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        Mémoires. Suite de la cinquième période, 1801-1802 (Cahier F), Lausanne, [1837]
	
	
		
Cahier .F.
	Continuation des Mémoires 
	de F. C. delaHarpe, depuis le mois de Juillet 1800
	jusques à l'année
Suite de la Ve Période
	2d Sejour a St Petersbourg - Retour à Paris
	1801-1802
	Lettres inscrites.
	Lettre du 25. Fevrier 1802. Observations avec le Considèrant du 25 Févr
Lettre du 26. Février. 1802.
	Lettre du 29. Avril. 1802. Observations sur la réponse à faire
	auDoklad du Sénat
	Lettre du 15. Decembre 1801. sur l'organisation provïsoire
	du Ministère de l'Instruction publique 
	Lettre du 15 Decembre 1801. Les 9 questions adressées à la Comis=
	sion suprême des Ecoles
	Lettre du 15 Decembre 1801. Les 6 questions supplémentaires adres=
	sées à la même comission
	Lettre. du 4 Mars 1802 accompagnant le grand travail sur
	le rapport fait à l'Emp. Paul 1er
	pour la Comission suprême des Ecoles
	le 4e Mars 1801.
	<51> Ce fut dans les heures consacrées à ces
	entretiens familïers, soustraits à l'at=
	tention du curieuse des Courtisans, et pour
	ainsi dire, à la dérobée, que furent agitées
	entre nous, les questions importantes, qui
	donnèrent naissance aux lettres et aux Me=
	moires, dont j'aurai à parler, et à
	présenter les résultats.
	Mais avant de rendre compte de ceux ci
	je dois passer en revue, quelques sujets
	1 mot biffure particuliers de nos premiers entre=
	tiens. 
	2 3 mots biffure
	Le lecteur a déja vu avec quel soin j'a=
	vois averti l'Empereur des menées, qui 
	seroient mises en jeu, pour lui faire
	faire fausse route. Come il étoit plein
	d'urbanité et d'indulgence, quelques uns
	avoient connu l'espoir de 2 3 mots biffure
	et laissoit une grande liberté de discus=
	sion, on fut souvent tenté d'en abuser.
	Les uns essayèrent de se recomander, en
	lui conseillant des mesures d'un Libéra=
	lisme séduisant pour un coeur tel que
	le sien.,Ainsi en Ainsi mais en se gar=
	dant bien de 2 caractères biffure révéler les consequences
	funestes que leurs Conseils devoient avoir. 
	Il eut ainsi le bon esprit de repousser
	la mesure proposée d'interdire la vente
	des Serfs isolés, dont ces infortunés eus=
	sent cruellement abusé, à cette époque,
	en déclarant 2 mots biffure qu'il avoit en 1 2 mots biffure
	mesure que son coeur approu=
	voit, mais qui brusquement décrétée,
	eut risqué d'amener un bouleversement,
	et à laquelle il substitua 2 autres mesures la déclara=
	tion de n'admettre jamais dans les places
	lès vendeurs de chair humaine, et la con=
	cession accordée à tous les bourgeois
	de pouvoir posséder des terres, sans pay=
	sans, qui posoit la base 1ère d'un vérita=
	ble Tiers-Etat dans les provinces qui n'en
	avoient point encore.
	D'autres qui auxquels il avoit peutétre jadis
	révélé, son l'aversion pour le pouvoir 1 mot biffure
	absolu, espérèrent en tirer parti, pour
	l'engager à se prononcer dans ce sens, et
	lui souremirent un projet contenant les
	bases d'une Constitution représentative
	pour la Russie.qui ont bouleversés de Ce projet me fut comuni=
	fonds en comble
	qué par l'Empereur, en me demandant
	ce que j'en pensois, ne voulant 2 mots biffure
	2 3 mots biffure savoir mon opinion, avant de me
	me faire conoitre la Sienne. Le Non-sens de
	cette conception me prouva qu'il étoit le produit
	d'une tête jeune et légère, qui sans tenir aucun Comp=
	te, de ce qu'étoient les 50 millions d'habitans de
	la Russie, avoit recueilli, sans réflexions quelques
	<52> unes des 3 caractères écriture formes représentatives, four=
	nies au hazard, par les pays, qui en
	avoient fait l'Essay., sans s'inquiéter, si
	elles étoient applicables à la Russie. Mon
	opinion sur cette mauvaise production fut con=
	forme à celle de l'Empereur, il n'en fut
	plus question; je ne demandai pas le nom de
	l'auteur, mais j'appris plus tard, que c'étoit 
	le Prince Adam Czartorysky, Aide de Camp
	d'Alexandre 1er, depuis Ministre des rélations
	extérieures, et dans ces derniers tems, Président
	de la Diète insurrectionelle de Pologne.
	Un autre piège avoit été tendu à l'Em=
	pereur, aumoment où il monta sur le
	trône. On l'engagea à inviter le Sénat, à
	lui présenter l'énumération des attributions
	que les Empereurs lui avoient accordées,
	qui depuis avoient été fort reduites, et
	et dont la réduction sous les derniers rê=
	gnes l'avoit fait baisser considérablement
	baisser dans l'estime publique. Si cette
	assemblée avoit eut été composée d'homes d'E=
	tat à vues élevées, cette invitation pou=
	voit 1 mot biffure amener, ainsi que jadis en Suède,
	la 1 mot biffure formation d'un Sénat nobiliaire aristo=
	cratique: heureusement il n'en fut rien.
	Les Sénateurs crurent n'avoir rien de
	mieux à faire, que de 1 mot biffurerappeler dans leur
	Représentation (Doklad), tout ce qui avoit
	jadis été accordé à leurs prédécesseurs
	par inadvertance, à leurs prédécesseurs,
	ensorte que, leurs prétentions 1 mot biffure étant admi=
	ses, l'autorité du Impériale étoit à
	peu près, neutralisées. Cette imprudence ris=
	qua de 1 mot biffure devenir fatale, au Sénat en indispo=
	sant tous ceux qui n'appartenant
	pas à leur cette corporation Il fut
	sérieusement question de la dissoudre.
	La proposition en fut faitte à l'Empe=
	reur 1 mot biffure pouvoient craindre le ré
	l'éveil de son ambition. 2 mots biffure
	1 ligne biffure
	La gravité de ces conséquences, ame=
	na des négociations qui me furent
	comuniquées, et dont les 1 2 mots biffure
	les 3 lettres du 25 et 26 Fevrier et
	qui 29 avril 1802 m'engagèrent à adres=
	ser à l'Empereur les 3 lettres du 25
	et 26 Fevrier et 29 Avril qui
	pouvoient craindre un réveil subit
	de d'ambition des chez quelques uns de ses
	membres. La gravité de ces conséquen=
	ces devoit amener des négociations: elles
	me furent comuniquées, et je crois devoir
	insérer ici les 1 mot biffure observations que j'adressai
	à l'Empereur, les 25e, et 26e Fevrier
	et 29e Avril 1802. et qui rendent comp=
	te de leur résultat.
	St Petersbourg. 25e Fev.
	1802
Sire
	Mr de Novossiltzof m'a comuniqué le
	projet d'Edit du Comte Alexandre Voron=
	tzof, et son Mémoire, avec des réponses
	très bien faittes à 4 ou 5 de ses arti=
	cles. 
	<53> Sans doute il vous aurra fait part de
	notre conversation.
	Dès lors j'ai fait de nouvelles que j'ai
	l'honeur d'adresser à V. M. I.
	Il me paroit Sire qu'il faut prendre un 
	parti définitif. 
	Si vous êtes trop avancé pour ne pas
	accorder au Sénat, une partie aumoins de
	ce qu'on revendique pour lui, alors il faut
	tenir loyalement votre promesse afin que
	nul ne puisse inculper vos intentions, ou
	soupçoner vos principes; mais en faisant
	ce sacrifice momentané quelques précau=
	tions sont indispensables. 
	Ainsi. 1° Il conviendroit de vous réser=
	ver expressément de pouvoir modifier
	l'organisation établie pour votre Edit, à
	fur et à mesure que les besoins de l'Etat
	et l'expérience feront sentir la nécessité
	de ces modifications, toutefois sans pro=
	noncer le mot de provisoire qui produit
	constament les plus mauvais effets.
	2° Il faudroit retrancher de l'Edit,
	les articles rèlatifs à la classification des
	travaux du Sénat.
	Cette classification étant deffectueuse,
	doit être corrigée, de manière à simpli=
	fier et accélérer l'expédition des affaires.
	Le silence gardé à cet égard vous donnera
	le tems d'y pouvoir avec maturité.
	Maintenir celle d'aujourdui, fut-ce pro=
	visoirement, rendroit la correction ci-=
	dessus bien p bien plus difficile.
	Mais, si vous croyez, Sire, être dès
	ce moment en mesure, d'introduire une
	organisation plus complette, qui borne
	les fonctions du Sénat à être celles d'une
	haute Cour de justice; alors il faut mettre
	courageusement la main à l'oeuvre,
	après avoir tout préparé d'avance. 
	L'Edit qui établiroit cette organisation
	nouvelle, devroit il semble contenir ce
	qui suit. 1° une Préface (ou Considérant),
	courte, mais claire et énergique, pour
	faire conoitre les vices de l'ancienne
	organisation, et les avantages de la nou=
	velle. Voici à peu près, come je la 
	concois. (1 mot biffure) (Voyez la à la suite de la Lettre du 26
	Fevrier.)
