Transcription

La Harpe, Frédéric-César de, Lettre à Henri Monod, [s.l.], 04 août 1793

Le

Mon bon ami!

Enfin voici une Lettre de vous qui m'atteste de nouveau, ce dont je n'ai jamais
douté, que vous êtes toujours mon meilleur ami. Peu s'en est fallu que je
ne vous aye vu beaucoup plutôt que je ne l'avois cru. Les ennemis que mes
Sentimens m'ont attiré, (et tous sont étrangers, ayant le râre bonheur d'être
considéré et aimé des Nationaux) ces vils ennemis que je repoussai victorieuse=
ment il y a près de 2 ans, ont eu de nouveau recours à leurs auxiliaires,
et mais la crainte d'une défense Riposte encore plus vigoureuse que la première
les a décidé à recourir aux Mines contre celui qu'ils n'ôsoient attaquer à
force ouverte. La Clique dont vôtre futur Cousin est devenu le Serviteur,
a fait jouer les ressorts dont elle connoit si bien l'Usâge, et come je me
suis obstiné à mépriser ses manoeuvres, elle a profité de ma fière inac=
tivité pour en assurer le succès. Un Soleurois jadis Ce aux Gardes Suisses
qui a séjourné 5 ou 6 semaines ici sur la fin de l'hyver, a joué son rôle
dans cette affaire, et il n'a pas tenu à lui et à ses pareils de décréditer le
nom Suisse par un leur acharnement contre des Compatriotes que couvroit l'Estime
publique. Les choses en sont ont été poussées si loin que j'ai du de=
mander mon Congé par une Lettre tout à la fois respectueuse et forte,
résolution qui a donné tout à coup aux affaires une tournure
très oppôsée à celle que mes Ennemis attendoient. Ma grande Protectrice
m'a fait appeler, elle m'a accordé une audience d'une heure durant la=
quelle elle a éxigé que je lui ouvrisse mon Coeur, elle m'a encouragé
par ses éloges par l'accueil le plus flateur, et par des Eloges que je
ne puis repéter qu'à des amis, tant je craindrois d'être accusé d'imper=
tinence, si je les couchois par écrit. Soutenu par cet accueil, et fort
d'une Conscience pure j'ai parlé avec franchise, come il convenoit à
un Home convaincu d'avoir rempli son devoir, come il convenoit au
Précepteur de 2 gds Princes, come il convenoit à un Républicain ami de
de l'ordre, des Loix et de la vraye Liberté, par Principes, non par engoue=
ment, jactance, ou imitation. Hé bien, mon ami, cette gde Psse m'a
écouté avec attention et bonté, elle a discuté avec moi plusieurs Sujets du
plus gd intérêt, et j'ai eu la satisfaction inexprimâble de ne
sortir de sa présence qu'avec la certitude de jouir de la même
Confiance dont elle m'a constament honoré. Content de m'être justi=
fié, je n'ai point récriminé contre ceux qui m'ont persécuté, j'ai
gardé noblement le Silence à leur égard, et 1 mot biffure soutenu l'honeur
1 mot biffure helvétique par une Conduite digne de ceux qui élevèrent jadis
l'Etendard sur les bords du Lac de Lucerne. Il ne m'est pas
<1v>  possible d'entrer dans d'ultérieurs détails, et cela seroit daïlleurs inutile;
car je puis vous assurer que la réception que j'ai eue me dédoma=
ge pleinement de tout le mal qu'on que la méchanceté et l'Envie
avoient voulu me faire. En un mot, mon bon ami, pour rien
au monde je ne voudrois pas qu'il en fut arrivé autrement, et j'ai
à la Clique de une bien vrayes obligation d'avoir amené les choses où elles
sont. Fractus si illabatur orbis, impavidum ferient ruinae.

L'ainé de mes Disciples, jeune home plein de talens et de la plus belle
espérance, m'a prié de lui continuer mes soins après son mariage pour
achever certains travaux comencés, ce que je ferai bien volontiers, ayant
pour lui une vraye estime et un attachement sincère. Les témoignâges
qu'ils m'a rendu, en mon absence, dans toutes les occasions, ont frappé
tous ceux qui les ont entendus, et ne lui font pas moins d'honneur qu'à moi.
Je continuerai à donner des Leçons au Cadet jusques à l'Epoque à laquelle
il 4 caractères recouvremententrera dans la Carrière qu'on lui destine, et mais j'ignôre encore
combien cela durera: peut être 2 ans, peut être une année, peut être
moins. C'est aussi un noble jeune home que celui ci.

