qui restreint les facultés et forme généralement les "Enthousiastes", les "Esprits bizarres" et les "Chefs de Secte".
Au sein de la discussion qui suit l'assemblée différentes voix s'élèvent pour dénoncer la pratique du jeu (les cartes essentiellement) qui paraît systématique dans les réunions amicales et de société. Le marquis du Lignon allant jusqu'à dénoncer la fureur du jeu en société à laquelle s'adonnent bien trop volontiers les Lausannois.
-
Mots-clés:
- Droit et justice
- Droit naturel
- Histoire
- Erudition/encyclopédisme
- Lieux géographiques
- Italie - Rome
- France
- Philosophie
- Utilité publique
- Politesse
- Emulation
- Religion
- Christianisme
- Société
- Ecole/Académie
- Société savante/cercle/salon
- Franc-maçonnerie
- Sociabilité
- Education
- Vie culturelle/littéraire
- Divertissement - Jeu/danse
- Droit et justice
- Personne:
-
Société/Académie:
- Société littéraire du comte de la Lippe - Lausanne (1742-1747)
- Helder Mendes Baiao (intégrale/fini) [afficher]
Public
Précisions concernant les "Seigneux":
Gabriel Seigneux de Correvon est dit "M. le Boursier Seigneux".
François Seigneux est appelé "M. l'Assesseur Ballival (Seigneux)".
Jean-Samuel Seigneux est nommé "M. le Bourgmestre (Seigneux)".
Public
Ouvrages et auteurs cités au fil du texte:
- John Locke (1632-1704), Oeuvres diverses de M. Jean Locke, précédé d'un éloge historique de l'auteur par Jean Le Clerc, Rotterdam, Fritsch et Böhm, 17101.
- [Charles Claude Genest?], Dialogues entre Messieurs Patru et d'Ablancourt sur les plaisirs, 17011.
- Nicolas Boileau (1636-1711), Les Satires (1666-1668) et L'Art poétique (1674).
- Pline le jeune (16-114), Epistolae, lib. V.
- Terence (190-159 av. J.-C.), Andria.
- Horace (65-8 av. J.-C.), Ars poetica.
- Paul Pellisson-Fontanier (1624-1693), Histoire de l'Académie française, Paris, 17011. (Qui place les réunions informelles chez "Mr. Conrard" à l'origine de l'Académie française).
Public
Autres personnalités citées au cours de l'assemblée (essentiellement en illustration de la pratique de la sociabilité):
- Jean Le Clerc dans son "Eloge de Mr. Locke" rapporte une assemblée particulière où celui-ci se serait trouvé avec le "Duc de Buckingham" "Milord Halifax", "Milord Schaftesbury" et "Milord Ashley".
- Pour la formation des "beaux Génies" sont cités les sociétés des "Hôtels de Condé et de Conti", "Mad. la Marquise de Sablé", "Mad. de Savigny" et "l'Hotel Rambouillet".
- Remarque sur "l'Académie de Lyon" à la Renaissance qui n'était d'abord qu'une société qui se réunissait chez "Mr. Delange" et où brillèrent de beaux-esprits comme Louise Labé (1524-1566), "Clémence de Bourges" et "Louise Sarrazin".
- Seigneux de Correvon rappelle le rôle joué dans la formation du poète romain Terence par la société se réunissant autour de Scipion Emilien et où évoluaient des personnalités comme "Laelius", "Cornelius Nepo", ou encore "Fenestella".
De manière générale il est fait référence à un grand nombre d'académies et de sociétés savantes célèbres tout au long du texte.