	2° une description bien éxacte du Sénat,
	considéré, come Cour suprême de Justice pour tout
	L'Empire.
	Ainsi, p. ex. entre les 6 Départemens
	qui le composent, l'un pourroit avoir
	la surveillance des Cours de justice,
	l'expédition des loix, leur enregistrement,
	leur promulgation, le droit de pré=
	senter au Gouvernement les projets
	de loix nouvelles, ou les explications à
	donner aux loix anciennes qu'il jugeroit
	utiles. Il seroit enfin chargé de
	<54> de fournir aux Départemens minis=
	tériels les renseignemens demandés,
	par eux sur les objets qui leur sont
	assignés.
	Les Comissions à nomer pour la
	rédaction des Codes de loix devroient
	encore être de son ressort.
	Trois de ces départemens pour=
	roient demeurer Cours d'appel
	et de Cassation pour les provinces
	russes qu'on leur assigneroit, un
	5ème le seroit pour les provinces
	polonoises, et un 6e pour les provin=
	ces allemandes.
	3° Une création de départemens
	ministériels chargés de toute la
	partie administrative, création
	que devroit accompagner une réor=
	ganisation même de Votre Con=
	seil, qu'on pourroit dès lors appeler
	Conseil d'Etat siégeant près la
	personne de l'Empereur; et tout
	cela conformément à une instruc=
	tion détaillée qui devroit diriger
	les employés du Gouvernement et les
	Gouvernés, depuis une époque dé=
	terminée.
	Cette création devroit encore être
	suivie, de la nomination par V. M. I.
	à toutes les places, et d'une promte
	organisation des bureaux, ou Sections
	de chaque Ministère, dans lesquels
	on feroit passer une partie des
	Employés du Sénat; les autres
	devant conserver leur traitement
	jusqu'à leur replacement ultérieur.
	Si je connoissois mieux l'admi=
	nistration intérieure, j'aurois
	joint mes idées sur les articles de
	cette réorganisation; mais si V. M. I.
	le juge nécessaire je lui ferai mes ob=
	servations sur le travail qui lui
	sera présenté.
	Je conjure V. M. I. de s'armer
	d'une fermeté bien calme, mais
	bien inébranlable, dans ces circons=
	tances, et de ne point foiblir, par
	considération pour tels ou tels homes,
	qui, dans la réalité, ne sont tous
	que A et B, lorsqu'il s'agit de
	faits et de raison.
	En accueillant avec des égards et
	avec bonté leurs discours, vous
	ne pouvez oublier, Sire, ni l'ori=
	gine du Sénat, ni ce qu'il est, ni
	ses oeuvres, ni sa composition. 
	Il est impossible qu'un home
	<55> bien impartial vous conseille sérieuse=
	ment de remettre à un tel corps, l'admi=
	nistration de Votre Empire; ce seroit
	vous priver à jamais de la faculté de
	voir clair dans celle ci.
	Sire! Soyez Empereur de fait, come
	vous l'êtes de droit; et que la Russie, et
	l'Europe dont les yeux sont fixés sur vous,
	se persuadent bien, que l'affabilité
	dont vous futes doué par la Destinée,
	ne nuit point à la fermeté inébran=
	lable qui doit être le caractère du Chef
	suprême de 40 millions d'homes.
Agréez Sire etc.
	A Cette lettre fut accompagnée le lendemain étoient jointes des observa=
	tions suivantes, rélatives à l au projet
	de la réorganisation du Sénat
1.
	Les attributions du Sénat ne paroissent
	avoir été, ni définies, ni précisées.
	Si l'on s'en fut occupé sérieusement, on
	on n'eût pas tardé à sentir qu'elles de=
	voient être autant de Corollaires de
	prinicpes avoués par le Gouvernement et
	reconnus par lui, come applicables aux
	besoins de l'Etat, à telle ou telle époque.
	Le Gouvernement aurroit vu, en un
	mot, qu'accorder au Sénat toute la
	latitude des Pouvoirs réclamés pour lui,
	eût été résigner partiellement en sa
	faveur, intention qu'on ne peut lui
	supposer, qu'il n'a point eue, ne peut
	et ne doit point avoir.
2.
	Le Sénat paroit avoir été institué, à
	2 fins.
	a) pour expédier les affaires administra=
	tives, et activer l'éxécution des mesures
	arrétées par le Gouvernement.
	b) pour former la haute cour de justice
	de l'Empire.
	Les absences fréquentes de Pierre le grand
	dont le rêgne fut constament troublé par
	des guerres étrangères, l'engagèrent à
	créer un corps qui, par sa permanen=
	ce, et par le nombre de ses membres,
	pût veiller à l'expédition des détails
	affaires, donner les directions de détail
	sur les moyens d'éxécution, redresser
	les abus, servir en un mot, d'instrument
	de comunication entre le Gouvernement
	et les Gouvernés; en sorte que les derniers,
	ne pûssent se ressentir de l'absence, ou
	de l'éloignement du monarque.
	Le génie de cet empereur avoir sui=
	vant les apparences, reconnu les avan=
	tages que les Etats allemands reti=
	roient alors de l'institution de leurs
	Collèges ou départemens administratifs.
	<56> Qui sçait même, si le Grand Directoire
	de l'Electeur de Brandebourg, ne lui
	fournit pas le 1er modèle du Sénat?
	Plus occupé des intérêts du dehors,
	que de l'intérieur de leur Empire,
	ses successeurs paroissent avoir
	trouvé cette institution comode, et
	s'être reposé sur elle, sans en avoir
	une juste idée.
	On ne voit pas au moins qu'ils se
	soyent fait ces questions. Ce qui
	convenoit à la Russie, dans les cir=
	constances où Pierre le Grand se
	trouva, lui convient-il également,
	après les changemens qu'elle a subis?
	Le grand nom de cet Empereur
	doit-il empêcher ses successeurs de
	substituer à l'échaffaudage élevé
	à la hâte par ses soins, une
	Bâtisse solide, mieux appropriée
	aux besoins actuels de son empire?
	Catherine IIde seule, semble avoir
	deviné que cet échaffaudage ne ré=
	pondoit plus au but qui l'avoit
	fait élever. Elle n'y toucha pas,
	il est vrai, ostensiblement; mais
	toute sa conduite démontre qu'elle
	en apprécioit l'insuffisance, les
	vices, et sans doute aussi, l'inutilité.
	C'étoit néanmoins une grande faute,
	que de laisser subsister, dans cet
	état d'imperfection, une institution
	de cette importance qui, si elle
	n'étoit plus adaptée aux nouveaux
	besoins et aux nouveaux rapports
	de l'Empire, devoit nécessairement
	tout entraver et tout confondre.
	Le Sénat eut, en 2d lieu, l'honeur
	de devenir la Suprême Cour de justice
	de l'Empire, ce qui quadroit assu=
	rément peu avec ses fonctions admi=
	nistratives.
	Seroit-il donc possible de le
	considérer sérieusement, come dégradé,
	s'il étoit réduit aujourdui, à n'être
	désormais que la haute cour de
	justice de l'Empire? Eh! quoi, pro=
	noncer, en dernier ressort sur
	l'honeur, la fortune et la vie de
	40 millions d'homes, ne seroit pas
	une fonction 1 mot biffure auguste? Et
	qui sont-ils donc, ces Sénateurs
	trop grands, pour être ravalés
	jusqu'au rang de Juges suprêmes?
	quelles études ont-ils faittes? Dans
	quels lieux et par quels moyens
	ont-ils acquis ces connoissances
	supérieures, et cette expérience con=
	somée que suppôsent et qu'éxigent
	<57> les fonctions de Sénateur? Ont-ils donc
	tant de tems de reste, qu'ils puissent embras=
	ser tous les grands objets de l'administration
	générale, lesquels partout ailleurs sont con=
	fiés à des Ministêres séparés? Le Sénat
	est-il à jour pour tous procès portés devant
	lui? S'il ne l'est pas est-il conséquent
	de réclamer pour lui, de nouvelles attributions,
	tandis qu'il ne suffit pas même à celles
	qui tienent à l'administration de la justice? 
	Si on lui demandoit un Compte sévère
	de ces inombrables procès, portés devant lui,
	depuis tant d'années, et dont les documens
	moisissent dans ses archives, qu'aurroit-il
	à répondre? 
	Ce n'est pas en le chargeant en sus, de
	des détails énormes de l'administration géné=
	rale, qu'on l'aidera à déblayer ce qui
	l'encombre, et l'empêche de se mettre à
	jour. Il faut, enfin, faire cesser en
	Russie, cet abus vraiment révoltant de
	la cumulation des pouvoirs et des fonctions,
	cumulation qui feroit la satyre du Gouver=
	nement, s'il n'y mettoit pas un terme.
	Enfin les corps chargés de l'administra=
	tion suprême de la justice, sont partout
	placés au 1er rang, et certes il est à desirer
	pour la Russie, que son Sénat, soit jugé
	digne de l'honneur qu'on lui conserve, d'être
	la Haute Cour de justice de l'Empire, et
	par là, l'un des premiers gardiens de la
	sureté publique.
3.
	Des fonctions aussi diverses attribuées
	aux mêmes homes, tandis que ailleurs, où
	l'Instruction est plus répandue, elles sont
	sagement séparées, et considérées come in=
	compatibles, devoient nécessairement
	confondre les idées; et ce qui devoit encore
	accroitre le désordre, etoit l'obligation im=
	posées aux mêmes homes, revêtus à la fois
	des fonctions d'administrateurs et de juges
	suprêmes, de surveiller l'Administration
	et de dénoncer les abus à leurs collêgues.
