Transcription

Charrière de Sévery, Wilhelm de, Lettre à Angletine de Charrière de Sévery, Uckfield, 20 décembre 1787-22 décembre 1787

Ukfield 20e Dec. 1787.

Me voici avec toi chere Minette pour un peu plus de tems que dernierement
a Scheffield  que je ne t'ecrivis qu'un mot, Tu sais que mon plus grand plaisir
est de mentretenir avec Mon Pere et ma Mere et toi, il me semble alors etre un peu plus
raprochès, et j'eprouve un plaisir infini a Vous repeter a tous que je Vous aime que
Vous etés dans mon coeur au dessus de toutes choses au mondes, et que je ne vois ni
l'heure ni le moment ou je pourrai Vous embrasser. J'ai rèçu ce matin la lettre
de ma chere Mere, qui n'est pas aussi amicale que les deux precedentes, mais j'ai
bien compris qu'elle avoit peur que je ne comenssat le train de Colmar , et qu'elle
vouloit me punir un peu, j'avoue que j'avois tort, et je ferai come ma chere
Mere dit, je començerai une lettre et jy ajouterai toujours jusqu'a celui du depart
Les Deux 3 lettres que Vous aurès reçu de moi depuis ce petit billet seront bien une
preuve de mon empressement, et ne fut ce pas mon bien supreme apresent
de Vous ecrire et de Vous faire part de toutes mes penssées, je le ferai par devoir
conoissant tout le plaisir que cela Vous fait, mais après l'avoir ecrite je m'apperçoit
que cette idée me choque elle ne peut se suposer un instant. Oui chere Angletine
je ne saurois etre content si je ne savois que Vous sussiés ce que je fais, si je ne
voyois pour ainsi dire les yeux de mes amis fixès sur moi avec tendresse et
èsperance de me revoir, il faut dans tout ce que fais, que je me dise d'avance
ils le sauront, pour pouvoir en venir au bout, Je Vous ai ecrit Dimanche de
Scheffield, jy ai eté jusqu'a hier Mecredy que je revins ici de mon propre
mouvement, et malgré (je puis le dire) les vives demande de Mylady  qui
fit tout ce qu'elle put pr me retenir, Mais je penssois a Mr Gibbon et je ne
voudrois pas pour tout au monde qu'il me crut indigne de ce qu'il a fait pr
moi, je voulois pr ainsi dire rèparer mes premieres foiblesses, ce n'est pas que
dans ce moment je sois infiniment mieux ici, mais du moins dans ce moment
il m'est possible de prendre sur moi, et alors je Vous jure que je ne le pouvoit
pas. Je revins donc ici guidé par ma raison seule, j'avois detaillé a Mylady
les raisons qui m'engageoit a cette demarche, et je l'avois priée de vouloir
bien du moins en faire part a M. G. lorsqu'elle lui ecriroit a Bath. Aujourd'hui
j'ai reçu la lettre de ma chere Mere, puis j'ai ecrit un Billet a Mylady par
le petit garçon qui porte les lettres, pr la remercier de toutes ses bontés, lui faire
part de l'arrivée de ma lettre, car elle m'avoit fait promettre de lui mander
au cas que j'en eusse une, le soir j'en ai reçu la reponsse qui est aussi agreable
et aussi bonne que possible et en Anglois, Elle me dit qu'elle a bien sentit mon depart
et qu'elle voit arriver avec bien du plaisir le Jour de Samedy (j'ai promis
de retourner ce jour la). Elle me marque de plus qu'elle a reçu une grande
lettre de Mr G. de Bath qu'il me supose a Sheffield, et la chargée de me
remercier de ma lettre (j'ai mandé que je lui avois ecrit a Londres les
nouvelles de Lausanne) qu'il my repondra en personne dans la quinzaine
a Scheffield; il veut Vous ecrire de Bath, Mylady lui a repondu et me dit
qu'elle n'a pas oublié de lui dire les raisons qui m'avoient engagé a quitter
Scheffield, ou ajoute t'elle Vous seres toujours reçu heartily welcome by
Votre Sincere A. S. j'oubliois de dire qu'elle me marque qu'elle est charmée
que Nos amis de Lausanne se portent bien, On ne peut rien de plus
obligeant. De plus elle a joint a sa lettre, un Tousson, nomé Julia
