Du 14 au 16 novembre 2013, UNIL Amphimax, salle 414
Responsables: Danièle Tosato-Rigo et Sylvie Moret Petrini
Programme
Jeudi 14 novembre: MICROHISTOIRE, MILIEUX ET GROUPES
14h30 Accueil
14h45 Sandro Guzzi (Université de Lausanne), Individualiser la recherche historique. Egodocuments, biographie, mocrohistoire en perspective
15h30 Kaspar Von Greyerz (Université de Bâle), Les Protestants du monde germanophone et l’écriture personnelle
16h30 Roberto Zaugg (Sciences Po, Paris), Histoire connectées – histoires narrées. La microhistoire à l'épreuve de l'histoire atlantique. Une esquisse
Vendredi 15 novembre : L’EXPERIENCE SINGULIERE
09h30 Philipp Rieder (Université de Genève), Textes, contextes et intertexte : quelles histoires pour un médecin polygraphe ?
10h15 Marina Roggero (Università degli Studi di Torino), « Notizie sulla mia vita ». Memorie di donne nel tardo Settecento italiano
11h15 Danièle Tosato-Rigo (Université de Lausanne), Scripteurs exceptionnels et contextes ordinaires : un paradoxe fécond de l’étude des écrits personnels
ACTEURS, ECRITS PERSONNELS ET ROLES SOCIAUX
14h30 François-Joseph Ruggiu (Univeristé de Paris IV Sorbonne), Les cultures familiales et le monde social à travers les écrits personnels
15h15 Sylvie Moret Petrini (Université de Lausanne), La plume : objet d'affirmation de la mère-éducatrice ?
Samedi 16 novembre : PANELS ET PLURALISME DES EXPERIENCES
09h00 Sylvie Mouysset (Université de Toulouse Le Mirail), De la performativité des écritures de soi (Europe, XVIe-XIXe s.)
09h45 Bertrand Forclaz (Université de Neuchâtel), Jeux d’échelles pendant la Guerre de Trente Ans. Ecrits personnels et microhistoire
10h45 Nahéma Hanafi (Université d'Angers), Transmissions féminines au siècle des Lumières. Pratiques épistolaires et « agency »
11h30 James Amelang (Universidad autonoma de Madrid), Final remarks
Argumentaire
La recherche sur les écrits personnels, sous quelque dénomination que les chercheurs les désignent (Ecrits du for privé, autotémoignages, écriture de soi, écrits autobiographiques ou «à la 1ère personne») a connu un essor notable ces dernières années. Ce développement, qui a profité de la création d’inventaires raisonnés en ligne de la documentation conservée dans les archives et bibliothèques publiques, a stimulé les travaux d’édition d’écrits non littéraires, émanant du «milieu de la société». Affinées par nombre d’études dans divers pays européens, les approches les plus diverses, et pour la plupart empiriques, caractérisent l’exploitation de ce riche matériau.
En lien avec le tournant historiographique «culturaliste», de nouveaux paradigmes méthodologiques ont fait leur chemin. S’écartant de l’histoire quantitative et reléguant à l’arrière-plan la question de la représentativité des scripteurs et scriptrices, tout en mettant l’accent sur les représentations, la recherche privilégie aujourd’hui l’approche qualitative ainsi que le recours aux études de cas. Or, l’attention renouvelée portée à l’individu et aux petits groupes ne comporte-t-elle pas le risque de tomber dans le particularisme? Ou faut-il désormais considérer, au contraire, l’approfondissement de particularismes comme un accès pertinent à l’universel (C. Ulbrich)? Considérant que si les individus vivent dans un univers de représentations, ce dernier n’est pas indifférent aux situations dans lesquelles elles se trouvent activées, en quels termes articuler le rôle social des scripteurs et scriptrices?
Les aspects épistémologiques et méthodologiques sont au coeur de ce colloque, dans une perspective plus empirique (sous forme d’études incluant des egodocuments) que théorique, autour des interrogations suivantes : Quels concepts et outils heuristiques mettre en oeuvre pour analyser des pratiques socioculturelles à partir d’egodocuments? Quel est l’apport de la microhistoire? Qu’est-ce qu’une «étude de cas»? La trajectoire de vie (ou d’une portion de vie) peut-elle constituer un outil heuristique? La pluralisation du récit historique est-elle souhaitable, voire nécessaire? Mais aussi : quelles pratiques socioculturelles gagnent-elles à être étudiées à partir d’écrits personnels (santé, sexualité, voyage, éducation, lecture, religion, transmission de savoirs etc.)? Et où réside le caractère performatif de ces écrits et leur participation à la création de ce qu’ils énoncent?
Le refus qui se généralise chez les chercheurs de considérer les écrits personnels comme des «reflets du réel», et l’accent mis désormais sur leur dimension discursive amène à reconsidérer et à confronter les façons de faire parler ces textes aussi bien sur eux-mêmes que sur la réalité à laquelle ils se réfèrent. C’est à cette réflexion conjointe sur leurs objets, leurs questions et leurs méthodes, autour de l’étude des pratiques socioculturelles en et en dehors de l’Europe, que ce colloque invite les participants. Un double numéro de la revue de la Faculté de Lettres de l’Université de Lausanne (Etudes de lettres, 2015) réunira leurs contributions, ainsi que celles d’autres chercheurs qui seraient intéressés à la thématique Egodocuments et pratiques socioculturelles.
Actualité publiée le 05.11.2013