	Quel Despote qu'une assemblée munie de
	tels pouvoirs, si elle avoit été composée
	d'homes entreprenans, en possession de la
	confiance générale, si ces homes dont les
	places étoient inamovibles avoient usé
	de leurs attributions, de manière à se
	concilier l'opinion publique et le dévoue=
	ment des Gouvernés!
	A quoi le Gouvernement at-il donc
	eu l'obligation d'échaper à ces résultats?
	<58> Il la doit toute entière au soin
	pris de déconsidérer cette assemblée, en
	la peuplant d'homes, en grande partie
	peu propres à s'acquiter convenablement
	de leurs fonctions, politique dictée au
	Gouvernement par le soin de sa conserva=
	tion propre, politique détestable, indigne
	du rêgne d'Alexandre 1er, et à laquelle
	il faudroit pourtant recourir, si par
	un Edit formel, le Sénat étoit admis
	à gouverner (pravit), à côté du
	monarque. Ce seroit là une
	faute que tous ceux qui comprennent
	la nécessité d'une réforme des abus graduelle et
	systématique, reprocheroient avec
	raison au rêgne actuël.
	Si ce Corps devenu prèsque tout
	puissant par l'accumulation des pré=
	rogatives qu'il se destine, étoit une fois
	composé d'homes tous éminement dis=
	tingués, il acquerroit nécessairement
	par l'opini2 caractères biffureon publique, une influence
	aristocratique d'une dangereuse espèce,
	surtout dans les momens de crise, durant
	les minorités etc. etc. etc.
	L'histoire du Sénat de Suède est
	connue, et nul n'ignore ce que la
	liberté publique eut à souffrir sous
	le rêgne de fer de cette aristocratie qui
	fit regretter les rêgnes de Charles XI
	et de Charles XII. Ce seroit bien pis
	en Russie, où l'habitude du Despotisme,
	et de la Servitude enracinée profonde=
	ment dans les coeurs, ne seroit pas tenue
	en bride, par des lumières et par des
	maximes administratives bien digérées,
	répandues parmi le peuple.
	Si le Sénat étoit, au contraire, com=
	posé d'homes, en grande partie, foibles
	ou peu propres à leurs fonctions, tout
	seroit de nouveau entravé, et cette
	assemblée tomberoit dans la nullité la
	plus complette. Telle fut longtems
	ici son éxistence: être Sénateur signi=
	fioit l'absorption ou la nullité, en
	termes honêtes.
	Jamais ces Sénateurs n'eurent le
	courage de s'opposer aux mesures dé=
	sastreuses adoptées, en diverses cir=
	constances. Jamais ils n'osèrent faire
	<59> entendre au Souverain, le langage sévère
	de la Vérité. Le scandale doit finir, car
	l'autorité impériale elle même se ressenti=
	roit de la déconsidération attachée à une
	assemblée, aussi importante en apparence,
	qu'elle seroit insignifiante dans la réali=
	té.
	Le Sénat tel qu'il est ne peut donc
	point être l'Intermédiaire à l'aide par duquel à l'aide duquel des bornes pourroient
	des
	être mises à l'arbitraire.
	Il seroit superflu de prouver que toute
	autre assemblée produiroit encore moins
	le Bien.
	J'ai vu agir ces assemblées représenta=
	tives, convoquées avec tant de peine et de
	soins, pour opérer des réformes. Prèsque
	partout elles n'ont pas fait que des sottises,
	et je félicite sincèrement la Russie, d'avoir
	pour Chef suprême, un prince que sa
	Prérogative incontestable a armé de
	tout ce qu'il faut, pour réformer avec
	sagesse et pas à pas, les abus, et pour
	procurer à son peuple, non pas l'ombre,
	mais la réalité de la liberté civile, sans
	lui faire courir les chances désastreuses
	de ces assemblées, au sein desquelles se
	déchainèrent avec fureur, tant de pas=
	sions haineuses, qui étouffèrent la voix
	de la sagesse, la modération et le vrai pa=
	triotisme.
	La Russie n'est point préparée pour
	de pareïlles discussions; et quand elle
	le seroit, je ne cesserois encore de répéter
	que l'Empereur, aidé par ses Minis=
	tres et par son Conseil, peut et doit se
	passer du Sénat, pour opérer le Bien
	qu'il veut faire, et qu'il ne feroit que
	très imparfaitement avec lui. C'est
	un vieux ami de la Liberté, un Répu=
	blicain qui donne ce Conseil à l'Auto=
	crate de la Russie.
	Il éxiste d'autres moyens pour em=
	pêcher le retour de l'Arbitraire: en
	voici quelques uns.
	1) Il faut s'occuper avec urgence d'une
	classification plus parfaitte des travaux
	de l'aministration générale de l'Empire.
	Cette classification permettra de porter
	la lumière au fonds de l'antre, en
	simplifiant la marche des affaires et
	y faisant une fois rêgner l'ordre et
	l'esprit de suite.
	Par elle on diminuera le nombre des
	Employés, source de désordre et de corrup=
	tion. En payant mieux ceux qu'on
	<60> conservera, on pourra éxiger de la
	probité, un travail plus expéditif, plus
	laconique, plus parfait. Cette classi=
	fication enfin facilitera la vue de
	l'Ensemble, dont il importe que le
	Souverain jouïsse librement, faculté
	qu'il n'aurra pas, tant que l'organi=
	sation actuelle subsistera.
	2) Une conséquence nécessaire de cette
	classification perfectionée, est l'orga=
	nisation de départemens ministériels
	bien distincts, ayant à leur tête des
	Chefs chargés de travailler imédiate=
	ment avec V. M. I  
	Mais pour donner à cette organisa=
	tion le degré de perfection dont
	elle est susceptible, et pour centraliser
	l'action du Gouvernement, il est
	indispensable de perfectioner aussi
	l'organisation du Conseil; en
	augmentant le nombre de ses membres,
	en les choisissant parmi les travailleurs
	distingués par leurs lumières, leur
	expérience et la libéralité de leurs
	principes; en leur assignant des ap=
	pointemens fixes, qui leur assurent un
	état honorable; en soumettant toutes
	leurs opérations à un rêglement, qui
	en régularise et active la marche; en
	astreignant enfin les Chefs des
	départemens ministêriels à discuter
	devant eux et avec eux, les mesures
	générales d'administration. 
	Composé ainsi d'homes capables,
	organisé fortement et de manière à
	produire des résultats positifs, le
	Conseil de V. M. I deviendroit en
	son nom, le Surveillant des Minis=
	tres, et remplaceroit bien mieux
	le Sénat, sous le point de vue de
	ses attributions actuelles qui devroient néces=
	sairement cesser pour le laisser
	tout entier à ses fonctions judiciaires.
	3) La réforme de l'ordre judiciaire
	ainsi qu'il a été dit dans d'autres mé=
	moires (du 30e Aout. 3e Septembre
	et 16e Octobre 1801 et 22e Avril 1802)
	est un autre grand moyen, et vû le
	triste état de cette branche principale
	de l'administration, le 1er et le plus
	grand besoin de la Russie.
	<61> Il faut à celle ci, un Code civil général ,
	un Code pénal, et une organisation de
	Cours de justice adaptée à ces divers codes,
	qui, plus simple et et plus à portée des
	justifciables, assure l'expédition des affaires,
	chasse la corruption, et dispense le gouver=
	nement d'intervenir autrement que pour
	éxercer une simple surveillance.
	Le Sénat deviendra alors, ce qu'il doit
	être, dans la hiérarchie judiciaire, le 1er
	et le plus auguste des corps publics.
	Ce n'est qu'après avoir réorganisé cette
	branche importante, qu'on pourra s'occu=
	per du Personnel des Tribunaux, et astrein=
	dre les homes qui se voueront à la carrière
	judiciaire, à faire les études aux quelles
	on s'astreint partout ailleurs.
	Il est donc bien urgent de presser la
	confection de ces divers Codes, et que
	l'autorité impériale aiguillonne ceux
	auxquels elle a confié ces travaux, afin
	qu'ils ne perdent pas un instant, ou
	que dumoins ils soyent confiés à des
	homes qui s'en occupent sans relâche.
	Si les personnes chargées aujourdui
	de ce travail, en sentoient bien l'im=
	portance, elles n'aspireroient pas à
	des attributions plus étendues; car
	il n'éxiste rien audessus de l'honeur
	d'être appelé à préparer des loix pour
	un vaste empire.
	Quels sont cependant les résultats de
	leurs travaux? à quoi en sont-ils?
	C'est à l'oeuvre qu'on reconnoit l'ou=
	vrier. 
	La réorganisation de l'ordre judici=
	aire, en un mot, est le grand moyen
	parlequel l'Arbitraire sera refrêné
	surement, et sans bruit. Elle seule
	peut assurer aux Russes, ce que l'Empe=
	reur desire qu'ils ayent, la jouïssance
	certaine de leur proprieté, la sureté de leurs
	personnes, et la faculté de développer
	leurs talens et leurs moyens; avantages
	<62> dont le Sénat n'eut jamais une juste
	idée, et qu'il seroit incapable de leur
	procurer, quand il en aurroit la volonté.
	4) La propagation des lumières est
	un 4e moyen, pourvu qu'il soit em=
	ployé selon les vues du Gouvernement
	libéral qui s'en occupe.
	Dans un Empire aussi vaste que celui
	de Russie, où l'on a tant à faire à
	cet égard, avec si peu de moyens,
	on ne peut comencer trop tôt.
