Transcription

Barbeyrac, Jean, Lettre à Charles Pacius de la Motte, Groningue, 31 octobre 1730

A Groningue ce 31. Octob. 1730.

Voici, Mon cher Monsieur, dix feuilles de Copie du Pufend. Je les aurois plus tôt envoiées,
si j’avois reçu vôtre lettre dans le tems que vous croiez. Mais apparemment on s’est mépris en portant
le paquet de Humbert, & on l’a donné, non au Lemmer, mais au Beurtman, qui vint en droiture
par la mer jusqu’ici. C’est au moins par là qu’il est venu, avec la Barrique envoiée par Lom=
bard; & je n’eus le paquet qu’hier; quoi que vôtre Lettre soit du 17. aussi bien que le Mémoire
d’Humbert. Mais n’est-ce pas une fatalité, que les garçon de Waesberge n’a pas encore envoié
ce qu’il falloit: car, au lieu de l’Avis postérieur joint à la Table des Mat. rimprimée en même
tems, il a donné cette Table seule, telle qu’elle avoit été d’abord imprimée. Aura-t'il fait le
même qui pro quo dans les Exempl. que vous dites qu’il faisoit relier?

Vous ne me dites pas, comment je dois renvoier la Dissertation de J. Smith, que Made Le
Clerc me disoit de vous adresser. Smith m’a écrit qu’ils imprimeroient cette Dissertation, &
qu’il comptoit (mais j’en doute) pouvoir imprimer la Préface dans 6. semaines. Je l’ai prié de
s’informer en Anglet. qui est ce J. Smith, qu’il ne connoît point, & quand cette Diss. a été
imprimée. Il faudra aussi que je sâche si l’on ajoûtera la Diss. du P. Bonjour sur les LXX
Sem. de Daniel; & si on n’auroit pas trouvé quelcune des Dissertations que Mr Le Clerc donne
pour déja faites. En un mot, je dois savoir tout ce qui entrera dans ces deux voll. pour pouvoir
en parler.

Il ne paroit pas que vous sâchiez, que Smith m’avoit demandé un Mémoire au
sujet du 1 mot biffure Placard projetté par les Etats; je le lui envoiai d’abord, & il me marqua qu’ils
en ont fait usage. Je ne sai si vous savez aussi, que le même m’écrivit la semaine
passée, pour me demander instamment des Notes sur une nouvelle Edition qu’ils veulent
faire in 4o. du Télémaque, avec de belles figures. Il m’a raconté là-dessus le tour
que lui ont joué à Paris Gosse & Neaulme, en engageant les Libraires à faire au plus
vîte une Edition, qui paroît déja. J’ai refusé la proposition pour plusieurs raisons; quoi qu’on me donnât
la carte blanche de demander tout ce que je voudrois. J’ai assez d’ouvrage, sans cela
& pas trop de loisir. A l’heure qu’il est, un des Lords, que nous avons ici, m’a demandé
un Collége tout particulier sur les Pandectes, & je n’ai pû le lui refuser; d’autant plus
que cela m’accommode, eû égard aux grandes dépenses que j’ai faites cette année.

L’Auteur de la Critique désintéressée est bien impertinent & bien malin, de trouver, que
les Prolegoménes, de M. Wetstein, & l’Extrait qu’on en a donné, favorisent le Déïsme. Je doute,
comme vous, que ce Journal puisse durer longtems. Les Auteurs en sont en guerre avec ceux
des Lettres sérieuses & badines. Qu’ils se mangent les uns les autres. Je vois par la Gazette,
qu’il paroît une nouvelle partie de ces Lettres. On a aussi annoncé une suite de la Lettre
sur la maniére de traiter la Controverse
, dont j’ai la prémiére partie.

Mr Rossal m’avoit parlé de la Lettre du Synode de Zuyd (il disoit ce me semble Nord)
Hollande, & il me disoit, que dans la Réponse de celui de la Haie, on faisoit sentir à ces
Mrs, qu’ils devoient se mêler de leurs affaires.

Il ne me reste du tems, que pour vous assûrer que je suis toûjours Tout à vous

Barbeyrac

Etendue
intégrale
Citer comme
Barbeyrac, Jean, Lettre à Charles Pacius de la Motte, Groningue, 31 octobre 1730, cote BPF Ms 295/71. Selon la transcription établie par Meri Päivärinne pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/807/, version du 19.07.2016.
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