qui est fille de Flore  qu'elle me donne, elle est apresent couchée a mes
pieds, elle ressemble mais est plus petite que Tousson, c'est un ami qui se
promenera avec moi, et que tu baisera au printems, J'ai eté bien
heureux de rencontrer des persones aussi bones que les habitans de Scheffield
on ne peut rien ajouter a leur bontés, j'ai bien remercié Mylady de la part
de ma Mere, Tu me feras un peu part de ce que Mr G. ecrira a ma
Mere de Bath, Mon Dieu quand te revairaije? Voila deux mois et huit jours
<2r> de ce terrible Vendredy ou je te quittai chere Minette a la porte du pressoir
il pleuvoit sur nous, et nos coeurs saignoient. Quelle necessité pourquoi fautil
qu'on s'eloigne lorsqu'on a tout pour etre heureux mais je ne veux pas m'attendrir
si je pleurois j'aurois apresent mon papier pr me repondre et rien d'autres
Mon Voyage, Landry, Besson , tout cela me paroit plus eloigné dans ma
memoire que mon depart pr Colmar, je te jure qu'il me semble etre ici depuis
des tems prodigieux si toute la vie passoit a proportion on trouveroit une
année une vie. Tu es apresent a Lausanne , tu pensse a moi n'est-ce pas? tu
en parle, et ce papier qui est apresent sous ma main sera bientôt dans les
tiennes, tu descendras auprès de mon Pere et de ma Mere, puis chès Belon 
tu leur liras ma lettre, que ne suis-je la pr te voir. Vendredi 21e au soir.
Je reprends ma lettre aujourd'hui chere soeur, mais je ne crois pas pouvoir encore la
faire partir aujourd'hui, au reste la poste part d'ici tous les jours exepté le Lundy
et je puis l'expedier demain avant que de partir pr Scheffield. J'ai eté aujourd'hui a
Lews qui se prononce Louis pr acheter de quoi dessiner, jy ai eté a cheval, et avec Julia
qui ma bien suivi, c'est a huit mile d'ici, j'ai acheté des pinceaux des crayons un baton
d'encre a la chine, du bistre et carmin en baton come l'encre a la chine, et du papier le
tout ma couté 6 Schelings, et je m'en vais des demain comencer a dessiner a Scheffield
ou je pourrai avoir des modeles. Je suis revenu pr diner, je sais assès d'Anglois a present
pour me tirer d'affaire, dans l'auberge et dans les boutiques, mais une chose singuliere
c'est que reelement je crois que j'oublie l'Allemand, car lorsque je veux parler a moi
même pr m'exercer, machinalement, il me vient les mots Anglois, et le son de l'Allemand
lorsque je le prononce me paroit singulier, un mois de sejour en Allemagne me
redonera toute l'habitude car je serois au desespoir, d'oublier seulement un peu
cette langue, que je crois je prefererois a l'Anglois s'il falloit opter. Le fils
de Mad. Clark  jeune home fort instruit et fort appliqué, qui est maintenant a
Cambridge arrive ici le 8 Janvier, il me donera des leçons et je compte que je profiterai
bien avec lui, Mylady et toute la maison de Scheffield part au milieu de Janvier et
alors, je serai confiné ici jusqu'a mon depart pr Londres, peutetre seraije retenu a
la maison par le mauvais tems, c'est un avenir bien triste mais du moins court
il ne sagit que de profiter de ce tems et quoique tristement l'employer utilement. Mylady
m'a promit de m'ecrire, de Londres, elle est si bone pour moi que je reconoitrois
presque des façon de ma Mere, qui ressemblent a ceux de ma chere Mere tu
juge combien plus cela y met de prix. Mylord me disoit il y a quelques tems qu'il
n'avoit jamais vu Neptune  (et il le conoit de tous tems) s'interesser a quelqu'un
autant qu'il s'interessoit a moi que c'etoit une des premieres choses dont il avoit parle
en arrivant, que de son projet a mon ègard (simplement celui de mon voyage) car
je n'ai pu apperçevoir aucune trace de ce qu'il ait parlé des projets plus etendus.