	Un tableau des résultats de ce qui
	éxiste, sera présenté dans peu de
	jours à V. M. I. , et peutêtre
	Elle trouvera, que pour travailler
	avec suite et persévérance dans cette
	partie, il faut un Département minis=
	tériel particulier, bien composé et
	fortement organisé, dont l'Instruction
	publique soit la tâche exclusive. 
	5) Un 5ème grand moyen est de favo=
	riser l'accroissement de la classe des
	propriétaires, surtout de celle des cul=
	tivateurs, et la formation de Comunes
	organisées come elles l'ont été en
	Allemagne et dans le reste de l'Eu=
	rope. 
	La première opération pourroit
	être tentée, cà et là, sur les terres
	de la Couronne, sous les yeux de
	l'Empereur, à titre de simple essai
	dabord, et en la présentant come
	un moyen de faciliter l'acquitement
	des redevances, et de soulager les
	habitans.
	Si ces essais réussissent (et ils
	réussiront certainement en s'y prenant
	bien), ils ne tarderont pas à être
	imités par les Seigneurs particuliers.
	La Colonisation du Midy fourniroit
	enfin de nouvelles Données et de gran=
	des facilités, si les concessions des terres
	de la Couronne, dans ces contrées, n'avoient
	lieu qu'autant que leur culture et
	leur colonisation s'éxécuteroient con=
	formément aux bases fixées d'a=
	vance par le Gouvernement.
	L'essentiel est de prouver par des
	faits, qu'il y auroit un gain évident
	à agir de la sorte; l'intérêt parti=
	culier feroit le reste. 
	<63> La formation de nouvelles Comunes dé=
	pend entièrement du succès de l'opéra=
	tion précédente. Mais il sera bon
	de s'en occuper d'avance, parce qu'il
	importe d'attacher les cultivateurs-pro=
	priétaires, au Sol qu'ils cultivent, en
	leur procurant les avantages résultans de
	la formation des Comunes partout ail=
	leurs, avantages qui donnent à l'Etat,
	une garantie de plus du maintien de la
	subordination et de l'ordre.
	En procédant de la sorte, l'arbitraire
	cessera par la seule force des choses. La
	nation s'éclairera et se reformera dou=
	cement, sans efforts, sans secousses.
	Plus instruite elle apprendra à estimer
	les bienfaits de la liberté civile qu'elle
	ne connoit pas encore. Elle ôsera
	alors developper ses facultés dans tous
	les genres. Il se formera, pour les affai=
	res, des homes instruits, capables de
	servir leur Souverain et leur patrie, avec
	intelligence, courage, et un noble
	patriotisme.
	L'Empereur peut préparer la Russie
	à recevoir un jour, une organisation
	encore plus parfaite, qui en procurant
	au Gouvernement, toute la force, toutes
	les ressources, toute l'énergie qu'éxige
	l'administration d'un aussi vaste ter=
	ritoire, assurera aux Gouvernés, une
	garantie contre le reour à l'Arbitraire,
	avec la libre faculté de développer leurs
	talens et leur industrie, sous la protec=
	tion de loix connues de tous et éxécutées
	sous les yeux de tous.
	Mais, quelque longue que doive être
	la carrière d'Alexandre 1er, il ne lui est
	peutêtre pas donné, de mettre la dern
	dernière main à son ouvrage. Il
	doit suffire à sa gloire et à son
	bonheur d'élever sur des bases solides,
	l'édifice de la civilisation véritable
	de la Russie, et de mettre ses successeurs
	dans la nécessité de décorer l'intérieur
	de l'édifice, dont la postérité toujours
	juste, le proclamera, le véritable fon=
	dateur.
St Petersbourg . 26e Fevrier 1802
	Un Considérant devenoit indispensable
	pour motiver les nouvelles organisations
	qui nouvelles lors de leur promulgation:
	Tel est celui, dont je présentai le projet
	en adressant à l'Empereur la lettre du
	25e Fevrier.
	En arrivant au trône de nos ancêtres,
	l'un de nos premiers soins fut d'invi=
	ter le Sénat à nous faire connoitre
	ses prérogatives; ce que cette assemblée
	a éxécuté par son rapport (Doklad).
	<64> Ayant recueilli des renseignemens
	plus complets sur la situation de
	notre Empire, sur l'administration
	intérieure, en particulier sur celle
	de la justice, et sur les besoins de nos
	fidêles sujets, il nous a paru évident,
	que l'organisation du Sénat établie
	sous le rêgne glorieux de Pierre le grand,
	aumilieu de la guerre et des embarras
	de toute espêce, bonne pour les cir=
	constances dans lesquelles l'Empire se
	trouvoit alors, ne pouvoit plus suffire.
	La vaste étendue de son territoire
	considérablement accru dès lors, les
	progrès faits vers une plus grande
	civilisation, la multiplicité des
	affaires, leur diversité, leur promte
	expédition, et la nécessité de procurer
	à l'administration, une activité pro=
	portionée à l'étendue de ses devoirs,
	éxigent impérieusement, que les
	diverses opérations de celle ci soyent
	rattachées autour d'un centre comun,
	afin d'en pouvoir mieux saisir
	l'ensemble, et de le faire concourir au
	grand but de la prospérité généra=
	le.
	Convaincû que la cumulation
	des attributions administratives
	et judiciaires, dans une même as=
	semblée n'étoit propre qu'à engen=
	drer l'incertitude, la confusion,
	des mesures incohérentes et des len=
	teurs infiniment préjudiciables au
	Bien public, nous avons résolu de
	séparer les attributions, de classi=
	fier les travaux assignés aux dépar=
	temens divers, afin pour que chacun
	d'eux conoisse l'étendue de sa tâche;
	et de les subordonner à une Surveil=
	lance centrale, qui facilite au
	Gouvernement les moyens d'établir
	la concordance entre leurs opérations,
	et d'activer plus que jamais
	l'expédition des affaires, ainsi que
	l'éxigent les besoins de l'Empire.
	A ces causes nous avons arrêté
	ce qui suit etc. etc. 
	L'oukase, ou décret qui procla=
	ma depuis l'Organisation nouvelle des
	Ministères, fut précédé d'un Con=
	sidérant qui différoit du projet
	qu'on vient de lire, mais leurs
	principes étoient identiques.
	La représentation (Doklad) du que le Sénat avoit soumise
	Sénat
	<65> en Juin 1802, en réponse à 1 mot biffure pour satisfaire, à l'in=
	vitation qui lui avoit été transmise adressée
	pa de la part de l'Empereur, nécessi=
	toit une réponse décision définitive que des
	négociations avoient été préparées, mais
	qui étoit attendue avec impatience. Je
	m'en occupai de mon côté, et transmis
	à ce Monarque, le 29e Avril 1802, peu de jours avant
	mon départ, à les observations qu'on va lire.
1ère observation
	Sire! Il faut nécessairement répondre
	par une mesure, à l'invitation adres=
	sée au Sénat par l'Oukase du
	mois de Juin 1801.
	Le Doklad (Représentation) de celui
	ci, ne peut sans doute en demeurer là;
	mais il me paroit seulement incomplet.
	Le Sénat aurroit du présenter avec,
	un résumé de ce qu'il avoit fait pendant
	un nombre d'années déterminé p. ex. pen=
	dant 20 ans.
	Il aurroit du rendre compte de la ma=
	nière dont il expédie les affaires, et joindre
	l'énumération de celles qui sont à ter=
	miner, en marquant les dates des jours
	auxquels elles lui sont parvenues.
	Ce compte seul eut mis en état de juger,
	si constitué come il l'est, ou voudroit
	l'être par son Doklad, il peut remplir
	le but de son institution.
	Rien ne calmeroit plus surement
	ceux de ses membres qui aspirent à
	des pouvoirs plus étendus, qu'un tra=
	vail de cette esèpce, dont les résul=
	tats seroient, que les affaires sont
	traitées lentement et sans systême, et
	qu'un grand nombre demeurent arrié=
	rées.  Vous demandez qu'on étende
	vos attributions, diroit-on au Sénat,
	les pièces en mains, et vous n'avez pas
	même pu terminer les affaires comprises
	dans vos attributions d'aujourdui; est-il
	séant de vous charger d'occupations nou=
	velles, lorsque vous n'avez pu suffire aux
	anciennes?
	Demander au Sénat des renseignemens
	sur les objets ci-dessus, me paroit donc
	indispensable. L'avis pourroit en être
	suggéré, dans le Conseil, ou bien l'Empe=
	reur en feroit directement la demande.
2.èime observation
	Il ne peut être question de jouer au plus
	fin avec le Sénat, qui n'est pas une
	puissance. Il faut agir franchement
	avec lui. La mesure à prendre par
	l'Empereur, doit porter un grand caractêre,
	qui annonce bien, celui que doit avoir son
	rêgne.
	<66> Son intention a été d'accorder au Sé=
	nat, tout ce qu'il falloit pour coopérer
	au Bien général, mais elle n'a pu être de
	s'occuper exclusivement de cette assemblée.
	Examiner avec soin la marche de l'ad=
	ministration générale de l'Empire: suivre
	attentivement les mouvemens de ses roua=
	ges divers, a du être l'occupation prin=
	cipale de l'Empereur. Il lui falloit
	des faits; il s'est donné le tems de les
	recueillir, et il en est résulté pour lui,
	cette grande vérité, que loin de devoir
	s'occuper d'une mesure partielle, il étoit
	urgent de simplifier l'administration,
	d'en classifier les travaux, et d'augmen= d'accroitre son action, en la centra=
	ter
	lisant, en élaguant ce qui la retardoit,
	en y introduisant un ordre et une
	marche systêmatique qui n'éxistoient
	pas auparavant.
