,
« Sur les vocations, par J.-B. Vernède », in Mémoires lus à Lausanne dans une Société de gens de Lettres, Lausanne, [26 novembre 1780], p. 216-229
Question
Si un homme peut sans mériter
le blâme, se dispenser d’avoir une
vocation decidée dans la Société?
Par Monsieur Vernède
Vocation se dit ordinairement d’une apti=
tude ou d’une destination à un état ou à
une profession. Vocation se dit aussi de
toutes sortes d’états & de conditions, mais
profession désigne plus particulierement la
<217> condition que l’on a choisie, l’art que l’on exer=
ce, le métier auquel on s’aplique: Ainsi on
dit, la profession des armes, la profession du bar=
reau. On distingue les professions honora=
bles qui exigent de grands talens, ou de gran=
des qualités, les professions honnêtes qui sup=
posent des sentimens & des mœurs; & les pro=
fessions avilissantes qui sembleroient les ex=
clure. On distingue les professions savantes
& les professions laborieuses: on distingue les
arts méchaniques & les arts libéraux.
Les idées rappellées, je crois ne pas m’écarter
du but de la question, en substituant le terme
de profession à celui de vocation. En effet il
semble que vocation indique plutôt la ten=
dance à un état fixe & à une profession de=
terminée, que cet état & cette profession mê=
me. Je crois aussi pouvoir, en changeant
le terme de vocation en celui de profession,
suprimer l’épithete de décidée, qui par là de=
vient superflue; & rendre ainsi la question
plus claire & plus précise. Je rechercherai
donc, si un homme peut, sans mériter de
blâme, se dispenser d’avoir une profession
dans la Société?
Dès que les hommes vivent ensemble dans
des villes, & se réunissent en société, ils s’enga=
gent tacitement à procurer le bien de cette so=
ciété; s’entresecourir à l’envi dans leurs bes=
oins, à se soulager reciproquement dans leurs
peines; & à contribuer mutuellement à leur avantage
<218> avantage, à leur utilité & à leur agrément. Mais
que dis-je? Des hommes civilisés & réunis en
société! Des sauvages mêmes errant dans les bois,
vivant de leur chasse & de leur pêche, se couvrant
de la peau des bêtes fauves, ne seroient
pas dispensés de professions: ils les exercent en
quelque sorte, toutes à leur maniere. N’ont
ils pas à pourvoir à leurs propres besoins & à
ceux de leurs femmes & de leurs enfans? Et ce=
la ne forme-t-il pas pour eux la plus étroite
obligation?
Tout homme, par conséquent, qui, dans l’état
où sont actuellement les choses dans les pays ci=
vilisés, voudroit vivre à peu près à la maniere
des sauvages, ne pourroit pas à la rigueur se dis=
penser d’exercer une ou plusieurs sortes de pro=
fessions.
Mais dès que les hommes vivent dans des
villes, jouissent des travaux & des talens de leurs
concitoiens & goûtent les avantages & les dou=
ceurs de la société, il est très-naturel & très-=
convenable que de leur côté, ils y contribu=
ent – je dis très-naturel, très-convenable. Et
si je ne regarde pas comme stricte dans tous
les cas, l’obligation d’exercer une profession
déterminée, je regarde comme telle l’obliga=
tion de s’occuper utilement de quelle maniè=
re que ce soit & autant qu’on le peut, n’y
ayant que l’impossibilité absolue de s’oc=
cuper utilement, qui en fournisse une dis=
pense valable; c’est ce qui paroîtra claire=
ment si on remonte aux raisons qui en=
gagent <219> à exercer une profession.
Je trouve trois raisons principales qui four=
nissent autant de motifs décisifs & détermi=
nans;
D’abord, la nécessité de se procurer de quoi sub=
sister & vivre avec aisance & avec agrément.
Secondement, l’utilité d’être occupé, afin de
n’errer & de ne faillir que le moins qu’il est
possible.
