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« Sur les traductions françaises des poètes grecs et latins / Sur le choix des occupations », in Journal littéraire, Lausanne, 05 avril 1772, p. 6v-10v
Séance du 5e Avril
L’assemblée formée chez Mr Bugnion et sous sa présidence, s’est occupée
des objets suivans.
Résumé des mémoires sur les préjugésMr Le Secretaire a lû le résumé des mémoires présentés à l’assemblée pré=
cedente, sur les préjugés; on en a été content il a été aprouvé.
Mr Le Président ayant exposé le sujet, qui avait été annoncé comme
devant être l’objet de notre éxamen aujourdui, Mr Van Berchem qui
l’avait fourni nous a lu un mémoire sur cette question Pourquoi les
Question sur les traductions des anciens Poetes en versFrançais ont ils si peu, ou de si mauvaises traductions en vers des anciens
Poëtes grecs et latins, tandis que les anglais et les Italiens en ont plusieurs
qui sont estimées?
Memoire de Mr Van BerchemPour répondre à cette question Mr Van Berchem établit dabord le fait
sur lequel elle porte, c’est que les Français ont très peu de poëtes anciens,
Grecs ou Latins, traduits en Vers, que celles que T. Corneille a donnée des
Métamorphoses d’Ovide, celle de Virgile par Ségrais, celle de Lucain par Brebeuf sont peu estimées
que nous n’avons celle d’aucun poëte grec; et que de tous les autres
nous n’avons nulle traduction mais seulement des imitations.
Le fait ainsi établi L’auteur du mémoire en recherche la raison, et
s’attache à nous la montrer dans la Nature même de la langue fran=
çaise. <7>
Il regarde la poësie comme la mere du génie, du caractere, et de la
richesse des langues; si cher une nation la Poesie s’est de bonne heure occu=
pée à peindre des objets de toute espece, à prendre les sujets dans tous les
genres, la langue de cette nation se ployera aussi à tous les genres de
sujets, aura des termes pour tout, et ces termes employés par le poëte seront
tels que la poësie les éxige, nobles, riches, sonores, d’une prononciation
agréable, et propres à figurer dans un vers. De là le mérite supérieur
de la langue greque qui de bonne heure a eu des Poetes qui comme
Homere, ont chanté tous les sujets qui intéressent l’humanité.
Les Latins ont eu en Virgile un imitateur d’homere, il a chanté, l’a=
mour, les Batailles, les passions, L’Œconomie, L’agriculture, les Dieux,
la langue s’est enrichie par là, s’est assouplie pour se prêter à tout,
et fournir à l'expression Poetique de toutes les idées.
Les Français au contraire pendant très longtems, n’ont employé la
Poësie qu’à chanter l’amour ou le vin; ils excellent dans ce genre parce
que c’est de ce côté que se sont tournés uniquement tous leurs efforts
mais un cercle si étroit d’idées pourait il enrichir leur langue, et la rendre
capable d’exprimer en vers tout ce qui fait le sujet des Poesies greques
et latines; Les termes nobles, les expressions gracieuses, et poetiques, leur manquent
pour les autres sujets qu’ils n’ont point traités, ou dont ils n’ont parlé
qu’en prose; à chaque pas ils sont arrêtés par le défaut de termes
dignes d’entrer dans un vers, dès qu’il est question d'exprimer ce qui
concerne les arts et les sciences; quelle figure feraient dans un poe=
me les mots vignerons, charue, fumier?
A cette raison Mr Van Berchem enjoint une autre tirée du génie
ou caractere de la langue française, elle n’est pas breve dans les
expressions, elle manque de plusieurs termes propres, elle a peu d'
d’Harmonie parce que ses syllabes ne sont pas asses variées par la quan=
tite prosodique, elle suporte peu les transpositions parce qu’elle n’a pas
la difference de terminaison pour les cas, En finesse est trop severe
et ne permet point les licences poëtïques.
Ces circonstances n’existent pas pour les langues Anglaises et Italiennes
les ont rendues ces dernieres plus propres à 2 mots biffure exprimer en vers les ouvrages
des anciens poëtes.