	Les travaux de l'Empereur n'ont donc
	plus pour 1er but, le seul Sénat, mais
	bien l'administration entière de l'Em=
	pire; ce qui est d'une toute autre
	importance, et porte nécessairement
	le cachet de la grandeur.
3ème observation
	S'occuper exclusivement de la fixa=
	tion des attributions du Sénat entrai=
	neroit dailleurs des inconvéniens.
	En effet a) ces attributions doivent
	correspondre à celles qu'on assignera
	à chaque département, lors de la
	classification des branches diverses
	de l'administration générale, et ne
	peuvent par conséquent pas être
	considérées isolément, sans porter
	atteinte à cette correspondance.
	b) Si l'oukase destiné à fixer
	ces attributions, les réduit prèsque à
	rien dans la réalité, on dira que le
	Sénat a été joué.
	Peutêtre que plusieurs de ses meneurs
	ont mérité de l'être, pour leur présomp=
	tion; mais l'Empereur doit persévérer
	dans ses égards pour le Corps entier
	du Sénat. Il doit honorer en lui,
	l'émanation la plus marquante de
	l'autorité impériale, améliorer son
	organisation et procéder envers lui,
	avec une noble loyauté qui atteste
	la pureté de ses intentions.
	Cette assemblée tenant son éxis=
	tence de l'Empereur, seroit-il digne
	de lui, de tergiverser avec elle? 
	c) Si l'oukase gardoit le silence
	sur certains pouvoirs que le Sénat
	s'attribue, et qu'il éxerce (p. ex. les
	oukases expédiés directement par lui
	dans les provinces), il paroitroit les
	<67> lui avoir confirmé tacitement; et
	come l'éxercice de ces mêmes pouvoirs
	est précisément l'un des abus auxquels
	on veut remédier, par l'établissement
	des départemens ministériels, il s'en=
	suivroit ces 2 alternatives: ou qu'il
	faudroit le dépouiller imédiatement
	après d'une partie, ce qui exciteroit des
	clameurs bien fondées: ou, qu'il fau=
	droit ajourner encore pendant plusieurs
	plusieurs années, la réorganisation des
	départemens ci-dessus, dont l'urgence
	est pourtant si bien reconnue.
	Cette dernière alternative acquiert
	même un si grand poids à mes yeux,
	qu'il m'est impossible de croire que cette
	réorganisation puisse être entreprise
	de longtems, si l'on s'occupe prélimi=
	nairement du seul Sénat. 
4ème observation
	Faire entrer dans l'oukase qu'on desti=
	ne à mieux organiser l'administration
	entière, tout ce qui apparti concerne le
	Sénat, fournira les moyens de détermi=
	ner d'une manière certaine ses attri=
	butions, de les faire quadrer avec
	celles des nouveaux départemens minis=
	tériels, et de prévenir ces conflits de
	compétence qu'entraineroit une orga=
	nisation décousue composée de pièces
	rapportées.
	Le Sénat occuperoit dans la hiérarchi=
	chie, des pouvoirs subordonnés imédia=
	tement à l'autorité impériale, la
	place la plus éminente; et le soin avec
	lequel ses fonctions auroient été bien
	clairement précisées, prouveroit que
	l'intention sérieuse de l'Empereur est
	qu'il les éxerce, dans toute leur intêgrité.
	Ainsi a) Il continueroit à être la
	haute Cour de justice pour les Cour
	Suprême de Cassation et d'Appel, tant
	au civil qu'au criminel.
	b) Il continueroit à être la haute Cour
	de justice pour les fonctionaires supé=
	rieurs, dont le Gouvernement voudroit
	faire éxaminer judiciairement la
	conduite.
	c) La faculté de demander aux au=
	tres départemens ministériels, des
	renseignemens et des explications, pour
	les transmettre à l'Empereur avec ses
	propres remarques, lui donneroit sur
	<68> l'administration générale, toute
	la mesure d'influence qu'on peut
	lui accorder. 
	d) La nécessité où se trouveroient tous
	les Départemens de lui présenter anuel=
	lement leurs Comptes pour être soumis
	à sa critique, avant de les faire passer
	sous les yeux du Monarque, seul admi=
	nistrateur suprême, au moins pour
	longtems encore, rendroient enfin cette
	assemblée infiniment respectable. 
	Assurément le Sénat ainsi réorga=
	nisé, n'aurroit point à se plaindre.
	Revêtu des fonctions les plus augustes
	il en connoitroit toute l'étendue, et
	ne se perdoit plus come aujourdui,
	dans le vague de toutes celles qu'on
	lui attribue, et dont on prétend qu'il
	ne s'acquitte pas trop bien. 
	D'après ces considérations, il me
	paroit incontestable, que tous les
	articles rélatifs à l'organisation
	du Sénat, doivent entrer, come élé=
	mens, dans l'oukase destiné à ré=
	organiser l'administration géné=
	rale de l'Empire.
	Il sera aisé de faire précéder
	cet oukase d'un Considérant bâsé
	sur des faits et de grands résultats
	bien connus, et de prouver à tous,
	sans jactance, et tout simplement
	que l'Empereur a du adopter une
	pareille mesure pour opérer le
	Bien. Mais come il s'agit ici
	d'une opération majeure, l'Empereur
	doit s'armer de courage et de fermeté,
	et user de sa Prérogative, sans re=
	courir à des termes moyens qui n'aur=
	roient l'approbation de personne, et
	feroient dailleurs beaucoup de mal.
St Petersbourg le 29e Avril 1802.
	<69> Une comission 1 mot biffure
	Les observations présentées à l'Empe=
	reur dans les lettres et les Mémoi=
	res qu'on vient de citer textuelle=
	ment, developpées avec chaleur dans nos Entre=
	tiens particuliers, et secondées, par audehors
	des 1 mot biffure des homes bien en
	par des homes en qui l'Empereur avoit
	placé une confiance bien méritée,
	avoient produit leurs fruits. La
	réorgansiation du Sénat, la
	1 mot biffure des Départemens divi=
	sion de l'administration générale
	en départemens distincts, ayant
	à leur tête des Ministres, la réfon=
	te judiciaire à opérer par
	la redaction des Co et la promul=
	gation des Codes de loix, 1 mot biffure et
	la réorganisation des Cours de
	justice, et par la création préli=
	minaire d'un Ministère particu= chargé spécialement de
	lier
	diriger et surveiller la marche de l'instruction
	publique publique, étoient arrêtés, en principe; il
	n'étoit plus question, que de mettre
	la main à l'oeuvre; et le mode
	n'étoit pas facile, avec le petit nom=
	bre de coopérateurs capables et
	surtout bien intentionnés, auqu
	dont on pouvoit s'aider. La
	saine judiciaire de l'Empereur et
	sa perspicacité parvinrent tou=
	tefois à triompher des obstacles.
	Il discerna du pouvoir dans la foulle
	de ceux qui l'approchoient quelques
	jeunes homes dans la force de l'age remarquables par des
	sentimens élevés, dont l'éducation
	avoient été soignée, et qui annonçoit
	l'aptitude aux affaires, en même
	tems qu'elle lui promettoit un
	devouement personel, bâsé sur
	des principes analogues aux siens
	propres. 1 mot biffure Ces homes furent
	réunis par lui, dans une Comis=
	sion à laquelle fut confiée le
	travail imense de la 1 mot biffure formation des Ministêres, et
	des
	de la réorganisation définitive Du Sénat.
	Il vaut la peine de connoitre
	des homes auxquels la Russie, au moins
	aumoins ceux qui étoient à la tête
	de l'entreprise. C'étoit dabord Mr
	de Novossiltzof, qui, s'étoit 1 mot biffure formé formé en An=
	en Angleterre 1 mot biffure
	gleterre, avoit remplit avec dextérité des comis=
	sions délicates, qui et avoit acquis,
	jeune encore, une grande conois=
	sance des homes et des af=
	faires, d'autant plus précieuse,
	<70> qu'elle étoit accompagnée d'une ac=
	tivité très remarquable. 1 mot biffureensuite Mr le
	Un autre 2d membre Mr le Comte Kotchoubey, neveu de feu le prin=
	ce Bezborodko, ministre principal
	sous Catherine IIde et Paul Ier, avoit
	reçu une éducation distinguée, et joi=
	gnoit à des sentimens élevés, et à la
	profession d'idées libérales, une pratique des affai=
	res, qui lui avoit 2 mots biffure mérité
	de remplir la place occupée précédem=
	ment par le Comte Panin. Un
	3e membre de la Comission étoit le
	Comte Paul Strogonof, élêve du fa=
	meux Conventionel Rome, jeune home
	chaleureux, mais et noblement pensant,
	bien décidé à 1 mot biffure coopérer aux
	vues philantropiques de l'Empereur,
	mais qui ne devoit pas vivre assez
	longtems pour en voir la réussite.