Et Mylord me faisoit entendre que ce n'est pas peu de chose que d'avoir Mr
Gibbon pr ami, qu'il etoit bien chiche de son'un interet si vif. M. et Mylady m'ajouterent
que dans le comencement c'etoit bien pr en faveur de Mr Gibbon qu'ils s'etoient interessé a moi
mais que maintenant c'etoit bien pr moi et M. G. me repetat le propos. Entout
il nous a peint sous des couleurs si favorables qu'ils n'est pas possible qu'il n'ait
pour nous une forte amitié, et je vois que ce propos cette phrase qu'il ecrivoit dans la lettre
a ma mere, qu'il esperoit avoir acquis l'amitié d'une famille dont chaque individu
possedoit le caractere et les qualités qui lui convenoit, il la ditte a M. et Mylady
car cette derniere me la repetée, Mr Gibbon aime Lausanne il est attaché a son
jardin a son pavillon, come un enfant, il en a apporté un plan a Mylord et
il ne le regarde jamais sans plaisir, il parle de son lac de sa vue, de son
grand Dimanche de ses compatriotes les Suisses, eton voit qu'il aime en parler
Il est ici en compagnie come a Lausanne, c'est le même home sans aucun
changement, que de choses j'aurois a dire de plus mais il me faudroit des
<1v> volumes je dis le principal. Milady et moi avons beaucoup parlé de
Mr d'Eyverdun , Mr Gibbon n'en a fait aucune plaintes mais ils conoissent tous l'home
c'est a dire sa negligence son peu de solidité son manque d'ordre, il a eté a Scheffield
une quinzaine de jours et Mylady etoit etonée coment deux persones d'un caractere si oposé
pouvoient vivre emsembles; Le livre de Mr G. a ete anonçé sur les papiers publics et en même
tems on ajoutoit qu'il travailloit a une histoire generalle de l'Angleterre començant
a l'Heptarchie, il en a fait lui même quelques plaisanteries, car il n'y a pas songé.
Il doit revenir come tu as vu a Sheffield dans la quinzaine, mais je crois que je
lui ecrirai au Sujet de ce que ma Mere me dit sur la Gouvernante pourqu'il puisse
en raisoner dans la lettre qu'il a dessein de lui ecrire depuis la. Nous avons appris
qu'il avoit pris deux Domestiques a Bath ce qui me feroit croire qu'il garde Louis au reste
je n'en sais rien, il paroissoit que cetoit Louis qui vouloit retourner en Suisse et qu'il ny
avoit aucun mecontentement reciproque car M. G. offroit a Louis de le reprendre a
Lausanne en qualité de valet de pied. Vous savès que je ou plutot tu sais car j'oublie
que c'est a ma Minon que j'ecris, que j'ai parle de Morel de Montrichier, valet de
chambre de Mr Pelham , depuis fort longtems, et ancien laquais de Montrond dont
il n'a pas oublié les leçons, eh! bien il s'est fait offrir indirectement a moi sachant que
j'avois dessein de prendre un Domestique a Londres, et que je retournois en Suisse au
printems ou il a envie de revenir. C'est le valet de Chambre de Mylord (Languedocien
et compatriote de Goudon ) qui l'autre jour en me coëffant me glissa cela, Je lui fis
comprendre que come Mr Pelham etoit fort content de lui, si je le prenois cela auroit
toujours l'air de le Debaucher, et que come c'etoit un vilain procedé et même une
trahison je ne voudrois jamais faire une chose pareille, On dit que c'est un exelent garçon
et bon Domestique il y a dix ans qu'il est en Angleterre mais il vaut toujours mieux en
prendre un qui ne sache absolument que l'Anglois: ici je n'en ai point besoin car
je n'y ai aucune pretention, a Sheffield il y en a beaucoup, et il sont extrememens
obligeants, ainsi ce ne sera que dans mon entrée dans Londres qu'il en faudra un
et alors je ne puis reelement pas m'en passer. Jai il y a deux servantes, bien laides
au moins, et le peruquier me netoye souliers et habits tout cet arangement est
quelquefois bien incomode mais qu'importe je suis ici en exil, et du moins la
depensse se repose pr cet article. Ma chere Mere m'ecrit que l'instalation du Baillif
etoit le jour qu'elle ecrivoit que je suis aise de l'avoir evitée tu sais pourquoi, et