Enfin, la convenance & la satisfaction de se
rendre utile à ses semblables.
Dès que l’on n’a pas de bien, & comme il en
faut plus ou moins pour vivre dans la socié=
té, on est obligé d’embrasser une profession
plus ou moins lucrative, plus ou moins péni=
ble, plus ou moins agreable, plus ou moins
honorable selon les pays, les besoins, l’état,
les charges, le genie &c. &c.
Mais les gens riches sont ils donc dispen=
sés d’embrasser une profession quelconque, par
où j’entens une occupation utile? Non,
sans doute! il est vrai qu’ils ne s’y decideront
pas par le premier motif de se procurer de
quoi vivre: On leur suppose une fortune
suffisante pour eux & pour les leurs; mais
ils y seront determinés par le second mo=
tif, par l’intime conviction qu’un être in=
telligent & moral, mais borné & par consé=
quent faillible doit pour sa satisfaction
intellectuelle & pour sa sureté morale, être
occupé de corps & d’esprit, ou du moins d’esprit
si ce n’est pas de corps. Et en effet qui ne connoît
<220> connoît ou n’a connu par son expérience ou par
ses observations la pénible langueur d’une ame
croupissant dans une triste oisiveté & dans un des=
œuvrement habituel; les prejugés, les erreurs,
les troubles d’un esprit inculte & inapliqué;
& les funestes égaremens d’une imagination
bientôt déréglée, dès que la raison affoiblie &
impuissante en a abandonné les rênes? Qui
ne peut juger des combats opiniâtres de passions
violentes, quelques fois opposées dans un cœur
dénué, entièrement vuide des sentimens ex=
quis, nobles & généreux qui devroient le régler,
l’animer, le soutenir? Qui ne peut juger de
la situation affreuse d’une ame indolente, tour=
mentée par des souvenirs douloureux, harcelée
de regrets continuels, rongée de remords cuisans?
Qui ne peut juger, surtout de l’état accablant
d’une ame oisive que dévore un ennui perpeha=
bituel, effet immanquable de la paresse;
ennui qui devroit fournir son propre anti=
dote & son propre preservatif, en faisant se=
courir au travail du corps & à l’occupation
de l’esprit, à la louable activité d’une vie bien
emploiée? Enfin, qui ne déploreroit l’état
abject d’une ame degradée & avilie, dans la=
quelle à la suite de la paresse & de l’indolen=
ce, les vices les plus bas & les plus honteux se
sont introduits? Young a bien dit «Nous
perdons le tems & n’en usons point: nous
respirons, & vivons point. Perdre le tems, c’est
exister, en user, c’est vivre. Une
<221> simple existence est un fardeau insuportable
pour des Êtres destinés à vivre.»
Ailleurs;
«Les soins de la vie sont des consolations; ils
sont tels dans les vues de la Providence. Celui
qui seroit absolument exempt de ces soins de=
vroit en créer pour ne pas être malheureux. Ce
sont des occupations, & sans occupation l’ame
est à la torture: l’action est son repos.»
Ailleurs;
«Par la sainte & sage volonté de Dieu, l’usa=
ge du tems, est un plaisir, & sa perte une pei=
ne, afin que l’homme qui ne le met point à
profit, sente son erreur, s’il est trop aveugle
pour l’apercevoir.»