	Un 4e enfin étoit ce prince Adam
	Czartorisky, dont la 1 2 caractères biffure dont l'éduca=
	tion avoit été soignée, qui aimoit
	à voir dans cet Alexandre Ier qu'il montant sur le trône, 
	f1 2 mots biffure avec l'ardent desir
	2 mots biffure
	d'apporter d'enchainer l'arbitrai=
	re, le futur sauveur de cette mal=
	heureuse Pologne, sur laquelle
	avoitent rêgné jadis les Jagellons
	une branche de sa famille 1 mot biffure les Jagellons; 
	dont1 mot biffure facheux souvenir
	qui, troublant quelque fois son someil son éxistence, ne lui permit
	1 mot biffure
	pas d'apprécier plus tard, 1 mot biffure à leur juste
	1 ligne biffure valleur les fonctions honorables
	1 mot biffure de Ministre des affaires étran=
	gères que l'Empereur lui confia,
	et le poussa peutêtre à se mettre
	en 1831, à la tête de la revolution
	qui mit fin à l'éxistence du dernier
	débris de la patrie 1 2 mots biffure
	1 mot biffure entier de 1802 fut consacré, ainsi
	que l'année 1802 à préparer les
	1 mot biffure tout entier.
	qui qui anéantit ces derniers
	restes de la Pologne auxquels
	le titre royal n'avoit été
	conservé, que pour la resçu=
	citer plus tard décorée des
	formes d'une Constitution
	représentative. 
	Il étoit plus difficile de réunir les
	homes auxquels devoit être confiée la
	tâche prèsque herculéenne, de recueil=
	lir les oukases et les coutumes qui
	régissoient l'ancienne Russie, et les
	provinces qui lui avoient été incor=
	porées, d'en faire le triage, de les
	coordonner, de les réunir méthodi=
	quement sans le faire de de ma=
	nière à en faire ressortir, les
	Codes civil, pénal, correctionel etc. etc. etc.
	appropriés à notre époque.
	Ce 1 mot biffure 1 mot biffure travail préparatoire si indis=
	pensable, avoit été comencé et
	interrompu à diverses reprises,
	ne pouvoit être continué que
	d'une manière satisfaisante
	<71> que par des Jurisconsultes à vues
	élevées, conoissant ayant des conois=
	sances approfondies en Législation,
	et bien instruit des 1 mot biffure moeurs et versés dans l'histoire de leur
	des besoins
	patrie, instruits des moeurs et des be=
	soins de leurs habitans, et secondés par
	des employés capables d'éxécuter les
	recherches qui leur seroient comandées,
	et en état de surveiller préparer, par une activi=
	té infatigable, fin de la ligne biffure
	la place que devroient occuper, dans
	l'Ensemble, tant de matériaux 1 mot biffure
	réunis de toutes parts. La Russie 1 mot biffure n'avoit alors
	aucun Jurisconsulte 1 mot biffure suffisam
	qu'un petit nombre d'avocats conus
	par des connoissances pratiques; l'hom
	l'home distingué qui coopéra plus tard
	aux travaux de la Comission législative
	et qui eut l'honeur d'être plus tard
	chargé du rapport qui accom=
	pagna la promulgation des Codes,
	qui començoit entroit seulement en 1802, dans
	la carrière où il a brillé depuis, et
	ne pouvoit à cette époque y jouer
	qu'un rôle in subalterne.
	Il fut donc fort difficile de former
	une nouvelle Comission législative,
	Ni Les les honeurs accordés à ses membres,
	ni les appointemens considérables
	que l'Empereur leur prodigua, ne
	purent activer leur zèle. Après
	avoir publié quelques échantillons
	de leurs travaux, qui sembloient
	devoir anoncer qu'il seroient 1 mot biffure des progrès rapides,
	de nouveaux progrès on les vit se
	reposer honteusement, profiter des
	embarras dans lesquels 1 mot biffure les guer=
	res avec Napoléon jettèrent l'Em=
	pereur, pour échaper à sa sur=
	veillance. Il fallut enfin licencier
	ces Chanoines qui couteux, pour les
	remplacer par des homes plus capa=
	bles et plus actifs. Alexandre Ier
	mourrut trop tôt pour voir la
	réparation du mal; cet honeur
	fut étoit reservé à son successeur.
	Je n'assistai donc q
	Je ne participai donc, pendant
	mon 2d séjour à St Petersbourg,
	qu'aux souffrances morales que fai=
	soient partager à tous ceux qui ché=
	rissoient l'Empereur, le chagrin que
	lui faisoit éprouver, la difficulté de
	trouver en Russie, les homes en état
	de composer cette la Comission législative
	2 3 mots biffure dans les résultats delaquelle
	toutes ses éspérances étoient placées.
	<72> En partant, au comencement de
	May j'emportai aumoins la certitude
	que cette Comission seroit formée
	qu'on s'occupoit de la formation de
	cette Comission, et je fus chargé de pren=
	dre des renseignemens sur les Juriscon=
	sultes étrangers qui pourroient être
	utilement consultés sur le mode du
	travail.
	L'organisation du Dept de l minis=
	tériel de l'Instruction publique me procura,
	une jouïssance plus 1 mot biffure en échange
	une véritable jouissance: on me par=
	donnera donc d'entrer ici Dans quel=
	ques détails indispensables.
	J'ai dit que Catherine IIde desirant
	faire participer les peuples soumis à
	son sceptre.
	J'ai dit, que dans le but d'éclairer
	son peuple, Catherine IIde, avoit songé
	à suivre l'éxemple donné en Autriche
	par la création d'écoles normales desti=
	nées à former des Instituteurs. Le célé=
	bre Académicien Epinus, jadis l'un des
	Instituteurs du Tsarevitsch son fils,
	consulté par elle sur ce point, ayant
	abondé dans son sens, elle fit recueil=
	lir par ses agens, les renseignemens
	nécessaires, et réussit à attirer à son
	service Mr Iankovicz 1 mot biffure
	1 mot biffure professeur distingué dans parmi les orga=
	nisateurs de ces Ecoles, 2 mots biffure
	et et qui possédant l'idiome Slavon,
	seroit seroit bientôt en état de parler
	courrament le Russe.
	Une Comission fut aussitôt formée
	pour présider 1 mot biffure à cette institu=
	tion, à laquelle des fonds considé=
	rables furent accordés, en même tems
	que les préparatifs étoient faits sur
	divers points de l'Empire pour y
	placer les futures écoles à mesure
	quelles seroient organisées.
	Des homes capables tels que Mr Zavadofsky,furent mis à la
	têtes 2 mots biffure Zavadofsky conseiller privé, Mr Pastoukof,
	et Krapovitsky tous deux Secrétaires particu=
	liers de l'Impératrice, Mr Epinus
	et Mr Iankovicz, furent mis à la
	tête. Malheureusement il ne fut rien
	changé à l'ordre hiérarchique, qui
	attribuoit au Président, la faculté
	de convoquer à volonté ses collègues,
	et la prérogative exclusive de pré=
	senter à l'Impératrice les résolu=
	tions prises par la Comission, et 1 mot biffure
	plus malheureusement encore, cette
	Présidence fut donnée à Zavadofsky
	<73> home à talent, mais orgeuilleux et 2 mots biffure
	3 4 mots biffure pénétré de la supério=
	rité de son mérite, qui ne tarda pas à
	établir sa domination sur ses collègues,
	à l'exception du seul Epinus, qui accourut
	sa disgrace pour avoir resisté. Catherine IIde prenoit le
	si vif intérêt au s plus vif intérêt au succès
	de cette création, et et l'école normale de
	St Petersbourg fut souvent honorée de sa
	présence: 2 3 mots biffure Professeur 2 3 mots biffure
	Non pas seulement elle assistoit attentive=
	ment aux leçons qu'on y donnoit, plus d'une
	fois elle adressa aux professeurs et aux
	Eleves des questions Eleves, des questions qui durent leur prou=
	ver l'intérêt qu'elle prenoit à leurs leçons.
	Une fois elle entama avec l'un des profes=
	seurs une discussion 1 2 mots biffure sur
	Une discussion s'étant élevée, un jour, dans
	l'une de ces leçons, entre elle et un professeur allemand
	fort habile, au sujet d'une population petite peuplade sibé=
	rienne, qu'elle placoit dans un autre lieu,
	le professeur bien sur de son fait, 1 mot biffure
	insista. Catherine céda, mais ayant remar=
	qué que Zavadofsky  2 mots biffure sans doute
	sur les physionomies des Directeurs, 2 mot biffure
	que la persistance de cet allemand avoit produit
	un mauvais effet, au moment où elle
	alloit monter en carosse, elle demanda le
	nom de ce professeur tenace, et après l'avoir
	fait approcher, elle le remercia avec bienveillance d'avoir redres=
	sé les maux dans laquelle elle étoit tombée en
	ajoutant 1 2 mots biffure qu'elle se rappeloit qu'il
	avoit raison, ce qui lui épargna sans doute
	des reproches sur son audace.
	elle lui dit qu'elle se rap=
	pelloit qu'il avoit eu raison,
	et le remercia avec bien=
	veillance, d'avoir redres=
	sé l'erreur dans laquelle
	étoit tombée, ce qui lui
	épargna les reproches qu'on
	lui eu pas épargné adressé pour
	son audace. 
	Les Les travaux de la Comission des Ecoles
	varièrent beaucoup après les 1eres années. bien=
	que son Président jusqu'à la fin de la ligne biffure
	A la mort de Catherine IIde, à peine on
	se doutoit de son éxistence, et ne 1 mot biffure qui ne
	1 mot biffure recouvra pas une nouvelle vie, pendant le
	rêgne le rêgne court et malheureux de son successeur. Il paroit cepen=
	dant que celui ci alloit s'en occuper, car
	peu de semaines avant sa mort la Comis=
	sion des Ecoles fut appelée à lui présen=
	ter le 4e Mars 1801, au Sénat un Volumineux Rapport
	Sénat, qui reposoit oublié dans ses archives du
	Sénat, lorsque j'en entendis parler pour la 1ère fois.