Montagny  a la tête autre raison, apropos fais moi le plaisir de me doner de toi même
des nouvelles de ce dernier, de sa conduitte a Votre ègard a tous, l'autre jour je repenssois
les diverses circonstances de la mort de la pauvre Senegas , et je penssois a lui, je
fremissois de pensser qu'il put attaquer quelqu'un que j'aime en mon absence
ses paroles sont si grossiere, au reste je suis ici non enchainé, ou lib com l'air
pour repeter Tolstoy . Je songeois a lui la nuit passée et je le voyois prendre un accès
de son mal a Sheffield en compagnie, cela me donoit une inquietude terrible. Mon
forte piano me fait bien plaisir il est fort bon, et jy joue souvent, le Rondeau de mon
cher Pere a si fort plu a Mylady que je le lui ai ecrit, elle le joue bien souvent
et me le demande toutes les fois que je suis devant le clavecin, je lui ai dit que c'etoit
le favori de mon Pere et c'est une bone raison pr elle pour l'aimer. J'ai fait mon
etablissement ici, dans une chambre a part, depuis l'arrivée de la Dame de
quarante ans, ce n'est pas la Dame aux quarante ecus, qui est penssionaire
de Mad. Clark . cette derniere est fort tranquille et sa fille aussi de façon que
j'avois etabli ma table Cassette dans la chambre d'ordinaire a coté de la
cheminée, cette chienne de feme est venuë (qui est d'un desagrement terrible)
cela ma chassé, et je me suis venu etablir ici, ou j'ai du feu, et ou dans le fond
je suis plus tranquille, on ne brule ici que du charbon, lorsqu'il fume ce que j'evite
autant que je puis l'odeur est terrible et porte a la Melancolie, du reste cela
<2v> chauffe bien, lorsque je suis a t'ecrire ou a ma Mere je m'oublie et alors
je jouis d'un moment de calme, car je puis bien dire, que je n'ai pas encore eu
de ces moments ou l'on est parfaitement en repos, au reste j'ai fort de m'en etoner
mon coeur et mon ame ne pourront jamais eprouver de satisfaction sans melange
de peine, que lorsque mes yeux pourront voir ceux que j'aime et que leur voix cheries
se fera entendre a mes oreilles, jusque la point de vrai bonheur pour moi. Tu diras
a ma chere Mere, qu'il y a des articles de ses lettres auquelles je ne pourrai repondre
qu'après avoir vu Mr G. et je lui promets de ny pas manquer, je crois avoir repondu
a tous les autres, mais je relisai les lettres pour m'en assurer. l'Histoire de Benjamin 
est fort singuliere mais ne m'etone point et je prevois que ce ne sera pas la derniere
un si imensse orgueil doit choquer les autres il a du moins raison d'avoir du courage
pour le soutenir. Je te felicite des fleurs que t'a envoyé Mad. de Grille, tout mon regret
et de ne t'en pas voir parée, tu dansseras j'espere cet hiver mais je veux que le printems
soit apresent ta perspective come c'est la mienne. Tache de rendre cet hiver agreable
a Ma Mere tout en prenant tes leçons (car ne quitte ni musique ni dessein tout au
contraire, done ty) fais lui des amitiés et a mon Pere pour toi et pour moi, enfin
fais de ton mieux tu vois que de mon coté je te done des conseils, mais en revanche je
te promet de suivre les tiens. Aye soin de Babelle, je te la confie come etant
necessaire a mon bonheur, dis le lui, rien ne pouroit me tenir loin d'elle je l'aime
et pensse a elle toujours avec la plus vive tendresse, si tu savois combien je te trouve
heureuse de pouvoir parcourir ces chambres ou il y a peu de tems que je me
promenois avec indiference, il faut etre absent isolé pour sentir le prix de la paix
qu'il y a a vivre au milieu de ses amis, je me rappelle un vers qui peint bien mon
sentiment Plus je vis d'etrangers, plus j'aimai ma Patrie. Je vais ecrire aujourd'hui
ou du moins dans peu a Mr de Falkenskiold , car malgré ses predictions il m'aime
je le sais, et je pris fond sur son amitie, car j'en ai beaucoup pour lui, Neptune en a
parlé a Mylady avec louange et je lui ai fait sa cilouete assis dans un fauteuil
lisant qui est assès ressemblante, ne le lui dit pas ni que G. ait parlé de lui car
