Fiche bibliographique

Attentif aux avis et sentiments de son lectorat, le Journal helvétique publie quelques unes des lettres envoyées par des lecteurs assidus. La « Lettre aux éditeurs, à l’occasion de Mr. Rousseau » en est un exemple et témoigne plus particulièrement de l’aura et de l’autorité acquises par Jean-Jacques Rousseau dès le milieu du siècle et quelques années seulement après la publication de son « Discours sur les sciences et les arts ». Un lecteur anonyme, membre d’une « petit société littéraire » dans laquelle certains articles du mensuel sont lus et commentés, fait part dans cette lettre du scepticisme éprouvé par un autre membre à l’égard de l’authenticité d’un document attribué à Rousseau et paru dans le numéro du Journal helvétique de novembre 1753. Ce prétendu faux est une réplique à des attaques contre Jean-Jacques diffusées dans le même journal un mois plus tôt. Le protagoniste base ses doutes moins sur des divergences de thèses ou d’idées que sur des critères formels et stylistiques ainsi que sur le fait qu’il existe déjà une réplique reconnue par Rousseau (la « Réplique au Roi Stanislas »). Tentant de dévoiler l’identité de ce « faux Rousseau », le quidam y voit la plume d’un faussaire récidiviste qui avait déjà utilisé l’autorité du « citoyen de Genève » dans des lettres qu’il aurait lui-même écrites et fait publier dans le Journal helvétique trois années plus tôt. Il s’agirait d’un admirateur qui, non content de ne voir paraître aucune réplique de l’intéressé lui-même contre ses contradicteurs, aurait cette fois choisi de se faire l’avocat de Rousseau dans le Journal helvétique.