	Avant d'en avoir pris conoissance des faits 1 mot biffure qu'il énumère, j'avois
	transmis à l'Empereur le 15e Decembre
	1801 mes idées sur une 1 mot biffure organisation
	provisoire de l'Instruction publiq
	Avant d'avoir pu profiter des Données cu= 
	rieuses contenues dans ce Rapport, on a vu
	vu que 3 mots biffurej'avois pressé, par les lettres insérées
	plus haut, que j'avois insisté sur l'urgence
	de créer un Département spécial pour
	l'Instruction publique. Ce fut pour
	developper cette idée que j'adressai le 16e
	Decembre 1801, à l'Empereur le projet d'organisation
	<74> provisoire qu'on va lire
	présenter le 4e Mars 1801 au Sénat,
	un voluminieux Rapport
	présenter sur le 4e Mars 1801, sur
	sa gestion, un Rapport très détaillé
	qui reposoit dès lors oublié, dans les archi=
	ves du Sénat, lorsque lorsque
	j'en eus connoissance.
	Avant d'avoir pu profiter des Donées
	que renfermoit ce Document, j'avois
	ainsi qu'on l'a vu par les lettres
	rapportées ci-devant, insisté forte=
	ment sur l'urgence de créer un Dé=
	partement qui fut chargé spéciale=
	ment de la réorganisation de l'Ins=
	truction publique, et l'Empereur
	ayant reconnu qu'il n'y avoit pas
	un moment à perdre, je lui soumis
	le 15e Decembre de la même année,
	sur l'organisation provisoire de
	ce Département, les idées articles
	qu'on va lire, 1 mot biffure et que je 1 mot biffure
	me réservois de developper ultérieure=
	ment, d'après d'après les observations
	qu'il m'auroit transmies voudroit
	bien me transmettre.
§. 1
	Il y aurra pour l'Instruction publi=
	que un Département particulier
	indépendant, recevant imédiate=
	ment les ordres de S. M. I.
§. 2.
Ce département a dans ses attributions
	1° tous les établissemens publics réla=
	tifs à l'éducation, sçavoir, les
	Ecoles, les Collèges et Gymnases, les
	Séminiares, les Universités et les
	Académies. 
	2° les Pensionats et autres établis=
	semens d'éducation dirigés par des
	Particuliers, sous le point de vue
	d'une simple surveillance.
	3° les Imprimeries, les Librairies, les
	Bibliothèques publiques, les dépôts
	d'objets servant à l'Instruction. 
§. 3
	Le Département de l'Instruction publi=
	que <75> est confié à un Dycastère de
	membres, només imédiate=
	ment par S. M. I., siégeant selon
	la date de leur convocation, sans
	égard à leur rang. 
Des Conseils d'Education
§. 4
	En cas de vacance occasionée pour l'un
	des membres, le Département de l'Ins=
	truction publique présentera à
	S. M. I., une liste sur laquelle seront
	portés de droit, les noms des Chefs
	de bureaux du Département, ceux des
	professeurs aux Académies et Univer=
	sités, et ceux des Insepcteurs provin=
	ciaux de l'Instruction publique
	ayant fonctionné plus de 3 années.
	Le Département accompagnera
	cette liste de ses observations.
§. 5
	Le Département nome imédiatement
	son Secretaire, et ses Chefs de bureaux, 
	ces derniers ont la proposition
	nécessaire de leurs Sous-Employés,
	mais le Département peut l'admettre,
	ou la rejetter.
§. 6
	Le Département nome, confirme, ou
	rejette, conformément à ce qui sera
	expliqué plus outre, les Professeurs, et
	généralement tous les préposés aux
	établissemens d'Instruction publique.
	Il peut aussi donner l'exclusion aux
	Inspecteurs provinciaux qui lui se=
	roient justement suspects, et dont
	la nomination, doit lui être toujours comuni=
	quée de suite.
§. 7.
	Le Département proposera à S. M. I. son
	Préavis sur l'organisation de ses bureaux 
	et la distribution de son travail.
	Ce travail sera présenté dans
	  semaines, à dater du 
§. 8
	Le Département de l'Instruction publi=
	que, est présidé à tour, par chacun
	de ses membres, pendant   semaines. 
<76> Devoirs du Président
§. 9
	Le Président reçoit et ouvre les Dépê=
	ches.
	Il prend imédiatement les ordres de
	l'Empereur
	Dès qu'il s'agit d'objets rélatifs à son
	Département, il prend de droit
	séance, de droit et nécessairement
	dans le Conseil privé de S. M. I.
	Dans son Département il propose
	seul les questions, il rêgle la
	marche et l'ordre des délibérations
	dans lesquels il maintient la décence
	décence et la liberté convenables, il
	recueille les suffrages et dicte les
	résolutions.
	De concert avec le Secretaire, il
	signe les minutes des résolutions,
	ainsi que les dépêches, et surveille
	l'éxécution des ordres donnés.
Il rend compte à S. M. I. des résultats.
	Il a des heures d'audience fixes qui
	sont anoncées par les Gazettes.
	Il est obligé de présenter au Dépar=
	tement, toutes les demandes qui
	lui sont adressées et de les soumettre
	à ses délibérations
Devoirs du Secretaire
Il assiste régulièrement aux Séances.
	Il tient note des objets proposés et
	des résolutions prises
	Il rédige les minutes des dépêches ou
	ordres.
	Il contresigne les dépêches, et les pré=
	sente à la Signature du Président.
	Il rédige l'extrait abrégé des séances
	que le Président présente à S. M. I.
	Il veille à ce que le Protocole soit
	constament à jour.
	Il tient un Régistre du Controle,
	dans lequel seront portés; d'une part
	les ordres de l'Empereur et les dépêches
	reçues: d'autre part, les dates
	des jours où les réponses et les ordres
	ont été expêdiés.
	Il nome seul, ses Sous-employés,
	qui ne peuvent être renvoyés que
	par le Département
§. 10
	Il y aurra dans chaque province,
	un Conseil d'Education formé par
	les Inspecteurs, dont les fonctions
	seront designées plus loin.
	Ce Conseil se réunira, 2 fois par
	an, dans le Chef lieu, pendant 8 jours
	sous un Président de son choix 
	<77> Le Gouverneur y assistera, come sim=
	ple contrôleur, pour le Gouvernement.
	Il pourra cependant comuniquer
	ses observations, dont le Conseil devra
	faire nécessairement l'objet de ses
	délibérations.
§. 11
	Les Inspecteurs sont només, pour les
	campagnes, par les propriétaires terres des
	terres, le dans les villes, par les proprié=
	taires de maisons, soit nobles, soit
	roturieurs. 
	Le Conseil d'Education et le Gouver=
	nement peuvent les suspendre
	provisoirement, mais le rapport
	doit en être fait, de suite, au Dépar=
	tement, à qui seul appartient le
	droit de les destituer. 
	Ils sont en place pendant 2 ans,
	et peuvent être réélus.
§. 12
	Les Inspecteurs feront, au moins an=
	nuellement une fois, la visite des
	établissemens d'éducation de leur
	ressort. 
	Le Département leur transmettra
	à cet égard, ses instructions générales
	qui seront rendues publiques.
§. 13
	l'Extrait du Protocole des Séances pé=
	riodiques des Conseils d'éducation, sera
	adressé imédiatement au Départe=
	ment.
	Les dépêches de celui ci seront adressées
	au Gouverneur, pour être comuniquées de
	suite, au Président du Conseil et par lui
	aux inspecteurs.  
<78> §. 14
	Il y a des Ecoles pour les villages,
	des Collêges ou Gymnases pour les
	Villes. 
	Quant aux Académies et aux Univer=
	sités leur création suppose la réfor=
	me des Ecoles, des Gymnases et des Collê=
	ges.
§. 15.
	Il y aurra, dès que la chose sera
	praticable, dans chaque village, un
	maitre d'école pour   enfans.  
	Ce maitre d'école aurra une maison,
	un jardin potager, un revenu fixe
	et un revenu variable, soit en argent,
	soit en denrées.
	L'Ecole sera tenue dans une Salle
	attenante, bâtïe exprès, qui pourra
	servir de lieu d'assemblée aux anciens
	du village. (Starosti - Starschini) 
	Dans un village dépendant d'un Sei=
	gneur particulier, celui ci aurra le
	droit d'inspection sur l'écôle, sous la
	surveillance supérieure de l'Inspecteur.
	Dans les villages soumis imédiate=
	ment à la Couronne, cette surveillance
	sera éxercée d'une manière imédiate
	par l'Inspecteur.   
§. 16.
	On enseignera, dans les Ecoles, à lire,
	à écrire, et les 4 rêgles de l'Arith=
	métique.
	Chaque réligion continuera à être
	enseignée, come elle l'a été jusqu'ici
	à ceux qui la professent.
	Le Département de l'Instruction
	publique déterminera le mode de celle ci
	cet enseignement, daprès les circonstances
	et les localités.
	Il rédigera des instructions pour les
	maitres d'écoles et fera imprimer et dis=
	tribuer les livres nécessaires.  
<79> §. 17
	Le Département présentera, de suite,
	ses observations sur les Collèges et les
	Gymnases déja éxistans, avec ses vues
	sur les moyens d'en créer de nouveaux,
	de pouvoir à leur entretien et de les
	rendre plus utiles.
