Projet "Correspondance Barbeyrac": les dernières lettres sont désormais en ligne!

  • Portrait gravé de Jean Barbeyrac par Heinrich Pfenninger. Tiré de Leonhard Meister, "Helvetiens berühmte Männer in Bildnissen", Zürich, Winterthur : J. C. Füssli und H. Steiner, 1799.

La correspondance active du philosophe Jean Barbeyrac (1674-1744), qui a été professeur de droit à l'Académie de Lausanne entre 1711 et 1717, constitue à ce jour un corpus de plus de 200 lettres, conservées dans diverses archives européennes. Quelques-unes seulement ayant déjà fait l’objet d’une publication, Lumières.Lausanne a jugé nécessaire d’en proposer une édition quasi exhaustive afin d'offrir un nouvel éclairage aux chercheurs s’intéressant à cet expert du droit naturel et plus largement à l’histoire intellectuelle en Europe. Ces missives abordent des thématiques chères au philosophe: la théorie du droit naturel, la liberté dans les affaires de religion, sa participation aux débats politiques suisses ou encore son activité d’auteur et de savant à Berlin, Lausanne et Groningue. La vie quotidienne et familiale du professeur et homme de lettres se révèle aussi au travers des échanges épistolaires.

Quelque septante lettres de Barbeyrac avaient été éditées en 2017; aujourd'hui près de 130 lettres s'ajoutent à ce premier ensemble. En février 2024, ont été mises en ligne la correspondance adressée au théologien genevois Jean-Alphonse Turrettini (106: 1707-1736), avec lequel Barbeyrac a le plus correspondu, ainsi que diverses missives adressées en latin au médecin hollandais Theodoor Jansson van Almeloveen (3: 1710), au savant zurichois Johann Jacob Scheuchzer (6: 1714-1716), à Jacques-Philippe D'Orville (4: 1737-1741), professeur à l'Université d'Amsterdam, et à quelques autres personnalités. Trois brouillons de lettres conservés à la Bibliothèque royale de La Haye ont été aussi édités: le premier est adressé à l'Académie des sciences de Berlin (1713), le second à l'Université de Groningue concernant son engagement, suivi de sa lettre de démission de l'Académie de Lausanne adressée aux autorités bernoises au printemps 1717.

La correspondance entre Barbeyrac et Turrettini fournit des informations précieuses sur le protestantisme en Suisse romande, le droit naturel ainsi que sur des questions religieuses, philosophiques et politiques discutées par deux représentants majeurs des Lumières suisses et de la République des Lettres. Les deux premières lettres de Barbeyrac, envoyée de Berlin en décembre 1707 et en mars 1708, attestent que Turrettini, alors recteur de l’Adadémie de Genève, a tenté de l'engager en tant que régent de la première classe du Collège de Genève, une démarche restée vaine car Barbeyrac n’y voyait pas « des avantages considérables » en comparaison avec sa situation à Berlin. Toutefois, cela a été l’occasion pour lui d’entrer en contact avec cet éminent théologien protestant, qui deviendra son ami. La dernière missive, envoyée Groningen le 23 juin 1736, atteste l’intérêt que Barbeyrac continuait à témoigner à la situation personnelle de son ami, et sa prise de position en faveur du gouvernement de Genève à l’égard « des attentats séditieux » du Genevois Micheli du Crest dont Turrettini l’avait informé.

Un colloque consacré à la figure de Jean Barbeyrac aura lieu les 4 et 5 juillet 2024 à l'Université de Lausanne. Des précisions seront annoncées au courant de ce printemps.

Lumières.Lausanne, projet "Correspondance Barbeyrac (1702-1743)", dirigé par Séverine Huguenin, Béatrice Lovis et Béla Kapossy, Université de Lausanne, url: https://lumieres.unil.ch/projets/barbeyrac, mis en ligne le 29 mai 2017, version du 12 février 2024.

Actualité publiée le 14.02.2024