Mais je vais plus loin: un homme ver=
tueux, un homme affermi dans le bien, un
homme supposé même impeccable, devroit em=
brasser une profession quelconque, choisir une
occupation utile, exercer surtout une profes=
sion excellente à laquelle il se seroit destiné,
& dans laquelle il seroit sûr d’avoir de
grands succès. Cet homme devroit mener
une vie active (& penser c’est agir) parce
qu’il est convenable, beau, satisfaisant de fai=
re valoir des talens, qui ne nous ont pas été
donnés pour les enfouir; de les étendre par
l’exercice; de devenir le soutien, l’appui, le bien=
faiteur de ses semblables. Nous pouvons mê=
me aspirer plus haut. Et quelle est l’ame
généreuse, l’ame qui connoit son prix, qui sent
<222> sent sa noblesse, qui fait tout le cas dont sont
dignes, les facultés intellectuelles, la conscience,
l’instinct moral qui lui ont été départis, & qui
ne voudroit pas, si non répondre, du moins con=
courir aux bienfaits de l’Être suprême & à la
glorieuse destination de l’homme, d’être sur la
terre l’image de Dieu.
Mais il faut l’avouer, l’homme aisé, éclai=
ré, vertueux, affermi & confirmé dans le bien,
a un grand choix entre les diverses professions
qu’il peut exercer, & les différentes occupa=
tions utiles à la Société qu’il a droit de leur
substituer. Et il y a encore ici une distinc=
tion à faire: l’age, des infirmités, des acci
dens dispensent de telles ou telles professions
pénibles, dans de certains tems & de certaines
conjonctures. Mais il n’y a que l’impossibi=
lité de s’occuper, qui dispense (& même
pour de courts espaces de tems) de l’obligation
absolue de s’occuper utilement.
Je mets au nombre des occupations uti=
les, la sage administration de ses propres
fonds, l’inspection sur la culture des terres
considerables, un soin tout particulier de
sa famille; les directions prétieuses d’un
habile magistrat; les instructions & les con=
seils de tout homme experimenté dans sa
profession ou versé dans son art, qui substi=
tue une théorie raisonnée à une pratique
laborieuse; je mets au nombre des occupa=
tions <223> utiles, la culture de son esprit; les encoura=
gemens à donner aux siences & aux arts, qu’il
faut pour cela connoître du moins jusques à
un certain point; de bons projets d’un génie
fécond, en état de proposer des établissemens
utiles, des fondations pieuses, des réformes né=
cessaires, que des personnes exerçant des profes=
sions laborieuses ne sauroient guères concevoir,
bien moins exécuter. Je conclus;
Tout homme qui ne s’occupe pas utile=
ment, s’il le peut, & autant qu’il le peut, me
paroît avoir à aprehender le blâme fâcheux
des autres hommes, celui plus douloureux de
sa propre conscience, celui plus redouta=
ble de son suprême Legislateur. Tu ne
travailleras que six jours de la semaine:
donc tu t’occuperas utilement ces six jours.
Au reste Dieu ne parle pas en maitre
rude, à des esclaves, ni ne leur impose pas
un travail accablant; mais en bon pere,
il conseille & recommande des occupations
convenables à des enfans qu’il chérit, qu’il
connoît, & dont il a tous les intérêts à cœur.
Je vais considérer dans la société, deux espè=
ces de gens qui n’ont point de vocation;
les uns sont les oisifs pauvres, les autres
sont les oisifs riches. Je ne parlerai pas
de cette classe d’oisifs que le préjugé entre=
tient avec respect dans certaines religions,
& qui font à Dieu, le vœu de vivre aux dé=
pends du reste des hommes.
L’homme pauvre, qui n’a point de vocation
<224> vocation est un membre gangrené du corps de la So=
ciété. L’homme de la loi veille pour lui comme
pour le citoien le plus utile; dans le nombre des
gouttes de sueur qui tombent du front du labou=
reur, il y en a plusieurs pour lui; le guerrier
verse une partie de son sang pour sa défense:
que donne-t-il en retour pour tant de choses?
Rien. Il faudroit le regarder comme un filou si
ce qu’il escamote à la société consistoit en objets
de peu de conséquence, mais il est un criminel
du premier ordre, & dans tout bon gouvernement
cet individu ne doit pas y être plus toleré que
le voleur & l’assassin.
