Appel à contributions, "Les vertus républicaines à l'âge du doux commerce: entre influence, réaction et opposition dans les Lumières suisses, françaises et écossaises", Université de Lausanne

  • Gérard de Lairesse, "L'allégorie de la liberté du commerce", 1672, Glasgow Museum.

Colloque organisé à l'Université de Lausanne

29-30 juin 2018

 

À l’attention des doctorants et des post-doctorants des universités romandes

La section de philosophie de l’Université de Lausanne, en collaboration avec la CUSO et le programme doctoral « Études sur le siècle des Lumières », organise les 29 et 30 juin prochains un colloque international sur « Les vertus républicaines à l’âge du doux commerce : entre influence, réaction et opposition dans les Lumières suisses, françaises et écossaises » (voir l’argumentaire ci-dessous), auquel participeront notamment Bertrand Binoche (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Sylvana Tomaselli (Université de Cambridge). Vous êtes cordialement invités à y intervenir en envoyant le titre et le résumé (½ page environ) de votre proposition de communication avant le 31 mars 2018 à l’un des organisateurs. Les deux langues de la rencontre seront le français et l’anglais.

 

Les responsables :
Simone Zurbuchen (simone.zurbuchenpittlik@unil.ch) & Béla Kapossy (Bela.Kapossy@unil.ch)

Les organisateurs :
Rudmer Bijlsma (rudmer.bijlsma@unil.ch), Sonia Boussange-Andrei (sonia.boussange@unine.ch) & Justine Roulin (justine.roulin@unil.ch)

 

Colloque : « Les vertus républicaines à l’âge du doux commerce: entre influence, réaction et opposition dans les Lumières suisses, françaises et écossaises »

Témoins des profondes mutations qui touchent la société à leur époque, les penseurs des Lumières européennes ne sont pas unanimes quant à la manière d’évaluer les changements sociaux, politiques et moraux qu’implique la diffusion du commerce à large échelle. Bien que tous reconnaissent les effets positifs d’un regain de prospérité, certains craignent la perte des vertus civiques (ou républicaines) et réprouvent la disparition d’un véritable esprit de communauté au profit d’une sociabilité fondée uniquement sur la poursuite des intérêts personnels, alors que d’autres au contraire estiment qu’une poursuite modérée de l’intérêt ne s’oppose nullement à la bienveillance sincère dont les hommes sont capables les uns envers les autres.

Mais l’apparente dichotomie de ces points de vue ne doit pas voiler toute la palette de positions nuancées et approfondies que les philosophes développent à cette époque pour penser le rapport entre vertus civiques et développement du commerce. Ce faisant, ces auteurs se positionnent généralement par rapport à Montesquieu qui, malgré son admiration marquée pour la force des vertus antiques, soutient que les modernes ne peuvent qu’avoir recours à des vertus plus douces, et qui reconnaît les bénéfices du commerce, tout en évoquant la possibilité d’une montée du despotisme comme conséquence de la fragilisation de la liberté. A titre d’exemple, Adam Ferguson (1723-1816), professeur de philosophie pneumatique et morale à l’Université d’Edimbourg, développe un discours républicain qui s’inspire, mais se distingue également, de Montesquieu. Sa critique du Second discours de Rousseau, moins connue que celle d’Adam Smith, constitue un sujet de recherche récent, qui mérite d’être approfondi à l’aide d’études comparatives intégrant d’autres penseurs écossais, suisses ou français, notamment dans le cadre de l’émergence de différentes philosophies de l’histoire.  

Dans la visée interdisciplinaire de l’école doctorale de la CUSO « Études sur le Siècle des Lumières », ce colloque se propose d’étudier le républicanisme à l’âge de la société commerçante en interrogeant les rapports d’influence, d’opposition ou de réaction entre des penseurs suisses, français et écossais. La question du républicanisme sera approfondie sous deux angles en particulier, à savoir la question du genre et celle du progrès des sciences et des arts. D’une part, la distinction entre vertus républicaines et vertus commerçantes recoupe souvent une distinction entre des vertus dites « masculines » (par exemple le courage, la force physique ou la maîtrise de soi) et des vertus dites « féminines » (principalement le commerce qui désigne à l’époque aussi bien les échanges sociaux et affectifs que les transactions pécuniaires). L’idée que l’histoire des femmes est le symbole de l’histoire du progrès de la société en général se double d’une peur de voir émerger une société composée d’hommes « efféminés ». Ainsi, comprendre la manière dont le républicanisme se sert des catégories de genre devrait permettre de mieux saisir la place de la femme au sein de la république. D’autre part, dans le Premier discours, Rousseau défend la thèse provocatrice selon laquelle les sciences et les arts auraient été complices de l’affaiblissement de la liberté et de l’anéantissement des vertus républicaines. Celle-ci a suscité de très nombreux débats que le colloque se propose de revisiter à la lumière des recherches récentes sur les discours républicains suisses, français et écossais, et leurs critiques.

Actualité publiée le 19.02.2018