Transcription

[Guiguer de Prangins, Louis-François], La Scène est au Château du Lac, comédie pour marionnettes, [Prangins], [08 juillet 1785]

La Scene est au Château
Du Lac.

Arlequin (qui tappe à la porte tout essoufflé en entrant)

Hola hé personne ne repond, on voit bien qu'ils ne savent pas ce que je
viens leur dire: – Seigneur Châtelain faites ouvrir vos portes toutes
grandes, faites baisser le Pont (au Public) Si on ne veut pas me
bien payer, Je ne dirai pas la bonne nouvelle; on ne m'a chargé de
rien, – c'est égal. – Pendant la Terrible Bize, j'etois dans la
Ruë de notre ville , jai vû l'abri dans le cabaret, et je m'y suis
mis à couvert – (à la porte du château où il fait encore du
bruit)
– Hola hé, est-ce que tout le monde dort? je n'ai pas
dejeuné, oh ces gens la sont sans pitié – (au Public) je vous
disois donc que j'etois au cabaret, et puis il y avoit là un
monsieur  qui déjeunoit, il avoit l'air de fort bonne humeur ce
monsieur, & jai entendu quil disoit; Les gens du château du Lac 
m'attendent aujourdhui, & je suis bien sur quils vont etre bien
aise; moi qui ait trouvé ce monsieur à mon gré, jai voulu
essayer s'il etoit bon Enfant et lui ai dit – mon Capitaine, ce n'est
pas le tout que l'abri au cabaret, je cherche autre chose, et ce n'est
pas du vin de la Brie c'est du vin de Montmelian, de Frangi; oh
tu me paroit droles m'a t-il dit, et puis il à payé bouteille; quand
jai vû qu'il n'y avoit qu'a demander, jai dit que je n'aimois pas
à boire sans manger, et voilà quil m'a fait donné un plat de
maccaroni au fromage – ça m'a touché le Coeur, et comme
il à donné ordre de mettre le Carosse aux chevaux, pour le mener
à ce château dont il parloit, ou on m'a déja bien vû souvent,
& bien traitté, jai avisé que mon Joyeux Capitaine Ronfloit, et
<1v> pourtant il avoit toujours l'air joyeux, jai pensé que puisqu'il dormoit,
il n'etoit pas pret à partir, car si j'etois Capitaine, je ne permettrois
pas qu'on me réveilla; et ayant bien bu et bien mangé, jai
pensé à avoir par dessus le marché de l'argent pour boire
quand je voudrois, jai pris mes jambes à mon Cou; En
passant dans Coppet (je crois que ce Diable de vin de Carouge
m'avoit un peu grisé.) je suis tombé sur une Roüe de Carosse 
où je me suis mis le nez en marmite, et mon teint en barbouille.
ca m'a fait passer subito le maccaroni au fromage; mais
jai pris mon parti. – Ainsi, comme vous voyés c'est comme
si je n'avois pas déjeuné. – et velà ce que j'oubliois
en Jazant – (à la porte en frappant) oh La maison oh.

Isabelle 

Qu'est-ce que tout ce tapage, Il faut que ce soit quelqu'ivrogne.

Arlequin

Voicy une Princesse qui me connoit; mais c'est singulier, je
ne la connois pas moi – ça ne fait rien – n'faut pas
qu'un garçon d'Esprit manque par la parole. –
Mamselle, je vous assure que vos yeux – suspendent en
moi la faculté – d'exprimer – promptement le sujet,
dont auquel – javois voulu entretenir la premiere
personne du château, que j'aurois rencontré, et je ne
me souviens gueres pourquoi je suis venu.

Isabelle (à part)

(Il est un peu sale, mais puisque ce pauvre garçon
me trouve si belle, il ne faut pas le rebuter) Allons, mon
ami, remettés vous, je consent à vous écouter.

Arlequin

Oh bien, Mamselle, je vous dirai donc que je suis tout consterné
de ne trouver ici que vous: ce n'est point là du tout mon petit nez;

<2r> Isabelle

Comment donc maraut?

Arlequin

Tenés Mamselle, ne vous fachés pas, vous étes bien gentille, c'est vrai,
Il y à bien, parci, par là dans votre figure quelque chose qui
me revient, mais c'etoit une certaine Colombine qui à toujours
eté mon Arlequine; quand jai tapé d'autrefois à ste porte,
c'etoit toujours elle qui m'a repondu, et il faut que je la
cherche pour lui apprendre une grande nouvelle, qui intéresse,
Monsieur Le Baron, Made La Baronne .