Il n’en est pas tout à fait de même à l’égard
de l’oisif riche: je parle ici du riche qui ne dis=
sipe pas sa fortune, qui ne profite pas de
la confiance des hommes pour s’endetter &
les miner, celui-ci est pis encore que l’oisif pauvre.
Mr Helvétius dit que dans la ruche de
la société humaine, il faut pour y en=
tretenir l’ordre & la justice, pour en écar=
ter le vice & la corruption, que tous les in=
dividus également occupés, soient forcés de
concourir également au bien général, & que
les travaux soient également partagés entr’eux.
En est-il que leurs richesses & leur naissan=
ce dispensent de tout service? La division
& le malheur est dans la ruche; les oisifs
y meurent d’ennui; ils sont enviés sans être
enviables, parce qu’ils ne sont pas heureux.
<225> Leur oisiveté cependant fatigante pour eux-=
mêmes, est destructive du bonheur général. Ils
dévorent par ennui le miel que les autres mou=
ches aportent & les travailleuses meurent de faim
pour des oisifs qui n’en sont pas plus fortunés.
Il me paroît, si je ne me trompe, que Mr
Helvétius est allé un peu trop loin. Dans la
république de Sparte, où la pauvreté étoit un
des pivots sur lesquels rouloit la machine po=
litique, le riche oisif seroit, sans contredit, com=
me le frélon dans la ruche. Mais il n’en est
pas de même dans les sociétés actuelles où l’ar=
gent a cours, & où son inégale distribution est
une suite nécessaire de son introduction dans
l’état; l’argent attire l’argent, c’est un axiome
reconnu.
Le riche dans cet état des choses, doit être
consideré comme un homme qui fait un com=
merce; son industrie ou celle de ses ancêtres,
lui a aquis beaucoup de marchandise généra=
le; il en remet à ceux qui n’en ont pas assez
pour faire valoir leur industrie, & ils lui
payent pour cela un certain bénéfice. Il est
donc clair qu’il fait un véritable commerce.
Admettez la légitimité du prêt à l’intérêt, qui
certainement est indispensable dans l’état actuel
des choses, & vous admettrez que le riche qui
fait valoir ses capitaux, fait un commerce non
seulement licite, mais encore très-utile. Son
coffre fort ressemble à ces magasins où le
pauvre qui n’a pas de quoi se pourvoir d’un marché
<226> marché à l’autre, va achetter journellement le blé né=
cessaire à sa nourriture quotidienne.
Il me paroît donc évident que, politiquement
parlant, le riche qui fait valoir ses capitaux en
les prêtant à intérêt légitime, & qui consomme
le revenu qu’il obtient de cette maniere, ne doit
point être regardé comme un oisif. Il consum=
mera, sans doute, dans la ruche de la société
plus de miel qu’il ne lui en faut pour son en=
tretien, mais c’est un effet inévitable de l’iné=
gale distribution des richesses, du luxe & de
tout ce qui en est la suite;
Aut Deus ille malle sic hominum mitescere discat.
Je conclus que l’homme riche, sans mériter le
blâme peut se dispenser d’avoir dans la société
d’autre vocation que celle de faire valoir son
argent en le prêtant. Il a une vocation décidée
mais c’est la derniere de toutes.
Si l’homme riche veut se rendre respectable
& être heureux, qu’il prenne une vocation dans
la société, outre celle de faire valoir son ar=
gent, qui ne sauroit l’occuper assez. Il sera
respectable parce qu’il remplira davantage
son tems & qu’en général plus un homme
s’occupe, plus il donne de choses à la société
en échange des avantages qu’il en retire. Il
jouera dans la société le role noble & res=
pectable d’un homme libéral & généreux.
Il sera heureux parce que l’homme occupé
est nécessairement l’homme heureux. Il
sera même meilleur parce que l’homme oc=
cupé <227> est l’homme qui a le moins de vices. Je
vais tâcher de prouver cela en peu de mots.
