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        Brouillon de lettre à la princesse Louise d'Anhalt-Dessau, [Vevey], [octobre] [1800]
	
	
		
	Je ne saurais vous exprimer le plaisir que m'a procuré
	votre chere Lettre dattée du 25 8e passé, elle
	m'a prouvé que vous voulez bien etes toujours si bonne que de vous resouvenir
	d'une personne qui vous est entierement devouée,
	et qui sera trop heureuse quand elle pourra vous
	temoigner toutte sa reconnaissance pour les bon=
	tés Dont vous l'avés constamment honoré.
	Ne vous voyant point arriver dans notre riant
	Pays de Vaud, je craignais que votre santé qui que quelque alteration dans quelque indisposition
	ne vous avait eut empeché d'entreprendre ce voyage,
	mais vous me rassures par votre aimable Lettre
	vous m'y donnés la douce esperance de vous re=
	voir, de pouvoir encore vous reiterer, de bouche
	tous les sentimens respectueux dont je suis et serai toujours
	toutte ma vie penetré pour les excellentes qualités de la plus aima=
	bles des Princesses.
	J'ai eté a Paris cet Eté, j'y accompagnais pr accompagner mon fils
	cadet qui partait pr l'Angletterre et a qui j'etais bien
	aise de faire voir moi même les curiosités interes=
	santes de cette capitale, mon fils ainé qui y etait
	depuis une année et que je desirais de voir aussi
	etait aussi un attrait puissant pour me decider a partir.
	J'ai donc revu cette capitale dans la quelle j'avais
	terminé mes etudes de Medecine il y a 30 ans, et
	que j'ai eu de la peine a m'y reconnaitre tant
	<1v> elle a changé a son avantage; pendant six se=
	maines depuis le matin au soir, je n'ai fait j'ai
	que visitteré ce quelle renferme de curieux et qui
	est immense, j'ai fait connaissances avec les
	personnes les plus distinguées de la France, j'ai
	frequenté les Lycées, les Cabinets publics et parti=
	culiers, les plus riches et les plus curieuses collections
	dans tous les genres; j'y ai reçu partout l'accueil
	le plus flatteur; j'y j'ai eté admis a quelques societes
	de savants de la maniere la plus flateuse pr moi honorable,
	enfin ma chere Princesse je me rejouis de vous
	voir pour vous donner plus de details de mon
	ce voyage que j'aurais voulu prolonger; et dont
	le souvenir me sera toujour infiniment agreable,
	surtout etant accompagné de mes fils qui par leur attention
	soutenuë pour moi, ont doublaienté mes jouissances.
	Vous me demandés aimable Princesse des details sur
	les Campagnes des environs de Vevey, je commencerai
	par la mienne, que vous je vous dirai dabord
	que j'ai doublé etendu mon jardin, par l'acquit d'une vigne
	que je marchandais depuis 10 ans et qui etait der=
	riere ce vilain mur qui la terminant mon jardin
	me derobais la plus belle perspective des montagnes.
	mon jar nouveau jardin, au lieu d'une muraille
	est terminé par un grand pavillon, qui dont une
	<2r> partie asses vaste pr contenir une centaine de
	personne, regarde le Nord et est d'une fraicheur
	delicieuse pendant tout l'eté, l'autre en forme
	de portique regarde le midi, et toutte l'etenduë
	du lac et des montagnes de la Savoye, Et par
	une nouvelle acquisition ce pavillon que je croyais
	devoir etre le nec plus ultra de mon jardin
	se trouve au millieu, et aura autant de ter=
	rain au dela qu'en deça, une grande porte a
	double battant communiquera de mon Pavillon
	dans cette 2d partie qui formera une promena=
	de champetre toutte de pleinpied, et sera
	terminé par une cabane rustique et une petite
	fontaine. La partie superieure sera un coteau
	de vigne que je fais travailler de mes mains
	pour pouvoir dans la saison y aller cueillir des
	raisins a volonté et y conduire mes connaissances
	et mes amis. Ah! si je pouvais y voir ma
	chere Princesse je serais trop heureux!
	Mr Bertholet habite Corseaux et y fait toujours
	de nouvelles reparations; je lai fait sonder
	pour savoir sil voudrait le louer je n'en ai pas
	encore de reponse. Hauteville sembelit tous
	les jours, Chemenin et Bellair n'ont point chan=
	gés.
	<2v> Nous avons eu aussi un peu de froid, mais
	sans gel dans le mois de septembre, mais par con=
	tre nous avons eu le plus bel automne, les plus
	belles vendanges qu'on ait vue depuis plusieurs
	années excepté l'année passée ou elles furent
	magnifiques soit par l'abondance de la recolte
	soit par la qualité des raisins, et le beau tems dont nous avons joui. nous venons
	seulement de les terminer nos vendanges notre recolte; la Cam=
	pagne est toujour encore belle riante, mais les feuilles des arbres
	commencent a jaunir et, rougir et annoncent
	par leur chute l'approche de l'hyver; que je vous plains
	d'etre deja dans la neige et lhyver pendt
	que nous avons encore l'automne a Vevey.
	Quand aux affaires politiques nous sommes actuel=
	lement parfaittement tranquilles et contens. Les
	Bernois paraissent avoir perdu par leur faute et pour longtems le
	plus beau fleuron de leur couronne;
	Vous ne me dites rien de Mr Mattison est-il toujours
	aupres de vous? augmente t'il sa collection? la
	mienne devient tous les jours plus interessante et
	vient d'etre augmentée par un envoi de Mr Peter=
	son de Leipsic. Si la collection des pierres taillées
	les plus interessantes de la Saxe n'etait pas trop chere
	je prierais mon cher Mr Matison que je salue bien cordialement de m'en faire l'emple=
	te <2v> que je lui rembourserai avec reconnaissance
	J'espere ma chere Princesse (permettes moi
	cette expression) que j'aurai le bonheur de vous
	revoir bientot dans ce pays, c'est un Tribut que vous deves
	payer annuellement aux bonnes gens du
	Pays de Vaud qui vous aiment et vous cherissent
	mais personne ne le fait plus sincerement que
	celui qui serait trop heureux de pouvoir vous
	le temoigner pendant nombre dannées encore
	et vous assurer de vive voix des sentimens respectueux
	et de sa plus vive sincere reconnaissance de Vtre
	ob. S.






