REF TI- XXXVI Assemblée. [Lecture et discours par le boursier Seigneux d'une pièce sur la Fable des Abeilles] AU- Société du comte de la Lippe AU- Seigneux de Correvon, Gabriel BT- Extrait des conférences de la Société de Monsieur le comte de la Lippe PU- TIS- TXS- AB- TD- SE- NO- VO- 2 NV- None EN- LI- Lausanne ET- DA- 1744-01-18 YE- 1744 PA- 41-54 TC- Assemblée XXXVI. Lecture de la "Fable des Abeilles" de Mandeville IS- AB-
Le comte de la Lippe ouvre la séance par la synthèse des opinions proposées à la lecture de la dissertation de Johann Jacob Schmauss portant sur l'obligation morale. D'après Schmauss la "nature" de l'obligation morale se trouve placée dans la crainte. Opinion que l'assemblée a vivement rejetée soulignant que la crainte et l'espoir ne sont que les aiguillons de Dieu placés en l'homme pour que celui-ci Le reconnaisse comme source de la morale. Certains membres comme le baron de Caussade estiment d'ailleurs que la crainte est un excellent moyen de maintenir les hommes dans leur devoir.
Le discours que présente Seigneux de Correvon devant l'assemblée porte sur la Fable des Abeilles de Mandeville. Gabriel de Correvon estime que le sujet de la nature de la religion ne devrait absolument pas être abordé sur le ton de l'ironie. Il rejette absolument l'opinion de Mandeville selon laquelle la morale trouverait ses sources dans les habitudes humaines et surtout dans la politique. Le conférencier estime que cela était valable pour l'Antiquité, mais pas depuis la Révélation. Il considère – opinion qui revient régulièrement dans les sermons et traités de théologie de cette époque en Suisse francophone – que le "remords" est la marque de la préexistence divine de la Vertu. L'amour-propre n'est donc pas à la base de tout, comme le défend Mandeville. Seigneux de Correvon conclut donc en taxant l'auteur de la Fable des Abeilles de "bel Esprit" qui n'aurait cherché qu'à plaire en débitant des paradoxes.
Au cours de la discussion, le professeur Dapples estime que Shaftesbury et Mandeville partagent les mêmes opinions, alors que Seigneux de Correvon a souligné au cours de l'intervention que le Lord anglais considère la morale comme universelle, le "sens commun" permettant à tous de percevoir la différence entre le bien et le mal. Quant au marquis du Lignon, qui rejette pourtant les idées de Mandeville, il n'en estime pas moins que les écoles de charité peuvent se révéler pernicieuses en ce sens qu'elles tendent à éloigner leurs pensionnaires de l'envie de se consacrer à un travail manuel, absolument nécessaire au maintien de la société. Le dernier intervenant, Polier de Bottens, estime quant à lui que si les "vices" disparaissaient de la société et que les activités commerciales en viendraient à pâtir, il n'y aurait là aucun malheur, bien au contraire, les hommes se contenterait alors du "nécessaire" et veillerait davantage les uns sur les autres, ce faisant la société deviendrait bien plus heureuse et "l'esprit" des hommes rayonnerait.
KE- Droit et justice; Economie; Littérature; Philosophie; Religion; Sciences; Société; Droit naturel; Commerce; Littérature anglaise; Bonheur; Droit/devoir; Morale/moeurs; Athéisme; Christianisme; Déisme; Anthropologie; Assistance/hôpital/charité; Sociabilité; Société savante/cercle/salon; Caussade, Jonathan, baron de (1679-1752); Dapples, Jean-François; Lignon, Jacques Bibaud, marquis du; Lippe, Simon Auguste, comte de la; Loys de Cheseaux, Jean-Philippe; Polier de Bottens, Georges; Rosset, David-François (1675-?); Seigneux de Correvon, Gabriel; Seigneux, François; Société littéraire du comte de la Lippe - Lausanne (1742-1747) UR- AC- DB- lumieres.VD LG- Français END