Tous les hommes ont des besoins, les uns plus
les autres moins: personne n’est sans besoins.
Je crois qu’au moment où ils les satisfont de=
puis le sceptre jusqu’à la houlette, tous sont
également heureux. La différence qu’il y a
entre les hommes, c’est que les uns se procu=
rent les besoins en travaillant & ce sont les
plus heureux, & que les autres ne font rien
pour cela & en sont plus malheureux. Si le
travail est généralement regardé comme un
mal, c’est que dans la plupart des gouverne=
mens, l’on ne se procure le nécessaire que
par un travail excessif, & qu’en conséquence
l’idée du travail rapelle toujours l’idée de la
peine. L’opulent oisif est privé des plai=
sirs de prévoiance, qui ne sont pas les moins
doux, parce que rien ne les borne; il n’a que
les plaisirs de sens qui ont peu de durée. Pr
être heureux il est forcé d’attendre que la
nature renouvelle en lui quelque besoin &
l’intervalle qui sépare un besoin satisfait
d’un besoin renaissant, est rempli chez l’hom=
me occupé par les plaisirs de la prevoiance;
c’est au contraire chez l’opulent oisif par
l’ennui, cette maladie de l’ame la plus cruel=
le de toutes. Le luxe a imaginé mille
moiens de remédier à l’ennui, mais tous
sont insuffisans.
En France, dit Mr Helvétius, mille de=
voirs <228> de société inconnus aux autres nations, y ont
été inventés par l’ennui. Une femme se marie,
elle accouche; un oisif l’aprend, il s’impose à
tant de visites, va tous les jours à la porte de
l’accouchée, parle au Suisse, remonte dans son
carosse & va s’ennuier ailleurs. Nous connois=
sons, Messieurs, d’autres pays que la France
où l’oisiveté a inventé d’aussi utiles occupa=
tions, avec tout aussi peu de succès contre l’en=
nui.
Enfin, Messrs il est évident que l’homme
riche & oisif doit être moins vertueux & moins
heureux que l’homme qu’une médiocre for=
tune nécessite au travail; que l’homme qui
en a contracté l’habitude; que l’homme qui
poursuit la gloire dans la carriere des arts
& des sciences. Je pourrois démontrer cette
vérité par mille exemples, & sans doute il
est inutile de le faire. Qu’il me soit seu=
lement permis de rapporter une pensée de
la Rochefoucauld qui connoissoit si bien les
hommes; «Parmi les gens du monde, dit-il,
s’il n’est point de mariage délicieux, c’est
qu’on y est désoeuvré. L’ennui poursuit la
femme; elle veut s’y soustraire; elle dépense
trop, fait des dettes, prend un amant. Le
mari se fâche; il n’est point écouté. Les
deux époux s’aigrissent & se detestent par
ce qu’ils sont oisifs, ennuiés & malheureux.»
Si l’homme riche veut être vertueux,
respecté & heureux, qu’il prenne donc une
<229> vocation decidée dans la société. Les beaux
arts & les sciences semblent particulièrement
faites pour lui; & la vocation d’agriculteur
& celle de magistrat sont les deux plus no=
bles qu’il puisse choisir, sa fortune le met=
tra dans le cas de perfectionner l’art de
première nécessité; il éclairera sur ses véri=
tables intérêts, la position la plus nombreu=
se & la plus utile des citoiens, celle qui est
la plus en proie aux préjugés, il deviendra le
médiateur de ces hommes, leur ressource dans
les cas de nécessité.
Mella fluant illi ferat & rubus asper amomum!
Sa fortune lui sera tout aussi utile dans
l’emploi de la magistrature. Il aura le tems
nécessaire à s’instruire; il jouira d’une con=
sidération extérieure que donne la richesse
& ennoblira ainsi sa charge, & la balance
de la justice ne panchera jamais dans sa
main au poids de l’or, par lequel on essaie
souvent de tenter l’homme peu riche.