Puisse la paix rêgner dans votre voisinâge lorsque l'heure de ma
Liberté sonnera! J'y louerai une petite Campagne ou si je suis en
situation, j'acheterai quelques terres, et j'espêre qu'alors nous nous
verrons bien souvent. Mon bon ami! je vis depuis bien des années
dans cet avenir, et pareil aux terres de brume qui trompent
le Navigateur, il semble reculer à châque pas. Seroit-il donc
possible qu'il fut plus éloigné que je ne compte? Mes Châteaux
en Espagne sont si 1 mot biffure modestes que rien ne devroit plus s'oppôser à
leur réalisation. Passer 8 ou 9 mois à la campâgne occupé de
travaux champêtres sous un beau Ciel, à portée de ses Parens et de
ses amis: vivre 3 mois dans une Ville ou rêgnent les Lumières
et la joye, la Liberté: voilà pour moi le bonheur, dans ce moment
du moins; car je ne 3 mots biffure répondre qui peut répondre de l'avenir?

J'en viens maintenant à Mlle votre Cousine et à M. Rath

Soyez dabord bien assuré que jamais je n'eus le moindre doute sur vôtre
amitié, mais avec la même franchise je vous avouerai avoir été
très sensible à la réserve dont vous avez tous usé à mon égard
dans des circonstances où elle me paroissoit n'être point de saison.
Pesez, mon bon ami, les 1 mot biffure faits suivans et jugez. 1 mot biffure

<2r> 1° Depuis l'arrivée de Mlle v. C. je n'ai pas discontinué d'avoir pour elle les meilleurs procédés, et sans
doute elle n'en disconviendra pas. Il est vrai que je blâmai il y a 2 ans en présence même de Mr R. leur
Comerce épistolaire qu'ils prétendirent avoir été uniquement occasioné par des Affaires qui ne comportoient
aucun retard
. Il est encore vrai que Mlle v. C. m'ayant fait voir le brouillon d'une Lettre qu'elle écrivoit au
Comte E...y pour le remercier de ce qu'il lui avoit fait passer de la part de Mr R. je lui déconseillai très for=
tement de l'envoyer et m'élevai contre toutes liaisons épistolaires avec des Etrangers de ce rang, come peu conve=
nâbles à son séxe et à sa Vocation: Mlle v. C. ne tint compte de mes avis et je ne les réïtérai plus. Il est vrai
enfin que Mlle v. C. connoissoit mes griefs à la charge de Mr R., mais jamais nous n'avons parlé de lui qu'en passant.
Coment daïlleurs l'aurois-je détournée d'un mariâge avec ce Mr, moi qui aurois cru lui faire le
plus grand tort en lui prétant un projet aussi contraire à ses vrais intérêts? C'est le bruit public qui
m'a appris cette Nouvelle: Mlle v. C. en a fait part à tous ses Compatriotes et n'a observé le Secret
qu'à mon égard. A Dieu ne plaise que je m'en plaigne: j'ai seulement conclu que nos rélations avoient
changé, et certainement la faute n'est pas de moi.

2° Que Mlle v. C. n'ait pas sçu coment m'anoncer son mariâge, cela peut être, mais ce qui m'a peiné, c'est
que sans nécessité elle m'ait compromis pour se tirer d'embarras, lorsqu'elle et son Promis me voyoient gar=
der le Silence. Voici le fait. Mlle v. C. ayant comuniqué ses projets à ses Supérieurs, ils lui ont deman=
dé si elle m'en avoit fait part. A cette question fort naturelle de leur part, Mlle v. C. devoit répondre que
Non et l'on eut sans doute imputé cette réticence à l'embarras inséparâble d'un tel Aveu. Mais peut
être que ces Supérieurs qui m'estiment auroient voulu me parler, et Mr R. avoit de bonnes raisons pour
redouter le témoignâge d'un home véridique et bien informé: que faire donc pour l'empêcher? Il a
engâgé Mlle v. C. à répondre, qu'elle ne m'avoit rien comuniqué parceque j'étois irréconciliâblement brouil=
lé avec lui ensuite de Disputes sur la Politique du jour, réponse mensongère et dont le but caché étoit de
me nuire. Personne, en effet, ne scait mieux que Mr R. combien ce motif de son invention pouvoit
me faire de tort dans les Circonstances, combien je devois être sensible à la réputation démocratique
qu'il me donnoit, et c'est parcequ'il l'a sçu qu'il a engâgé Mlle v. C. à distiller (sans le savoir)
le poison de la Calomnie sur mes Sentimens. Il n'eut tenu sans soute qu'à moi de découvrir l'Im=
posture, j'en ai eu de fréquentes occasions, et dans la 1ère chaleur du 1er ressentiment je l'aurois fait,
si je n'avois pas craint en démasquant l'Imposteur de nuire à une personne qui tient à vous
et qui mérite à ce titre tous mes égards; j'ai donc gardé le Silence et la nécessité seule me le
fera rompre. Sans doute que Mlle v. C. se fait quelques reprôches, puisqu'elle change de couleur
à ma vue: de mon côté je suis touché de sa position et je voudrois qu'il fut encore tems de
nous expliquer, mais aujourdui toute explication lui déplairoit et feroit daïlleurs plus de mal
que de bien.

