Béatrice Veyrassat, « Raja en Hindoustan, gentilhomme campagnard en Avignon. Les révélations de l’inventaire après décès d’un amateur d’art et de belles-lettres, Antoine Polier (1741-1795) », Études Lumières.Lausanne, n° 9, juillet 2024, url : https://lumieres.unil.ch/fiches/biblio/10292/.
Hormis la brève autobiographie d’Antoine Polier, transcrite par sa cousine Élisabeth Polier (1809), il n’existe que de rares documents apportant un éclairage sur sa vie privée. Conservé aux Archives départementales de Vaucluse, l’inventaire après décès du Vaudois en est un. Au terme d’un long séjour en Inde du Nord au service de la Compagnie britannique des Indes et de souverains moghols, cet officier à la retraite prend le chemin de l’exil et s’installe en pleine Révolution à Avignon, accompagné de sa famille, avant d’y terminer ses jours, assassiné en février 1795.
Objet de cette étude, l’acte notarié donne à voir le dernier lieu de vie de Polier, une riche demeure de campagne et son environnement fermier, rachetés à une famille de la petite noblesse locale. On y découvre encore, reléguée au fond d’un placard, une importante collection de manuscrits anciens, persans et arabes, qui rejoindront la Bibliothèque nationale de France, ainsi que des albums de miniatures mogholes, dont la trace s’était perdue jusqu’à leur dévoilement dans des musées et des collections privées au XXe siècle. L’inventaire révèle enfin le contenu détaillé d’une bibliothèque d’envergure encyclopédique, reflétant tant les investigations d’un précurseur des études indiennes que la curiosité d’un homme bien ancré dans les réalités culturelles et politiques du siècle des Lumières.
Voir aussi son étude : De l’attirance à l’expérience de l’Inde. Un Vaudois à la marge du colonialisme anglais, Antoine-Louis-Henri Polier (1741-1795), Neuchâtel : Alphil, coll. Les routes de l'histoire 1540, 2022, 248 p.
Actualité publiée le 04.08.2024