il pouroit le trouver mauvais, il est passioné, et on voit alors le blanc tout noir
Tu feras bien mes amitiés a tous nos domestiques, dis moi ce que fais Louis, je le
retrouverai rouillé absolument, du moins a mon ègard, Je vais demain matin a
Sheffield, j'envoye mon porte manteau par le petit qui va a cheval tout les matins
porter les lettres, avec tout ce qui m'est necessaire, je prends mon Papier de traduction en
rouleau entre mon habit et ma veste, et je vais come ça je conois les chemins et
le trouvai la premiere fois, j'ai une chambre a Sheffield ou je trouve toujours du feu
et Mylady a eu la bonté de my mettre elle même tout ce qu'il faut pour ecrire, un
encrier d'argent & &. Je lui ai doné ces derniers jours les principes du trisett  et avec
une Dlle Firth qui est depuis 17 ans dans la maison et la Gouvernante de Mlles
Holroyd tous les soirs depuis que Mylord est absent nous faisons après soupé un
trisett, je compte que lorsque Mr Gibbon reviendra, il pourra y jouer, Mylady
et la Gouvernante (qui est une persone fort sensée) me fit calade sans que je leur
dona de conseil l'autre jour, il est sur qu'elles avoient beau jeu, mais au bout de trois
jours c'est beaucoup. Je tai fait chere Minette tous les details que j'ai penssé
pouvoir t'interesser, et mon Pere et ma Mere, il me reste un petit bout de
papier pour t'assurer de ma tendre amitié te prier d'exprimer ma
vive tendresse a Mon Pere et a ma Mere, Je comencerois l'anée 88 sans
toi, mais je n'en verrai pas la moitié finie avant de t'avoir pressée contre
mon coeur, La Poste vient de partir j'ai entendu son cornet, cette lettre ne
partira que demain 22 Dec. c'est la 7e que j'ecris datée d'Angleterre 
et j'ai reçu toutes celles de ma Mere et par consequent les tiennes ecris moi
si les miennes sont toutes venuës. Adieu mille et mille fois chere trés chere Soeur

<3r>  Samedy 22e au matin. Je viens de ranger toutes mes
affaires pr aller a Sheffield et il faut que je vienne encore
t'embrasser avant que de fermer cette lettre. Je n'ai pas eu le
tems d'ecrire a Mr de F. mais je le ferai de S. surement, il
fait bien froid, c'est le premier, car nous avons eu du beau.
Que fais tu dans ce moment? Pour moi je ne suis occupé que
de Vous, tous ensembles et lorsque je vais d'ici a S. je m'imagine
aller a Mex, j'espere reçevoir bientot une letre de ma
Mere ou elle me dira qu'elle n'a plus les mêmes craintes
car je l'ai bien devinée, elle etoit triste le jour qu'elle m'a
ecrit, et ne voyoit rien d'agreable devant elle, moi j'en
vois une chose, qui me paroit a mille ans de moi qui
me done courage lorsque je suis sur le point de le perdre
je n'ai pas besoin de la nomer, parle lui de mon
retour de ma tendre amitié pour elle, dis lui que je
ne fais ci que des projets pr vivre en paix tranquille
au milieu de Vous, tacher de Vous rendre heureux je
crois que mon sejour en Angleterre me donera l'habitude
de travailler car je ne suis jamais moins agité que
lorsque je suis devant ma table a ecrire ou a lire, ce
sera un bien pr moi et pour les autres, j'espere que
mon voyage me sera utile et finira agreablement
de toute façon, du moins le comencement est obscursit
par des nuages bien epais, la fin sera claire et seraine
elle me raprochera de mes idoles, Adieu tu conois l'etenduë
de mes sentiments, et la tendresse de ce coeur qui n'existe
que pour toi, Mon Pere ma Mere et Belon, Adieu mon
petit Ange. Vilhelm.


Enveloppe

A Mademoiselle
Mademoiselle de Severy
Ruë de Bourg
à Lausanne
Canton de Berne
En Suisse


Etendue
intégrale
Citer comme
Charrière de Sévery, Wilhelm de, Lettre à Angletine de Charrière de Sévery, Uckfield, 20 décembre 1787-22 décembre 1787, cote ACV P Charrière de Sévery Bc B 118/111. Selon la transcription établie par Damiano Bardelli pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/774/, version du 29.08.2017.
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