3° Votre famille dont je suis connu depuis tant d'années, m'honoroit une fois dans sa confiance: eh bien
je dois l'avoir perdue, puisqu'elle a gardé le Silence à mon égard, dans une affaire qui l'intéres=
soit au plus haut degré. Il me semble pourtant, mon bon ami, que si vôtre famille croyoit
ne devoir pas s'en rapporter aux seuls renseignemens que lui auroit donné un home certainement
véridique, rien ne l'empêchoit de s'adresser en outre aux personnes que Mlle v. C. et Mr R. regar=
doient come mieux instruites ou plus impartiâles. J'ai Quant à moi j'ai certainement à me
féliciter de n'avoir eu aucune part à des engâgemens qui jusqu'ici dumoins, ne me paroissent
nullement avantageux à Mlle v. C., mais je regrette de n'avoir pu ou du dev croire que vous
termineriez à 600 Lieues sans consulter un ami qui résidoit sur les lieux. Si j'avois pu le
prévoir, croyez mon bon ami, que je vous aurois bien vite écrit, et peut être que vous auriez
mis moins de précipitation à conclure
. Enfin vous l'avez voulu et vous en aviez le droit;
puissiez vous avoir constament à vous en féliciter! A présent, Monod, croyez vous que j'aye
eu tort d'être surpris de ce qui est arrivé, et me pardonnez vous d'avoir été sensible à vôtre Silence?

Passons à Mr R.

1° Il est faux que nous ayons jamais eu de dispute rélativement aux affaires du Tems, mais faux de toute faus=
seté. Il y a 2 ans que Mr R n'a été chez moi, je l'ai rencontré fort rârement, et come la Conversation d'un
home envieux et médisant à l'excès, ne me convenoit pas, je l'ai évité avec soin. A plus forte raison
c'est une Imposture que je me sois brouillé avec lui pour cause de son Apostasie. Jamais nous ne fûmes liés.
je tout en le blâmant je l'ai plaint d'avoir fait ce qu'un autre n'eut pas fait sans nécessité
à sa place, et pendant longtems je l'ai deffendu contre ceux qui le taxoient d'hypocrisie, d'Intrigues &c.
<2v> le jeune Rd de Romainmotier pourra vous le confirmer. Je fréquente des homes de toutes
les Sectes et de tous les Partis, pourvû qu'ils soyent honnêtes, et n'ai jamais regardé les opinions
et les Talens militaires ou politiques de Mr R. come assez distingués pour influer sur les évenemens
du jour. Pourquoi donc ce Mr recourt-il au mensonge? C'est quil a du falloit expliquer
aux personnes instruites des Services que je lui ai rendus pourquoi il ne me voyoit plus aussi souvent,
pourquoi je paroissois m'éloigner; or la fiction ci dessus lui procuroit le triple avantage
de se tirer d'affaire, de décrier mes Sentimens et de se faire un mérite des Siens.

2° Ces griefs ne sont pas aureste les seuls que j'aïe à la charge de Mr R. La conduite qu'il a
tenue depuis qu'il est entré au Service du P. de N., du Comte E...y et du 1 mot biffure reste de la Bande, m'autorise
à le ranger parmi les Instruments subalternes des homes qui par deux fois ont voulu me perdre
.
Il s'étoit flaté que le poste qu'il a occupé 3 mois durant l'hyver, le mettroit en Etat de faire
éprouver à ses Compatriotes les effets de son ressentiment, et pendant ce court espâce, il s'est ac=
cordé le plaisir de jeter du loûche sur les opinions politiques de ceux qui ne l'estimoient pas, et
de compléter la perte du jeune Rd qui doit à sa duplicité, à ses faux rapports et à ses manoeuvres
souterraines une bonne partie des procédés infâmes du P. de N, ainsi que ses déboires dans ce Pays.   
questionnés cet estimâble et véridique Jeune home, bienque ulcéré contre Mr R, il est incapable de mentir.
Mr R. ne s'en est pas tenu à attaquer ma Capacité , il m'a signâlé auprés de ses nouveaux Maitres
come l'ennemi juré de leur Cause, come un enemi d'autant plus à redouter qu'on m'écoutoit et que
j'avois le courâge de parler, et dans le tems même où il avoit l'impertinence de me faire dire par
des Tiers qu'il me rendoit de bons offices dont je n'ai grâces à Dieu jamais eu besoin , il décrioit mes
Principes, afin de mieux convaincre de la Sincérité des 1 mot biffure de ceux que l'intérêt lui avoit fait adopter.
En un mot je suis fondé à confondre Mr R. dans la Tourbe des Etrangers 2 mots biffure qui se sont déclaré
mes ennemis
: Il m'est impossible d'entrer dans de plus grands détails, mais je ne calomnie et ne mens pas.
La Vérité est connue aujourd'hui des de manière à leur ôter désormais à ces Mrs tout espoir de Succès, et le Ministère de Mr R. 
car je ne puis douter qu'il n'ait cru y être parvenu, a fini au bout de 3 mois par une Chute à plat
qui n'a intéressé personne en sa faveur, tant il avoit bien réussi à n'avoir que des ennemis.