Isabelle

(ah il scait une nouvelle, il faut l'amadouër) Quoi monsr
D'Arlequin c'est vous, on m'a bien souvent parlé de vous
Mr D'Arlequin, de votre beau teint, Monsieur D'Arlequin.

Arlequin

Ah c'est trop d'honneur, Mamselle, mais faites moi
parler à ma Colombine.

Isabelle

Alles, ne pensés plus tant à Colombine, mon pauvre Arlequin
depuis vous elle est au Colombier avec un conseiller intime ,
Et de cette Intimité là, il arrive que vous n'avés plus rien
à voir là; ainsi contés vos contes à Isabelle, on vous écoutera.

Arlequin

oh mamselle Isabelle, ce que vous me dites là est triste
assurément, mais Il m'est avis que vous estes aussi bien
agéable, ainsi je vais vous dire tout, premierement il
faut savoir que comme jetois à me promener sans penser
à rien, je voyois là un postillon de la poste de notre endroit
vous comprenés bien.

Isabelle

Oui, oui après – qu'est ce quil à affaire à nous ce Postillon?

<2v> Arlequin

C'est qu'il disoit; Il y à la un Capitaine que jai mené bon
train, car jai d'abord vu que c'etoit un honnête officier
qui ne menaçoit pas de coups de fouets de poste, mais qui
promettoit de bonnes guides, aussi il a été bien content, &
moi aussi, car –

Isabelle

Et qui etoit ce Capitaine? etoit-il grand, joli, bien campé?

Arlequin

Oh vous allés trop vite, & vous m'interrompez toujours, ça
me brouille.

Isabelle

Allons, j'ecoute, mais presse ti aussi de me mettre au fait.

Arlequin

Eh bien ce capitaine, (car je l'ai vû moi) il est grand, pas
trop grand. pour bien campé je le juge, mais je n'ai vû
ses jambes qu'étendues, il n'etoit pas debout, & quoi que
jai fait la conversation avec lui, il ne s'est pas levé de
sa chaise. – Il est vrai quil etoit à diner.

Isabelle

Il avoit tort, mais qui etoit-ce Enfin? le sais tu?

Arlequin

Sans doute; le postillon a dit quil avoit vû une dame
au château du Lac qui l'appelloit son frere, seroit-ce vous
mamselle Isabelle.

Isabelle

mon frere; oh cela ne se peut gueres, mais si cela etoit, ce
seroit bien la une grande nouvelle, & je vous régalerois bien
surement, si –

Arlequin

Vous me regaleriés –

Isabelle

Surement, mais –

<3r> Arlequin

Oh bien cela n'est pas douteux, régalez toujours, comment est-il
fait, monsieur votre frere? je verrai bien –

Scene Seconde

La Baronne qui entre

Ma chere Isabelle, vous estes restée bien longtems dehors; je
vous ai cherché pour vous dire que mon mari Monsieur Le
Baron est occupé à barbouiller du papier depuis une demie
heure, & je vous prie d'aller ou l'aider, ou le distraire, car
Il ne m'écoute pas beaucoup parce quil dit que je suis
sa femme. – mais qui est-ce barbouillé.

Arlequin

Est-il possible qu'un peu de bouë & de noir de fumée ait
tellement gaté mon teint que Madame La Baronne ne
reconnoisse plus, cet Arlquin, qu'elle n'a jamais regardée
qu'en riant, de la Joye qu'il lui inspiroit par sa presence.

Isabelle

Madame, Arlequin accourt tout essoufflé pour vous dire,
une nouvelle, une grande nouvelle, je vais rentrer pour vous
complaire mais à condition que vous me l'a communiquerez
aussi-tôt que vous serés venu à bout de le faire finir.

(Isabelle sort)

La Baronne

Je vous le promets ma chere Isabelle

Scene Troisieme

La Baronne – Arlequin

La Baronne

Voyons donc vite la nouvelle, je meurs de peur que ce ne soit quelque
niaiserie que tu veux nous faire valoir beaucoup.

Arlequin

ah bien voici qui n'est pas mauvais, par Exemple: niaiseries
parce que ce n'est qu'un bon garcon, tout franc, mais enfin
Madame, chacun vaut son prix; et d'ailleurs si Madame
ne se soucie pas de ma nouvelle, Madame n'a qu'a dire –

La Baronne

Ah mon cher Arlequin, voyons, voyons.