Remarque sur ce mémoire<7v> Tel est en abregé le contenu du mémoire de Mr Van Berchem, dont les
principes en général ont paru vrais, et dont on a oui avec reconnais=
sance la Lecture, peut être cependant l’auteur juge trop avantageuse=
ment des traductions Anglaises et Italiennes, qui ne sont pas encore des
modeles achevés de traduction; malgré les éloges qu’on leur donne dans leur patrie. On a en français quelques morceaux
des anciens poëtes mis en vers, qui montrent que l’on attribue peut être
à la langue française une stérilité et une inaptitude qu’elle n’a pas réla=
tivement à la poësie sur tout autre sujet que les sentimens: nous avons
en particulier de Mr De L'Isle une traduction des Géorgiques de Virgile
dont la noblesse, et l'exactitude prouvent mieux que tout ce que nous pour=
rions dire, que cette langue maniée par un bon Poëte peut se prêter
à tout, et meme à rendre en français toutes les beautés des Poëtes an=
ciens, autant au moins qu’il est possible de faire passer les beautés poetiques d’une
langue dans une autre dont le génie, le tour, et le méchanisme n’est pas
le même.
Memoire de Mr Bugnion sur la langue française rélativement à la Poësie.Mr Bugnion de Londres ayant médité sur la meme question y a répondu par
un mémoire intéressant 5 mots biffure : Admettant le fait
supposé par Mr Van Berchem, comme suffisamment prouvé, il en cherche
les raisons et il les trouve, Dans le physique, dans le moral, dans le poli=
tique. des nations La Beauté des campagnes qu’habitaient ces Poëtes anciens tels que
Linus, Theocrite, Moschus, Bion, Homere, Anacreon, Catulle, Tibulle, Vir=
gile Ovide, La tranquilité dont ils y jouissaient, leur inspirerent des vers
qu’on attendrait vainement de gens qui habitent des contrées moins riante
moins fertiles, maïs aisées à cultiver.
Les Spectacles qu’offraient les Volcans de L'Italie, les mers qui l’environnent
ainsi que la Grece, offrirent à d’autres poëtes des objets terribles ou magnifiques
et fournirent aux plus sublimes génies, un champ fertile en allégories
et en objets grands et interessans. Ici Hésiode put prendre l’idée des Géans écrasés sous les Montagnes, et le germe
de la Théogonie, la Virgile vit le modele de la plupart des objets qu'il peint
dans son Enéide. Un seul germe de cette Espece produit souvent les plus beaux
ouvrages, lorsqu’il tombe dans des têtes semblables à celles de ces hommes
de génie.
Des hommes qui habitent les mêmes contrées que ces Poëtes, aux quels
la Nature offre les memes images, qui se regardent comme en étant
les successeurs les descendans les Compatriotes, ont dû se trouver dispo=
sés à s’occuper des memes objets, à se remplir du meme enthousiasme,
<8> et à relever la gloire de leur nation en lui faisant connaitre par des
traductions poetiques les grands hommes qui les ont précédés. La Lan=
gue Italienne a de grands raports avec la latine, outre cela elle a l’a=
vantage de pouvoir s’affranchir du joug de la rime, et de beaucoup
d’entraves qui genent la langue française. Enfin le nombre prodigieux
d’accademies qui en Italie s’occupent presque uniquement de la Poësie,
et du soin de perfectionner la langue de leur Pays. tout cela a dû dis=
poser les Italiens à s’occuper avec soins de la traduction des Poetes an=
ciens.