3° Quoique exclu du Corps auquel il avoit été agrêgé, Mr R. n'est pas hors de service: seulement il ne sert
pas. Grâces aux humbles sollicitations de Mlle v. C. il a été dispensé de s'embarquer pour quelques
mois et on lui a permis de rester en Ville  où il vit sans fonctions quelconques. Ses projets
me sont aureste inconnus, mais on le dit très mécontent de n'être pas mieux récompensé pour
les gds Services qu'il a rendus à l'Etat: c'est quelque chose cependant que d'être parvenu en moins de
5 années du grâde de Lt à celui de Lt Colonel pour avoir courru la Poste, écrit quelques Lettres, vû le
Caucâse et pris sa part d'une Défaite. Il y a 10 ans que je sers et le seul pas que j'aye fait, c'est
mon ancienneté qui me l'a fait faire, mais aussi n'ai-je suivi que les routes honnêtes.

Les appointemens du Grade de Mr R. sont peu de chose (moinsun peu plus de 5400 R) à suppôser même qu'ils lui soyent
payés durant son inaction. Il avoit des Dettes, et sans doute il les aura payées, mais le séjour de
la Ville est 1 mot biffure si cher qu'il seroit difficile que cet état de choses subsistât longtems. Il a loué un
Appartement pour l'hyver.

On ne peut refuser à Mr R. des talens, mais il n'est pas actif et il passe pour manquer des
conoissances militaires suffisantes. Sans doute il pourroit se les procurer avec facilité celles ci, s'il
vouloit s'occuper sérieusement et songeoit à s'avancer par d'autres voyes que la Faveur et l'Intri=
gue. Je le connois assez pour 1 mot biffure croire que si sa conduite tortueuse le menoit à quelque place il
ne 1 mot biffure sçauroit pas s'y maintenir. Dévôré d'envie, il ne peut supporter la vue du Bien qui arrive aux autres,
aucune Considération ne peut l'empêcher d'égratigner son Prochain lorsqu'il peut y parvenir
par des insinuations ou par des propos captieux lâchés en son absence, et nous avons la preuve que
lorsqu'il s'est cru en état de faire impunément du mal, il n'en est pas resté à la simple Velléï=
té.  Avec d'aussi malheureuses dispositions, mon cher Monod, on ne se soutient nulle part,
et il ne falloit pas être un grand Prophête pour prévoir que Mr R. se casseroit promtement le
Col.

<3r> Il n'éxiste entre Mlle v. C. et moi aucune brouïllerie: 1 mot biffure je la vois seulement plus râre=
ment, elle n'est point dans le cas d'avoir besoin de moi, et si elle s'y trouvoit soyez assûré
que je ferois mon possible pour lui être utile. Ses Supérieurs l'estiment et l'aiment et
chacun rend justice à son mérite, ainsi qu'à son bon Coeur, mais il seroit à desirer
qu'elle ne laissa pas transpirer 1 mot recouvrement une Hauteur peu convenable et des prétentions à la Suprématie qui feroient soup=
çonner en elle quelques une très forte tendance à chérir ses 1 mot biffure ses Intérêts et ses aises d'une manière
trop exclusive pour être toujours du gout de son prochain
. Mlle v. C., mon bon ami, paroit avoir
été accoutumée par ses Parens à des prévenances très marquées, et come elle ne peut les
1 mot recouvrement obtenir des Etrangers, elle en ressent de l'humeur qu'elle ne prend pas toujours la peine de cacher. Je l'ai vu 1 mot biffure s'y livrer plusieurs fois
avec aussi peu de ménagemens que mal à propos, et je sçais que sa douce et patiente
Compagne qui est la douceur et la patience même, à eu fréquement besoin de l'une et de
l'autre pour ne pas éclater tant elle en agit 1 mot biffure à son égard de Maitre à Serviteur.  J'ai tenté quelque jour dans les comencemens de ramener Mlle v. C., à l'aide de beau=
coup de menagemens, mais remarquant bientôt que lmes 1 mot biffure représentations 3 mots biffure
4 mots biffure l'offensoient sans la convaincre, je m'en suis abstenu. Ce seroit à
Vous, mon bon ami, à lui faire entendre la voix salutaire de la Vérité, 2-3 mots biffure4 mots biffuresi vous n'étiez pas
trop éloigné, ou trop peu au fait des circonstances pour le tenter avec fruit. 2 mots biffure
1 ligne biffure
2 mots biffure Vous êtes tous du plus au moins menés par le Nez, et il n'y a remède.