Arlequin

Ah, Je suis mon cher Arlequin à st'heure (mais il ne faut
pas etre méchant, & puis on me payera bien) je vous disois
donc que j'etois au bureau de

La Baronne

Au bureau, – ah le Coeur me bat, si c'etoit un gros lot ,
car la liste est au bureau de la poste depuis ce matin, mais
tu n'avoit le billet –

Arlequin

oh je n'ai point de billet, je suis assés habile pour savoir
sans billet, ce que,

La Baronne

Eh bien, ce billet est-il sorti de La Roue, le sais tu,

Arlequin

oh madame les Roües sont en bon etat; vous saurez donc
qu'il y avoit là un Capitaine, qui a demandé la liste –

La Baronne

La Liste, ah c'est cela? – mais dis donc ce que tu sais.

Scene Quatrieme

Le Baron (entre)

ah, ma Chere Baronne, je vous en prie, allés un peu vous
concerter avec notre aimable Isabelle; Elle est si gaye &
si complaisante que jai plus avancé notre plaisanterie en
une demie heure qu'elle à passé avec moi sans me contredire
<3v> que pendant tout le temps que vous prefériés le repos de mes yeux,
au plaisir de me voir écrire pour vous obéir; car vous savés
bien que je suis un paresseux Dieu merci, & que c'est vous qui
m'avés mis plume en main.

La Baronne

Allons j'y vais – mais je regrette bien de n'avoir pas nos
amis de la Côte, pour nous faire des Couplets, cela leur coute
si peu, & ils partageroient si bien notre plaisir! Il faudra
nous contenter du Spectacle. – faites en attendant
parler cet homme là, c'est arlequin vous le connoissés bien,
Il vient dit-il nous rendre compte de la Liste quil a
vû au bureau. – si jai un bon lot, vous savés bien
que nous aurons bientôt quelqu'un à qui le donner en dot? 
C'est ce qui me rend si curieuse?

Le Baron

Oui, Oui – mais pendant ce tems là fait vite avertir nos
bons voisins de La Colombiere pour quils nous aident à
recevoir leur ami; nous leur remettrons le soin de L'orchestre
& des Ballets .

La Baronne

Il faut que je sois bien bonne pour suspendre ma curiosité, je
rentre mais à condition que vous viendrai bien vite me dire
de combien est mon Lot!

Le Baron

Et oui, oui, mais ne perdés pas de tems

Scene Cinquieme

Le Baron, Arlequin

La Baron

Arlequin ne nous fait pas de compte car je t'assure qu'avant d'avoir recû
<4r> le comptant, je ne te donnerai rien pour ta nouvelle.

Arlequin

oh pour content, Monsieur le Baron, il l'est, je m'y connoit,
& sa mine etoit si franche.

Le Baron

Que veux tu dire avec ta mine; pour quelque petit lot d'une
Loterie d'hopital tu veux me parler de mine, sont-ce celles
du Perou? oh je ne sais pas pourquoi je t'écoute si long
tems; jai bien autre chose à faire; & quand tu t'expliquera
mieux tu trouvera toujours quelqu'un dans la maison a
qui débiter tes fameuses nouvelles.

Le Baron (sort)

Arlequin

Mais attendés donc, Monsieur – Diable! – ce Monsieur
là n'est pas si pressé que je croyois d'apprendre des
nouvelles, & si le Capitaine arrive je n'aurai pas gagné
beaucoup à prendre les devants.

Scene Sixieme

Le Baron (rentre ayant recontré Isabelle qui
Le Ramène)

Isabelle

N'avons plus besoin de ce néz en Pantouffle & nous
avons une lettre que Madame vient de recevoir, c'est son
frere & non le mien qui va arriver, – voyés! – avant
quil soit un quart d'heure, nous allons le recevoir; une
absence quoiqu'elle ne soit pas bien longue, est une
rocambole, pour le plaisir de se revoir – Et l'on a
conseillé quelques fois avec succès ce petit secours – mais
<4v> notre voyageur n'en fait que trop, & je serois asses d'avis qu'il
se fixat une bonne fois pour toute.

Le Baron

Il sera bien une fois pris sans plus s'envoler, chaque chose à
son tems, & quand le sien sera venu, il subira son sort.