Les Anglais ont eu en partie les memes avantages, la température du
Climat, la fertilité du sol, le goût que l’interet leur fait trouver à s’occu=
per de l’agriculture, Les tempetes les nauffrages dont leurs cotes sont té=
moins; tout cela sert aussi, à alumer leur imagination, à la vue lecture des
tableaux admirables que les Anciens ont tracé de ces memes objets qu’ils
connaissent si bien. Leur langue qui s’enrichit des dépouilles de toutes
les autres leur offre des expressions en abondance, libre de la rime quand
le poëte veut en secouer le joug, se permettant des licences de toute
especes elle a bien moins de difficultés à vaincre pour rendre en vers les idées et les
sentimens exprimés par les Anciens. Le gout des belles lettres répandûe chez presque tous les individus de la
Nation, anglaise leur fait estimer tout ce qui leur facilite la connaissance des
beaux ouvrages des anciens; un traducteur qui rend ce service à ses
compatrîotes est sûr de leur reconnaissance, cela excite l’émulation,
joignez à cela la liberté dont le gouvernement laisse jouir les parti=
culiers, qui bien loin d’etouffer le génie, l'eleve et le fortifie.
Enfin l’anglais dans les beaux arts est peu inventif; mais son grand
talent est de perfectionner, il est donc plutot capable de traduire, que de
travailler sur un fond qu’il a créé: copiste plutot qu’original, il traduit
plutot quil ne compose.
Pour peu que l’on connaisse la Nation française on sait combien
peu ces traits lui conviennent. Une langue peu riche, une versifica=
tion toujours enchainée, une poësie dont la délicatesse dans le choix
des expressions et la tournure des frases, est poussé jusques à l'excès,
Un peuple pauvre, sous les mains du quel la Campagne qu'il ar=
rose de ses larmes et de ses sueurs ne peut paraître le sejour du bon=
heur. un gouvernement despotique, un grand gout de frivolité
<8v> qui décide du choix des Lectures, et qui rend deplaisantes celle des Anciens
qui éxige des connaissances, La passion d’etre original, le peu d’estime
que l’on fait d’un traducteur que l’on confond avec un vil copiste, toutes
ces causes réunies rendent raison du peu de traductions en vers que
l’on trouve chez les français, des anciens Poetes Grecs et Latins. Cependant
ces obstacles ne sont pas invincibles, Mr De LIsle vient de nous procurer
par le succès de sa traduction des Georgiques de Virgile de quoi n’est pas
capable dans cette langue le Courage soutenu du génie:
Peut être Les plattes traductions en prose et les burlesques parodies que
l’on a faites en vers des Anciens Poetes ont contribué a en dégouter les
français, et leur ont fait croire qu’ils méritaient peu la peine d’etre
traduits par des Poetes capables de donner des originaux plus assortis
au goût de la Nation.
Réflexions sur le mémoire de Mr BugnionTel est le fond des remarques de Mr Bugnion dans son mémoire. 1 mot biffure
On a bien senti que chacune des causes indiquées, contribue pour sa part à ce
que les français ayent moins de traductions en vers des Poetes Grecs et latins,
que n’en ont les Italiens et les Anglais; mais, autant que quelques uns de nous
peuvent en juger, ces traductions tant vantées en Italie et en Angleterre,
ne méritent pas tous les éloges qu’on leur prodigue dans leur Patrie.
et n’ont pas une si grande supériorité sur les essais que les français ont
donné quelques fois de traductions de morceaux qui étaient assortis à leur
goût, à leurs talens, et à leurs connaissances. Peut être la disette de ces
traductions est elle due uniquement au goût de la nation, qui trouve
peu de plaisir réel dans la lecture de ces Anciens poemes, et qui en
prendra d’autant moins la passion, que les français ont chez eu un
nombre assés considérable de Poetes originaux dans leur langue,
qui ne le cedent pas en mérite à ceux que l’antiquité nous a
transmis, en général, depuis que le pédantisme des Littérateurs
a passé s’est détruit en France, on s’occupe très peu des anciens, et presque
personne ne les regrette; on les abandonne aux savans de
profession, qui doivent être érudits. Ce ne serait pas peut être
une question indifférente que celle qui demanderait Quel
profit réel pouvons nous retirer pour nous perfectionner en
quelque genre que ce soit, de la Lecture des Anciens poetes Grecs
et latins?
