Transcription

Barbeyrac, Jean, Lettre à Louis Bourguet, Lausanne, 21 mai 1717

A Lausanne ce 21 Mai 1717.

Monsieur

Je viens de faire partir mon bagage, pour Basle; & les embarras, que j’ai eus
m’ont empêché de vous écrire plûtôt. Je voulois d’ailleurs pouvoir vous apprendre quelque
chose, au sujet de ce qui se passeroit par rapport à l’affaire de la Succession à mon
Emploi. J’aurai donc l’honneur de vous dire, que j’allai, il y a deux ou trois jours,
dans une Assemblée Académique, pour prendre congé du Corps, à la tête duquel étoit
nôtre Seigneur Baillif. Là-dessus, on résolut d’écrire incessamment à Berne, pour
demander instamment la continuation de ma Profession, & pour prévenir les objections
des malintentionnez, qui pensent à la faire supprimer. Quoi qu’il ne s’agisse point
encore de proposer des sujets, pour remplir ce poste, & que même l’on reconnut qu’il
falloit éviter d’insinuer qu’on eût en vuë quelcun, dans la crainte que cela ne
nuisît; je ne laissai pas de dire, sur ce que l’on alléguoit pour une des difficultez, la
peine qu’on auroit à trouver dès-à-présent un sujet capable; je ne laissai pas,
dis-je, de parler de vous, afin qu’on y eût égard en son tems: & plusieurs témoi=
gnèrent, que sur ma parole ils seroient disposez à vous nommer, quand il seroit
question de penser à cela. Mr de Crouza appuya ma proposition. Quelcun
[a] écrit de Berne, que, si l’Académie agissoit fortement pour demander la
continuation de la nouvelle Profession, on croioit que LL. EE. la laisseroient
subsister. Cependant je crois, qu’il seroit bon, que vous vinssiez dans ces quartiers, &
que vous vous y fissiez connoître. Voilà tout ce que je puis vous dire pour le
présent. Vôtre derniére lettre a resté parmi mes papiers, dans les Caisses qui sont
parties: ainsi je ne saurois me souvenir de ce que vous m’y disiez, pour y répondre.
J’envoyai la lettre incluse à Madlle vôtre Sœur. Je ne partirai point de toute
la semaine prochaine: mais après cela, je ne réponds de rien. J’ai reçû de Paris
un passeport du Roi, en bonne & duë forme. Je resterai quelques jours, en passant,
à Genève, chez Mr Turretin. Je suis avec toute la considération possible

Monsieur,

Vôtre très-humble &
très-obéïssant serviteur

Barbeyrac

J’oubliois de vous dire, que Mr
Mussard ne veut point, que son Fils pense
à ma succession: il aime mieux, qu’il le
soulage, dans ses leçons particulières. Voilà
un grand obstacle lévé.
 


Enveloppe

A Monsieur
Monsieur Bourguet
A Neufchatel


Etendue
intégrale
Citer comme
Barbeyrac, Jean, Lettre à Louis Bourguet, Lausanne, 21 mai 1717, cote BPUN Fonds Louis Bourguet Ms 1266, n° 8. Selon la transcription établie par Meri Päivärinne pour Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/752/, version du 17.12.2015.
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