Scene Septieme

La Baronne entre

Eh bien, ce fameux faiseur d'almanach & de nouvelles.

Arlequin

Bon, ne voila t-il pas que ce sera ma faute encore, Quoi!
madelle Isabelle veut je lui dis que son frere arrive, moi
qui ne savois pas seulement qu'elle eut un frere.

Madame La Baronne veut que je lui apprenne qu'elle
à le gros Lot, moi qui ne scait pas seulement qu'elle eut mis
à la Loterie. Mr Le Baron ne parle que de ses
Ecritures, de la jolie Zisabelle, qui est si gaïe, que de sa
propre Baronne qui le contredit pour son bien.

Et de tout cela il arrivera que je n'aurai point dit
ma nouvelle pour laquelle jai tant couru. oh bien vous
saurés donc que le frère de ce château, pour ne me plus
tromper, est en toute hâte, au Galop, s'il ne dort plus;
& si ses chevaux & son Postillon le menent plus vite que le
Trot, Qu'il arrivera si l'Essieu ne casse point, qu'il sera
bientôt ici, car il n'étoit pas bien loin.

Isabelle

Oh pour le coup... Tois-toi... voilà la voiture!
c'est lui surement & je vais courir, car je suis la seule
qui sache courir ici .

<5r> Arlequin

Eh ma récompense.

Isabelle

Eh que ne parloit-tu aussi (elle sort en courant)

Arlequin

Mais mamselle – mais Monseigneur.

Polichinelle 

Tois toi donc, jai bien autre chose à faire ma peste de
goutte, me retarde trop le plaisir de le voir descendre de
voiture (il sort en clopinant)

Arlequin

mais Madame La Baronne, Madame La Comtesse
Matilde.

La Baronne

Que veut dire ce mauvais plaisant avec Sa Comtesse
Matilde, elle avoit 300 Enfans dans une Corbeille, ce
sera bien assés d'en avoir un. laisse moi passer, je
n'arriverai jamais au bas de L'Escalier (elle sort en
marchant comme les Cannes)

Scène huitième

Arlequin (reste seul.)

Oh bien, vela t'un messager bien payé par exemple;
mais je ne m'en embarasse gueres puisque le Joyeux
Capitaine, est réveillé & quil arrive, il est plus généreux
qu'eux tous, Et pour ma bonne volonté il me fera
plus de bien, que d'autres n'en font pr de grand service.

(Il voit le voyageur parmi le public)

Oh Sanguodimi, pendant que je parle de lui je le
vois déja la bas; Eh bien, tenés, je n'ai plus besoin d'autre
chose, je ne sais pas comment il à fait, mais il m'a gagné
<5v> le Coeur, ainsi mon Capitaine, recevés notre compliment, comme nous
vous le faisons; prenés moi à votre service, & je vous apporterai
tous les jours quelques nouvelles de quelqu'ami qui vous aime.
Pour peu que vous me payés par message, j'aurai de quoi
faire fortune.

Oh, mais jai oublié les couplets qu'on m'a donné, il
faut pourtant que je les dise puisque c'est mon ancienne
Colombine qui me les a envoyés, quand elle a scû que
j'etois ici – hêlas elle n'ose plus me parler en présence
de son Intime.

Sur l'air Malbrough s'en va t'en guerre.

Notre cher Capitaine
Miron ton ton ton mirontaine
Notre cher Capitaine
Nous est Enfin rendu
Nous est Enfin rendu
Chacun de nous l'a vû
Mais nous ferons neuvaine
Miron ton ton ton mirontaine
Mais nous fairons neuvaine
Pour quil ne parte plus.  bis 2 fois

 

Il à fait bon voyage
miron ton ton ton mirontaine
Il peut marcher sans page
Et même sans bâton 
Et même sans bâton
De Graisse il est tout rond
La bonne Cuisiniere
Miron ton ton ton mirontaine
La bonne cuisiniere
Lui prépare un Cochon

 

Arlequin alloit Recommencer son mirliton, Isabelle arive
en sautant & dansant pendant ou l'orchestre continue le
meme air, Arlequin qui la voit sauter, saute aussi.

Scene neuvième

Isabelle, un peu Etouffée tres gayement.