<9> Opinion de Mr HollandMr Holland opinant sur cette meme question, sujet des deux mémoi=
res précédens, nous a dit qu’il croyait la Nation française inca=
pable par son caractere, de se ployer assés au génie des autres
nations, pour donner ni en prose, ni en vers, une traduction
d’un auteur étranger qui rendit fidelement et ses pensées, et
son esprit, et le caractere de son goût. Reflexions sur cette opinionQuelque severe que ce
jugement paraisse dabord, il n’est peut être que trop fondé sur
le vrai. Il est un certain caractere dans tout ce que fait le français
qui le distingue de ce qui vient de toute autre nation; soit
amour propre de la part de cette nation si loïale, soit faiblesse
ou prévention singuliere de la part des autres peuples, on lui
a permis de croire, que ce caractere qu’elle imprime à ce qui
vient d’Elle, était le modele universel du bon goût; elle se s’est ferme=
ment persuadée, et elle critique comme inférieur en mérite, tout
ce qui ne porte pas cette empreinte qu’elle seule peut donner. cela
s'etend depuis les modes les plus futïles de la coiffure, jusques aux
plus graves remontrances des parlemens; depuis la maniere
de prendre du tabac et de se moucher jusques aux plus sublimes
Drames. depuis le Vaudeville grivois, jusques aux plus profonds
traités de Métaphysique. La forme extérieure, le tour, le vernis
l’emporte de beaucoup pour lui plaire sur le fond des choses. Eh!
quelle différence d’Homere à la Henriade! celui la peut-il être gouté par
la nation qui a produit et qui admire celui ci?
Opinion de Mr WetzelMr Wetzel disant son avis sur la même question, nous aprend
qu’il regarde l'excessive pureté de la langue française, la sévérite affec=
tée de ses regles pour le choix des mots, la construction et le stile surtout en vers com=
me comme un obstacle insurmontable à ce que l’on puisse bien rendre
en Vers français le vrai sens de l’original d’un poeme étranger . Reflexions sur cette opinionOn ne saurait nier en effet que sou=
vent cette rigidité du purisme français ne s’oppose à ce que l’on
puisse rendre avec éxactitude et sans amplification, et sans alté=
ration la pensée d’un auteur ancien grec ou latin. Par un
gout singulier à l’egard du langage on a appauvri notre lan=
gue depuis deux siecles, en bannissant nombre de mots énergi=
ques et nécessaires pour exprimer nos idées; et en proscrivant
des tours de frase et des manieres de parler qui avoient de la
force et de la grace on les admire encore dans amiot, dans
<9v> Montagne, dans Philippe de Commines plus ancien qu’eux, dans
3 mots biffure les Ecrits francais de Calvin dans les lettres naïves de Henri IV et dans les mémoires du
Duc de Sully digne ami de ce grand Roi. On Il semble même avoirque pour empêcher que l’on ne répare cette perte, en rappellant de
pris
vieux mots et de vielles frases, ou en en composant de nouveaux, on ait pris des des
précaution plus rigides, que n’en employait ci devant la cour
de Rome pour fermer la porte à toute nouvelle opinion, deux des
français, qui paraissent posseder le mieux leur langue; Voltaire et
J. J. Rousseau s'en sont plaints amerement, mais en vain, de cette
Tyrannie.
Essai de traduction du tragique Seneque par Mr PascheMr Pasche en place de mémoire, nous a montré par le fait meme,
qu’avec du génie, des talens, de la patience, un courage ferme et
l’esprit d’un poëte qui sait la langue, on peut traduire éxactement
en français les poètes latins, il nous a lû la traduction qu’il avait
faite d’un morceau du Tragique Seneque, dont il a rendu l’esprit et
des pensées en vers français très poetiques, sans amplification, et sans
altération. mais il nous a fait regreter de ne pas voir de lui la tra=
duction complette de la piece entiere de Thieste, dont il a traduit les vingt pre=
miers vers.
