Fiche biographique

Deyverdun, Jacques Georges (1734 - 1789)

Naissance
08.05.1734 à Lausanne
Décès
04.07.1789 à Aix-les-Bains (Savoie)
Confession
Protestant
Lieu d'origine
Lausanne
Nationalité
Suisse
Etat civil

Fils de Samuel, assesseur à la chambre des Soixante, et de Madeleine née Teissonnière, fille de David. Célibataire.

Biographie

D. fait des études en droit à l’Université de Bâle entre 1749 et 1753, suivant les traces de son oncle Charles Guillaume Loys de Bochat. De retour à Lausanne dans la deuxième moitié des années 1750, il se lie d’amitié avec Edward Gibbon, avec lequel il approfondit les classiques de la littérature latine sous la houlette du pasteur Daniel Pavillard. Malgré sa nomination au poste de justicier en 1759, D. est contraint de s’expatrier en raison des difficultés financières de sa famille. Pendant deux décennies, il voyagera en plusieurs reprises à travers l’Europe comme précepteur ou gouverneur.

En 1761, il est engagé en tant gouverneur du petit-fils du margrave de Brandebourg-Schwedt, un poste qu’il obtient par l’entremise de Samuel Formey, secrétaire perpétuel de l’Académie de Berlin. En 1765, D. rejoint Gibbon en Angleterre, où il travaille comme commis de bureau auprès du Secrétaire d’État du Département du Nord, ce que lui permet d’entrer en contact avec David Hume, alors sous-secrétaire. En 1769, D. est engagé comme gouverneur du baronnet Richard Worsley (1751-1805) pour l’accompagner dans son Grand Tour. Il se désengage cependant rapidement de ses obligations et rentre à Lausanne en mai 1770. En mars 1772, D. fonde la Société littéraire de Lausanne avec le théologien vaudois Gabriel Mingard et le précepteur français (d’origine vaudoise) Jean-Nicolas Pache. En mai 1772, D. se rend à nouveau en Angleterre pour entrer au service de Philip Stanhope, 4e comte de Chesterfield. Cet engagement, conclu en 1769 déjà, a probablement été facilité par l’ancien secrétaire privé du comte, Solomon Dayrolles, cousin de D., et par l’estime que le comte portait envers Loys de Bochat. Responsable de la formation de l’héritier (par adoption) du comte, également prénommé Philip Stanhope (1755-1815), D. s’établit avec son élève à Leipzig, où le jeune Anglais suit des études à l’université. À Leipzig, D. se lie d’amitié avec Christian Augustus Clodius, professeur ordinaire de philosophie, et Michael Huber, enseignant de langues à l’université. Il fonde une « Académie française », sans doute similaire à la Société littéraire de Lausanne. La mort de lord Chesterfield en mars 1773 l’oblige à retourner en Angleterre. Au printemps 1774, D. renonce à son engagement auprès de Stanhope et à la rente qui lui avait été promise pour devenir le précepteur de George Brodrick (1754-1836), 4e vicomte Midleton. Il accompagne son nouveau pupille à Lausanne, mais en automne de la même année la nomination de Midleton à la Chambre des communes met fin au voyage de formation. D. raccompagne le jeune vicomte en Angleterre, où s’il établit chez Gibbon, dans son appartement londonien, à Bentinck Street. Ce n’est qu’au printemps 1775 que D. obtient l’engagement lucratif tant attendu. Abraham Hume, ami de Gibbon et neveu d’un ancien directeur de la Compagnie des Indes orientales, l’engage comme gouverneur de son frère cadet Alexander contre une pension à vie de 100 livres sterlings par an, un revenu considérable pour l’époque. En juin, D. et son pupille s’établissent à Göttingen, pour que le jeune Anglais suive les cours de l’université. En décembre déjà, ils emménagent à Leipzig, logés chez le professeur Huber. Ils visiteront ensemble encore diverses villes allemandes et italiennes.

D. s’établit définitivement à Lausanne en automne 1779, dans la maison de la Grotte dont il vient d’hériter de sa tante Suzanne Teissonnière, veuve de Loys de Bochat. Il devient alors un acteur très actif de la sociabilité lausannoise. Membre des Cercles de la rue de Bourg et de la Palud, il refonde la Société littéraire en juin 1780. Il fréquente également les bals de la Redoute et la Société du Samedi, un salon littéraire organisé par Angélique de Charrière de Bavois. En 1783, il reprend contact avec Gibbon et l’invite à le rejoindre à la Grotte, qu'il aménage pour accueillir son ami de longue date. Sa santé se détériore considérablement à la suite d’une attaque cérébrale survenue le 13 septembre 1788. D. subit d’autres attaques qui entravent définitivement ses chances de guérison. Il meurt le 4 juillet 1789 à l’âge de 55 ans, lors d’un séjour thermal à Aix-les-Bains qui lui avait été recommandé par ses médecins. Avec lui s’éteint la famille Deyverdun.

(d'après les informations données par Damiano Bardelli, février 2024)

Commentaires sur son oeuvre/ses écrits

D. collabore avec Edward Gibbon à deux projets : une étude – abandonnée en 1767 – sur l’histoire suisse et les Mémoires littéraires de la Grande-Bretagne, parus en deux volumes en 1768 et 1769. D. renoncera à traduire le premier volume de l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, à la grande déception de l’historien.

En 1776, il traduit Werther, l'une des premières traductions françaises du roman de Goethe, paru en 1774. La traduction est bien reçue, comme en témoigne une réédition en 1784 et le compte-rendu élogieux paru en 1776 dans Die Neue Bibliothek der schönen Wissenschaften de Christian Felix Weisse, qui d’ailleurs dévoile le nom D. comme traducteur.

Outre ses contributions dans Les Mémoires littéraires de la Grande Bretagne, D. a aussi écrit des articles anonymes ou signés D. dans les Etrennes helvétiennes de Philippe-Sirice Bridel.

Fonctions publiques et privées
  • 1761 - 1779  précepteur à Europe
Sociétés et académies
  • Cercle de la Rue de Bourg - Lausanne (1761-1803)
  • Cercle de la Palud - Lausanne (1766-1843)
  • 1772 - 1783  Société littéraire - Lausanne (1772-1783)
Relations et contacts

Note

  Public

Contrairement à ce qui est affirmé dans l’article du DHS, aucune source n’atteste qu’il ait fait des études à l’Académie de Lausanne.

Note

  Public

Annonce dans le Journal de Lausanne, rubrique Nécrologie: "Nous remplissons un triste devoir, en annonçant que la Société vient de perdre M. d'Eyverdun, qui est mort, le 4 de ce mois, aux bains d'Aix en Savoye, après une longue maladie, âgé d'environ 55 ans." (22.07.1789)

Fonds d'archives

Archives de la Ville de Lausanne (AVL), Fonds Grenier (P 224);

Archives cantonales vaudoises (ACV), Fonds Gibbon; Fonds Charrière de Sévery.

Ecrits non publiés
Publications
Littérature primaire
Littérature secondaire