	Le Département présentera de même
	ses vues, sur les améliorations dont les
	Académies actuëlles sont susceptibles,
	ainsi que sur la création d'Académies
	et d'universités nouvelles. 
§. 18.
	Le Département présentera son
	Préavis 1° sur les moyens d'inspecter les
	établissemens particuliers d'éducation,
	de manière qu'ils tendent au même but,
	sans géner trop la liberté des parti=
	culiers. 2° sur le mode d'éxercer une
	surveillance sur les Imprimeries, Li=
	brairies et Bibliothèques concurrement
	avec la Police, de manière à concilier
	avec la sureté publique, dans ces
	tems orageux, ce qu'éxigent la libre
	expression des pensées et les vrayes lu=
	mières.
	A ce projet d'organisation provisoire se trouvoit
	jointe une série de 9 questions que qui m'avoient
	qui devoient être transmises de la
	part de l'Empereur
	été demandées par l'Empereur pour
	être transmises à la Comission des
	Suprême des Ecoles, pour en obtenir les
	faits et les renseignemens dont on avoit besoin
	les questions étoient ainsi conçues
	1) Quel est le mode adopté par la
	Comission, dans ses rapports avec les
	établissemens placés sous ses ordres?
	Coment la correspondance s'établit-elle
	avec eux?
	2) Existe t-il un Contrôle pour assu=
	rer l'éxécution de ses ordres? En quoi
	consiste-t-il?
	3) Quel est le mode de la distribution
	du travail dans la Comission?
	At-elle des bureaux, et quel est leur
	nombre?
	Quelle est l'espêce de ses employés? Com=
	bien en at-elle? En quoi consistent
	leurs fonctions?
	4) A quelle some montent anuellement
	les dépenses qui passent par ses mains?
	<80> 5) Combien existe t-il encore d'écoles
	normales? Où sont-elles? Quel est leur
	état actuël? Combien de maitres y
	ont été formés? Que sont-ils devenus?
	6) Combien d'écoles primaires et secondai=
	res ont été fondées, après la formation
	des maitres? dans quels lieux? Quel
	est leur état actuël?
	7) Coment pourvoit-on à l'entretien
	des écoles? Cet entretien est-il suf=
	fisant?
	8) Quel est le nombre des Pensionats dont
	il est parlé dans le Rapport?
Dans quels lieux éxistent-ils?
Quel est leur état actuël?
Quel genre d'instruction y donne t-on?
	9) Quels sont les ouvrages publiés par
	les soins de la Comission, depuis sa
	création?
Dans quelle anée ont-ils paru?
	En éxiste t-il encore un grand
	nombre d'éxemplaires?
	Le 21. Décembre suivant, du les 6
	1 mot biffure autres questions suivantes furent adressées
	à l'Empereur, pour obtenir des ré=
	ponses de la Comission.
1) De qui dépendent les écoles?
	2) A qui appartient leur surveil=
	lance, et en particulier celle de
	l'Instruction, dans les villes et dans
	les campagnes?
Coment s'éxerce-t-elle?
	3) En quoi consiste l'Instruction,
	pour les villes, et celle pour les
	campagnes? Y at-il, à cet
	égard, une norme bien déterminée?
	4) Qui nome ou confirme les mai=
	tres d'école? Où et coment sont-ils
	formés?
	5) Quel traitement est celui des Mai=
	tres d'école?
	Sont-ils logés, défrayés, et aux fraix
	de qui?
	Leur traitement est-il fixe ou va=
	riable?
En quoi consiste le 1er et le 2d traitement?
Pourroit-il être amélioré et coment?
	6) Quelle rêgle suit-on dans pour la
	fondation des nouvelles écoles? est-
	ce le nombre des habitans ou celui
	des feux?
	On desire en général, avoir des Donées
	positives sur l'organisation des
	Ecoles, sur celles des villes et sur
	leurs Collèges.
	Les réponses à ces questions n'ayant
	pas été jugées satisfésantes, l'Em=
	pereur ordonna qu'on lui appor=
	tât le Rapport fait au Sénat pour
	la Comission des Ecoles le 4e Mars 1801, et qui comprenoit
	<81> ce qui avoit été fait sous sa direction
	depuis le 26e Mars 1800, jusques au
	11e Février 1801. Ce volumineux
	travail m'ayant été confié, je l'étudiai
	avec un soin, 1 mot biffure particulier, et
	pour présenter 2 3 mots biffure à l'Empe=
	reur jusqu'à la fin de la ligne biffure
	compte
	au 2 3 mots biffure le 4e
	et pour 2 mots biffure à l'Empereur les résul=
	tats
	et fut en état d'annoncer le 4e Mars 1802 à l'Empereur les
	résultats de ce travail, 1 mot biffurepar
	la lettre suivante.
Sire
	Enfin j'ai terminé le travail que j'avois
	entrepris pour conoitre l'état de l'instruc=
	tion publique. Il m'a pris plus de tems
	que je n'avois cru, mais j'ai aumoins la
	satisfaction de présenter à V. M. I. quel=
	que chose
Vous trouverez ici, Sire
	1° le grand mémoire renfermant le Recueil
	des faits que m'a fourni le Spissok 
	du Sénat. Quelque ennuyeuse qu'en soit
	la lecture, je desirois que V. M. I. put
	l'entreprendre. Il est suivi, aux pages 30. 31 et
	32 de 3 tableaux renfermant des Données assez
	curieuses.
	2° J'ai cru devoir séparer les Résultats géné=
	raux, pour en faire l'objet d'un 2d memoire
	par lequel il faudroit comencer.
	Enfin je joins ici un memoire et fort bien fait
	d'un professeur de Mittau.
	Il est impossible de faire quelque chose
	de bon avec cette inepte Comission. 
	Dès le comencement ce fut une charrue mal
	attelée.
	On la composa dabord de Mrs Zavadofsky
	Pastouchof, Krapovitzky, Epinus et Jankovitsch.
	Les homes capables étoient, le 1er, le 3e et le
	4e. Le 2d et le 5e n'étoient que subalternes.
	Zavadofsky accapara dabord tout, sous
	le titre de 1er membre de la Comission. Il fut
	chargé de prendre les ordres de l'Impératrice;
	et les moyens qu'il avoit de procurer des Cordons,
	des grades et des gratifications, lui ayant
	donné dabord Jankovitsch et Pastouchof, la
	Comission se trouva concentrée dans sa seule
	personne.
	Krapovitzky home d'esprit qui conoissoit
	les allures de la Cour, surtout dans ces tems
	là, ne vouloit pas se brouiller avec un Chef
	impérieux, en contrariant ses volontés.
	Le respectable Epinus  qui avoit
	suggéré à l'Impératrice le projet de ré=
	former l'Education publique, abandonné
	par tous, résista longtems. On réussit
	enfin, à faire passer pour un frondeur,
	ou pour un radoteur, cet home plein de
	génie et d'intêgrité, à qui Catherine IIde
	avoit témoigné une confiance propre à in=
	quiétoienter les Excellences qui la cernoient
	alors. Pendant 8 ans, cet home respectable
	<82>  me rendit dépositaire de ces faits;
	coment donc n'aurrois-je pas été al=
	larmé pour V. M. I. en voyant les
	mêmes homes se groupper de nouveau,
	pour reprendre leurs ancienes allures?
	Si j'en dois croire le témoignage
	d'homes impartiaux le Président ac=
	tuel de la Comission, Svistounof est
	un très mince personage, et les oeuvres
	de ces Messieurs attestent qu'ils sont murs
	pour le néant.
	Sire! ayez le courage de nomer
	des homes, et de leur tracer leur besogne;
	punissez les réfractaires. Scipion gou=
	verna les Espagnes et comanda les
	armées à vôtre âge. La barbe grise
	n'est pas nécessaire pour éxiger l'obéïs=
	sance. Vous avez les idées libérales
	de ce romain: osez avec calme et vous
	réussirez. Mais gardez vous,
	je vous en conjure, de mettre placer dans
	un département qui doit être très
	actif et bien organisé, des homes
	sans énergie, sans conoissances, inca=
	pables de vues libérales, et accoutumés
	à marcher à plat ventre. (1 mot biffure)
Agréez, Sire etc.
4e Mars 1802
F. C. LaHarpe
	Cette Lettre étoit accompagnée
	1° d'un grand Mémoire 1 mot biffure ou recueil de faits sur l'état ac=
	tuel de l'Education nationale en
	Russie, depuis le 26e Mars 1800 au 11e
	Février 1801, extraits d'un Rapport
	officiellement présenté au Sénat par
	la Comission Impériale des écoles et
	adressé le 4e Mars 1801 à l'Empereur
	Paul 1er. Tous les gouvernemens C'étoit
	une 1 2 mots biffure revue détaillée des établissemens 1 mot biffure
	1 mot biffured'Instruction publique éxistans dans
	chaque Gouvernement particulier
	2 mots biffure devant servir de base
	à ce qu'on alloit entreprendre
	2° Ce recueil étoit 1 mot biffure suivi d'un 2d
	mémoire, 1 mot biffure présentant les
	Résultats généraux des faits et
	des Données, fournis par le 1er, résultats
	1 mot biffure destinés à fournir les argumens de la
	Réforme projettée, et accompagnés
	de 3 tableaux justifiant ces ré=
	sultats. C'est ce 2d Mémoire
	Il est 1 2 mots biffure ici ce 2d qu'on va insérer ici pour faire apprécier l'utilité
	mémoire, pour
	du travail entrepris.






