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« Sur l’éducation des jeunes rentiers lausannois », in Journal littéraire, Lausanne, 16 février 1783, p. 142-143
Assemblée du Dimanche 16e Fevrier 1783:
Presidée par Monsieur le Doctr Verdeilh, ont assistez
Messrs Gillÿs, le Juge De Saussure, Vernede, Levade,
Rogét, Hopp, Gély, De Morrens Secretaire.
Question du jour, Quels sont les avantages & les desavantages
de l’Education adoptée dans cette Ville par les Gens qui vivent
de leur rentes.
Mr Gillys voit avec une sorte d’étonement que nous cher=
chons dans le dehors des sécours pour l’Education, pendant
que les Etrangers vienent de toutte part la commencer ou la
finir dans cette Ville, En prisant nôtre Accademie tout ce
qu’elle vaut, il désireroit qu’on ajouta encore quelques Chères de
Professeur à celles qui existent, les Cours dans les differens
genres etant plus étendus, en deviendroient bien plus utiles.
Il est surpris qu’on ne leve pas les minces obstacles qui en
s’opposent à l’etablissement d’une Universitée, l’interet du
Gouvernement, & nos vœux à cet égard peuvent se balancer
sans se nuire. Mr Gillis fait plus de cas de l’Education publi=
que des Collèges, que de celle qu’on donne dans les Séminairs
ceux cy fondés sur l’Interet pecuniaire, tendent au but avec
rapidité, les Chefs sont en general plus avide de s’enrichir
qu’ils ne sont jaloux de soutenir la reputation que leur Eta=
blissement avoient acquis dans sa naissance.
<142v> Mr le Juge Regrette que les Parens fassent peu de cas de l’Education publi=
que, pour prendre des Precepteurs, en general mal choisis,
dont on marchande les Talents, cet abus dangereux le conduit
à preférer nos Collèges, qu’on pourroit maittre aisement sur
un meilleur pied.
Mr Levade Distingue deux voix dans l’Education, & les vices qui leur sont
particuliers, On ne donne point aux Filles des Maitres assés
longtemp pour les perfectioner dans aucun genre, les Talents
agréables sont desirés par les Parens & cultivés avec trop
de complaisance «Il reste peu de temps, moins d’argeant
encore a sacrifier pour les Conoissances plus éssentiélles
On se contente de leur donner une tinture legér de l’histoire
& des Belles Léttres» Il estime que les Langues vivantes rempliroient
utilement les lacunes qu’il remarquedésaprouvedans leur Education.
Mr Roget Mr Levade indique avec la meme justesse les abus trop communs
dans celle des Garçons, La seule vocation qu’on leur donne
est le Service, la seule Etude qu’on leur recommande est celle
qui luy est propre, de là plus d’émulation encouragée, les
Talents sont sirconscris dans le Cercle étroit d’une Tactique
Militaire. Il observe que la Classe des Marchand est plus
difficille par en fait d’Education, y met plus d’importance &
de soins que celle des Rentiers, qui se degouttent avec trop
de facilitée des seminaires sur des ouÿ dire vagues & incertains
qu’il seroient aisé d’eclaircir en allant soy même sur les lieux.
Mr Roget se dessideroit en faveur des Seminaires, s’il ne soupsonoit
pas aux Fondateurs de ses Etablissements le dessein de faire
une fortune trop rapide, sans être tropassés délicats sur les
moyens. On repand des Prospectus brillans, mais mensogers
tres propre à faire des Duppes.
<143> Mr Gelÿ regarde comme un grand obstacle à l’education la
manie reçue de jetter de trop bonheur les jeunes gens des deux Sexes dans
le Monde, le gout du plaïsir, celuÿ de la dissipation qui y
succede s’empare des heurs, des moments déstinés à l’Etude, on
renvoye, une leçon au lendemain la leçon d’un Maitre de
Musique ou de Chant, demandé avec ferveur, optenû avec peine;
Il croit que même que les Talents agreables se cultivent avec plus
de succès dans le silence d'une la retraite, elle éloigne la
légéretée, & cet ambition dangeureuse qui les envie touts, est cause
qu’on n’excelle dans aucun.
Mr Verrey n’a parû pencher pour l’Education particuliere,
il dit qu’on ne paye pas assés les Precepteurs pour pouvoir
choisir, ce n’est donc pas le choix, mais l’argeant qui nous
manque, & dans ce cas il est permis d’en désirer;
Mr Verdeilh met au nombre des Avantages qu’il appercoit
dans les Coleges Publics de nôtre Ville, les liaisons qui
se forment entre les Enfans, touts egaux par le fait.
Ils raprochent les distances invantées par l’orgeuil, que
la raison d’accort avec une Politique bien entendue
condanne dans touts les sens.
Le Secretaire a peu à dire sur la Question, il ne pourroit
que glaner dansd’après les differens apperçu qu’elle a fourni, trop
heureux s’il ne les a alteré icyou dans le fond ny dans la forme
mais le Cadre n’est pas essentiel au Tablau.