Miriam Nicoli (Université de Lausanne)
Genève, Slatkine, 2013
Savants renommés dans l’Europe des Lumières, Albrecht von Haller et Samuel-Auguste Tissot ont été en prise directe avec la seconde révolution du livre et l’évolution des modes de diffusion scientifique au XVIIIe siècle. Leur correspondance, mise en perspective de façon captivante dans cet ouvrage, s’en fait l’écho.
Comment maîtriser la masse grandissante d’informations et rester au courant des nouveautés de la librairie ? Pour quel public écrire et comment? Au fil de l’étude minutieuse de la place du livre dans le quotidien des deux savants, cet ouvrage plonge son lecteur dans les coulisses de la communication scientifique. Il met en relief les multiples acteurs au parcours souvent obscur qui concourent à la réalisation du produit fini : copistes, traducteurs, libraires-éditeurs, dessinateurs et graveurs. Prenant le contrepied de l’image idyllique du savant – lecteur paisible et auteur respecté – il examine les pratiques qui marquent son rapport à la production scientifique et à l’imprimé. Se procurer des ouvrages, estimer leur qualité, prendre des notes, marchander le prix d’une page avec un éditeur, trouver un bon copiste, juger de la qualité d’une traduction, se protéger des contrefaçons ou encore gérer le stress et les pathologies liés à la vie studieuse… Examinée sous ses aspects les plus divers et surtout les plus concrets, la vie scientifique à l’époque des Lumières a tout ici du parcours du combattant. Les différents types de lectorat, lecteurs non-savants compris, qui à leur façon manipulent le livre scientifique, en sont partie intégrante.
Cet ouvrage très documenté s’adresse aussi bien aux historiens des sciences et du livre et aux spécialistes du XVIIIe siècle qu’à un large public intéressé par la vie quotidienne des savants et par la construction des savoirs à l’époque des Lumières.
Actualité publiée le 19.06.2013