Transcription

Barbeyrac, Jean, Lettre à Charles Pacius de la Motte, Groningue, 12 décembre 1739

A Groningue ce 12 Decem. 1739.

Lundi passé, je reçus, Mon cher Monsieur, le dernier Tome du Dict. Geographique
qui peut bien avoir été envoié le 20 du mois passé, selon la datte de vôtre petite
Lettre, mais ensuite arrêté au Lemmer par la grande gêlée, qui a tenu dix ou
douze jours les canaux fermez. J’ai trouvé joints à ce volume, avec les prémiers
feuillets imprimez des Epîtres Dédicatoires de trois des Tomes précédens, deux Titres
planches, où il n'est pas marqué à quel Tome elles doivent être placées. Je m'imagine
que l'une, où est le Portrait du Roi d’Espagne, avec des Vers de la Martinière
Gallia me nato &c. est pour le prémier Tome; & l’autre, où l’on voit la Reine,
avec des vers François, Reine heureuse, Mére féconde &c. se rapporte au II. dédié
à cette Reine, comme le prémier l’est au Roi. Au reste, je n’ai point trouvé dans le
paquet la Bibliothéque Germanique. On aura sans doute négligé chez Uytwerf
de l’envoier demander à Humbert.

Vous avez raison de dire, que j’avois eû dessein de parler du peu de Traitez qui se
trouvent dans le V. Test. mais vous avez oublié, que ce n’étoit pas dans le Corps
du Recueil. Vous n’avez qu’à voir le prémier plan, que les Libraires insérérent dans
la Bibl. Rais. quand le Corps Diplomatique fut achevé. Ce devoit être, dans une prémiére
Partie de tout l’Ouvrage. Le changement de mon plan, est cause que l'on n'a rien
vû de ces Traitez. Le titre seul fait voir, que, dans l'Ouvrage, tel que je l’ai publié,
je n’ai pas voulu toucher à l’Ecriture; car je n' ne promets que ce qui se trouve
dans les anciens Auteurs, Grecs & Latins. Aussi n’ai-je pas oublié les Traitez qui se
trouvent dans les Maccabées, comme étant, selon nous, hors de l’Ecriture. Quand je
changeai mon plan, aux instances que faisoient les Libraires pour avoir ma Copie, il
me vint bien dans l’esprit, que j’aurois pû faire entrer dans mon Histoire les Traitez
contenus dans l’Ecriture, dont j’avois dès le commencement noté plusieurs sur une
feuille volante. Mais il auroit fallu beaucoup de tems pour lire dans cette vuë tous le
V. T. & chercher où placer les Traitez, dont il est n’est guéres possible de trouver
quelque datte sûre. Ainsi je n’y pensai plus, & je crus que cela pourroit se faire,
au cas qu’on rimprimât mon Ouvrage.

J’avois résolu de mettre un petit Article sur la Bibliothéque Belgique, mais sans parler
de ce qui me regarde, & en me moquant seulement de l’avis qu’y donne le nouvel Editeur
dans la Préface, sur ce qu’on ne doit pas croire qu’en parlant d’Auteurs Acatholici, & de
leurs Ouvrages, il approuve pour cela leurs hérésies &c. Je verrai alors ce que j’aurai à faire.

Mr Smith me dit, que le jour même qu’il m’a écrit, c’est-à-dire, Mardi passé, il venoit
de donner le Morell Moreri au Relieur. Ainsi je ne crois pas qu’il soit tems, quand vous recevez
cette Lettre, de penser au nombre des volumes, dans lesquels ce Livre peut être relié. S’il le peut
être commodément en six, comme on vous l’a dit, cela seroit bien, & j’en serois aise. Mais sur ce
pié-là il faut qu’il y aît quatre Volumes beaucoup plus petits que les quatre autres; autrement,
la disproportion de la grosseur seroit énorme.

Le froid commence à revenir, je vais finir aussi ici. Je vous souhaitte une
continuation de bonne santé, & suis toûjours, Mon cher Monsieur,

Tout à vous

Barbeyrac

Etendue
intégrale
Citer comme
Barbeyrac, Jean, Lettre à Charles Pacius de la Motte, Groningue, 12 décembre 1739, cote BPF Ms 295/82. Selon la transcription établie par Meri Päivärinne pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/820/, version du 25.07.2016.
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