J'étois à ma fenêtre
Miron ton ton ton, mirontaine
J'etois à ma fenêtre
ah je les vois venir

ah je les vois venir
Quel plaisir, Quel plaisir!
Jai bien scu les connoitre
Miron ton ton ton mirontaine
Jai bien scu les connoitre
Et je vais y courir

Arlequin (tandis quelle chante dit avec quelque lazzi

Elle est folle, elle est folle

(et quand elle va sortir par la Coulisse, Il se met devant
& l'arrête)

Mais qui est-ce les? Il n'y à personne qui
s'appelle les.

Isabelle

C'est eux... Laisse moi donc, Butord.

Arlequin

Point de Colère, vous estes si jolie, mais Eux, Eux, Je
n'en sait pas mieux qui c'est.

Isablle passe

C'est que tu n'est pas d'ici, sans cela le Coeur t'auroit
bien dit leur nom. (elle sort)

<6v> Scene dixième

Le Baron

Qu'est-ce que c'est que tout ce bruit, je l'aime assés moi, car,
c'etoit bruit de Joye; Isabelle chante & danse tout à la
fois; Réponds donc Nigaud?

Arlequin

J'attrape toujours quelque drolerie, mais je vous le passe
aussi parce que vous estes bon vivant. Bref, la danse est
à cause de les, & la chanson est à propos d'Eux.

Le Baron

Explique toi vite, si je suis bon, je ne prétend pas que
tu me croyes patient.

Arlequin

Je ne puis qu'y faire, mais, elle les a vû & elle court
à Eux.

Le Baron (qui voudroit sauter aussi)

Ah! je ne m'étonne plus de sa joye, à t'elle dit tous?

Arlequin (toujours étonné)

Comment tous? les? Eux? & vous comprenés ça tout courant,
oh qu'elle belle langue que celle de votre château.

Le Baron

Restés y seulement deux jours & tu l'apprendra bien, si tu
n'est pas sourd & aveugle.

Scene onzième

Isabelle revient (& l'orchestre reprend mirliton)

Mais J'avois beau Courir
Il m'ont scû prévenir
Le Gentil Capitaine
Miron ton ton ton mirontaine
Est celui qui les mêne
A fait la porte ouvrir.

<7r> Scene douzième

La Baronne entre

Mais vous avés tous perdu la Tête, tout le monde va
voir, & personne ne revient. – ah! je vous
pardonne, je vois la Cause de vos distractions & de votre
Babil, & de vos danses, & moi qui ne peut pas danser vû
les Circonstances, je veux chanter ce qui est encore plus
fort pour moi.

L'orchestre jouë Moinette

La Baronne

Quand vous avés desirs de voyager,
Pour essayer votre Leste Equipage,
Venés chés nous, c'est nous dédommager:
Mais soyez juste & dans notre partage
Traités nous mieux, au moins que l'Etranger,
Et n'y aura point de mal à ça
Car tout compté, tout rabattu,
Pourrés vous être mieux recû

Le Baron

Nos chers amis, lorsque vous arrivés,
jai toujours mis dans mon joyeux systèmes,
de laisser là, l'avenir, le passé,
Et pour jouïr des objets que l'on aime,
je crois ma foi, qu'il est très bien trouvé,
On ne feroit rien sans ça
Car tout compté, tout rabattu
Le présent, est très bien venu.

Isabelle

Je ne veux point perdre mon compliment
Il etoit prêt quand sans reprendre haleine,
Il à fallu revenir promptement.
Mais pour parler il ne faut point de peine,
Quand c'est le Coeur, ça va tout courament,
Et voyés la preuve de ça
Car tout compté, tout rabattu
sans l'entendre vous l'avés lû

Arlequin

Je ne suis pas si nigaud quils l'ont crû,
Et n'etes vous donc pas mes anciens maitres
Jai mon bon coeur, & ches vous jai reçû,
Et mon talent, vous seuls l'avés fait naitre,
Vous avés vû que j'en ai bien perdu,
Mais n'y aura point de mal à ça
si tout compté, tout rabattu,
De vous je me vois bien recû.

Note

  Public

Transcription établie à l'occasion du colloque "La vie de château en Suisse au XVIIIe siècle" qui s'est déroulé au Musée national de Prangins, 20-22 novembre 2014.

Voir aussi sa fiche bibliographique.

Etendue
intégrale
Citer comme
[Guiguer de Prangins, Louis-François], La Scène est au Château du Lac, comédie pour marionnettes, [Prangins], [08 juillet 1785], cote ACV P de Mestral 65/398. Selon la transcription établie par Béatrice Lovis pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/767/, version du 20.09.2015.
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