Reflexions generales sur ces divers mémoires et sur les differentes opinions à cet égardIl parait en général par tout ce qui a été dit sur ce sujet 1° Qu’il est fort difficile
de rendre exactement en vers ce qui a été dit dans le même style dans une
autre langue quelconque à moins que ces deux langues n’aient à peu
près le même génie, car ce qui est une figure agréable dans une lan=
gue n’a point les memes graces dans une autre. 2° Que plus les pen=
sées et les expressions d’un Poëte, qui a dû suivre les idées, les opinions, et
les mœurs de son tems, sont éloignées de nos idées, de notre tour de frase
et de nos mœurs, soit par la distance des lieux, soit par l'eloignement
des tems; plus il est difficile d’en faire une traduction qui nous plaise
et qui nous paraisse naturelle. Comment rendre sans ridicule en
français, les injures qu’Achille dit à Agamemnon dans Homere, et
que sans doute alors les grecs ne trouverent pas opposées au bon goût de leur tems.
3° Que la langue française est de celles qui nous sont connues la
langue dans laquelle il est le plus difficile de traduire en vers un
Ancien poete,à cause de la nature du génie, et du mechanisme de cette langue.
4° Que cependant Une telle traduction fidele quant au sens, et aux graces
compatibles avec le génie de la langue française, n’est pas impossible à un bon
poete. 5° Enfin qu’un bon Poete français, c’est dire un homme capable
d’etre lui meme auteur, se resoudra difficilement à etre traducteur pouvant
<10> être lui meme original.
Memoire de Mr de Charlus sur le choix des occupationsMr Le Comte de Charlus, a eu la bonté de nous lire un mémoire qu’il
a composé sur le Choix des occupations pour une personne du monde. il nous l’avait annoncé dans
la séance précédente qui fut trop courte ou trop occupée pour nous laisser
le tems de faire la lecture de ce mémoire estimable. dans le quel
ce Jeune auteur écrivain. Etablit dabord la nécessité indispensable de
l’occupation, et le danger de l’oisiveté, qu’il nous présente comme la
principale source des vices des hommes; L’inoccupation nous rend inu=
tiles à la societé, et à charge à nous memes, il 1 mot biffure elle produit l’ennui,
état facheux contre le quel enfin nous n’avons de ressources que les passions
brutales, quand nous négligeons celle d’une occupation utile. Mais si
l’habitude du travail n’est pas contractée de bonne heure on ne l’aquerra
pas aisement dans l’age mur, jamais dans l’age avancé; il faut donc
sen faire une habitude dans la jeunesse.
Il ne suffit pas de s’occuper, il faut choisir ses occupations. Le luxe, Le rang,
l’utilité, et l’agrement doivent influer sur le choix à faire à cet égard,
et décider sa préférence. La Nature a donné à l’homme les forces, et au
beau sexe la délicatesse et les graces, c’est qu’elle n’apellait pas l’homme à
broder, à filer, à faire de la tapisserie, ni les dames à courir à la guerre,
pour défendre sa patrie; Le rang appelle un homme à s’occuper exclusi=
vement de certains travaux, puis que dans la plupart des gouvernemens
il le rang décide de la destination de l’individu, celui que la naissance appelle
à gouverner la nation, ne doit pas faire l’ouvrage d’un manœuvre.
Dans chaque état il est des occupations diverses entre les quelles on peut choisir,
c'est l’utilité qui doit regler ce choix, avant tout autre considération; et la
plus utile des occupations, est celle sans doute qui consiste à remplir les devoirs
de notre vocation, ou qui sert à nous rendre capables de les remplir plus par=
faitement. Enfin une derniere considération que Mr De Charlus a tres
largement mise à sa place, c’est celle de l’agrément, heureux qui trouve
le plus grand agrément de sa vie dans l’accomplissement de ses devoirs
et qui quand ses devoirs sont remplis ne s’occupe que de choses qui plai=
sent à ses concitoyens comme à lui.
Chacun a oui avec bien du plaisir de si sages reflexions, quelque besoin qu’elles
eussent d’un peu plus de développement soit pour les principes qui leur servent
de fondement, soit pour les détails d’aplication; ce memoire nous donne l’espéran=
<10v>ce de voir ce développement, avec bien plus d’interêt et d'energie, dans tout le
cours de la vie de Mr Le Comte de Charlus.