Transcription

Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Fort-Louis, 13 août 1732

de fort louisFort-Louis ce 13 jaousts 1732

morbleu monsieur de fredericFrédéric je m’ennuye et vous en
payeré la folle enchere l’on doit prendre part aus
aflictions de ses amis et je vous en quitte a bon marché
trebientre bien me voila t’il pas je prens la plume du plus
grand cœur du monde et puis je ne scay que luy dire
tanlia que

ce fort est un affreux sejour
ma foy je ne scaurois m’en faire
je nyn'y suis que depuis deux jours
et je n’ay pu que mym'y deplaire

nous nyn'y avons nulle compagnie que monsieur de mailly
qui en est commandant

cet homme est fort gracieux
le tout sans cerémonie
mais en fait de compagnie
le grand nombre n’est que mieux

avec exception neammoins quand elles est aussi aimable
que celle que vous aves ches vous nego quand l’on ne la cherche
que pour passer le temps concedo mais me dirés vous d’ou
scavés vous si cette compagnie dont vous parlés tant est
aimable ou non est ce aus discours d’un frere quilqu'il faut
<1v> s’en rapporter non mais j’ay vu des letres et puis (puisque
il y a assés longtemps que nous sommes séparés pour que
je puisse vous dire des verités que l’on appelle douceurs
ou pour mieux dire des douceurs qui sont des verités quand
elles s’adressent a vous) il est impossible que vos sœurs
ne soyent des chef dœuvresd'œuvres car comme les femmes qui
valent quelque chose sont plus rares que parmy les hommes
aussi quand elles font tant les surpassent elles cette
petite phrase a pour etiquette remede contre la vanité
mais j’en ay furieusement moimememoi-meme de mimaginerm'imaginer pouvoir
en donner par mes louanges peut etre actuellement dit on
an branlant la tete a la lecture de quelque epitre a moy
mauvais discoureur ma foy ce nestn'est pas ma faute non
plus que d’etre votre amy je sommes faits comme cela
et ne cherchons pas meme a nous de faire l

le cherchevalier de mirabeauMirabeau

en relisant la présente monsieur jayj'ay veu que je vous
promettois des douceurs dans ma paranthese et puis que je
donnois a faire pardonne et oubliois les douceurs par
scaches les donc monsieur je voulois dire que ce qui etoit
sorti ab eodem utero (faites vous l’expliquer par un
<2r> latiniste) que mon ami ne scauroit manquer d’etre
parfait pardonnés d’ailleurs monsieur auna un esprit qui
n’a eté faux en vous ecrivant que parcequeparce que vous l’ocupiés
trop

adieu

Etendue
intégrale
Citer comme
Mirabeau, Victor de Riqueti, marquis de, Lettre à Frédéric de Sacconay, Fort-Louis, 13 août 1732, Collection privée. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: https://lumieres.unil.ch/fiches/trans/177/, version du 15.05.2013.
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