Au reste mon bon ami, ce que je vous dis ici ne peut avoir aucune influence fâcheuse sur le Sort
de Mlle v. C. Si elle poursuit come elle a comencé, elle aura après l'Education terminée, un
présent, une pension et les Epargnes qu'elle aura faites, ainsi une Indépendance honnête; soyez
donc tranquilles: mais si elle se marioit avant ce Terme éloigné j'ignore ce qui en seroit.

J'ai suppôsé qu'elle aura fait des épargnes, cependant je ne puis vous dire j'ignôre en quoi elles
consistent, et ne puis rien vous en dire de positif, mais vous feriez bien de toucher ce point
dans vos Lettres et de demander quelques détails. Me Voilà enfin au bout d'une dissertation dont
la Lecture vous fera autant de peine, mon bon ami, que j'en ai éprouvé à l'écrire. Il étoit
tems de nous expliquer. S'il vous reste des doutes réservez les pour l'Epoque prochaine à laquelle
nous nous reverrons 7-8 mots biffure je vous promêts alors, précision et Vérité toute entière. Les affaires sont trop avancées pour
reculer
et Mr R. peut se corriger 1 mot biffure après avoir éprouvé que l'Envie, la Médisance et l'Esprit
d'Intrigue sont de mauvais Conseillers.

<3v> Si la distance n'étoit pas aussi imense, je vous dirois, Venés et voyez par vos propres
yeux; jusqu'à la fin de la ligne biffure à moins que ce ne soit par de soigneux menagemens
2 lignes biffure
1 mot biffure
Ne m'en croyez pas exclusivement, mais ne prenez pas non plus les seuls Almanachs
des Intéressés. Dixi et salvavi animam.
3 lignes biffures

Je cherche à acheter sur les bords du Lac un Domaine d'une 50aine de mille Livres tournois, dans
l'intention d'y transplanter mes Pénates pour quelques années. On m' m'en a offert un qui me
dans la Tauride, mais je n'aimerois pas y vivre maintenant, malgré la beauté des Sites
et son excellent Climat. Si cependt je puis obtenir des terres dans la partie montueuse
ce cette belle Penisule, ou dans les fertiles plaines de l'ancien Pachalik d'Otschakof, sur les bords
du Dniester, je il ne seroit pas impossible que j'y plantasse quelque jour mes Tabernâcles
si je ne puis le faire d'une manière 1 mot biffure sûre aïlleurs, ne fut ce que pour y former
quelques Etablissemens passagers. Vous serez étonné lorsque je vous raconterai ce que sont
les Terres dans cette partie méridionale de l'Empire, ce qu'on peut en tirer, &c.

Adieu mon bien bon ami, je suis convaincu que la franchise que j'ai mis dans
cette mes discours, vous les rendra supportables en pensant qu'ils viennent de
votre meilleur ami. Recevez les Complimens de ma feme pour la Votre et pour vous.
Présentez lui mes obéïssances ainsi que dans la maison de Mr votre oncle, et demeurez convain=
cû que si je suis en état de rendre service à Mlle v. C. je le ferai certainement. Embras=
sez vos Enfans de ma part, mes Complimens à mes Connoissances 1 mot biffure Valeas
et me ama.

Del'Harpe

Le 4e Aout 1793.

Etendue
intégrale
Citer comme
La Harpe, Frédéric-César de, Lettre à Henri Monod, [s.l.], 04 août 1793, cote BCUL IS 1918/H33, 139. Selon la transcription établie par Lumières.Lausanne (Université de Lausanne), url: http://lumieres.unil.ch/fiches/trans/1120/, version du 18.05.2019.
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